Abbaye Saint-Hilaire
La salle capitulaire
Rejoignez l'Association des Amis de Saint-Hilaire ! - infos -
Afficher la page plein écran - infos - Le raccourci CTRL et F - infos -
Dans toute abbaye, la partie la plus importante, après l'église, était la salle capitulaire ou salle du chapitre. C'est là, que chaque jour, le Supérieur y réunissait* l'ensemble des moines profès solennels disposés sur les côtés, face à face avec le père abbé au milieu (l'aménagement est identique à celui du chœur de l'église).
* Les moines convers n'avaient pas le droit d'y rentrer.
Capitulaire vient de capitulum ou capitula, qui signifie tête, et par extension désigne le début d'un texte.
Les salles capitulaires ont été construites sur des plans des plus variés: il y en avait de carrées, de rondes, de polygonales. Elles étaient ordinairement décorées avec un certain luxe de sculptures, de peintures et de vitraux. En France, la plupart des anciennes salles capitulaires ont été démolies ou ont changé de destination.
Parmi les plus remarquables salles capitulaires en France on peut citer celles de Noyon et du Puy.
En Angleterre, il subsiste quelques salles capitulaires remarquables: cathédrale de Bristol, cathédrale de Lincoln (plan décagonal), cathédrale de Salisbury (plan octogonal).
*
* *
Chaque jour, c'est dans la salle capitulaire que se tient l'office de prime (infos) qui s'accompagne de pratiques spécifiques: lecture d'un chapitre de la Règle (infos) pour que nul ne put alléguer l'ignorance du règlement auquel il devait strictement se conformer, d'un sermon ou d'une homélie, commémoration des saints du jour et des défunts.
La réunion se continuait par la "coulpe" ou confession publique des frères qui s'accusaient à haute voix de leurs fautes, souvent punies à l'instant même de la discipline que le coupable recevait de la main d'un frère.
Les fautes contre la chasteté étant punis de six mois à un an d'emprisonnement (ce qui explique la présence d'une prison ex. abbaye de Fontenay), et l'exclusion de la salle du chapitre pour une période de trois à cinq ans.
Si des circonstances particulières l'exigeaient, la peine était augmentée, notamment si la faute faisait l'objet d'un grave scandale à l'extérieur du couvent. Dans ce cas, le coupable était envoyé aux galères où pour les travaux forcés pendant un certain nombre d'années, voir pour le reste de sa vie.
Si de graves soupçons existaient, mais qu'il s'avérait qu'il était impossible de les prouver ou de les réfuter, l'accusé était autorisé au bénéfice de la "purgation canonique":
• soit à nier l'accusation sous serment;
•
soit à présenter six
autres religieux réputés pour leur haute qualité
morale, qui
devaient
attester sous serment, qu'ils considéraient comme
non fondée l'accusation. En cas
d'impossibilité de
trouver ces
témoins,
l'accusé était
puni comme s'il avait été reconnu coupable. À
Saint-Hilaire
l'application de cette règle exigeait le consensus de
l'ensemble de
la
communauté... voir le recours à des frères extérieurs...
Mais l'ordinaire des sanctions consistait à juger des manquements à l'obéissance, au respect de la hiérarchie, à l'exercice indu de propriété, au vol, à l'apostasie (vise toute absence du couvent sans autorisation, même s'il n'y avait pas l'intention de quitter l'Ordre de façon permanente). Ainsi, si un frère recevait l'autorisation de se rendre d'un endroit à un autre, tout changement d'itinéraire non justifié était puni comme un apostat.
Compte tenu de l'état du système pénal du Moyen Âge, de très nombreuses fautes furent attribuées à une perversion délibérée de l'Ordre, alors qu'elles n'étaient que l'expression individuelle d'une faiblesse de caractère ou d'un dérangement mental.
Les plus graves fautes étaient jugées et punis par les Provinces ou à l'occasion des chapitres généraux, à qui étaient réservées l'absolution des coupables et leur réintégration. Avec une moyenne de vingt mille frères ou plus au cours du XVe siècle, la "Chronique scandaleuse" est singulièrement peu importante, ce qui témoigne en faveur de l'Ordre, d'autant plus qu'une grande partie des sanctions visaient des universitaires exposés à de nombreuses tentations.
Au chapitre se donnaient les décisions religieuses, puisqu'on y décidait l’admission des novices, élisait les abbés, faisait le prêche des sermons, les annonces et proclamations communiquées par l’évêque ou le pape.
Outre la réception des hôtes de marque, c'était aussi le lieu de décision concernant la vie quotidienne. On y réglait les questions matérielles (ressources de la communauté, quantité à produire,...),
La tenue du chapitre se termine par l'énoncé des "coulpes", confessions publiques des manquements légers et visibles à la règle.
À partir du XIIIe siècle, on y inhumait ordinairement les abbés.
Travaux de restauration
Etat de la salle capitulaire en 1980 dans l'intégrité de sa surface, après réunification des deux pièces résultant d'une division successorale.
L’esprit de la restauration consistait, non pas à retrouver un état disparu, mais à laisser apparaître le dernier état, avec les traces de vieillissement.
Le but recherché a été de rendre cohérent ce qui était disparate dans cette salle d'allure rectangulaire, comprenant deux travées sans pilier intérieur, d'environ 9,50 m de longueur pour une largeur de 4,70 m: des compléments d’enduits et de badigeons sur les deux voûtes provençales (voûte brisée à quatre arcs) ou sur les murs ont été réalisés pour harmoniser l’ensemble.
Au vu de ces travaux ayant permis d’aboutir à une certaine unité dans la perception de la salle, et après avoir dégagé les trois fenêtres à traverse (une ouverte dans le mur nord et les deux autres dans le mur sud), il a été considéré que la restauration était terminée.
Le livre du chapitre
L'organisation analogue des martyrologes, nécrologes ou obituaires sous forme de calendrier, ainsi que leur usage conjoint à prime, prédisposait à une fusion dans un même livre.
Il n'est donc pas rare de rencontrer des martyrologes-nécrologes ou martyrologes-obituaires où, pour chaque jour, l'anniversaire des saints est suivi de celui des défunts. Quand le manuscrit contient aussi les textes normatifs ou spirituels (sermons et homélies) on peut le désigner sous le nom de "livre du chapitre".