Abbaye Saint-Hilaire
Art campanaire
La tour clocher
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Les cloches de l'abbaye aux XVIIIe et XIXe siècles
Dans chaque monastère, des cloches rythment la vie de chaque jour afin d'entretenir la conscience du temps - ex.: deux cloches dans le clocher pour sonner prime, tierce, sexte, none et complies, une cloche dédiée à l’horloge, une cloche dédiée au réfectoire, une cloche à proximité du dortoir.
À Saint-Hilaire, toutes ces cloches disparaîtront à la Révolution.
En 1858, à l'occasion de l'occupation de Saint-Hilaire par les Frères Bernardins de Sénanque (1858 et 1964), il est relaté dans l'un des journaux hebdomadaires du Mercure Aptésien le fait suivant:
"On arrive au clocher par un escalier en forme de colimaçon qui conduit aussi au 1er étage du couvent.
Le clocher en arcade est encore silencieux, mais le son de l'airain ne tardera pas à réveiller les échos de la vallée.
Une personne généreuse a déjà pourvu à cette dépense.
On nous fait espérer que le 14 janvier (1859) prochain [1], fête du grand Saint Hilaire, la cloche sera baptisée et l'église réconciliée par les prières de l'Église (sic).
On entendra encore sous cette voûte séculaire la voix du prêtre murmurer ces paroles: intro ibo ad altare dei (je monterai à l'autel du Seigneur)."
[1] L'inauguration fut faite le 17 janvier 1859 pour la fête de la Saint Antoine.]
Copie anonyme du texte du Mercure Aptésien:
Note : Dans le sud-est du département de Vaucluse, le Mercure Aptésien fut de 1839 à 1926 le journal hebdomadaire de l'arrondissement d'Apt. La période de 1839 à 1893, seule ici concernée, correspond à la rédaction de ses deux premiers fondateurs. Après un rappel des origines de la presse locale, la biographie du fondateur entend expliquer les orientations conservatrices et catholiques du périodique non-politique de 1839 à 1876.
L'étude morphosyntaxique selon la méthode de J. Kayser sur échantillonnage, permettra éventuellement des comparaisons quantitatives avec d'autres titres suivant les mêmes méthodes. Sur la totalité des numéros, l'analyse thématique du contenu se spécialise sur deux domaines particulièrement bien représentés, celui d'articles historiques et de textes en provençal local qui visent, dans le cadre d'une décentralisation culturelle, à fédérer une mémoire identitaire. La monographie se veut comparative, surtout avec l'apparition de concurrents: le Mercure devient politique, à contre-courant de la Troisième République.
14 août 1996 - Bénédiction d'Anne-Marie
René Bride, dès 1961, n'aura de cesse avec des amis, de rechercher de nouvelles cloches. C'est cette histoire que nous retraçons ici.
Cette photographie de 1962 de la cour du chevet permet d'appréhender son articulation, en demi-hors-d'œuvre, entre le chevet de la chapelle du XIIIe siècle, et le bâtiment conventuel du levant.
Cette tour clocher abrite un escalier à cage cylindrique du XVe siècle, d'un diamètre d'environ 1,66 m, comportant 60 marches.
La partie supérieure de la tour s'écroula lors du tremblement de terre (infos) du 11 juin 1909. La réfection fut faite avec un blocage grossier qui contraste avec l'appareillage soigné de la partie inférieure de cet ouvrage.
Cette tour est surmontée d'un typique clocher provençal à arcade dont les bords parallèles sont une simplification du clocher galbé Ce type de clocher est donc dépourvu de "chambre des cloches" qui joue le rôle de caisse de résonance et va permettre aux sons de prendre toute leur ampleur et leurs qualités, et d'abat-sons, lames de bois inclinées qui ont pour rôle de diriger le son des cloches vers le sol et le plus loin possible tout en protégeant la chambre des cloches de la pluie ou de la neige.
Il est donc fort probable que la cloche d'une hauteur d'environ 0,80 m, fêlée, qui sera installée dans les années 1920 dans la chapelle Notre-Dame des Grâces à Ménerbes, soit celle offerte aux frères Bernardins en 1858.
Le 08 août 1962, lors d'une conversation entre Monsieur René Bride et Monsieur l'abbé Albert Amblard, curé de la paroisse de Ménerbes, celui-ci lui indique que cette cloche a été vendue dans les années 1955/1956, à Monsieur Berlandier (carrière Berlandier), pour la somme de 1.500 frs.
Le 30 mai 1965, alors que Monsieur Berlandier avait reçu favorablement sa proposition de rachat, Monsieur Bride est informé du fait que la cloche venait de lui être volée dans son jardin de Marseille.
Depuis cette date, c'est l'impasse, jusqu'au jour où le frère Rudolph Klaus, de l'Ordre des Grands Carmes installé au couvent Notre-Dame de Lumières à Nantes, qui venait célébrer la messe du 15 août à l'abbaye de Saint-Hilaire, informe Monsieur René Bride qu'une cloche serait disponible dans son couvent d'origine, sur la commune de Straubing, en Bavière.
► Accès au site Internet des Carmes de Straubing - ici -
Cette cloche sera offerte par le frère Godehard, Prieur du karmelitenkirche de Straubin, en août 1995, après avoir vérifié que ses caractéristiques dimensionnelles étaient compatibles avec celles du clocher, et les règles de préséance qui disposent que les monastères, les couvents, les abbayes, ne doivent point avoir de cloches qui puissent empêcher d'entendre celles de l'église principale ou paroissiale du lieu (Henrys, tom. I. liv. I. ch. iij. quest. 16.).
Livrée à Reims le 04 septembre 1995, elle sera descendue à Saint-Hilaire par son petit-fils Émeric le 08 décembre de la même année, puis livrée par Paccard, le 18 juin 1996, à leur fonderie de Sevrier (74320).
Après sa restauration, "Anne-Marie" sera finalement livrée le 14 août 1996, à 15h, puis bénie par le frère Rudolph Klaus à l'occasion de la cérémonie de la messe du 15 août. Elle sera enfin installée dans son clocher, le 03 septembre suivant, par les techniciens de la fonderie Paccard.
Fin d'une quête commencée le 08 août 1962?
Non! Car au 1er janvier 2010, après la création d'une étanchéité sur la terrasse de la tour clocher, le passage de la corde dans l'escalier à vis a été supprimé. C'est donc avec le concours de la sté Harkens France (infos), spécialisée dans la commercialisation de matériel d'accastillage, que courant du premier semestre, la corde sera renvoyée vers l'extérieur de la tour clocher à l'aide de poulies.
► Accès au site Internet Harkens France - ici -
Nous ne saurions terminer cette évocation de souvenirs sans mentionner le soutien indéfectible de quelques-uns envers ce projet de René Bride, notamment l'abbé Fernand Estève, de l'abbé Albert Amblard, curés de la paroisse de Ménerbes, Marcel et Jacqueline Bourquin et Jacques et Marie Thérèse Barot de Reims.
1 - Proportions d'Anne Marie.
2 - Proportions d'une cloche remarquable du XIXe siècle.
D'un diamètre de 46 cm pour une hauteur de 31 cm (poids 57 kg), on observe l'évasement important de la patte (bord inférieur), de la panse (partie la plus épaisse contre laquelle frappe le battant), et de la gorge.
Ci après, les plans très aimablement communiqués par Philippe Suscillon, de la fonderie Paccard.
► Accès au site Internet de l'entreprise Paccard - ici -
Elle est décorée de filets d'ornements, de quatre petits bas-reliefs dont deux représentent la Sainte Vierge tenant l'enfant Jésus dans ses bras.
Un représente la Sainte Vierge tenant l'enfant Jésus dans ses bras et un bouquet de fleurs.
Le dernier représentant la Crucifixion de Jésus qui sera ointe des Saintes Huiles par le Célébrant, lors de la cérémonie de Bénédiction.
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