Abbaye Saint-Hilaire

  Art campanaire

  Histoire des cloches, clochettes et carillons

 

  Rejoignez l'Association des Amis de Saint-Hilaire !  - infos -

   Afficher la page plein écran - infos -   Le  raccourci CTRL et F - infos -

 

 

  

  Table des matières - ici -

 

  

  De l'antiquité à nos jours en Occident

 

Presque tous les peuples de l’antiquité ont connu les cloches ou les clochettes et s’en sont servis sous des formes variées et pour des usages divers. Plusieurs matières ont servi à les confectionner, l’or, l’argent, le cuivre rouge et le cuivre jaune, le fer; on en trouve même en pierre, en terre cuite, en verre et en bois.

Cloche en bois - Afrique

Elles étaient connues en Orient, et les Perses, les Hébreux, les Égyptiens, les Grecs n’en ignorèrent pas l’usage.

Sefer_Torah_clochettes_en_argent

Chez les Hébreux, le grand prêtre avait des sonnettes au bord de son vêtement sacerdotal, pour avertir le peuple de sa présence dans le sanctuaire. Le Temple de Salomon (infos) était orné de clochettes. Eupolème, qui écrivit un traité des Rois des Juifs, dit qu’au-dessus de ce temple étaient tendus deux réseaux fixés à des charpentes particulières, et qu’à chaque réseau pendaient quatre cents clochettes que le vent mettait en mouvement.

 

On prétend que les femmes juives mêlaient aux ornements de leur coiffure des sonnettes ou des grelots, - mode qui a reparu au XVIe siècle; - que les harnais des chevaux de bataille de ce peuple en étaient garnis, et que c’est de sonnettes d’or et d’argent mezilothaims que parle Zacharie (chap. 14, vers. 20), en disant que les ornements des chevaux seront consacrés au Seigneur.

 

Les Grecs attachaient aussi des sonnettes aux harnais de leurs chevaux pour exciter leur ardeur, usage qu’on retrouve chez les Romains, et dont l’architecte Giovanni-Battista Piranesi (1720†1778) (infos), offre un exemple par le dessin d’un bas-relief antique reproduit dans ses "Antiquités romaines" Urbis æternæ Vestigia (220 pl.), où les poitrails des chevaux sont ornés de sonnettes. Cet usage d’orner de sonnettes les harnais des chevaux se retrouve encore au Moyen Âge.

Antiquité romaine - mosaïque - cheval de cirque

Dans un ancien poème épique flamand probablement écrit à la fin du XIIe siècle ou du XIIIe siècle, l’Histoire du roi Charles et d’Elegast (infos), on parle d’une selle à laquelle étaient attachées cent clochettes d’or, resplendissantes, s’agitant sans cesse.

 

Les gardes du temple de Jupiter Tonnant avaient des cuirasses avec sonnettes, et les bacchantes en portaient comme ornement de leurs bracelets.

 

Le goût des Chinois, ce peuple si ancien et si attaché à ses usages, pour les cloches et les clochettes, dont ils ornent encore leurs édifices, leurs vêtements et leur coiffure, ne prouve pas moins la haute antiquité de ces instruments.

 

 

cloche Chine dynastie Zhou - XI siècle av. J.-C.

Chine: cloche ovale en bronze de la dynastie Zhou de l'Ouest.

(Troisième dynastie chinoise, fondée au XIe siècle av. J.-C.).

Hauteur: 57.2 cm, largeur: 20,3 cm, profondeur: 13,3 cm.

 

 

Les Égyptiens se servaient également beaucoup, d’après Athanasius Kircher (1601†1680), qui même leur en attribue l’invention. Ce peuple employait des clochettes dans ses fêtes d’Osiris; et du temps de saint Athanase d’Alexandrie (infos - v. 298†373), les Égyptiens avaient encore des usages superstitieux auxquels ils mêlaient le son des cloches, ce que le saint combattit.

 

Les auteurs grecs et latins font souvent mention de cloches ou de clochettes dans leurs écrits. Polybe, auteur grec qui vivait au IIe siècle av. J.-C., cite l’emploi d’une clochette; Strabon (v. 57 av. J.-C.†21/25 ap. J.-C.), écrivant dans la quinzième année av. J.-C., parle d’une cloche qui appelait le peuple au marché à l’heure de la vente du poisson.

 

Tibulle, Ovide, Quintilien, Pline, Juvénal, Martial et d’autres parlent aussi de cloches et clochettes sous différentes dénominations, et il est de fait que les anciens s’en servaient dans la vie privée comme dans la vie publique.

clochette

Ils avaient des clochettes pour annoncer l’heure des bains publics, ou celle de leurs marchés comme cela vient d’être dit, et ces clochettes devaient avoir une dimension assez considérable, afin qu’on pût les entendre à une certaine distance. Les condamnés à mort qu’on menait au supplice portaient une sonnette au cou, afin d’avertir les passants qui voulaient éviter la vue du condamné.

 

 

Clochette en bronze du musée des Antiquités à Bruxelles

Clochette en bronze.

Musée des Antiquités à Bruxelles.

 

 

Aux funérailles les païens frappaient sur des instruments de métal ou faisaient sonner des cloches, afin d’éloigner les mânes du défunt et de chasser les esprits impurs. Pseudo-Apollodore (infos), écrit au Ier ou au IIe siècle ap. J.-C., dans la "Bibliothèque", sorte d’abrégé de la mythologie grecque, que le prêtre de Proserpine avait coutume de se servir d’une clochette dans son office sacré; et Lucien (infos - v. 120†ap. 180), auteur grec, dit la même chose d’un prêtre de la déesse syrienne.

 

Le moine bénédictin Bernard de Montfaucon (infos - 1655†1741), dans son "Antiquité expliquée", s’exprime ainsi, en donnant le dessin de plusieurs clochettes:

 

"Il y en avait quelquefois aux portes des sonnettes, tintinnabula. Ces clochettes servaient aussi à plusieurs autres usages: on les pendait au cou des chevaux, des bœufs et des moutons. On s’en servait encore dans les maisons pour éveiller, le matin. Ceux qui faisaient la ronde dans les villes fortifiées en portaient de même. On en mettait aux portes des temples."

 

 

clochette d'après P. Bonanni

Clochette d'après le P. Bonanni

Tom. V, pag. 106, et tom. XIII, pag. 198.

 

 

Clochette Gujarat - Inde

Inde : clochette Gujarat.

Bronze - Size: 8 cm, high: 5 cm.

 

 

Pour l’Antiquité, il y a lieu de citer le fameux tombeau du roi Porsenna (infos), roi des Étrusques, qui était orné de clochettes. Pline, dans la description qu’il en fait, dit que les pyramides qui surmontaient ce monument étaient réunies par des chaînes auxquelles pendaient des clochettes que le vent mettait en mouvement.

 

Les noms par lesquels les anciens ont désigné les cloches ou clochettes sont: tintinnabulum, pelasum et nola. L’étymologie de tintinnabulum se trouve dans le verbe tinnire, rendre un son; petaum rappelle la façon de la cloche qui, chez les anciens, se rapprochait plus de la forme d’un bonnet ou d’une ruche que celle d’une pomme, conformation qu’ont les plus anciennes cloches chrétiennes. Le mot nola est également une expression ancienne dont se sert Quintilien, qui vivait sous l’empereur Domitien (Ier siècle), en citant le proverbe: Nola in cubiculo.

 

 

Clochette en bronze

Clochette en bronze.

Musée Royal d'antiquités à Bruxelles.

 

 

Clochette antique déterrée à Marjeroux, près de Virton, en Belgique, et qui se trouve dans la collection de M. Guyoth à Anvers.

 

 

Clochette antique

Clochette antique.

Collection de M. Guyoth à Anvers.

 

 

La Société du Grand-Duché de Luxembourg pour la conservation des monuments a publié, au tome VII de ses Annales, le dessin d’une clochette antique trouvée dans le duché. Feu M. Philippe Houben, à Xanten, en Prusse, en possédait également une dans sa riche collection d’antiquités, et le Musée des antiquités de l’État, à Bruxelles, dont M. Schayes, le conservateur, a dressé le catalogue descriptif, renferme plusieurs de ces clochettes antiques.

 

Insensiblement la cloche profane se changea en cloche religieuse pour les chrétiens, qui l’admirent au nombre des instruments de leur culte, en lui donnant des formes particulières et des dimensions en proportion avec l’usage qu’ils en voulaient faire.

 

Il est probable que cette transformation a eu lieu graduellement et d’après les circonstances. De même que les païens se servaient de clochettes pour leur religion, qu’ils avaient des sonnettes aux portes de leurs temples et que leurs prêtres en faisaient usage pour leurs cérémonies, les chrétiens auront été amenés à se servir de ce signal; on ne doit pas oublier que la loi juive avait adopté l’usage des trompettes pour appeler le peuple à la prière, et celui de sonnettes pour l’avertir de la présence du grand prêtre dans le sanctuaire.

 

Mais, pour préciser l’époque où cette transition s’opéra, il nous manque des documents graphiques ou littéraires sur la liturgie de ces premiers temps, où les persécutions ont constamment anéanti les églises avec tous les instruments, livres et autres objets dont se servirent les premiers confesseurs de la foi de cette époque de martyrs.

Detail of the Portable Mosaic Icon with 40 Martyrs of Sebasteia in the Metropolitan Museum of Art

Les auteurs sacrés des trois premiers siècles n’en font pas mention, ni Pline le jeune (v. 61†v. 114) non plus, dans son épître à Trajan, où il parle des chrétiens et rend compte de leur religion et de leurs cérémonies; et l’on suppose qu’à cause des persécutions les fidèles n’usèrent d’aucun signe extérieur pour annoncer les offices, obligés qu’ils étaient de se réunir en secret.

Les premiers chrétiens - offices dans les catacombes

L’évêque annonçait aux fidèles leur réunion prochaine dans chaque assemblée, ou les faisait avertir à domicile au moyen de messagers.

 

Walafridus Strabo ou Walafrid Stabon (infos - v. 808/809†849), dit que les usages différaient, et que chez les uns on convoquait les fidèles au moyen de tables en bois, tabulis, et chez d’autres avec des cors, cornibus. Au témoignage de Barnius, Constantin (272†337), après avoir donné la paix aux chrétiens en l'année 312, éleva publiquement de grandes cloches pour appeler le peuple à l’église, opinion que Thiers (1626†1703), dans son traité des cloches (infos), n’admet pas, parce que nul ancien auteur n’en fournit la preuve.

 

Eusèbe, dit-il, qui a écrit quatre livres de la Vie de Constantin, et qui a fait son panégyrique, n’en dit pas un mot, quoique cet auteur parle d’un assez grand nombre d’églises que cet empereur fit bâtir et qu’il enrichit de présents énumérés par son panégyriste.

 

De monuments plastiques ou graphiques, inconnus ou inédits, de cette époque primitive, la découverte de quelques œuvres de l’antiquité chrétienne dans les catacombes romaines (infos), nous fournira, sans doute, un jour des données plus complètes et plus précises sur la naissance de l’art paléochrétien, qu’on cherche en vain dans les monuments littéraires de l’époque.

 

Les noms sous lesquels les cloches sont citées dans les auteurs chrétiens sont signum, vasculum, tintinnabulum, nola, campana, clocca, etc. Ces trois premiers mots et celui de campana désignent une cloche, dans l’Ordo romain, ancien livre liturgique qu’on fait remonter au VIIIe siècle, et l’on y trouve la cérémonie de leur bénédiction décrite dans tous ses détails.

 

On s’y sert alternativement et indistinctement de chacun de ces quatre mots; le langage poétique de la liturgie catholique présente dans la formule de la bénédiction de l’eau les belles paroles suivantes: "Lorsque les enfants des chrétiens entendront le son de la cloche, que leur dévotion augmente, afin qu’ils s’empressent de se rendre à l’église pour y chanter le nouveau cantique des saints, imitant par leurs voix le son de la trompette, le chant mélodieux du psaltérion, la gaîté de la cymbale et la suavité de l’orgue." [Ordo romunus, p. 140 à 143 – BIEL. VETER. PATR. Tom. 10]

 

Les mots signum, tintinnabulum et nola sont les plus anciennes dénominations des cloches; les auteurs anciens et aussi les premiers auteurs chrétiens s’en servent. L’origine du mot campana est rapportée à l’ancienne Campagnie, province de Naples, renommée par ses mines de cuivre dont la qualité était en réputation du temps de Pline, et où l’on aurait inventé le mode de suspendre et de balancer les cloches.

 

Cloca ou glocka est d’origine germanique et n’est que le mot glocke ou cloc latinisé. C’est sous ce nom que Charlemagne en parle dans ses Capitulaires, quand il défend de baptiser les cloches: ut clocas non baptizent.

 

L’opinion la plus répandue attribue l’introduction des cloches dans les églises à saint Paulin, évêque de Nola (ville de Campagnie en Italie), qui vécut au Ve siècle, et qui aurait placé à Nola même la première cloche, d’où le nom de nola aurait été usité pour désigner la cloche d’une église. Mais Thiers observe que ce saint ne parle pas de cloches dans sa description de l’église de Fondi (province de Latina en Italie), qu’il bâtit lui-même et qu’il a décrite dans tous ses détails.

Saint Paulin échangé contre un esclave

Si saint Paulin n’avait bâti que cette église, on pourrait se prévaloir de cette circonstance contre l’opinion qui le fait passer comme ayant introduit l’usage des cloches dans les églises; mais il y a lieu d’en douter, non seulement à cause du grand âge où parvient cet évêque, mort dans sa 78e année, mais à cause du nombre considérable d’églises construites de son temps.

 

L’existence ou l’usage des cloches dans les monastères et dès les premiers temps où les chrétiens ont exercé la vie commune, s’explique et se motive très simplement.

 

Les anciens se servaient de cloches pour leurs usages civils, et les grandes maisons, à Rome, en avaient pour avertir et convoquer la famille à certaines heures du jour. Les monastères, reproduisant en grande partie par leur construction ces anciens hôtels romains, auront été pourvus d’une cloche ou clochette, comme signe nécessaire à réunir les moines ou les religieuses, et ce signe aura paru nécessaire surtout dans les couvents où le silence est une des règles observées.

 

Il est donc probable qu’avant d’avoir adopté l’usage des cloches pour les églises, on s’en était déjà servi dans les monastères ou maisons où les chrétiens retirés du monde vivaient en communauté. La preuve de ce fait se trouve dans les règles monastiques de plusieurs anciens Pères de l’Église, que nous citerons.

 

Les solitaires s’en servaient également, d’après saint Grégoire le Grand (v. 540†604), qui vivait au Ve siècle. Dans ses "Dialogues" (lib. II), il fait mention d’une clochette (tintinnabulum) en parlant de saint Benoît, et dit que le moine romain donnait de son pain à ce jeune solitaire en l’avertissant, au moyen d’une sonnette, du moment où il lui apportait cette nourriture (Dialogi beati Gregorii, lib. II, fol. XII, verso).

 

Pour les Gaules, on trouve des exemples de cloches, au Ve siècle, dans l’histoire des miracles de saint Maximin ou Mesmin, second abbé de l’abbaye de Micy (45750 – Saint-Pryvé-Saint-Mesmin - Loiret).

Saint Grégoire le Grand

Au VIe siècle, les règles pour les moines de Saint-Colomban nous apprennent que ceux-ci restaient assis lorsqu’on sonnait pour l’office, excepté les pénitents qui se tenaient debout; et dans la Vie du même saint, mort en 598, on fait mention, pour la première fois, du baptême des cloches.

 

Au même siècle, il est question de cloches, sous le nom de signum, pour marquer les heures de l’office dans les règles des archevêques d’Arles, saint Césaire et Aurélien; pour l’Italie, dans celles de saint Benoît. Grégoire de Tours en parle également dans son histoire des Francs.

 

Au VIIe siècle, le pape Sabinien, qui succéda à saint Grégoire le Grand, en 604, et à qui quelques auteurs, dont l'italien Augustin Onofrio Panvinio (1529†1568), dans son "Epitome pontificum Romanorum" (Venise, 1557), lui attribuent l’introduction des cloches à l’usage des églises, en ordonnant de les sonner pour les heures canoniales et le sacrifice de la messe. Lorsque Clotaire envoya attaquer la ville de Sens, en 613, saint Loup ou Leu entra dans la cathédrale, dédiée à saint Étienne, et sonna la cloche pour appeler le peuple.

 

Pour la Germanie, nous citerons saint Boniface (v. 680†754), apôtre de cette contrée, martyr et archevêque de Mayence, qui, dans une de ses épîtres, mande qu’on lui envoie une cloche, et entend par ce mot une cloche à main, puisqu’il ajoute: qualem ad manum habui.

 

D’après l’historien allemand Wilken, il y aurait eu des cloches en Orient et notamment à Jérusalem. Dans l’introduction de son "Histoire des Croisades" publiée à Leipzig de 1807 à 1832, cet auteur dit que lors de la prise de cette ville par les Mahométans, sous Omar, on défendit aux chrétiens de sonner les cloches et on ne leur permit que de les tinter, anschlagen.

Jérusalem

En Angleterre, l’usage des cloches était connu au VIIe siècle, et Bède, dans son histoire de ce pays, en parle, entre autres, à propos des funérailles de l’abbesse Hilda (infos), morte en 630.

 

Au VIIIe siècle, l’art de fondre les cloches florissait sous Charlemagne. Le moine de Saint-Gall, dans la biographie de ce monarque, parle de fondeurs de cloches contemporains du grand empereur, en rapportant l’anecdote suivante:

 

"Il y avait cependant un ouvrier qui surpassait tous les autres dans l’art de couler le cuivre et le verre. Et lorsque Tancho, moine de Saint-Gall, eut coulé une très belle cloche, dont l’empereur admira la sonorité, cet excellent maître fondeur dit: Seigneur Empereur, ordonnez qu’on m’apporte beaucoup de cuivre, que je purifierai, et au moins cent livres d’argent dont j’ai besoin au lieu d’étain, et je vous coulerai une cloche d’un tel son qu’elle fera paraître muette celle que vous admirez."

Abbaye de Saint Gall - plan

Godeschale, qui vécut au VIIe siècle et qui écrivit la Vie de saint Lambert, évêque de Liège, parle d’une cloche, sous le nom de signum, dans la biographie de ce martyr, du temps où il s’était retiré au monastère de Stavelot.

 

Le pape Étienne III (v. 720†772), élu en 768, plaça trois cloches dans la tour de la basilique de Saint-Pierre, à Rome, pour appeler le clergé et le peuple au service divin. Ces cloches furent détruites et renouvelées successivement en 803, 853, aux XIIIe, XIVe et XVIIe siècles.

 

Alcuin (infos - v. 735†804), le précepteur de Charlemagne, parle des cloches dans son livre des "Offices Divins", en disant qu’on ne les sonne pas les trois derniers jours de la Semaine sainte, et qu’on les sonne pour la messe publique, après la confirmation. En 779, l’abbé Sturmius, se sentant mourir, ordonna de sonner toutes les cloches de l’église du monastère de Fulda (Land de Hesse en Allemagne).

 

Au IXe siècle, Amalarius Fortunatus, diacre de l’église de Metz, qu’on a confondu avec son homonyme, l’évêque de Trèves, parle des cloches dans ses Offices divins.

 

Il y a d’anciennes cloches chrétiennes qui sont travaillées au marteau et faites de différentes feuilles de cuivre rivées. En même temps qu’on en coula, on en fit en cuivre ou en fer battu, et ces deux sortes de fabrication ont existé simultanément pour le service divin, comme on peut voir dans un auteur du IXe siècle, Walafridus Strabon, qui parle, dans son traité "De rebus ecclesiasticis", de cloches en fonte et aussi de cloches forgées au marteau, qu’on appelle simplement cloches, dit-il, de vasis vero fusilibus vel etiam productilibus, quoe simpliciter signa vocantur.

 

Il, existe, à Cologne, une ancienne cloche de ce genre, attribuée au VIIe siècle et dont M. Didron donne un dessin dans le IVe tome de ses "Annales archéologiques", et reproduite ici:

 

 

cloche de Cologne

Cloche en fer battu.

Cologne - dessin de M. J.-A. Ramboux.

 

 

Cette cloche curieuse a été dessinée par M. J.-A. Ramboux, conservateur du Musée de Cologne. M. de Coussemaker, dans son "Essai sur les instruments de musique", a publié le dessin d’une cloche coulée du XIe siècle, d’après le manuscrit de Boulogne, et un dessin de carillon de la même époque, tiré par Gerbert d’un manuscrit du IXe siècle, de saint Blaise.

 

Ce fut donc principalement en Occident qu’on se servit d’abord de cloches pour le service religieux, et cet usage y était généralement admis dès le commencement du VIIe siècle, et même avant, d’après les citations que nous venons de faire de cloches du Ve et du VIe siècle. Cet usage s’y maintint et se développa de plus en plus avec les nombreux monastères et églises qu’on bâtit successivement.

 

En Orient, au contraire, on se servit pour appeler le peuple à l’église de certains instruments en bois qu’on frappait avec des marteaux. En 628, les habitants de Césarée, en Palestine, allèrent pleins de joie à la rencontre des reliques du martyr saint Anastase, de Perse (?†628), en frappant des bois sacrés.

instruments de musique

Ces instruments en bois, perches, crécelles, tables, dont on tirait un son au moyen de maillets ou autrement, furent particulièrement en usage dans l’Église orientale, où les cloches en métal ne se trouvaient qu’exceptionnellement; si, d’après Wilken, on en peut signaler une à Jérusalem au VIIe siècle, on n’en trouve plus quatre siècles plus tard, en 1099.

 

Au témoignage d’Albert, chanoine et sacristain d’Aix-la-Chapelle, le cardinal Jacques de Vitry (infos - v. 1160/1170†1240), évêque de Saint-Jean-d'Acre, dit également que les Grecs n’avaient pas de cloches.

 

Il y avait cependant encore à Damiette, dans la grande mosquée, lorsque saint Louis (1214†1270), arriva devant cette ville, en 1249, une cloche que les Musulmans mirent en branle pour donner le signal d’alarme [Michaud, "Histoire des Croisades", tom. VII , pag. 79]. Cette cloche, qui y était restée depuis la conquête de cette ville par Jean de Brienne (infos - v. 1170†1237), roi de Jérusalem de 1210 à 1225, y a probablement été apportée par les Latins.

 

Jérôme Magius, jurisconsulte du XVIe siècle, qui vécut quelque temps dans l’Asie Mineure où il est mort esclave des Turcs, fait la description d’instruments de ce genre dans son "Traité des cloches", qu’il écrivit de mémoire pendant sa captivité. Il dit que les Grecs n’avaient point de cloches, parce que les Turcs leur en avaient défendu l’usage, et qu’ils se servaient du symandre et de l’agiosydirum.

 

Il décrit ces instruments, dont le dernier est en fer, en y ajoutant des dessins qui sont gravés dans son Traité des cloches. Le même auteur et Busbecque, l’ambassadeur de Maximilien II de Constantinople, disent que chez les Mahométans, des imams annoncent de la voix les heures de la prière du haut des mosquées.

 

Selon Caesar Baronius (1538†1607), historien et bibliothécaire de l'Église, les Grecs ont commencé à avoir des cloches au IXe siècle. D’après les historiens de Venise, ce fut Orso Participazio I, doge de cette république, qui envoya les premières à l’empereur grec Michel, en 865. Mais les Turcs, en s’emparant de Constantinople, en 1433, détruisirent toutes les cloches, dont ils firent des canons, et ils ne permirent plus aux chrétiens d’en avoir.

 

Guillaume Durand (v. 1230†1296), évêque de Mende, dans son "Rationale divinorum officiorum", ouvrage qu’il acheva en 1286, distingue les cloches en six espèces. La première, dit-il, sert à la communauté au réfectoire et s'appelle squella; la deuxième, cymbalum, sert au cloître; la troisième, nola, dans le chœur; la quatrième, nolula, est celle de l’horloge; la cinquième, campana, se met dans le clocher, et la sixième est celle de la tour et s’appelle signum.

 

Les auteurs sacrés comparent les cloches aux trompettes de l’Ancien Testament, que Dieu ordonna à Moïse de faire, et les expressions poétiques et pleines de la plus grande vénération qu’ils emploient en parlant de ces beaux instruments prouvent l’importance que l’Église y a attachée de très bonne heure.

 

Ainsi, disent-ils, tout ce qui était annoncé, dans la loi ancienne, au son des trompettes, tel que les mouvements des armées, l’approche d’une guerre, la convocation du peuple à la guerre, aux fêtes, festins publics, holocaustes et hosties pacifiques, se proclame de même, chez les chrétiens, par le son des cloches, et les fêtes de l’Église catholique, le sacrifice de la messe, les victoires des armées ou les calamités publiques, enfin tout ce qui doit exciter la joie ou les larmes est annoncé au son de ces belles voix d’airain.

 

Tous les instruments destinés au culte dans l’église étant bénis, les cloches reçurent aussi, avec des cérémonies particulières, une bénédiction qu’on nomme ordinairement baptême et dont les auteurs qui ont écrit sur les cloches ont fait connaître les cérémonies. Ce rite est ancien, mais ne semble pas remonter à l’origine même de l’usage des cloches.

 

On en parle dans la Vie de saint Colomban, mort en 398, et Alcuin, élève de Bède, et précepteur de Charlemagne, en fait mention. De la défense que fit cet empereur, dans ses "Capitulaires", de baptiser les cloches, on peut conclure à l’ancienneté de cette cérémonie, puisque plusieurs superstitions s’y étaient déjà mêlées, ce qui n’arrive ordinairement qu’après qu’une cérémonie a été en usage pendant un long espace de temps.

 

Ainsi Baronius attribue à tort l’introduction de la bénédiction des cloches au pape Jean XIII (v. 938†972), qui bénit une grande cloche de l’église Saint-Jean-de-Latran, en 968, en lui donnant le nom de Jean.

 

Les anciennes cloches, surtout celles qui sont antérieures au XIIIe siècle, sont devenues très rares de nos jours. Il y a peu d’objets anciens qui aient autant souffert que les cloches. Des sonneries maladroites ou trop prolongées, les émeutes, les guerres, les incendies en ont détruit un grand nombre, et leur métal a très souvent servi à couler des pièces d’artillerie ou de la monnaie.

 

La rareté de ces anciens et curieux instruments rend donc très précieuses celles de ces cloches qui ont échappé aux vicissitudes du temps pendant plusieurs siècles; et celle de Cologne que nous avons citée est sans doute un des plus rares et des plus curieux spécimens de ce genre d’instruments.

 

Avant d’en citer d’autres, encore existantes, nous mentionnerons ce qui est dit dans les annales de l’abbaye de Saint-Ghislain, en Belgique, de la cloche de ce monastère, en 959: "Saint Gérard, sentant approcher sa fin, après avoir donné la bénédiction à ses religieux et reçu le viatique, ordonna qu’on sonnât son trépas avec la cloche qu’il avait fait bénir autrefois par son évêque; il voulait se recommander aux prières des fidèles, à l’exemple de Sturmius, abbé de Fulda, qui peu avant sa mort, fit aussi sonner toutes les cloches de son monastère. Saint Gérard mourut en 959."

 

Les citations de cloches dans les anciens auteurs après cette époque deviennent fréquentes. En Saxe, dans la Lusace, on fait mention d’achats de cloches faits à l’étranger dans les années 1041 à Gorlitz, 1109 à Schwerta, et encore dans les années 1124, 1155 et 1195.

 

Sigebert de Gembloux (v. 1030†1112), moine bénédictin, écrivain et chroniqueur médiéval, parle d’une cloche, dans sa Chronique, à l’année 1080. Un abbé du monastère de Saint-Amand, près de Tournai, propose aux chanoines de l’église Saint-Servais, à Maëstricht, dans une lettre datée de 1130, de célébrer mutuellement un service des morts au son des cloches, cum signorum pulsatione, pour les chanoines décédés dans les deux monastères.

 

Radulphe, abbé de Saint-Trond (province de Limbourg en Belgique), avait fait faire et refondre plusieurs cloches pendant son administration, et il indique lui-même, dans la chronique de son monastère qu’il écrivit au commencement du XIIe siècle, quel était le poids de chacune d’elles.

 

Joseph Strut, dans son ouvrage "Angleterre ancienne" ou Tableau des mœurs, publié en 1789, donne la gravure d’une cloche à main, tintinnabulum, du commencement du XIe siècle, qu’il a tirée d’un psautier en latin et en saxon qu’il croit de cette date. Cette cloche dont nous reproduisons le dessin, est percée de trois ouvertures sur la couronne.

Tintinnabulum - cloche

De la même époque existe encore une cloche à la cathédrale de Sienne, en Italie, provenant de l’ancienne tour de la famille Bisdomini. Comme le montre son dessin, que nous reproduisons d’après la gravure publiée dans les "Annales archéologiques" de M. Didron, elle est en forme d’œuf tronqué, et mesure en hauteur environ un mètre.

Cloche de Bisdomini

M. Ramboux ajoute à la description de ce curieux monument, qui porte la date de 1159, qu’on le sonne encore de nos jours, à l’élévation, pendant la grande messe [L’usage de sonner la cloche à la consécration est assez ancien; on en trouve une mention positive dans une lettre d’Yves de Chartres à Mathilde, reine d’Angleterre (v. 1032†1083): il fut maintenu à l’élévation par le pape Grégoire IX (v. 1145†1241) en 1238] et qu’il produit un son aigu.

 

Le second dessin, que nous publions ici, est celui d’une ancienne cloche de l’église Saint-Servais, à Maëstricht, qui portait le nom de cloche des ou de bedeauxsaint Materne. Sa forme dénote une haute antiquité et fait regretter sa perte. Elle fut brisée il y a une cinquantaine d’années.

cloche de st Materne

Dès le XIIe siècle, les cloches commencent à gagner en dimensions. À mesure que les églises, les monastères et les villes se développèrent, on sentit de plus en plus le besoin de grandes cloches. D’après l’Histoire littéraire de la France, conçue au début XVIIIe siècle par Dom Rivet, bénédictin de la congrégation de Saint-Maur, les moines de Cluny faisaient fondre, au XIIe siècle, de grosses cloches qu’à peine deux hommes pouvaient sonner.

 

Les auteurs du même ouvrage disent que pour la musique d’église on employait même de petites cloches sur lesquelles on frappait pour imiter le trétracorde des Grecs, d’où est venu, disent-ils, le carillon de nos cloches.

 

La cloche du Puy est la plus ancienne cloche répertoriée en France (fin du XIIe siècle), qui porte un décor au niveau du "cerveau" composé d'une frise de rinceaux fins et de palmettes peu développées. En plus du bandeau de rinceaux, une succession de filets parsème le corps de la cloche jusqu'à la pince. Ce décor, peu courant dans la décoration campanaire, donne à l'objet une élégance décorative qu'accompagne un raffinement des formes et de l'acoustique.

Cloche du Puy (fin du XIIe siècle)

Les traces de frappe au marteau, internes et externes, indiquent que, malgré la présence d'un battant, elle devait être sonnée par percussion extérieure et non à la volée. Ce fait ajouté à sa petite taille, permet de supposer qu'elle était à l'origine utilisée comme cloche monastique.

 

La forme est assez caractéristique des cloches du type "Florence" avec une large base et un corps effilé, ainsi nommé par référence à celle du musée du Bargello, datée de 1101. Les premières cloches de ce groupe apparaissent au tout début du XIIe siècle et sont connues en France jusqu'au XIIIe siècle. Elles subsistent en Italie jusqu'à la fin du XIVe siècle, mais alors qu'en France les formes ont très vite tendance à se ramasser, en Italie elles s'effilent de plus en plus.

 

Les cloches de Fouqueure, de Vaumas, de Fos-sur-Mer ou de Géhée, qui datent également du XIIe siècle, appartiennent à ce même type qui domine alors et introduit des cloches au son plus harmonieux. Elles prenaient la suite d'exemplaires souvent plus petits et de formes moins uniformisées.

 

- - - oOo - - -

 

Le respect qu’on avait anciennement pour les cloches à l’usage du service religieux était en rapport avec leur destination presque exclusivement sacrée et les cérémonies qu’on pratiquait à leur bénédiction. Cette vénération allait quelquefois jusqu’à l’excès, et d’après l’Anglais Sylvestre Girard (XIIe siècle) dans sa "Topographie de l’Irlande", on jurait à cette époque sur les cloches, en Angleterre, en Écosse et en Irlande.

 

La fonction de les sonner appartenait aux prêtres, à l’imitation, disent les liturgistes, des enfants d’Aaron, auxquels Dieu avait commandé dans l’ancienne loi de sonner de la trompette pour assembler le peuple.

 trompettes de Jéricho

Charlemagne, dans ses Capitulaires, ordonne que ce soient les prêtres qui sonnent les cloches, usage conforme à l’esprit de l’église, qui n’est plus pratiqué. Cette fonction était également, au VIIe siècle, de l’office du sacristain, custos ou mansionarus, comme les appelle le pape saint Grégoire le Grand, en parlant de saint Théodore et de saint Abundius, qui remplirent cette charge en l’église Saint-Pierre peu avant cette époque.

 

Mais nous ferons remarquer que les anciens sacristains étaient des diacres ou sous-diacres, des clercs pourvus des ordres mineurs, et faisant, par conséquent, une partie du clergé. Ange Rocca (1545†1620), Sacristain du pape Clément VIII de 1595 à 1620, fait observer que de son temps, à Rome, les sacristains devaient avoir reçu les ordres mineurs avant d’être admis à cette charge, et qu’ils ne pouvaient s’acquitter de leur ministère que vêtus du surplis.

 

Le même auteur nous dit que les clercs, bénéficiers ou chanoines, lorsqu’ils sont reçus dans un chapitre ou une église collégiale, de juridiction ou de prise de possession. Le concile de Cologne, de 1300, défend de nommer des sonneurs de cloches non lettrés, dans les châteaux et surtout dans les églises cathédrales, afin qu’ils puissent, en cas de besoin, servir de répondant au prêtre qui dit l’office, et répondre au chant vêtus du surplis.

 

Plusieurs autres conciles s’occupent des cloches, notamment, le concile de Clermont qui, en 1095, donne un élan décisif à l'usage des cloches dans la pratique religieuse.

 

L'Angélus, qui appelle les croyants à la prière, fut institué par le pape Urbain II (v. 1042†1099).

 

Il n’y eut d’abord qu’une seule cloche dans chaque église. On en eut ensuite plusieurs pour marquer la différence des offices et des fêtes. Ce nombre s’accrut successivement et devint si considérable dans la suite qu’il s’éleva au XIVe siècle des difficultés entre le clergé régulier et le clergé séculier sur le nombre de cloches que chaque couvent pouvait posséder pour son usage.

 

Le pape Jean XXII (infos - 1244†1334), qui monta sur le siège apostolique en 1316 à Avignon, renforce cette pratique en créant en 1316, la prière de l'Angélus. Par ailleurs, il défendit d’avoir plus d’une cloche dans chaque couvent pour les offices divins, sans la permission expresse du Saint-Siège; dans les lieux où l’on s’était opposé à ce qu’il en eût plusieurs, il limita, par lettres apostoliques, le nombre de cloches que les églises cathédrales, collégiales et monastiques pouvaient avoir.

 

Cependant, il paraît que cette prescription du Souverain Pontife n’a pas été strictement observée, vu le grand nombre de cloches dont les églises étaient pourvues, jusqu’à la fin du siècle précédent, dans les pays catholiques de l’Europe.

 

Arès avoir parlé des cloches religieuses, auxquelles nous reviendrons, disons un mot des cloches militaires et civiles du Moyen Âge, qui, sous le nom de cloches du beffroi, bancloches, tocsins, cloches communales, ont leur place dans l’histoire militaire et civile de cette époque.

 

Les armées avaient une cloche pour le service militaire, au Moyen Âge, et l’on s’en servait à la guerre, d’après Jérôme Magius, qui donne la description et le dessin d’une cloche de ce genre et du char au haut duquel elle était suspendue. La description de cette intéressante machine militaire du XIe siècle est encore plus complète dans les notes que François Swert, d’Anvers, mit au traité de Magius, d’après le peintre et architecte Antoine Campo, de Crémone (1585):

 

"Les habitants de Crémone, dit-il inventèrent, en 1081, un char dit carroccium, dont l’empereur Henri leur accorda l’usage, en même temps qu’ils obtinrent de ce prince leurs privilèges de liberté par entremise de sa femme Berthe. En reconnaissance de cette faveur de l’impératrice, on appela ce char Bertacciola, ou char de Berthe.

 

Ce char était plus grand et plus élevé qu’une voiture ordinaire. Les Lombards l’inventèrent d’abord et les Milanais furent les premiers à l’imiter. Les uns le drapent en blanc, d’autres en rouge, ceux des Crémone mêlent ces deux couleurs à sa décoration, et elle varie enfin, pour chaque ville, d’après la couleur de son drapeau.

 

Les six bœufs qui le traînent ont des housses aux mêmes couleurs. Du haut d’une antenne dressée au milieu du char, et que surmonte une bannière blanche à croix rouge dans le genre de celles qu’on porte dans les processions religieuses, pend la cloche, dont plusieurs jeunes gens très forts tiennent les cordes. Ce char ne sort que sur un décret public et sous la garde d’au moins quinze cents des meilleurs soldats, couverts d’armures complètes et armés de haches d’armes.

 

Il est placé près de l’état-major; derrière lui se trouvent huit joueurs de flûte et plusieurs prêtres pour l’office. On le confie au capitaine le plus brave et le plus expérimenté, et là où il se trouve on exerce la justice du camp et on tient le conseil de guerre. C’est au même endroit que l’on soigne les blessés et que se réfugient ceux qui sont trop fatigués du combat, ou ceux qu’un ennemi supérieur en nombre presse de trop près.''

 

La gravure du char donnée par Magius est trop incorrecte pour que nous puissions la reproduire. D’après ce dessin, la cloche pend sous une charpente en forme de toiture.

 

M. Polin, de Liège, fait mention en ces termes, dans son ouvrage "Liège pittoresque", d’une cloche militaire en Belgique, la cloche blanche de la cathédrale de Saint-Lambert:

 

"Quand le prince et les états avaient déclaré la guerre à quelque nation voisine, on faisait aussitôt retentir la *cloche blanche, ou cloche militaire, puis on exposait l’étendard de Saint-Lambert sur le maître-autel de la cathédrale."

 

La cloche du ban ou de la commune, campana bannalis seu communiae, était à la fois une cloche militaire et civile, dont toute grande commune au Moyen Âge était pourvue. Elle était comptée parmi les droits de la commune, et on la sonnait pour appeler au service de la cause publique tous ceux qui demeuraient dans le ban ou district.

 

Les princes s’en servaient pour appeler les hommes nobles au service militaire. Ducange cite, d’après les lois du roi Edouard le Confesseur, du XIe siècle, une cloche pour appeler le peuple à l’assemblée. Cette cloche était nommée morbel, mot composé, d’après le même auteur, de mor, assemblée, et bel, cloche. Les princes accordèrent aux communes l’usage d’une cloche de ban comme une liberté ou franchise, ainsi qu’il est dit, entre autres, dans la charte octroyée à la commune de Tournay, en 1187: "De plus nous concédons aux mêmes hommes, qu’ils aient une cloche dans la ville dans un endroit convenable pour les affaires de la ville."

 

Cette franchise d’avoir une banclok était souvent enlevée aux habitants des villes qui s’étaient rendus coupables de rébellion envers leur seigneur, et Philippe-Auguste (1165†1223), enleva ainsi aux habitants de la ville de Hesdin, en Artois, leur cloche banale, en 1179, pour les punir de leur révolte.

 

L’an 1318, le roi Philippe de Valois (1293†1350), ayant ôté à ceux d’Ypres leur droit communal, fit enlever la cloche du beffroi: "Commandèrent que tous ceux de la ville leur emportassent leurs armures, et ils le firent: puis abattirent leur cloche, qui pendait au beffroi." L’historien anglais Rodulphe de Diceto, doyen de Londres, parle d’une cloche banale, à l’année 1191, en disant que c’est une cloche qui sert à inviter le peuple à se réunir.

 

À ces citations de cloches banales ou communales, nous pourrions en ajouter d’autres mentionnées dans les annales de la France, de la Belgique et de l’Allemagne, surtout à l'époque du XIIIe siècle, où les communes soutinrent pour leur liberté ces longues et mémorables luttes civiles.

 

Dans les Flandres, il y avait, à Gand, la grande cloche (22.000 livres comptées à 16 onces) du beffroi, le Roland, que l’empereur Charles Quint ordonna de briser, en 1540, parce qu’elle avait servi à appeler le peuple à la révolte contre lui. Mais elle fut conservée, dit-on, par l’intercession de quelques notables de la ville, et l’on changea seulement son usage de tocsin en celui de timbre pour l’horloge. On y fit une entaille pour lui donner un son triste, en souvenir de la perte que firent les Gantois du privilège d’avoir cette cloche banale. On y lisait ces vers:

 

Roland, Roland bin ich genannt

Wen ich kleppe; so is’t brand

Als ick lude ortog in Flanderland.

 

Roland, Roland, c’est comme on m’appelle

Si je tinte, il y a du feu

Si je sonne, c’est la guerre en Flandres.

Traduction de Monsieur John van der Hoeven, qui témoigne ainsi de son attachement à l'abbaye Saint-Hilaire.

 

M. Van Duyse, archiviste de la ville de Gand, a trouvé une pièce qui constate que la grosse cloche actuelle du beffroi n’est pas le fameux Roland, fondu en 1315 par Jean Van Roosebeke. Le grand Roland, qui a joué un rôle bruyant dans les troubles de Gand de 1559, et auquel Charles Quint accorda un généreux pardon, après l’avoir condamné à la destruction par sentence de 1540, fut réellement détruit le 23 juin 1659. Les débris servirent à fondre les cloches du carillon [Mess. Des sciences historiques, année 1846, p. 424].

 

Au beffroi de Tournai se trouve une ancienne bancloque, de 1392, portant une inscription française qui indique son nom, son usage et son fondeur. Sa compagne, qui sert de timbre pour l’horloge, est de la même année, comme l’indique son inscription qui dit qu’elle sert à marquer l’heure.

 

La tour de l’ancien beffroi, à Maëstricht, démolie au XVIIe siècle, portait une horloge et plusieurs cloches, parmi lesquelles il y en avait une d’un grand poids. Cette horloge, une des plus anciennes des Pays-Bas, fut faite en 1367 (*) pour la commune de Maëstricht, avec le concours du chapitre de Saint-Servais, qui contribua aux frais par un don volontaire, comme il ressort d’une reconnaissance de l’année 1367 du magistrat envers le chapitre.

 

(*) Ce ne fut qu’en 1393, d’après l’histoire du comté de Namur par M. Borgnet, que la commune de la ville de Namur résolut d’établir une horloge. M. Borgnet dit qu’on entra d’abord, en pourparlers avec un certain Roland, maître des horlogers à Biaumont. Celui-ci demandait 300 florins pour faire une horloge semblable à celle de Bruxelles et de Mons. Jean, fils de maître Louis de Huy, fit une horloge moyennant le prix de 100 florins.

 

Dans la même ville se trouvait à l’église Saint Servais une ancienne cloche, d’une forme toute particulière, qui est dessinée ci-dessous:

cloche ancienne de justice

Cette cloche, dite de justice, sonnait quand le magistrat de la ville prononçait une sentence au nom du duc de brabant. Le corps de cette cloche était percé de quatre trous: particularité que nous remarquons, puisque ordinairement, dans les anciennes cloches, on ne rencontre ces ouvertures que vers le couronnement ou la chape, entre les anses, comme dans les anciennes cloches chinoises.

 

L’église Notre-Dame de la même ville possédait une cloche pareille destinée au même usage, pour la justice du magistrat du prince-évêque de Liège, qui partageait la souveraineté de Maëstricht avec le duc de Brabant, aux droits duquel succédèrent, au XVIIe siècle, les États généraux de la Hollande.

 

Ces cloches de Maëstricht rappellent une cloche italienne également à jour, mais d’une structure toute particulière, qui se trouvait à l’église de Mantoue. D’après la description qu’en fait un auteur anonyme, elle avait huit ouvertures, chacune d’une hauteur de trois pieds sur un pied de largeur. Son diamètre était de six pieds (*).

 

(*) Pied romain = 29,5 cm – pied du Roy de France = 32,4 cm – pied de Saint Lambert (principauté de Liège) et pied de Bavière = 29,18 cm.

 

Les inscriptions des anciennes cloches indiquent ordinairement l’usage particulier qu’on en faisait. Dans l’ordre civil comme dans l’ordre religieux, chaque cloche avait sa destination exclusive, ce qui explique le grand nombre que les églises, les monastères et les édifices civils renfermaient anciennement. Presque chaque commune avait ses coutumes particulières, émanant de sa charte ou franchise, qui variaient pour chaque ville, selon son origine, son industrie et son commerce.

 

Au XIIIe siècle, et plus tard lorsque la ville de Maëstricht possédait un grand nombre de fabriques de draps, une cloche de l’église Saint-Antoine annonçait, le soir, la cessation du travail des ouvriers de ces fabriques: coutume qui existait également à Louvain et qui fut instituée par le duc Jean Ier, par un diplôme de 1282. À Ypres, il était d’usage, en 1297, d’annoncer la célébration des noces au son d’une cloche. À Utrecht, on sonnait une cloche lorsqu’un divorce était prononcé.

 

On la sonnait également tous les quinze jours pour faire comparaître les accusés contumances, d’après les ordonnances de l’empereur Charles Quint de 1550. Le son d’une cloche se faisait encore entendre pendant les exécutions capitales devant l’hôtel de ville. À Strasbourg, le magistrat de la ville était convoqué au son d’une cloche que le conseil municipal fit couler à cet effet en 1473, les conseillers ayant été convoqués à domicile jusqu’à cette époque par un huissier.

 

Son inscription, qui suit, dit qu’elle fut faite du temps que l’empereur Frédéric III (1831 † 1888), se trouvait à Strasbourg, par maître Thomas Jost:

 

Alo man zahlt 1473 jahr,

Was konig Friederich hie offenbar,

Da hat mich Meister Thomas Jost gegossen,

Dem Rath zu lauten unverdrossen.

 

Alors c’est l’an 1473,

Maintenant, il y avait en effet le roi Frédéric,

C’est alors que maître Thomas Jost m’a fondue,

Pour sonner inlassablement à l’hôtel de ville.

Traduction de Monsieur John van der Hoeven.

 

Anciennement comme de nos jours, on sonnait les cloches aux joyeuses entrées et à la réception des princes et des grands dignitaires. Sonner les cloches, au Moyen Âge, pour l’arrivée d’un prince, c’était lui rendre les honneurs souverains. A contrario, l’abbé saint Ermenold les refusa à l’empereur Henri V (1081†1125), lorsque ce prince passa devant son monastère, parce que le pape Pascal II (v. 1050†1118), venait de l’excommunier. On ne sonna pas les cloches pour l’empereur Charles IV (1316†1378), lorsqu’il vint en France.

 

 

Frères Limbourg - miniature vers 1415

Vers 1415, les frères Limbourg montrent encore le temps scandé par les cloches du monastère dans cette miniature du "Très Riches Heures" du duc de Berry.

 

 

D’après la chronique de Dinterus, le duc Antoine de Brabant (1384†1415), s’étant fait inaugurer à Maëstricht, après avoir juré devant le maître-autel de l’église Saint-Servais le maintien des privilèges de cette ville, et reçu le serment de fidélité de la commune dans les mêmes termes que ceux des habitants de Louvain et de Bruxelles, fut conduit par les bourgmestres sous le clocher, et sonna, comme il était prescrit.

 

Les anciennes cloches se font connaître elles-mêmes par leurs inscriptions et elles expriment, dans un langage qui s’élève souvent jusqu’à la haute poésie, les différents usages auxquels elles servaient. Ce sont des voix d’airain, comme disent les anciens liturgistes, qui appellent toute une ville avec leur son puissant, calmant ou excitant les grandes émotions.

 

Ces inscriptions mentionnent les noms de leurs fondeurs, qui méritent d’être connus et conservés, pour la plupart, dans l’intérêt et pour l’histoire de l’industrie artistique de la fonte des cloches. La ville de Liège, qui comptait mille cloches dans ses différents édifices religieux et civils, au siècle précédent, possède encore deux grandes cloches de la fin du XIIIe siècle, portant des inscriptions qui nous apprennent les noms des deux Liégeois, leurs auteurs.

 

Cette ville en perdit, par malheur, une troisième, qui fut brisée et qu’on a refondue récemment; elle portait l’intéressante inscription qui suit, que nous devons à M. le chanoine Devroi:

 

Anno Domini M.C.C.LXXXV. mense junio mgr. Io me fecit.

Fulgura terroris cœli variosque timores

Pellat Paula suo divino prædita sono.

   

En l'an du Seigneur 1285, au mois de juin, maître Jo. m'a fait.

Les éclairs de la terreur et les diverses peurs du Ciel,

Puisse Paule les chasser quand elle répand ses sons divins.

Traduction de Monsieur Pierre Taudou qui témoigne ainsi de son attachement à l'abbaye Saint-Hilaire.

 

Cette cloche qui se trouvait à Saint-Paul et qui sonnait en ut était ornée d’empreintes de monnaies.

 

Des deux qui existent encore, l’une se trouve à Saint-Paul. Elle concordait avec la précédente, et offre dans son inscription les noms de Jean et de Gérard, de Liège, qui la coulèrent en 1275. Elle sonne en ré, et on y lit:

 

Anno Domini M.C.C.LXXV. mense julio Jon.

Et Gerardus Leod. Me fecerunt.

Concordans sociae merito concordia dicor.

Nubilia tristitiae pellens relevo populi cor.

 

En l'an du Seigneur 1275, au mois de juillet, Jon

et Gérard de [le nom est sans doute celui du lieu où se trouve cette cloche, type Loudun – à traduire] m’ont faite.

Comme je m’accorde avec mon associée, on m’appelle à bon droit Concorde.

En chassant les nuages de la tristesse, je relève le courage du peuple.

Traduction de Monsieur Pierre Taudou.

 

La seconde cloche se trouve à l’église Saint-Denis. Elle porte une inscription en langue wallonne, de 1283, avec les noms des deux Jean, qui la fondirent:

 

1283. ert.ke.me.fondiren.li.doi.Johan.

Si.mappellen.Mareie.si.sui.sacrée.et.beneie.

Aloire.kon.me.sonerat.ti.tempesta.dipartir.

 

Ce que M. le chanoine Devroi, qui a publié cette inscription, traduit ainsi:

 

1283 était l’année que me fondirent les deux Jean.

Je m’appelle Marie. Je suis sacrée et bénite.

Lorsqu’on me sonnera l’orage disparaîtra.

 

Ces deux cloches de Liège, elle de Saint-Paul et celle de Saint-Denis, que nous avons dessinées dans les tours ou elles sont placées, sont de rares et curieux spécimens de nos anciennes fonderies de cuivre. D’une forme très simple, elles ne laissent aucun doute sur leur âge, si on les compare au petit nombre de monuments encore existants de cette époque; on ne pourrait s’y tromper quand même elles n’auraient pas les inscriptions en caractères gothiques qu’elles portent.

 

La cloche de l’église de Saint-François d’Assise, dans les Etats romains, coulée en 1239, et publiée par M. Didron, offre un ensemble de formes qui se rapprochent beaucoup des deux cloches de liège. Ces deux anciennes cloches, ainsi que celle dont nous avons parlé et qui a servi à fondre la nouvelle cloche de la cathédrale, avaient survécu à deux destructions historiques, d’abord au sac de la ville de Liège par Charles le Téméraire (1433†1477), qui fit briser les cloches de plusieurs églises de la ville et du pays de Liège pour en faire des bombardes, et plus récemment, à la fin du siècle dernier, aux confiscations du gouvernement français, qui s’empara des cloches au profit du trésor public pour les changer en monnaie de billon.

 

Par un singulier revirement de circonstances, ces mêmes sous sont employés de nos jours, à fondre de nouveaux des cloches.

 

Il y a de cette époque, dans le Limbourg néerlandais, des cloches dont M. Ch. Guillon, de Ruremonde, nous a communiqué les inscriptions; mais elles ne sont pas signées par leurs fondeurs. Une d’elles porte la date de 1273 et se trouve à Vlodorp, village situé à une lieue et demie de Ruremonde; deux autres sont de l’année 1349 et se trouvent l’une à Linne, l’autre à Herkenbosch, deux villages distants d’une lieue de la même ville.

 

À Heure-le-Tixhe, près de Tongres, il y a une cloche de 1364 ou 1365; dans le village de Wintershoven, ancienne villa de saint Lambert, et dans celui de Vliermael; également dans le Limbourg, on trouve encore des cloches anciennes.

 

M. Edmond Vander Straeten, dans sa "Notice sur les carillons d’Audenarde", cite, d’après un inventaire de cloches fait en 1579, à Audenarde et dans les lieux environnants de sa juridiction, les noms des anciens fondeurs suivants: maître Pierre Deboisses (1235), Egide de Blecki (1324), et quelques autres du XVe et du XVIe siècle.

 

Emile Gachet a signalé, d’après un manuscrit attribué au XIVe siècle, un fondeur de 1324, maître Gérard, de Liège, dont le nom se lisait sur une des cloches de l’ancienne abbaye de Saint-Laurent, à Liège.

 

Pour l’Italie, nous trouvons dans le traité de "Campanis commentarius" d’Ange Rocca [écrit vers 1610 et publié par de Sallengre dans son Novus Thes. Antiq.] le nom d’un fondeur de cloche, de Pise, Guidottus Pisanus, en 1288. Cet auteur dit qu’il a lu sur une des cloches de l’église de Sainte-Marie-Majeure, à Rome, l’inscription suivante, où nous voyons mentionné le nom d’un Belge, le frère Jean de Liège, sous l’administration duquel la cloche fut coulée:

 

Anno Domini M.C.C.LXXXVIII. ad honorem Dei, et Beatae Mariae Virginis, et sancti Thomae apostoli, tempore fratris joannis de Leodio ministri, factum fuit hoc opus de legato quondam domini Rikardi Domini papae notarii. Guidottus Pisanus me fecil.

 

Un habile fondeur de cloches et objets en cuivre, au XVe siècle, fut Jean de Venlo, dont nous connaissons les fonts baptismaux de l’église Saint-Martin, à Wyk-Maëstricht, publiés par M. Arnaud Schaepkens, et la cloche du village d’Elslo, près de cette vile. L’épigraphe latine de cette cloche dit qu’elle s’appelle Marie et qu’elle fut coulée en 1480, par Jean de Venlo. Elle porte encore ces mots flamands qui indiquent que c’est une cloche communale:

 

Dyt is der gemeinde clock van Elslo.

 

Voilà la cloche communale d’Elslo.

Traduction de Monsieur John van der Hoeven.

 

Elle est ornée d’une figure du Christ entre la Sainte Vierge et saint Jean, et de trois empreintes de monnaie.

 

Le nom d’un ancien fondeur, nommé Peyl, se trouve sur une cloche du village d’Eycken-Bilsen, dans le Limbourg, qui porte cette inscription:

 

Fusa.sono.grata.

q.sum.Landrada.vocata.

Sino (pour signo) me.pulsata.Peyl.

Hinc.mala.cuncta.fugate.

 

Fondue pour sonner, reconnaissante.

d’avoir été appelée Landrade.

je fais, quand on m’ébranle.

fuir d’ici tous les maux.

Traduction de Monsieur Pierre Taudou.

 

Il y a trois pièces de monnaie empreintes sur cette cloche, dont deux sur la couronne et une sur le pied. Nous avons vu encore à Bilsen, près de l’endroit que nous venons de citer, une cloche coulée en 1534 par jean Waghemens, de Malines, fondeur dont Gachet cite une cloche, à Malines, de 1498, sur laquelle on lit ces vers flamands:

 

Amor ijs mijnen naem

Mijn geluijt zijn God bequame

Al soe veer men mij sal horen luden

Soe wyl God al dijngen behueden,

My heeft gegoten jan Waghemens van Mechln.

 

Je m’appelle Amor

Dieu aime m’entendre sonner

Partout où l’on m’entendra sonner

Dieu protégera toutes les choses,

C’est Jan Waghemens de Malines qui m’a fondue.

Traduction de Monsieur John van der Hoeven.

 

Cette cloche est ornée de plusieurs bas-reliefs. La couronne porte une frise à feuillage dans le goût de la renaissance, le corps plusieurs figures de saints et une adoration des mages avec une inscription latine, puis un grand écusson écartelé, qui porte à dextre quatre pals et à sénestre un lion rampant couronné et lampassé.

 

Dans la tour de l’église de Looz, l’ancienne résidence des comtes de ce nom, existe trois cloches, dont une fut coulée en cet endroit, l’année 1406, comme le dit son inscription:

 

Loz : sum : formata :

Nec : non : benedicta : vocata :

Sit : me : pulsata :

Cunctis : benedictio : lata :

Anno : dni : M : CCCC : VI :

 

J’ai été créée pour la louange

et appelée Benoîte.

Puissé-je, quand on m’ébranle,

répandre la bénédiction sur tous!

En l’an du Seigneur 1406.

Traduction de Monsieur Pierre Taudou.

 

À Saint-Trond se trouve, au réfectoire des Récollets, une clochette en style Renaissance, qui porte sur sa couronne:

 

Jhesus es mynen naem, gegoten

in’ tjaer MDLI.

Die syn vlesch gheeft syn eisch na

syn lust die sal verweren ewich sterven

Zonder rust.

 

Je m’appelle Jésus

fondue en l’an 1551

Celui qui, à volonté, cède à l’exigence de sa chair

Il s’effritera et il mourra pour toujours

Sans repos.

Traduction de Monsieur John van der Hoeven.

 

Au commencement du XVIe siècle, deux frères s’illustrèrent par une œuvre de fonte remarquable que possède l’église Saint-Servais, à Maëstricht. C’est la grande cloche de cette église, le Servatius, que Guillaume et Gaspard Moer, coulèrent en 1515, dans la cour de la prévôté de cette collégiale. Avant la suppression du chapitre de l’église, le Servatius, qui pèse, dit-on, 9.000 kilogrammes, se trouvait en société de dix autres cloches, dont les deux qui le suivaient en dimension portaient les noms de Monulphe et de Gondulphe, les deux saints architectes de l’ancienne basilique.

 

La plus grande de ces deux cloches pesait 4.000 kilogrammes. Venait ensuite une cloche que nous avons déjà citée et qui sonnait à neuf heures du soir, pour annoncer l’heure de la cessation des travaux des tisserands; elle provenait du monastère de Saint-Antoine; puis l’ancienne cloche dite des bedeaux, appelée Maternus, dont nous avons donné le dessin, la cloche des chapelains, le grand Duplex, le semi-Duplex, le Magister, ou cloche des maîtres d’école, la cloche des chantres, et finalement la cloche de justice, dont nous avons publié également le dessin.

 

On ne sonnait le Servatius que pour les grandes fêtes de l’année, à commencer par les premières vêpres de la veille, puis encore la veille de la fête du patron de l’église, à six heures du soir, pour annoncer aux étrangers le commencement de la foire annuelle ou la libre entrée en ville de tout commerçant: celui-ci devait quitter Maëstricht le quatorzième jour, à six heures du soir, au son de la même cloche.

 

Nous joignons à ce travail un dessin d’après nature du Servatius, avec quelques détails de sa décoration qui sont reproduits d’après des estampes prises sur la cloche même. Ce dessin indique assez la forme de la cloche dans son ensemble; nous n’avons donc qu’à décrire sa décoration.

 

Trois frises ornent la couronne de la cloche. La première est en style gothique fleuri, mais elle est composée dans le goût de la Renaissance; celle du milieu représente le collier de la toison d’or, et la suivante une gracieuse arabesque au riche feuillage. Sur le corps de la cloche se trouvent et s’alternent deux figures de l’évêque saint Servais mitré, deux clefs du saint, dont le chapitre a fait ses armoiries, et deux écussons aux armes de l’Empire allemand.

 

Voici les inscriptions en caractères gothiques de la cloche:

 

Servatius servavit fidem

Servavit plebem Domini

Servando et orando meruit quod credidit,

Ad tua sacra voco populum clangore sonoro

Servatii, cujus nomine dicor ego.

Wilhelmus et Gaspar Moer confraires

Fecerunt me anno Verbi incarnati 1515.

 

Servais a gardé la fois

Et a sauvé le peuple de Dieu.

En conservant et en priant il a gagné la récompense (de sa foi)

O Servais dont je porte le nom

J’appelle le peuple à ton église par mon son bruyant.

Les frères Guillaume et Gaspard Moer,

Me firent l’an du verbe incarné 1515.

 

Le son du Servatius est à la fois riche, grave et argentin; et quoique d’une force de ton très puissante, on n’entend presque pas le coup du battant, quand elle est mise en branle, tellement son bourdonnement est nourri et contenu. Son battant, dessiné ci-dessous d’après nature, est forgé avec goût et pèse 500 livres de Liège. Le diamètre de la cloche, à sa base, est de 2,20 mètres.

Battant de la cloche Servatius

Après qu’on eut coulé le Servatius, en 1515, dans la cour de la prévôté, on le transporta de là avec pompe, et on le hissa dans la tour au-dessus de la chapelle romane où il se trouve encore. Le son mélodieux et puissant de ce bel instrument a vivement impressionné pendant près de trois siècles et demi les habitants de Maestricht et de ses environs, en leur annonçant les fêtes de l’église et leur antique foire, la naissance, les joyeuses entrées et la mort de leurs princes, des victoires, des conquêtes et tant d’autres événements heureux ou malheureux qui font époque dans l’histoire des peuples.

 

Mais cette grave et puissante musique, cette voix des tours romanes de l’église, d’où elle se répandait dans la cité, avait cessé depuis quelque temps. On la sonna pour la dernière le jour de la Fête-Dieu de l’année 1853, lorsqu’on s’aperçut d’une fêlure à sa base, produite par une sonnerie maladroite. Cette fêlure a été habilement soudée par un horloger français, M. Leroi de Saint-Jean-d’Angely commune de Charent-Maritime.

 

Lors de la suppression du chapitre de cette église, à la fin du siècle précédent, le gouvernement français, en faisant briser toutes les cloches, avait respecté le Servatius et la cloche de justice. Par un innocent stratagème on en fit le timbre de l’horloge, et de cette manière la cloche fut sauvée.

 

Il y avait des fondeurs de cloches du nom de Von Trier, à Aix-la-Chapelle, au XVIe et XVIIe siècle. En 1462, une famille de ce nom avait une fonderie de cloches et de canons en cette ville, où se trouve une cloche signée Johann von Trier (Jean de Trêves) dans l’église Saint-Pierre. Son inscription en bas allemand, est ainsi donnée par M. Chrétien Quix:

 

Ich don der gemeinde mit meinen schal

Roffen zu dem tempel, Gottes wort zu

Lehren und sich von sunden zo bekehren.

Sinte Petrus heischen ich, Johann von Trier

Goss mich anno 1582.

 

Avec mon bruit je convoque la commune

Pour aller au temple, pour étudier le mot de Dieu

Et pour se convertir des pêchés.

Je m’appelle Saint-Pierre, Johann de Trèves

M’a fondue en 1582.

Traduction de Monsieur John van der Hoeven.

 

Les cloches du XVIIe siècle sont moins rares et portent, pour la plupart, les noms de leurs fondeurs. Sur une cloche de l’église Saint-Jean de Maëstricht, se trouvent les noms de Jean et de Joseph Plumere, fondeurs à Huy, en 1687. Sur une cloche de la chapelle de Saint-Lambert, à Herstal, près de Liège, on voit la date de 1622 et le nom de Lambert, et sur une clochette de l’église de Saint-Mathias, à Maëstricht, le nom du fondeur Melchior de Haze, d’Anvers, avec la date de 1675.

 

Si nous ne craignions de fatiguer le lecteur par de trop nombreuses citations, nous pourrions faire mention de bon nombre de cloches des XVIe et XVIIe siècles que nous avons vues dans les tours des églises de Belgique et des Pays-Bas, et qui méritent d’être dessinées et estampées à cause de leurs formes élégantes, de leurs ornements et de leurs détails, dont la connaissance intéresse l’art héraldique, la numismatique, l’histoire locale, la littérature, et surtout les fondeurs de cloches modernes.

 

Sur ces cloches, comme sur celles qui sont plus anciennes, on trouve des empreintes de monnaies du temps. Peut-être représentent-elles l’offrande du principal donateur de la cloche, comme il était d’usage au XVIe siècle, d’après ce qu’on lit dans les "Annales de l’abbaye de Saint-Ghislain" [Publiées par feu le baron de Reiffenberg, p. 620 du t. VIII], dont l’abbé allant, en 1518, baptiser les cloches de Wasmes, en Hainaut, qui passaient encore au XVIIIe siècle pour les plus grosses et les plus belles du Hainaut, donna à cette cérémonie un lion d’or, valant quatre livres huit sols.

 

On y voit, comme sur celles qui leur sont antérieures, soit des écussons de princes et de seigneurs protecteurs de l’église ou de l’abbaye, des sceaux ou des crosses d’évêques et d’abbés, soit des figures de saint patron de l’église ou de la cloche et d’autres représentations religieuses, soit des décorations de chevalerie, comme le collier de la Toison d’or sur la cloche de Saint-Servais, et d’autres insignes.

 

Les anciennes cloches civiles portent des épigraphes politiques, les armes et les emblèmes de la commune. Ce sont des archives gravées au burin sur le cuivre, des souvenirs qui rappellent ordinairement des faits honorables pour les communes du Moyen Âge exprimés dans la langue de l’époque.

 

Nous avons fait mention de cloches religieuses, de cloches militaires et civiles, de tocsins et de cloches de justice en usage au Moyen Âge; il nous reste encore à citer quelques cloches faites de matières extraordinaires et peu propres à la fabrication de ce genre d’instruments.

 

L’historien des cloches, Magius, cite trois cloches en argent qu’il a vues chez l’évêque de Bologne, en Italie, sur lesquelles on carillonnait. Un auteur hollandais anonyme qui a écrit sur les cloches et les carillons, au XVIIIe siècle, dit qu’il y avait une cloche d’argent parmi les onze cloches du couvent de Bamberg, qui fut incendié en 1610.

 

Il cite encore une cloche d’argent au monastère de Saint-Gall, en Suisse, et une autre du même métal, qui se trouvait dans l’ancienne chapelle papale, à Avignon, et puis la cloche blanche de la cathédrale de Liège, une cloche en cuivre jaune dans le monastère de Bautzen, en Saxe, d’après Gobelinus, in vita Meinulphi, et des cloches en cuivre rouge et en fer, en Chine, d’après plusieurs voyageurs missionnaires.

 

Le même auteur parle d’une cloche en fer que le chevalier Dampier (Voyage autour du monde) a vue dans un temple chinois et qu’on vénérait comme un Dieu; puis des cloches en pierre, en Égypte, sur la relation de Gotfried Schultz, et, pour comble de rareté, il cite des cloches en terre cuite à battant de bois, en Abyssinie, en Afrique, d’après le voyageur Beyerling. Le même auteur hollandais parle d’un mode assez original pour appeler les fidèles à l’église, et qu’on pratiquait de son temps, dans un village de la province de Drenthe, en hollande, où il était défendu aux catholiques d’avoir des cloches. On annonçait le service divin de l’église au son du tambour.

 

Jusqu’à la fin du siècle dernier le nombre de cloches des édifices religieux dans les pays catholiques était fort considérable. La Belgique n’était pas la moins bien dotée sous ce rapport, puisque la seule ville de Liège en comptait mille. Sans doute il faut comprendre dans ce nombre prodigieux les différents carillons des églises et des abbayes et les cloches des édifices civils de cette ville.

 

L’Espagne comptait, dans ses nombreux édifices religieux, 84.108 cloches de toutes dimensions, dont le poids total représentait 91.285.750 livres de France. La valeur du métal était supposée de sept millions de francs.

 

La France compte 9.000 cloches (Lieux de culte et horloges confondus) datant d'avant la Révolution, dont 6.000 sont classées monument historique. En 2010, on compterait 250.000 cloches, 372 carillons d'au moins 4 cloches et 4 fondeurs.

 

Contrairement aux usages religieux des Grecs de l’Orient qui se servent très peu de cloches, les Russes qui professent un culte analogue en font un grand usage pour leur religion. À Moscou, il y a quelques milliers de cloches, à cause du grand nombre de chapelles et d’églises qui s’y trouvent.

 

 

 

  

  Cloches exceptionnelles

 

  

  Moscou - Fédération de Russie

  La Tsar Kolokol

 

On peut, en effet, considérer comme un monument la Tsar Kolokol, cette cloche qui a 6,27 m de hauteur, 7,29 m de diamètre. Son poids est d'environ 200.000/240.000 kilogrammes. Elle fut coulée en 1733, sous le règne de l'impératrice Anna Ivanovna, pour remplacer celle du czar Alexis Michaïlovitch, brisée lors de l'incendie du Kremlin en 1701.

bell_Tsar_Kolokol_Kremlin

Dans la crainte de ne pouvoir manœuvrer aisément une masse aussi gigantesque, on la fondit près du clocher d'Ivan-Velikoï, où elle devait être suspendue. Mais quand la fusion, qui réussit au-delà même de ce qu'on avait espéré, fut achevée, on changea de détermination; on jugea plus prudent et plus facile de construire un clocher au-dessus, que de la conduire au clocher qui l'attendait. Plusieurs galeries de communication, pratiquées à diverses hauteurs, auraient lié le nouvel édifice à l'ancien.

 

Le projet étudié allait recevoir son exécution, lorsqu'en 1737, un violent incendie consuma les constructions du Kremlin et par conséquent l'atelier dans lequel la cloche avait été coulée. Les mémoires du temps disent qu'elle fut en instant couverte d'une si grande quantité de poutres enflammées, qui tombaient dans la fosse du moule, qu'il fut impossible de les éteindre, et que la cloche, rouge comme elle l'était, atteinte par l'eau que les habitants jetaient dessus avec plus de zèle que de science, avait éclaté.

Tsar Kolokol - gravure du XIXe

Depuis ce fâcheux événement, tous les souverains de la Russie avaient témoigné le désir de relever la célèbre cloche; mais on avait été arrêté par la crainte. En 1819, M. de Montferrand, architecte français au service de l'Empereur Alexandre, avait été chargé d'examiner de nouveau les lieux et de faire un rapport appuyé de dessins. Il avait constaté qu'en effet la cloche avait été fort endommagée par le feu de 1737, et qu'un morceau considérable s'en était détaché tout à fait.

 

Plus tard vint l'Empereur Nicolas. Il voulut s'assurer si l'art pourrait obvier au dommage et rendre la voix à la cloche. Mais ayant appris que les proportions gigantesques de cette cloche rendaient impossible l'emploi des procédés dont on use pour réparer celles de moyenne grandeur, il n'en ordonna pas moins qu'elle fût retirée de sa fosse pour être placée sur un piédestal près du clocher d'Ivan-Velikoï.

 

En conséquence, M. de Montferrand se rendit de nouveau à Moscou, le 25 mars 1836. Son premier soin fut de faire enlever, à une profondeur de 9,75 m les terres qui entouraient la cloche, et d'établir une forte charpente de soutènement pour se mettre à l'abri des éboulements, et quand il lui fut possible d'examiner le monument, il reconnut qu'à la fracture près, il était sans défaut, et qu'il pouvait être soulevé et transporté sans risque d'être endommagé davantage.

 

Ce point essentiel reconnu, l'architecte procéda à la construction de ses charpentes, travail qu'il acheva en moins de six semaines. Le 30 avril, à 10 heures du matin, et après un Te Deum religieusement chanté par une foule immense, l'architecte donna le signal définitif du commencement de l'extraction.

 

Les ouvriers et le peuple se signèrent par un mouvement spontané, et les machines furent mises en action. D'abord, et lorsque les câbles se tendirent, des craquements se firent entendre; mais la solidité des charpentes était telle, que bientôt on vit le colosse apparaître.

Tsar Kolokol - gravure du XIXe

Toutefois deux câbles avaient été rompus, et une moufle en se brisant, avait été lancée avec violence dans les cordages, mais sans que l'ascension en eût été un seul moment interrompue. Le plus profond silence régnait parmi les spectateurs émus.

 

On n'entendait que la voix du chef de manœuvre, à laquelle répondait le bruit sourd et régulier des cabestans. Un intérêt mêlé de crainte semblait affaiblir l'espoir du succès, et les personnes qui d'abord se pressaient autour de l'architecte et le comblaient de félicitations anticipées, s'étaient peu à peu éloignées de lui.

 

Il lui restait neuf cabestans qui manœuvraient franchement: c'était plus qu'il ne lui en fallait, et jamais l'espérance ne l'abandonna. Placé près de la cloche qui s'était insensiblement élevée au tiers de la hauteur à atteindre, il y fit appliquer une échelle pour faciliter le passage à quatre ouvriers qui étaient sur cette cloche afin de diriger les câbles. Cependant l'opération se compliquait: après la rupture des deux cordes, la cloche avait pris une direction oblique qui en gênait l'ascension, et tandis qu'on cherchait à parer à cet inconvénient, deux nouveaux câbles plus tendus que les autres, rompirent presque en même temps. Il fallut bien alors commander le temps d'arrêt.

 

L'anxiété était au comble. Des quatre ouvriers postés sur la cloche, trois s'étaient précipitamment retirés; un seul, calme et debout, attendait les ordres de l'architecte, qui l'envoya dans la fosse, placer des poutres d'étai sous la cloche suspendue.

 

Redescendue sur ces poutres, elle y resta pendant tout le temps qu'exigea la réparation des désastres, c'est-à-dire jusqu'au 23 juillet suivant, jour où les travaux recommencèrent avec un renfort de dix cabestans et en présence de la même affluence de peuple.

 

À 5 heures du matin, lorsque le clergé eut terminé les prières d'usage, les ouvriers prirent place aux cabestans. À 6 heures et 5 minutes, le signal se fit entendre et le mouvement commença. On aperçut la cloche, couverte de son ancienne poussière, sortir lentement de la fosse où elle gisait depuis un siècle, et remplir l'intérieur des charpentes de son immense capacité.

 

42 minutes et 33 secondes avaient suffi pour cette belle opération, dont le succès ne laissait rien à désirer. La fosse fut aussitôt recouverte par un fort plancher en poutres, qui reçut le chariot sur lequel la cloche fut déposée et transportée suspendue au-dessus du piédestal qui l'attendait, et où elle fut enfin fixée le 26 juillet 1836.

 

La cloche de Moscou, déjà si remarquable par ses proportions et par ses formes, est décorée de sculptures agréables et qui tiennent au style des écoles de Bouchardon et de Coysevox. Les bas-reliefs sont les portraits en pied et de grandeur naturelle, mais inachevés, du czar Alexis Michaïlovitch et de l'impératrice Anna Ivanovna.

 

Entre ces portraits, et sur deux cartouches surmontés par des anges, sont deux inscriptions ébauchées et dont on ne distingue que quelques mots sans liaison. La partie supérieure est ornée de figures représentant le Seigneur, la Vierge et les évangélistes. Les frises du haut et du bas se composent d'enroulements et de palmes traités largement et avec beaucoup d'art.

 

Si l'on se rapportait aux traditions populaires, le métal dont elle a été formée contiendrait une certaine quantité d'or et d'argent, que des gens riches et pieux auraient généreusement jetée dans le creuset au moment de sa fonte, et son aspect blanchâtre, nuance que n'ont point ordinairement les cloches, semblait donner quelque crédit à cette tradition.

 

Souvent on avait voulu s'assurer jusqu'à quel point elle pouvait être fondée; mais la vénération du peuple de Moscou pour sa cloche est portée si loin, qu'on n'avait pas osé en détacher la moindre parcelle pour la soumettre à l'analyse.

 

Cependant l'empereur avait ordonné que le monument de Moscou serait surmonté d'une croix. Pour l'y fixer, ainsi que les ornements qui devaient l'accompagner, il fallut pratiquer quelques entailles dans la masse. Or, ces fragments envoyés au laboratoire du corps des mines y furent analysés et donnèrent ce résultat:

 

  cuivre : 84,51 %

  étain : 13,21 %

  souffre : 1,25 %

  perte : 1,03 %

 

La perte est attribuée au zinc et à l'arsenic, dont on a reconnu les traces. Ainsi s'évanouit enfin l'illusion de l'or et de l'argent, du moins pour les hommes éclairés; car pour la multitude ignorante et superstitieuse, nulle expérience ne la désabuse jamais.

 

La Reine des cloches est maintenant exposée à tous les regards au milieu de la grande place du Kremlin, sur un magnifique socle de granit, non loin de la base du clocher d'Ivan-Velikoï. Elle est surmontée de quatre consoles qui supportent une boule surmontée à son tour par une croix grecque en bronze doré. La hauteur totale de l'ensemble est de 11 mètres. Le morceau cassé a été placé contre l'une des faces du socle, en sorte qu'on peut voir à l'aise l'intérieur de la cloche.

 

Cette cloche, la Tsar Kolokol succède à deux autres cloches qui furent appelées tsar de toutes les cloches: la première au début du XVIIe siècle, la deuxième en 1654, pesait environ 130 tonnes, et fut détruite en 1701. Il semble que ces cloches furent détruites dans le but de les refondre en plus grand, jusqu’à la troisième et dernière génération de 1737.

 

Malgré le grand respect que professent les Russes pour leurs cloches, Pierre le Grand (1672 † 1725), lors de sa défaite par les Suédois, en fit ôter un grand nombre des tours pour refaire son artillerie.

 

 

 

  

  Philadelphia, États-Unis

  Liberty Bell

 

Liberty Bell est un des symboles américains les plus importants sur le plan national. Forgée en Angleterre en 1752, son histoire est liée à la Guerre d’Indépendance et aux débuts de ce grand pays (elle fut même cachée quand les Anglais envahirent Philadelphie). Et bizarrement, elle est très peu connue à l’étranger. Elle gagna son nom de Liberty Bell en 1837, grâce aux opposants à l’esclavage, qui se souvinrent de sa signification première et s’en servirent comme icône de leur mouvement.

  Liberty Bell

Fêlée depuis 1830 environ, la "Liberty Bell" rythmait le travail de Benjamin Franklin alors qu'il rédigeait la Déclaration d'Indépendance des États-Unis d'Amérique en 1776.

 

 

 

  

  Cologne, Allemagne

  St. Petersglocke de la cathédrale de Cologne

 

De son nom officiel Haute Église Cathédrale Saint-Pierre et Sainte-Marie, la cathédrale de Cologne est le monument le plus visité en Allemagne.

Haute Église Cathédrale Saint-Pierre et Sainte-Marie - Cologne

St. Petersglocke (cloche de St Pierre), a été fondue en 1923. Avec un diamètre de 3,22 m pour 24.000 kg, elle sonne en DO. Elle est la plus grosse cloche du monde à sonner en lancer franc. Elle remplace la Kaiserglocke fondue en 1874 à partir de canons pris à la France. Avec ses 27 t, pour un diamètre de 3,42 m, et malgré plusieurs refontes, elle n'a jamais donné la note prévue... et fut détruite pour faire des munitions.

 

 

 

  

  Vidéos

 

  J. St. Petersglocke - ici -

  J. St. Petersglocke - ici -

 

 

 

  

  Mont Fuji, Japon Gotenba

  Gotenba

Gotenba_20

 

 

  

  Vidéos

 

  Gotenba sur le versant sud-est du Mont Fuji - ici -

 

 

 

  

  Rouen, France

  La George d'Amboise

 

La belle cloche de Rouen fut coulée en 1501, par ordre Mgr George d’Amboise, cardinal-archevêque, dont elle porte le nom, pesait de 36.000 à 40.000 livres, et son battant 710 livres d’après son inscription:

 

Je suis nommée George d’Amboise

Qui plus de trente-six mille poises:

Et si qui bien me poysera

Quarante mil y trouvera.

 

 ► Hymne à la Cloche d'Amboise - ici -

 

 

 

  

  Rouen, France

  La Jeanne d'Arc

 

La Jeanne d'Arc, 16.000 kg, projetés à terre par la rupture d'un essieu sur un rail du tramway, lors de son transport à la gare d'Annecy, afin d'être acheminée vers la cathédrale de Rouen.

 

La jeanne d'Arc - cloche fondue par PACCARD

Malgré cet incident, cette cloche fondue en 1914 par Louis et Joseph Paccard, sera installée dans la Tour de Beurre, le 29 avril 1920, et malheureusement détruite en juin 1944, lors de l'incendie de la cathédrale survenu lors d'un bombardement.

 

 

 

  

  France

  DaisyBelle !...

 

Cette cloche d'acier de 600 kg, chargée de gaz est LA dernière invention en matière de déclenchement artificiel d'avalanche. "L'idée c'est de créer un mélange explosif à l'intérieur de la cloche en combinant deux gaz: l'hydrogène et l'oxygène.

 

La combinaison est fortement explosive. On injecte à l'intérieur de la machine environ 300 litres de mélange gazeux. On provoque une étincelle sur le haut de la machine. L'explosion va se propager le long du cône pour aller frapper le manteau neigeux pour espérer créer une avalanche." explique Bruno Farizy, ingénieur chez Montagne Neige Développement, entreprise savoyarde spécialisée dans la sécurité en montagne.

 

 

 

 

 

  

  Les carillons

 

Le fondeur hollandais Hemony fournit à presque tous les hôtels de ville, beffrois et églises des Pays-Bas et de la Belgique des cloches et des carillons, dont l’usage se répandit alors généralement dans ces deux pays. Nous avons déjà dit qu’au XIIe siècle on exécutait une espèce de musique religieuse sur des clochettes placées à l’intérieur des églises; mais l’usage d’en suspendre dans les tours ne remonte pas si haut.

jeune femme jouant du tympanon

En Allemagne, on eut des carillons au XVIe siècle. Celui de Hambourg fut fait en 1540. Il y en a à Berlin, à Copenhague, à Lubeck, à Darmstadt, d’après l’auteur anonyme précité, qui fait également mention de carillons aux Indes et en Chine.

 

La Belgique et les Pays-Bas sont la patrie par excellence des carillons; c’est là qu’il y en a le plus grand nombre et qu’on rencontre les plus beaux. Le carillon de Bruges est un des plus harmonieux de l’Europe; ses quarante-sept cloches forment quatre octaves. Dès 1540, la cathédrale d’Anvers possédait un carillon composé de soixante cloches. Liège, Bruxelles, Louvain, Mons, Maëstricht, Hasselt, Tongres, Hal, Diest, etc., en sont pourvus.

Marktkirche Bell Keyboard   Principe du mécanisme d'un carillon

Françoi Hemony coula, en 1653, le carillon de la Bourse d’Amsterdam, composé de 20 timbres et en fit pour plusieurs autres villes de la Hollande de 15 à 26 timbres. Il coula celui du beffroi de Bruxelles, en 1662, au nombre de 38 timbres, et celui de l’hôtel de ville de Maëstricht, qui en compte 28. Les cloches de Hemony, à Maëstricht, portent le nom de leur auteur et la date de 1664. D’après l’accord fait entre le magistrat et le fondeur, qui était artiste musicien, l’ensemble des 28 timbres devait réunir un poids de 6.000 livres.

 

 

Carillon mécanique

Le contre-pied à l'invention présentée le 15 février 1796, par l'horloger genevois Antoine Favre, au Comité de Mécanique de Genève d'un modèle de boîte à musique à cylindre intitulé "carillon sans timbre ni marteau".

 

 

 

  

  Maline, Belgique

  École Royale de Carillon

 

L'École Royale de Carillon à Malines a été fondée en 1922, à l'initiative du célèbre carillonneur Jef Denyn avec l'aide financière des Américains Herbert H. Hoover, John D. Rockefeller, et William Gorham Rice. L'École fut nommée d'après son fondateur. Cette institution était la première en son genre dans le monde entier.

 

Pour cette raison, elle a un caractère international, qui a permis de former jusqu'à ce jour des carillonneurs de différents pays du monde.

 

 ► Site de l'École Royale de carillon - ici -

 

 

 

  

  Maëstricht, Pays-Bas

  Carillon du chapitre de Saint-Servais

 

André Van den Gheyn, maître fondeur et organiste de l’église paroissiale de Saint-Michel, à Louvain, fut chargé, au mois de mai de l’année 1767, de renouveler le carillon du chapitre de Saint-Servais, à Maëstricht.

 

Ce carillon compte 40 timbres et doit peser, d’après les conditions que nous avons lu, 10.500 livres de Liège. Le chapitre, qui fournit le bronze nécessaire pour couler les 40 cloches, s’engagea à payer à Van den Gheyn la somme de 1.200 patacons, argent de Brabant, ou 4.800 florins de Liège. Le carillon devait être achevé dans les huit mois et être supérieur à celui de l’hôtel de ville coulé par Hemony.

 

L’église de Notre-Dame, à Maëstricht, possédait également un carillon de 40 timbres, au nombre desquels on comptait les grandes cloches qui lui donnaient une grande puissance de ton. Ce carillon n’existe plus.

 

 

 

  

  Canton du Valais, Suisse

  Carillon de Saint-Maurice d'Agaune

Carillon de Saint-Maurice d'Agaune - Suisse

 

Le carillon de Saint-Maurice d'Agaune (infos) compte donc désormais 49 cloches, pour un poids total d'environ 14 tonnes de bronze, ce qui en fait le plus grand instrument de Suisse. Ce carillon ne reprend que quatre des anciennes cloches (sol#2, do#3, mi3 et fa#3), les complétant par 45 nouvelles (ré#3, fa3 et sol3 à do#7) d'un poids total de 6.800 kg.

 

Une analyse détaillée du son a en effet démontré qu’à défaut d’un réaccordage, seules quatre des cloches existantes se prêtaient à une intégration dans un nouveau carillon. Les quatre plus petites cloches ont donc été doublées, les anciennes servantes comme jusqu'ici à la sonnerie en volée.

 

 

 

  

  Rouen, France

  Carillon de la "Tour de Beurre"

 

En France, le carillon de Rouen compte parmi les plus grands de France, voire d'Europe. Il fut construit en 1920 et agrandi à cinquante-six cloches en 1956 (maison Paccard). Il est installé dans la "Tour de Beurre" de la Cathédrale, tour sud-ouest de la façade principale.

Carillon_Rouen_Tour_de_Beurre

 

 

  

  Bergues, département du Nord, France

  Carillon du beffroi de Bergues

 

Enfin, le plus connu des carillons français après le film "Bienvenue chez les ch'tis" de Kad Mérad et Dany Boon:

Carillon de Bergues  

 ► Fiche technique du carillon - ici -

 

 

 

  

  Fondeurs et maîtres saintiers

 

Cette histoire de l’art du fondeur est un travail fort difficile à faire, vu l’absence de données positives, autres que celles que nous fournissent les productions des artistes eux-mêmes.

 

Les cloches, les lutrins, les chandeliers, les lampes, les fonts baptismaux, les vases, les divers ornements religieux et civils du Moyen Âge sont peu communs de nos jours, et ce qui nous reste de l’ancien matériel de guerre n’est pas moins rare: on doit donc saisir avec empressement toutes les occasions de voir et de publier les ouvrages en fontes et de découvrir les noms de leurs auteurs. Les inscriptions que nous venons de donner des anciennes cloches nous ont déjà fait connaître quelques noms qui sont peu connus ou qui même ne le sont point.

 

D’abord, au VIIIe siècle, on fait mention d’un moine de l’abbaye de Saint-Gall, en Suisse, nommé Tancho et de son rival anonyme qui, d’après l’historien de la vie de Charlemagne, se disait supérieur à Tancho. Au XIIe et XIIIe siècles, la Belgique avait d’habiles et de célèbres fondeurs.

 

Ses dinanderies étaient répandues dans la plupart de ses grandes villes. À Liège, à Tongres, à Dinant, à Maëstricht, à Visé, à Hasselt, elles ornaient les chœurs des anciennes collégiales avec des statues, des candélabres, des chandeliers pour l’autel ou le cierge pascal, des lutrins, des tombeaux, comme cela se voit sur les anciennes peintures de l’époque ogivale, dans les musées d’Anvers et de Bruxelles.

 

Parmi ces artistes brillait Lambert Patras, dit le batteur de Dinant, qui coula les fonds de Saint-Barthélemy, de Liège, vers 1112. Sur deux anciennes cloches de la même ville se lisent les noms des fondeurs, Jean et Gérard de Liège, de 1275, les deux Jean, de 1283, et le nom de Gérard encore sur une des cloches de l’abbaye de Saint-Laurent, de 1324.

 

En 1315, Jean Van Roosebeke coula le Roland de Gand; Guidotto, de Pise, coula les cloches de Rome, en 1288. Jean Joses, de Dinant, fit le beau chandelier pascal de l’église de Tongres, qu’il signa en 1372, et le magnifique lutrin de la même église que vient de publier le "Journal belge de l’Architecture" (1854), avec le dessin de cette œuvre remarquable. Peyl, dont nous avons lu le nom sur une cloche d’un village du Limbourg, est un fondeur de la même époque.

 

Le fondeur de la cloche municipale de Strasbourg, Thomas Jost, travaillait en 1473; Renier Van Thienen, à Bruxelles (1470-1509), fondeur, orna l’église Saint-Léonard, à Léau (Brabant), d’un très beau candélabre à six branches. Jean de Venlo, l’auteur des fonts en cuivre de style Renaissance de Saint-Martin, à Maëstricht, florissait en 1480.

 

En 1492, Jean Aert, de Maëstricht, l’auteur des beaux fonts baptismaux de l’église de Bois-le-Duc et des bronzes qui décoraient l’ancien chœur de l’église Saint-Servais, à Maëstricht, coula le grand candélabre à sept branches qui se trouvait devant le maître-autel de l’église des Récollets de sa ville natale.

 

Simon et Jean Waghemens, de Malines, travaillèrent de 1498 à 1534; les frères Guillaume et Gaspard Moer coulèrent le magnifique bourdon du chapitre de Saint-Servais, à Maëstricht, en 1515; Nicolas Delecourt, de Cambrai, fit la cloche du château de Mons, en 1551. Nous ajouterons à ces noms celui de la famille Von Trier, à Aix-la-Chapelle, dont Johan Von Trier coula une des cloches de l’église Saint-Pierre, à Aix-la-Chapelle, en 1582.

 

Magius parle des fonderies de métal de Venise, de son temps (XVIe siècle), auxquelles succédèrent les fondeurs de matériel d’artillerie, de cloches et de carillons des XVIIe et XVIIIe siècles, François Hemony, de Zatphen, en Hollande et André Van den Gheyn, le maître fondeur de Louvain. Ces noms se lisent sur une foule de cloches et d’objets en bronze qui sortirent des importantes fabriques de ces habiles fondeurs aux XVIIe et XVIIIe siècles.

 

 

 

  

  Épigraphie campanaire

 

"L’évolution de l'épigraphie campanaire dans le Maine-et-Loire" de Thierry Buron, Attaché de conservation du patrimoine - Conservation des antiquités et objets d’art du Maine-et-Loire - Doctorant en histoire, université de Poitiers.

 

Le patrimoine campanaire constitue un domaine de recherche très ouvert, permettant d’aborder l’histoire, la religion, les sciences, la musique et le droit. Cependant les inscriptions portées sur les cloches n’ont jamais suscité un véritable travail de réflexion.

 

Les livres consacrés à ce sujet sont soit réservés à un public averti, soit se limitent à une simple énumération des épigraphes les plus intéressantes et à une analyse sommaire de leur contenu. Seul Alain Corbin, l’historien du sensible, traite cet aspect pour la période du XIXe siècle en France.

 

Un autre frein provient de la difficulté à recueillir l’information disséminée sur les parois des bronzes des églises paroissiales. Les soucis d’accès, associés à l’état de malpropreté de certains sites, l’étendue de la zone étudiée - seul le niveau départemental autorise une étude convenable - contribuent à empêcher l’exécution de ce travail.

 

 ► Accès au texte complet - ici -

 

 

 

  

  Musées

 

  

  Avignon, Vaucluse, France

  Musée du Palais du Roure

 

Collection de cloches de la Renaissance au XIXe siècle, chacune étant dédiée à un grand poète (Virgile, Baudelaire, Mallarmé, etc.).

 

C'est à Jeanne de Flandreysy-Espérandieu (1874 † 1959), qui fit l'acquisition en 1918 de l'hôtel des Baroncelli, que l'on doit une surprenante collection de cloches, dont une pièce rare, dont une très rare dite "à dents de peigne" donnée par l'évêque d'Assisse.

 

 ► Site du musée du Palais du Roure - ici -

 

 

 

  

  L'Isle-Jourdain, Gers, France

  Centre-Musée Européen d'Art Campanaire

 

Il a été inauguré le 16 décembre 1994 sous le haut patronage de François Mitterrand, président de la République, avec la bénédiction pontificale du pape Jean-Paul II. Autour de l'objet phare du musée, le carillon de la Bastille, monument historique, c'est un millier d'objets qui sont présentés: grandes cloches d'Occident et d'Orient, grelots, sonnailles, tambours de bronze et de bois, crécelles et simandres, claviers et carillons, bijoux et jouets sonores.

 

 ► Site du Centre-Musée Européen d'Art Campanaire - ici -

 

 

 

  

  Sevrier, Haute-Savoie, France

  Musée Paccard

 

Créé en 1984 à Annecy-le-Vieux, transféré depuis 1989 au bord du lac d'Annecy, à Sevrier, le Musée de la cloche rassemble et expose un ensemble d'outils, documents, gravures, objets, photos et cloches retraçant l'histoire de la cloche et de la Fonderie Paccard.

 

 ► Site du Musée de la Fonderie Paccard - ici -

 

 

 

  

  Agnone, Italie

  Musée Marinelli

 

C'est dans le village d'Agnone, dans la région du Molise que se trouve le Musée Marinelli, l'un des rares musées au monde possédant une vaste collection de cloches qui va de l'an 1000 à nos jours, chacune avec sa forme propre, ses ornementations, ses textes, et un son particulier.

 

Du matériel écrit et iconographique, des dessins, des maquettes, des reproductions manuscrites et des publications ainsi que des documents, sur l'ancien art de la fusion du bronze, complètent le patrimoine artistique, historique et culturel du musée.

 

La particularité du musée est due à la présence active de la Fonderie Pontificale, dirigée par Monsieur Pasquale Marinelli et ses neveux Armando et Pasquale jr. Marinelli, fils du sculpteur Ettore Marinelli a qui ce musée est dédié.

 

Point de repère international, le musée est en même temps un laboratoire: la bibliothèque, les archives, la vidéothèque, la salle de réunion, l'espace pour les projections, forment un creuset de travail et d'études sur l'art campanaire, où se confrontent les chercheurs et les fondeurs sur des activités concernant la formation professionnelle et la recherche comme les lointaines origines des bronzes sacrés et leur utilisation, l'évolution des techniques de fabrication et des installations dans le respect des traditions.

 

 ► Site du Musée Marinelli - ici -

 

 

 

  

  Direction de l'Architecture et du Patrimoine

 

 ► Culture.gouv - Les cloches en images - ici -

 

 

 

  

  Documents sur le site de Saint-Hilaire

 

  L'art campanaire et sa terminologie - ici -

  La fabrication d'une cloche en Occident - ici -

  Saint-Hilaire :

        La tour clocher - ici -

        La cloche dans la cour du chevet - ici -

        Bénédiction d'Anne-Marie - ici -

            Rituel de bénédiction avant 1984 - ici -

            Rituel de bénédiction depuis 1984 - ici -

        Art campanaire aux alentours de Saint-Hilaire - ici -

  L'ennemi des cloches ? Les guerres - ici -

  Sonneurs, sonneries et règlements - ici -

  Campanographie, bibliographie - ici -

 

 

Armoiries du Comtat Venaissin Coat of arms of the Carmelite order

 

 

Tourisme en Vaucluse Provence - ADDRT 84 Vaucluse en Provence - ADDRT 84
 

 

 

 

Saint-Hilaire
Sceau de Saint-Hilaire