Masaccio et ses compagnons - visage d'un des Carmes représentés dans la fresque de Saint Pierre en chaire - chapelle Brancacci - Santa Maria del Carmine à Florence

 

 

  De l'érémitisme chrétien d'Orient

  aux Carmes et Carmélites d'Occident 

 

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Nous remercions le frère Louis-Marie de Jésus, carme ocd, historien de la spiritualité carmélitaine, pour la relecture attentive de ce document.

 

 

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  Table des matières - ici -

 

  

  Préambule

 

L'ordre de la Bienheureuse Vierge Marie du Mont Carmel est peut-être le seul à rattacher son histoire à l'Ancien Testament, de plus, il a cette particularité d'être une famille religieuse latine, d'origine occidentale, et cependant née en Terre sainte.

 

Pour ceux qui seraient déconcertés par la genèse de la naissance de l'ordre des Carmes, le frère Louis-Marie de Jésus, carme ocd, souligne:

 

"Ce sont des légendes carmélitaines forgées au Moyen Âge pour attester que les Carmes s'inscrivent dans la droite ligne de l'héritage du prophète Élie. N'arrivant pas à donner le nom de leurs fondateurs, ils prétendaient que leurs origines antiques pouvaient clouer le bec de leurs contradicteurs, quitte à soutenir la thèse contestée de la "filiation élianique ininterrompue" et tournée en ridicule par les Jésuites Bollandistes du XVIIe siècle. Derrière ces prétentions naïves et pas scientifiques du tout apparaît tout de même une orientation spirituelle et mystique claire: le désir de vivre dans l'intimité du Christ et de sa Mère, la vieille intuition selon laquelle la Règle du Carmel est le parfait décalque du genre de vie suivi par la Vierge à Nazareth au moment de l'Annonciation. Ces légendes qui ne trompaient personne ont beaucoup influencé l'histoire de l'ordre et appuyé les grandes intuitions spirituelles des origines (fin XIIe siècle)."

 

Strabonis rerum Geographicarum libri septemdecim

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  Les origines orientales

 

  

  Judéo-chrétiens et Église primitive

 

La Palestine au Ier siècle J.-C.

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 ► Cartes de la Bible - ici -

 

 

Jusqu'en 132 ap. J.-C., au début de la seconde révolte juive de Shiméon Bar Kochba (132-135 ap. J.-C.) contre Rome, les Chrétiens de Palestine sont majoritairement juifs et représentent encore le pôle central de l'Église primitive.

 

Leur qehila (terme hébreu que traduit exactement le grec ancien ekklèsia, désigne l'assemblée des Nazaréens), a une structure de type collégiale: la liste des 15 premiers Évêques de Jérusalem donnée par Eusèbe de Césarée semble en effet se référer à des "épiscopes" ayant siégé en commun à Jérusalem.

Jerusalem - Bar-Kochba rebellion (132-135 J.-C.)

L'Échec de la révolte de Bar Kochba entraîne l'expulsion des juifs de Jérusalem par l'empereur Hadrien (76 † 138), et la destruction presque complète de la ville sainte, où une population païenne, d'origine syrienne vraisemblablement, viendra s'installer dans une ville désormais reconstruite sous le nom de Colonia Ælia Capitolina.

 

La période restante de l'occupation romaine relativement calme favorisera le développement d'une certaine prospérité jusqu'en 330 ap. J.-C., lorsque l'empereur Constantin Ier (272 † 337 ap. J.-C.) déclara le christianisme comme religion officielle de l'Empire. Lors du renversement de l'Empire en 395 a.p. J.-C., la Judée est restée dans la moitié orientale de l'Empire romain jusqu'à sa conquête en 638 ap. J.-C. par les Arabes.

 

Depuis lors les Évêques sont d'origine non juive ("pagano-chrétienne" ou "ethnico-chrétienne"), ce qui n'empêche pas dans le pays la présence de communautés judéo-chrétiennes. Le Contra Haereses (Contre les hérésies) d'Épiphane de Salamine ou Épiphane de Chypre (vers 315 † 403 ap. J.-C.), Père de l'Église, fait allusion à plusieurs de ces communautés, que l'on peut également voir à l'œuvre, en la personne de Jacques notamment, dans certaines couches anciennes des écrits pseudo-clémentins.

 

Si elles sont qualifiées d'hérétiques à partir du IVe siècle, l'influence de certaines d'entre elles (du "nazoréisme" par exemple) sur la formation du christianisme en Palestine (et par là dans le reste de l'Empire) ne doit pas être sous-estimée. Les sources liturgiques en particulier permettent de retracer le rôle important qu'a joué le judéo-christianisme, au plan des formules comme des rites liturgiques, dans l'histoire du christianisme d'empire.

 

 

 

  

  Le Patriarcat de Jérusalem

 

Au cours des décennies du Ier siècle le centre de gravité du christianisme se déplace insensiblement vers Rome, et Jérusalem perd de façon quasi définitive la prééminence et le droit de regard dont sa qehila jouissait antérieurement de facto. Elle ne retrouvera une primauté d'honneur que bien plus tard, et son patriarche ne sera plus que le cinquième dans l'ordre de préséance après Rome, Constantinople, Alexandrie et Antioche.

 

L'année 135 ap. J.-C. marque l'affranchissement définitif de l'ecclésia* (ou ekklesia) par rapport à la qehila.

 

* En grec ancien : ἐκκλησία − l'assemblée, désigne l’Assemblée du peuple citoyen dans de nombreuses poleis antiques et notamment dans la cité d’Athènes. Le mot a donné en français église (assemblée des fidèles) ou ecclésiastique.

Patriarcat de Jérusalem

Ancienne représentation de saint Martin de Tours sur une icône du monastère Sainte-Catherine du Mont Sinaï. Peinte au XIIe siècle (probablement avant la chute du royaume de Jérusalem en 1187), l'icône représente trois saints vénérés dans le patriarcat de Jérusalem (saint Paul, saint Jacques le frère du Seigneur et saint Étienne le Protomartyr) et trois saints des pays latins, dont deux de France (saint Laurent l'Archidiacre, saint Martin de Tours et saint Léonard de Noblat le Libérateur).

 

Les légendes sont en latin. Cette icône célèbre a été exposée en 2004 à la fondation Gianadda à Martigny dans le canton du Valais en Suisse.

 

 

Au concile de Chalcédoine en 451 ap. J.-C., il est décidé du détachement du patriarcat d'Antioche des trois provinces de la Palestine pour en constituer un patriarcat autonome.

 

Jusque vers l'époque des croisades (XIIe siècle), l'Église de Jérusalem a joui d'un rite propre. Ce rite a lui-même influencé le rite de la capitale de l'Empire byzantin, souvent d'ailleurs par l'intermédiaire de sa transposition monastique dans la laure de Mare Saba située à quelques km de Bethléem. Il est donc une des sources essentielles de la liturgie byzantine, avec la tradition d'Antioche et celle de Constantinople même.

 

Plan de Jerusalem, c. 1200

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  Au siècle de Libanios

 

Au siècle de Libanios (314 † 393 ap. J.-C.), célèbre rhéteur de culture grecque de l'antiquité tardive, l'Empire romain décadent est affaibli de l'intérieur et à l'extérieur par les invasions venues du Nord.

 

À cette époque, les chrétiens triomphent des doctrines concurrentes: le culte de Mithra, la divinité unique venue de l'Inde et de Perse, dans lequel on pratiquait le baptême et la communion. Le mazdéisme qui raconte l'histoire de Zoroastre, ce prophète perse né d'une vierge six siècles avant le Christ et qui fut à l'âge de trente ans conduit dans le désert pour y être tenté par le diable.

 

Lui aussi annonçait la venue prochaine d'un sauveur conçu dans le sein d'une vierge, sa naissance accompagnée de signes dans le ciel et sa mort sur le gibet. Le manichéisme, une doctrine, elle aussi issue de Perse et fondée au IIIe siècle ap. J.-C. par Mani, un prophète qui prétendait être le Paraclet annoncé par le Christ, c'est-à-dire le Saint-Esprit.

 

Ainsi, le christianisme semblait gagner chaque année un peu plus de terrain, et dans certaines régions de l'Empire plus sûres que d'autres, les disciples purent jouir d'une honorabilité et de responsabilités dans la vie des cités. Leur nombre sans cesse croissant de trop nombreux convertis s'accompagne d'une certaine médiocrité de la vie religieuse.

Empire-romain

Le monachisme chrétien verra donc spontanément le jour en diverses régions du bassin méditerranéen, notamment en Syrie, puis en Égypte où, de part et d'autre de la vallée du Nil, quelques ascètes égyptiens, vont manifester le désir de rompre avec leurs communautés pour mener une vie conforme à l'esprit et à la lettre des préceptes évangéliques de pauvreté et de perfection, en s'éloignant des lieux de vie pour s'installer aux confins du désert.

Les premières communautés chrétiennes en Egypte

Certains de ces ermites (eremos = désert), conscients des dérives dues à l'absence de tout contrôle, prônent de substituer le cénobitisme à l'érémitisme originel par le regroupement autour d'anachorètes réputés pour leur sainteté et leurs enseignements.

 

 

 

  

  L'érémitisme chrétien

Annigon Pietro (1910-1988) - Anchorites in the Deser

 

 

  

  Les origines

 

Au cours du IVe siècle ap. J.-C., alors que l'arianisme, cette hérésie imaginée par le diacre Arius, divise la chrétienté, des fidèles chrétiens ayant fait le choix d'une vie spirituelle dans la solitude et le recueillement quittèrent les villes afin de s'installer en dehors des centres urbains, puis en bordure de régions désertiques, comme le désert de Scété (Wadi el Natrun), à l'ouest du delta du Nil et à une cinquantaine de km environ au nord de Kellia.

Delta du Nil : Scetis, Kellia et Nitria

En quelques décennies, ce phénomène s'amplifia, et les premiers anachorètes chrétiens attirèrent de nombreux hommes et femmes voulant partager leur vie, créant ainsi de véritables communautés comme le site monastique de Scété fondé par saint Macaire le Grand, ceux de Nitrie (vers 325 ap. J.-C.) puis de Kellia (Les Cellules) fondés par Amoun, contemporain d'Antoine le Grand.

 

Dans le Dialogue sur la vie de saint Jean Chrysostome et son Histoire Lausiaque rédigée vers 420, l'évêque Pallade d'Hélénomolis mentionne un "monastère" qui contenait deux cent dix moines et un autre cent cinquante.

 

 

Histoire Lausiaque

21 cm x 14,5 cm, 240 pages, publié en 1999

ISBN : 2-855-89375-5 - SODIS : 8411110 - EAN : 9782855893754

 

 

Introduction, traduction et notes du Père Nicolas Molinier. Vers 419-420 ap. J.-C., Pallade d'Hélénomolis écrivit une Histoire dédiée à Lausus, chambellan de Théodose II. C'est un recueil de portraits d'ascètes, hommes et femmes, surtout de milieu égyptien, mais aussi palestinien.

 

Pallade d'Hélénomolis s'appuie tant sur ses souvenirs personnels que sur des témoignages de tiers. Il veut mettre en relief la valeur spirituelle de la vie au désert, qu'il connaissait bien pour l'avoir lui-même pratiquée. Cet écrit connut un très grand succès, fut traduit très rapidement en latin et en plusieurs langues orientales.

 

Pallade d'Hélénomolis est le premier auteur connu à utiliser l'expression "Pères du désert". Il est le seul à conserver un témoignage sur plusieurs d'entre eux, et pour d'autres (Évagre, Didyme l'Aveugle, Macaire de Scété), il complète très utilement notre information.

 

Le renom de sainteté dont jouissaient les grands anachorètes attirait dans leur solitude non seule­ment une foule de disciples, mais encore un grand nombre de visi­teurs venus de tout l'Occident pour y recueillir leurs enseignements spirituels.

 

Si à la suite de la paix constantinienne et de la tolérance religieuse confirmée en 313 ap. J.-C. par l'édit de Milan (édit qui renouvelle les dispositions prises par Galère en 311), la ferveur primitive des chrétiens s'était dissolue avec le nombre des conversions, cette rétrogression atteignait les groupes d'anachorètes, où avec l'afflux des vocations, se manifestaient des signes d'anarchie.

 

En réaction à cette menace, saint Pacôme de Tabennesis (292 † 346), institue une forme de vie monastique en communauté, le cénobitisme, du grec: koinos qui signifie "en commun" et bios qui signifie "vie". En 315, à Tabernêse, il fonde le premier "monastère" chrétien.

 

Dans cette période, une répartition géographique va s'établir: les disciples d'Antoine le Grand s'établissant en Basse-Égypte, alors que ceux de saint Pacôme de Tabennesis se fixeront en Thébaïde (Haute-Égypte).

 

 

Desert Christians

512 pages - Éditeur : OUP USA - publié en 2004

ISBN-10 : 0195162234 ISBN-13 : 978-0195162233

 

 

À l'anarchie de l'anachorétisme succède l'autarcie, et une hiérarchie régit le monastère sous l'autorité d'un "ancien" qui, par une pratique intense du désert, était devenu expérimenté et apte à discerner l'authentique de l'apparent. Cet "ancien" sera désigné sous le terme d'abbé (du grec ancien ἀϐϐᾶ "père" ou de l'araméen abba) qui au fil du temps occupera la fonction de supérieur.

 

Avec cet abbé, le novice apprenait à se libérer des replis égoïstes et à discerner les esprits pour devenir lui-même un homme spirituel. La ligne de force de cet enseignement était l'autorité particulière reconnue à la parole. Les apophtegmes proférés par le vieillard étaient considérés comme charismatiques mais leur efficacité dépendait totalement de la foi avec laquelle ils étaient accueillis par le disciple.

 

Les paroles des anciens furent colportées oralement pendant des décennies puis mises par écrit et indexées dans la première moitié du Ve siècle.

 

Ce formèrent alors deux types de recueils, l'un consistait à grouper les apophtegmes suivant un classement thématique correspondant aux vertus ou pratiques de la vie du désert, l'autre à les classer selon les noms des Pères.

 

Les rédacteurs chargés de l'œuvre ne se contentèrent pas de recopier les modèles, mais exercèrent une activité d'adaptation en ajoutant ou retranchant des pièces selon les opportunités, afin que le texte remplisse au mieux la fonction à laquelle ils le destinaient.

 

Ce fut l'origine de documents connus plus tard sous le nom de Verba Seniorum, dont les textes furent tra­duits en de nombreuses langues à partir du milieu du VIe siècle. Certains apophtegmes suivirent une ligne indépendante; ainsi pour Daniel de Scété († vers 420), Arsène de Scété (vers 350 † 445 ou 449) et d'autres.

 

Trois ouvrages résumeront la vie de ces pères antoniens, "Les apophtegmes": "L'histoire lausiaque", "Les institutions cénobitiques" et les "Conférences des Pères" de Jean Cassien.

 

 ► Histoire lausiaque - ici -

 

 

 

  

  La conception du désert chez les moines d'Égypte

 

La conception du désert dans les sources monastiques égyptiennes des IVe et Ve siècles présente la même ambivalence que dans la Bible.

 Nitria, Kellia, Scetis, Atripe, Tabennesi et Phow

Il faut distinguer, d'une part, entre les représentations d'origine littéraire, utilisant largement le thème biblique du désert élaboré surtout par Philon, sous l'influence d'idées venues de l'hellénisme, et, d'autre part, des représentations liées à l'idée que les Égyptiens, comme les anciens Sémites, se faisaient du désert, région stérile et démoniaque.

 

En vertu de ce double héritage, le désert, pour les moines d'Égypte, était tout à la fois le lieu le plus propice à l'hésychia, base même de l'idéal monastique, et le lieu des démons, qui se manifestaient surtout sous la forme des "pensées" contre lesquelles le moine avait à lutter pour défendre son hésychia et parvenir à ce qu'il était venu chercher au désert, l'union à Dieu.

 

 ► Lire la suite de la publication de A. Guillaumont - ici -

 

 

Du même auteur :

 

 

A. Guillaumont : Aux origines du monachisme Chrétien

Broché : 239 pages - Éditeur : Abbaye Notre-Dame de Bellefontaine - décembre 1979

ISBN-10 : 2855890306 ISBN-13 : 978-2855890302

 

 

Kellia est un des premiers embryons de la vie communautaire monastique égyptienne avec Scété (Abu Makar - 120 km d'Alexandrie), et Nitrie (40 km au sud d'Alexandrie), qui connurent leur apogée du IVe au IXe siècle.

Kellia : vue aérienne d'un site

Ces ermitages qui pouvaient être constitués de deux ou trois anachorètes sont appelés Kellia du grec τα κέλλια (les cellules), ce qui les distinguent des monastères cénobitiques fondés par saint Pacôme en Haute-Égypte.

 

Ils traduisent une évolution vers un semi-anachorétisme qui assurait un équilibre entre la vie solitaire et la vie communautaire: les anachorètes passant la semaine solitaires dans leur cellule pour se retrouver, tous les samedis et tous les dimanches, afin de célébrer dans l'église la synaxe (liturgie), et prendre un repas (agapê) en commun.

 

La célébration eucharistique impliquait la présence d'un prêtre dont l'autorité sur le groupe n'était que spirituelle, les anachorètes n'étant soumis à aucune règle écrite ni engagés par des vœux.

 

À la fin du IVe siècle, c'est une population d'environ six cents anachorètes qui vivent aux alentours de Kellia.

 

 

 

  

  Les Pères du désert

 

"Les Pères du désert" par Jean Bremond en deux volumes édités à Paris en 1927 (2e édition) par J. Gabalda. Introduction par Henri Bremond de l'Académie Française.

 

Introduction - En guise de prélude, ou de "composition de lieu" relisons, dans la délicieuse traduction qu'en a donné le sieur de Saligny, — lequel de son vrai nom s'appelait M. Fontaine, celui-là même qui nous a conservé l'Entretien sur Épictète et Montaigne — relisons une page de Cassien, n'importe laquelle, ad aperturam libri, car elles sont presque toutes divines, et, si j'ose ainsi m'exprimer, divinement appétissantes. — Cor nostrum ardens erat in via, dum loqueretur.

 

Celle-ci, par exemple, qui termine la première Conférence: comme toile de fond, le désert de Scété; nous sommes avec Cassien et son ami Germain, dans la cellule de l'abbé Moyse, qui vient de donner une longue interview à ces deux pèlerins, partis de Palestine pour s'initier à la doctrine spirituelle et s'édifier aux exemples du désert. La nuit est déjà fort avancée.

 

À ces mots, le saint vieillard finit son discours, et l'avidité qu'il voyait en nous, et cette application si attentive que nous avions à l'écouter ne le put faire résoudre à nous en dire davantage. Il nous exhorta de fermer un moment les yeux, et de faire un petit sommeil sur les mêmes nattes où nous étions lorsqu'il nous parlait.

 

Il nous donna pour appuyer notre tête une sorte de chevet dont ils se servent. Ce sont des roseaux ajustés par petites bottes longues et menues, qui sont environ de pied en pied liées fort doucement. Elles servent de petits sièges très bas lorsque les Solitaires s'assemblent et cela leur tient lieu d'escabelles.

 

Ils sont aussi accoutumés de s'en faire leurs chevets durant la nuit, parce que cela y est fort propre, n'étant pas fort dur et étant assez maniable. Les Solitaires trouvent ce petit meuble très commode, parce qu'il se fait sans peine et ne coûte rien.

 

Il croît de ces roseaux en abondance sur les bords du Nil, et tout le monde en peut aller couper ce qu'il lui en faut pour son usage sans que personne ne s'y oppose. Ces roseaux ont de plus cet avantage qu'ils ne sont point pesants, mais faciles à manier quand il les faut remuer et tirer de leur place.

 

Ce fut là que nous nous mîmes enfin en état, selon l'ordre de ce bon vieillard, de prendre un peu de repos. Mais le repos même nous était à charge, étant, d'une part, transportés de joie de ce que nous avions entendu, et, de l'autre, pleins de l'attente de ce qu'il nous avait promis.

 

Si, par impossible, ces quelques lignes n'ont pas suffi à vous mettre sous le charme, — je n'ose dire à vous faire venir l'eau à la bouche, — celles-ci, prologue de la huitième Conférence, achèveront de vous enchanter.

 

.../...

 

 ► Lire la suite des deux volumes de Jean Bremond - ici -

 

 

 

  

  Saint Antoine le Grand

 

L'histoire fait de saint Antoine le Grand ou Antoine d'Égypte (vers 250 † vers 356 ap. J.-C.), le premier et le plus grand de ces ermites du début du IVe siècle.

Saint Antoine le Grand

Sa vie rapportée par saint Athanase, évêque d'Alexandrie, qui le rencontre alors qu'il est lui-même en exil dans le désert d'Égypte, sera un des textes fondateurs du monachisme.

 

Issu d'une famille aisée de Qeman (actuelle Memphis) en Haute Égypte. Au décès de ses parents, il vend ses biens, distribue le produit aux pauvres, et s'installe non loin de là, puis à Pispir (Kellia).

 

The Torment of Saint Anthony by Michelangelo circa 1487-1488 Salvador Dali : The Temptation of St.Anthony 

Vingt ans après, les persécutions infligées aux églises par l'empereur Caius Valerius Galerius Maximinus (Maximin Daïa - 270 † 313), l'amènent à quitter Pispir pour se rendre à Alexandrie, afin d'y soutenir les confesseurs de la foi (un confesseur de la foi est un chrétien persécuté à cause de sa foi et qui échappe à la mort).

 

À son retour à Pispir, il découvre que son désert est peuplé d'ermites, aussi décide-t-il de s'établir dans un autre lieu qui sera choisi au pied du mont Qolzum situé en bordure du golfe de Suez.

 

Il n'en sortira que deux fois: la première pour visiter sa colonie d'ermites, la deuxième pour se rendre à Alexandrie pour s'opposer aux tenants de l'arianisme initié par le théologien Arius (256 † 336), qui défend la position selon laquelle la divinité de Dieu est supérieure à celle de son fils. Sept lettres sont à ce jour reconnues comme vraisemblablement authentiques.

 

En 312, il s'installe en Thébaïde près de la mer Rouge, sur le mont Qolzum, où se trouve actuellement le monastère qui porte son nom. Fondé en 356 après J.-C., maintes fois pillé, reconstruit à plusieurs reprises et restauré récemment, il connaît une renaissance par l'arrivée de nouveaux frères.

Monastère de Saint Antoine le Grand à Hurghada en Egypte

 

 

  

  Premières fouilles au site des Kellia par A. Guillaumont

 

Les sources classiques du monachisme égyptien, apophtegmes des Pères du désert (infos), Historia Monachorum in Aegypto, l'Histoire lausiaque de Pallade et les Collationes, de Cassien, mentionnent, en décrivant les milieux anachorétiques situés au sud d'Alexandrie (Basse-Égypte), trois centres principaux qui avaient entre eux d'étroites relations: Nitrie, Scété et, pour reprendre l'expression de Pallade, les Kellia ou "Cellules".

 

La localisation de ces trois sites, où vécurent beaucoup des moines égyptiens les plus célèbres, a été, depuis la fin du XXe siècle, fort controversée.

 

La contribution décisive fut la publication, en 1932, de l'important ouvrage d'Evelyn White sur les monastères du Ouadi Natroun*. Ce savant, renonçant à identifier, comme l'avaient fait Amélineau et Dom Butler, l'ancienne Nitrie et le Ouadi Natroun, a démontré que ce dernier n'est autre chose que l'ancien site de Scété.

 

* The Monasteries of the Wâdi'n Natrûn, vol. 2: The History of the Monasteries of Nitria and of Scetis, New York, 1932. Voir spécialement p. 17 et sqq.: "Topography of the Mount of Nitria and Scetis".

 

 ► Premières fouilles au site des kellia - ici -

Cénobitisme du désert

Le lieu ainsi nommé est une vallée du désert libyque située à environ 80 ou 90 km au sud-sud-est d'Alexandrie; le fond en est occupé par des lacs d'eau salée, d'où son nom; la vie monastique s'y est maintenue jusqu'à nos jours dans quatre couvents coptes.

 

Nitrie est à situer à environ 60 km au nord, dans le Delta, près du village de Barnougi, dont le nom perpétue celui que les Coptes donnaient à la Nitria des sources gréco-latines, Pernoudj.

 

Quant à l'établissement des Kellia, nous savons par ces mêmes sources, qu'il se trouvait sur le trajet de Nitrie à Scété; l'emplacement en est donc à chercher sur une ligne allant de Bar nougi au Ouadi Natroun, en prenant comme point de repère dans ce dernier le Deir-Baramous, où était le centre de l'ancienne Scété.

 

Les mêmes sources permettent, de plus, d'évaluer à environ 18 km la distance de Nitrie aux Kellia; cette indication conduit à situer les Kellia, sur la ligne idéale Barnougi-Deir Baramous, un peu au sud de l'actuel canal Noubariya, qui suit la limite des terres cultivées et du désert, c'est-à-dire à l'entrée du désert.

 

Cette localisation précise s'accorde très bien avec les données des textes: ceux-ci disent des moines qui, partant de Nitrie, allaient s'installer aux Kellia, qu'ils "entraient" ou "s'engageaient" dans le désert.

 

Christ Enthroned

Ce document ne fait pas partie de la publication de A. Guillaumont.

 

Les Kellia furent fondés, en effet, vers le milieu du IVe siècle (les Apophthegmata Patrum ont conservé un récit de fondation) pour permettre aux moines de Nitrie, devenus rapidement fort nombreux et ne pouvant s'étendre dans la région cultivée, d'aller vivre dans une plus grande solitude.

 

Ils vivaient là, dispersés dans le désert, chacun ayant sa cellule, d'où le nom qui fut donné à l'endroit: les Cellules.

 

C'est là que vécurent, entre autres, dans le dernier quart du IVe siècle, les fameux moines origénistes persécutés par le patriarche Théophile et, parmi eux, Évagre le Pontique, qui y composa une œuvre extrêmement importante.

 

Grâce à une mission de l'Institut français d'archéologie orientale, il m'a été possible d'aller faire, en mars 1964, une reconnaissance de ce site. J'ai pu constater qu'à l'endroit précis où mènent les indications fournies par les textes que je viens de rappeler, se trouve un site archéologique fort étendu et, apparemment, d'une grande richesse.

 

Christian tomb

Ce document ne fait pas partie de la publication de A. Guillaumont.

 

Ce site n'est autre que celui qui est connu par les sources arabes sous le nom d'El-Mouna et qui avait déjà été signalé, et sommairement décrit, par Anthony de Cosson en 1937, dans le Bulletin de la Société archéologique d'Alexandrie (1).

 

(1) N. s., vol. IX, p. 247-253: The Désert City of El Muna. Suivant une indication d'Evelyn White, De Cosson identifiait déjà ce site avec celui des Kellia. Mais cette identification est passée inaperçue. Dans son récent Atlas of Christian Sites in Egypt, Le Caire, 1962, le Dr O. Meinardus donne comme site des Kellia celui qu'Omar Toussoun avait cru découvrir, en 1935, à Khashm el-Gou'oud, à environ 18 km nord-ouest de l'extrémité occidentale du Ouadi Natroun. Quand nous avons rédigé notre note Le site des "Kellia" (Basse-Égypte), parue dans la Revue archéologique, juillet-septembre 1964, p. 43-50, nous ne connaissions pas l'article d'Anthony De Cosson, dont nous devons la connaissance à l'obligeance de M. Abd el Tawab, inspecteur du Service des Antiquités.

 

Nous savons, par l'Histoire des Patriarche de l'Église copte d'Alexandrie, qu'après la conquête arabe, sous le patriarcat de Benjamin (622-662), les monastères de ce désert furent restaurés, ainsi que ceux du Ouadi Natroun; en se rendant dans ce dernier pour la dédicace de la nouvelle église d'Abou Makar, le patriarche s'arrêta deux jours à El-Mouna, où il fut hébergé par les moines (2).

 

(2) Ed. Evetts, Patrologia Orientalis, I, p. 500 et 505-506.

 

Quelques-uns seulement de ces monastères étaient encore occupés au XIe siècle, d'après le géographe andalou Bakri, qui a laissé, de ces lieux, une description assez précise (3).

 

(3) Description de l'Afrique septentrionale, éd. de Slane, Alger, 1911, p. 7-8.

 

Le terme de qusûr dont cet auteur se sert pour désigner les constructions est celui qui désigne encore les ruines ensevelies sous le sable; ces ruines sont, en effet, celles qui, sur la carte Survey of Egypt au 1 /100.000e, sont indiquées à une dizaine de km au sud — sud-est d'Hosh-Isa, à environ 2 km du canal, sous les noms de Qusûr el-Rubaiyât, Qasr Waheida, Qusûr el-Izeila, Qusûr el-Abid, Qusûr Isa.

 

L'ensemble le plus important est le Qusûr el-Rubaiyât qui, à lui seul, couvre environ 4 km de long sur 2 km de large et comprend plus de cinq cents kôms, chacun de ces kôms recouvrant une construction.

 

Ce site, archéologiquement vierge, n'est malheureusement plus intact. Ces dernières années, d'importants travaux ont été entrepris, qui ont pour but d'étendre la superficie des terres cultivées en irriguant le désert à partir du canal. Les bulldozers ont déjà largement entamé le site, écrasant les kôms, nivelant le sol et creusant des canaux d'irrigation.

 

.../...

 

Les premières fouilles ont été faites en mars et avril 1964.

 

Parmi les très nombreux kôms qui forment le Qusûr el-Rubaiyât, nous avons choisi, pour cette première fouille, l'un des plus importants. Le travail, mené avec une centaine d'ouvriers, a permis de mettre au jour et de déblayer en grande partie un monastère copte du VIIe siècle.

 

Painting from a prayer niche in Kellia depicting a foliate cross. 6th – 7th century AD.

Ce document ne fait pas partie de la publication de A. Guillaumont.

 

Il s'agit d'une construction qui a la forme d'un rectangle d'environ 60 m de long sur 45 m de large, dont les diagonales sont approximativement orientées nord-sud et est-ouest. Les nombreuses salles qu'il comporte (environ une cinquantaine) sont bâties entre le mur d'enceinte et une vaste cour centrale dont une partie a été dégagée.

 

Les murs sont construits en briques crues, faites d'un mélange de sable et de chaux et liées entre elles: matériau de médiocre qualité qui fait que ces murs, malgré leur épaisseur (en moyenne un mètre) sont peu solides; leur solidité est encore diminuée, non seulement par les portes et les fenêtres qui les percent de part en part, mais aussi par de nombreuses niches qui en réduisent l'épaisseur de moitié, parfois davantage.

 

Ces niches sont nombreuses surtout dans les salles qui se trouvent dans l'angle ouest du bâtiment et qui étaient, semble-t-il, plus spécialement destinées à l'habitation; elles ont, en moyenne, 60 cm de haut sur 50 cm de large à la base, le sommet étant cintré; il est probable que la plupart servaient de placards; dans l'une d'elles, qui se prolonge jusqu'au pied du mur, on voit les appuis qui supportaient les étagères; nous savons que les cellules des premiers ermites, construites en ces lieux aux IVe et Ve siècles, avaient des niches destinées à cet usage.

 

La couverture était assurée par une voûte, elle aussi en briques crues. Ces voûtes, que Bakri signalait dans sa description, sont maintenant toutes écroulées; dans plusieurs salles cependant le départ de la voûte est encore très visible, aux angles, à environ 2 m de haut; l'une de celles qui ont été dégagées à l'angle sud du bâtiment conserve intactes ses quatre trompes.

 

Wadi el Natrun - Abu Mena

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Ce mode de construction était déjà celui des premiers ermitages: les textes les représentent comme des cabanes faites de briques crues et voûtées. Aucune pièce ne paraît avoir été couverte autrement. Le bois, que l'endroit ne fournissait pas, était réservé surtout aux portes et aux fenêtres: dans plusieurs de celles-ci, en forme de soupirail, l'emplacement d'un cadre de bois est nettement visible.

 

La brique cuite était employée dans les parties qui réclamaient une plus grande solidité. Deux constructions en briques cuites sont particulièrement remarquables.

 

Dans la cour centrale, les murs sud-ouest et nord-ouest sont, sur une certaine partie de leur longueur, flanqués de banquettes construites en briques cuites, d'un appareil très soigné; ces banquettes ont 45 cm de hauteur et 80 cm de largeur.

 

Celle du côté sud-ouest s'étend de façon continue sur environ 10 m de longueur (l'extrémité en est détruite); au côté nord-ouest, il y en a deux, séparées l'une de l'autre par une porte donnant accès à la salle voisine, une chapelle, dont je reparlerai; l'une a 2.80 m de long, l'autre 3.70 m.

 

Wadi el Natrun - Abu Mena

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À leurs extrémités, elles se relèvent pour former une sorte de chevet ou d'accoudoir. La longue banquette du côté sud-ouest présente de plus, à intervalles plus ou moins réguliers, des renflements semi-circulaires, servant à la même fin.

 

Une construction en briques cuites, plus curieuse, se remarque à proximité de l'angle sud du monastère. Ce sont des latrines, qui ont été aménagées contre le mur d'enceinte, dans une petite pièce surélevée, séparée du reste du couvent par une cour intérieure sur laquelle ouvraient deux fenêtres.

 

Contre le mur extérieur sont bâties, côte à côte, trois petites loges; au fond de chacune est construit un siège avec une ouverture centrale se continuant par un conduit d'évacuation qui débouche en contrebas, à l'extérieur du bâtiment.

 

Par leur disposition, ces latrines du désert rappellent tout à fait celles qui ont été trouvées en diverses villes du monde romain; il est permis de penser que les moines qui les ont construites s'inspiraient de modèles alexandrins, remplaçant seulement le marbre somptueux par la brique cuite, le matériau le meilleur dont ils disposaient.

 

Wadi el Natrun - Fresco

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C'est aussi, peut-on penser, l'imitation de modèles alexandrins qui a inspiré l'ornementation générale: imitation grossière, réalisée avec des moyens pauvres. Le sol, du moins celui des pièces ayant servi à l'habitation, est fait d'un épais ciment de couleur rouge; l'enduit rouge couvre également le revêtement des murs jusqu'à une hauteur d'environ 50 cm; au-dessus, le revêtement des murs, y compris l'intérieur des niches, est laissé en blanc.

 

Sous les voûtes, il y avait, semble-t-il, une certaine décoration, comme l'attestent les débris retrouvés. Quelques niches sont entourées de motifs ornementaux de couleurs variées.

 

Plus particulièrement soignée était la décoration des salles de l'angle ouest, dont j'ai déjà parlé. L'une d'entre elles, qui est peut-être un réfectoire, est nettement plus grande que les autres: elle a 3.80 m sur 12.50 m. Elle était couverte d'une voûte en berceau, et l'on a retrouvé presque entier l'un des piliers qui la soutenaient.

 

Il est flanqué, aux angles, de deux colonnettes d'environ 2 m de hauteur; leur revêtement de plâtre a été peint de manière à imiter, assez naïvement, le marbre; l'une est blanche, avec des marbrures; l'autre porte des motifs verts, rouges et jaunes; l'espace compris entre les deux colonnes est couvert d'un damier formé de triangles peints en diverses couleurs.

 

Damiers ornant les tableaux des lancettes du chœur de l'abbaye de Saint Hilaire

Damiers ornant les tableaux des trois lancettes du chœur de l'abbaye Saint Hilaire.

 

Un seul chapiteau est en place; il est en plâtre et porte des motifs floraux stylisés. Du pilier correspondant il ne subsiste que le soubassement et la base des colonnes, qui étaient également peintes. Des colonnes du même type, à demi conservées, encadrent aussi les portes donnant accès à cette salle, à côté de chacun de ces deux piliers.

 

Plusieurs chapiteaux ont été retrouvés dans les déblais; ils sont du même type que celui qui est en place, mais ils présentent des motifs variés; l'un d'eux porte une tête de lionceau, stylisée, mais assez expressive.

 

La trouvaille la plus intéressante au point de vue de l'art a été faite dans une salle qui est située à l'est de celle-ci et qui paraît être une chapelle. Au fond, dans le mur nord-est, se trouve une niche dont la base est une dalle de pierre faisant saillie; les dimensions de cette niche sont de 35 cm de largeur à la base sur 90 cm de hauteur.

 

Wadi el Natrun - Fresco

Ce document ne fait pas partie de la publication de A. Guillaumont.

 

Sur le fond a été peint en noir, puis retracé en rouge, un Christ représenté debout contre une croix; la tête du Christ, nimbée, est à l'intersection des bras de la croix, et son corps se confond avec le bras inférieur de la croix.

 

Le visage a été malheureusement effacé; le Christ tient, de la main gauche, un livre fermé, sans doute l'Évangile; de la main droite, il bénit, l'extrémité de l'annulaire infléchie vers celle du pouce, les autres doigts restant dressés, dans un geste qui est familier au Christ byzantin trônant en majesté.

 

Cette niche en rappelle deux autres qui furent jadis découvertes par Quibell au monastère d'apa Jérémie, à Saqqara; l'une se trouve, comme celle des Kellia, dans une chapelle située à l'est d'une salle oblongue que Quibell pensait être un réfectoire; l'autre est dans la salle numérotée 709; le Christ qui y est peint est celui qui est reproduit en frontispice dans le volume Excavations at Saqqara 1907-1908 (1).

 

(1) Le Caire, 1909; voir aussi la planche VIII et description p. 9 et 99. Pour l'autre niche, voir Excavations at Saqqara, 1908-1909, 1909-1910, Le Caire, 1912, p. 28, 132 et pi. XXV.

 

À Saqqara, le Christ est représenté assis sur un siège, comme le Christ byzantin que j'évoquais à l'instant, mais dans la même attitude qu'aux Kellia, tenant un livre fermé de la main gauche et faisant le geste de la bénédiction de la main droite.

 

Il importe de remarquer, en outre, que les niches de Saqqara, et aussi celles des Kellia, sont placées dans un mur qui est sensiblement à l'est: tout indique qu'il s'agit de niches de prière.

 

Cette même pièce, sans doute une chapelle, est intéressante, de plus, par les inscriptions qui y ont été trouvées. Sur un pilier adossé au mur nord-ouest, nous avons découvert une longue inscription de vingt-huit lignes, dont malheureusement la partie centrale a été effacée au point que la reconstitution en sera très difficile; le début et la fin en sont du moins très lisibles et l'on peut savoir dès maintenant quel en est le sujet.

 

C'est une réponse à une objection faite à ce que l'on appelle la "prière de Jésus", ou invocation constante du nom de Jésus, méthode de prière que sa longue pratique chez les spirituels byzantins et dans le christianisme orthodoxe a rendue célèbre.

 

L'objection, présentée comme une suggestion des démons, est ainsi formulée: "Si tu cries constamment Seigneur Jésus!, tu ne pries pas le Père ni le Saint-Esprit"; la réponse est qu'en priant Jésus, qui est le Fils, on prie avec lui le Père et le Saint-Esprit, et que la Trinité est indivisible.

 

Ce texte est intéressant par le témoignage nouveau qu'il apporte sur la pratique de la prière de Jésus parmi les moines coptes, à une époque ancienne. C'est précisément dans la littérature copte relative à saint Macaire que se trouvent certains des textes les plus anciens sur la prière de Jésus; mais l'origine et la date de ces textes restent, en vérité, fort obscures (1).

 

(1) Éd. Amélineau, Annales du Musée Guimet, t. 25, Paris, 1894, p. 133, 152-153, 160, 161, 163; voir aussi ibid., p. 310.

 

L'épigraphie vient ainsi, de façon directe, préciser, en les confirmant, les données des textes littéraires. Une autre inscription, sur le mur nord-ouest, celle-ci fort brève, atteste la même pratique:

Jésus-Christ le nom du salut

"Jésus-Christ le nom du salut" (c'est-à-dire le nom sauveur).

 

Tout à côté de celle-ci, une autre, un peu plus longue:

Heureux celui qui est saint dans son coeur dans sa participation aux mystères saints

"Heureux celui qui est saint dans son cœur dans sa participation aux mystères saints".

 

Plus intéressante est une autre inscription tracée, en écriture cursive, sur le fond d'une niche du même mur:

Dieu, donne l'intelligence de l'Amen !

"Dieu, donne l'intelligence de l'Amen!"

 

Cette brève invocation prouve que parmi les moines coptes, à cette époque, étaient encore vivantes les spéculations sur la signification mystique du mot "Amen" qui se développèrent dans l'Église des premiers siècles, tant chez les orthodoxes que chez les gnostiques, et qu'atteste, en milieu copte, la Pistis Sophia.

 

Mais on ne peut savoir quelle "intelligence" le moine anonyme des Kellia avait lui-même de l'Amen. Y voyait-il un nom secret du Christ, selon Apocalypse 3, 14, ou, selon d'autres spéculations, attribuait-il à ce mot une signification eschatologique fondée sur sa valeur numérique qui est 99 (2) ?

 

(2) Cf. S. Irénée, Adversus Haereses, I, viii, 1, Harvey, p. 131; I, ix, 1, p. 158-159.

 

Quoi qu'il en soit, ces quelques inscriptions sont précieuses par ce qu'elles nous révèlent, de façon malheureusement assez fugitive, de la vie spirituelle des moines qui occupaient le monastère.

 

Il me reste à parler d'une autre inscription qui, par bonheur, nous fournit des dates. Elle a été découverte, non pas dans la chapelle où sont les précédentes, mais sous une coupole effondrée qui se trouve dans la partie la plus haute du kôm, côté sud-ouest; c'est vraisemblablement en cet endroit qu'est l'église du monastère, mais il n'a pu encore être fouillé.

 

Il s'agit d'une inscription de dix lignes, encadrée, d'une écriture fort soignée, mais en partie effacée, volontairement. Elle rappelle la mort de trois personnages, moines ou peut être supérieurs du monastère, dont les noms sont, en grande partie, disparus: les lignes 1, 5 et 8 commencent par les mots: "il s'est endormi, à savoir (un tel)..."; suit, pour chacun, la date du décès, donnée selon l'ère de Dioclétien, ou des Martyrs, usuelle dans l'épigraphie copte.

 

Une de ces dates est parfaitement lisible: 432, soit 716 de notre ère; les deux autres, moins lisibles, paraissent devoir se lire 452 et 455, soit 736 et 739 de notre ère.

 

Cette date, la première moitié du VIIIe siècle, est celle vers laquelle orientait approximativement la poterie qui a été recueillie en assez grande quantité et qui est presque uniquement copte, avec peu de spécimens arabes.

 

Il est donc clair que le monastère que nous avons mis au jour fait partie de ceux qui furent construits peu après la conquête arabe, au temps du patriarche Benjamin, selon le témoignage de l'Histoire des Patriarches rappelé ci-dessus.

 

L'inscription relative à la "prière de Jésus" ou "prière monologistos" (sous sa forme brève) est intéressante, mais l'usage d'une prière de ce genre dans les monastères de Basse-Égypte est, au moins, déjà attesté, au début du Ve siècle, par Jean Cassien, et il y a lieu de s'étonner que l'objection ici prêtée aux démons ne se retrouve pas ailleurs, reprise ou réfutée.

 

Ce que peut signifier "l'intelligence de l'Amen" reste mystérieux. Faut-il songer aux spéculations des gnostiques (Pistis Sophia, IIe Livre de Iéoû, notice de saint Irénée sur les Marcosiens)?

 

À cet "ange Amen" des Novatiens, de certains Ophites, et, plus tard, des Bogomiles? Au cantique de l'Amen des Actes de Jean, utilisé par les Priscillianistes et les Manichéens? Ne serait-il pas cependant préférable de chercher l'explication du côté des textes magiques coptes et des inscriptions chrétiennes d'Égypte, où "amen" est souvent accompagné de son psêphos: 99?

 

 

 

  

  Fouilles au site de Pherme

 

While the rising water level has made future excavations untenable throughout much of the western Delta region, the cluster of monastic remains at Pherme, located eleven km southeast of central Kellia, have fortuitously escaped this fate because of a slightly higher elevation.

Cellules monastiques chrétiennes à Pherme (Delta du Nil - 2005)

The site of Pherme today contains approximately 115 monastic hermitages, only about ten of which were excavated by the Swiss during their three seasons of work there from 1987 to 1989. In 2006, at the invitation of members from the former Swiss team, the Egyptian Delta Monastic Archaeology Project conducted a series of surveys and preliminary excavations at Pherme.

 

Using the geophysical method of magnetic prospection, the team was able to map the location of unexcavated structures buried beneath the ground and correlate that data with the earlier Swiss findings. The results of this survey have been documented in an article co-authored by Tomasz Herbich, Darlene Brooks Hedstrom, and Stephen J. Davis and published in the Journal of the American Research Center in Egypt 44 (2007), 129–37.

 

 

 

  

  Travaux de María Teresa Viviani

 

Les églises coptes d'Égypte du IVe au VIIe siècle par María Teresa Viviani, Instituto de Estética, Facultad de Filosofía Pontificia Universidad Católica de Chile:

 

Este segundo grupo de iglesias, se ubica más hacia el sur, en el Egipto Medio y Alto Egipto: en Al-Minya, cerca de Tell al-Amarna; en Akhmim y Sohag, donde se encuentran los famosos Monasterio Blanco y Monasterio Rojo; en la región de Tebas y en el Alto Egipto, en Aswan

 

Las iglesias del sur y Alto Egipto reflejan una síntesis de elementos de una antigua herencia faraónica y de la ocupación romana de la zona. Conservan el estilo monumental de los muros exteriores propios de los templos egipcios y al interior de las iglesias mantienen rasgos de las basílicas romanas.

 

Es interesante hacer ver que en la nave, aún siendo basilical, se reordenan las columnas de un modo distinto, interrumpiendo el tradicional acceso frontal a la basílica, con un ambulatorio. Este singular ordenamiento es testimonio de un nuevo uso del espacio, no dirigido procesionalmente desde el exterior del edificio hacia el altar o santuario, como es característico en una basílica cristiana.

 

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 ► Lire la suite de la publication - ici -

 

Kôm du site monastique des kellia - élévation axonométrique  

 

  

  Site de Qaṣr al-ʿAǧūz, dans l’oasis de Baḥariya

 

Située à 2,4 km au sud/sud-est du qaṣr d’al-ʿAǧūz (sur le tronçon commun de trois pistes menant à la Vallée du Nil, Darb al-Masʿūdī, Darb al-Bahnasāwī et Darb al-Rūbī) et au nord-ouest et nord-est de ʿAyn Ǧaffāra et du Ǧabal al-Hafhūf, la zone archéologique de Tell Ǧanūb Qaṣr al-ʿAǧūz comprend six ensembles de bâtiments, éparpillés sur un périmètre de 80.000 m2. Le site est fouillé par l’IFAO depuis 2009 et cofinancé par Macquarie University depuis 2013.

 

 ► Fouilles de deux ermitages conduites par l'IFAO depuis 2009 - ici -

 

 

 

  

  Fouilles sur le site de Shenoute

Site archéologique du White Monastery à Shenoute en Haute-Egypte

 

Shenoute was the first outstanding writer of the Egyptian language in its Coptic form, and his literary importance was never equaled; he lived from A.D. 348 to 465.

 St. Shenoute of Atrip - v. 395 - 465 - Haute-Egypte - Adapté d'un manuscrit de Paris

The ancient monastery of Shenoute is one of the most important historical sites, both for scholars and for the Coptic Orthodox Church. It was founded about A.D. 350 by Pgol, who was then succeeded by Ebonh. Its third leader was the great saint Shenoute, who led the monastic federation from A.D. 385 to 465. Shenoute’s name is now attached to this site. His miraculous life is recorded in an ancient biography written by his successor Besa.

 

 ► Article du Yale Egyptological Institute in Egypt - ici -

 

Monastic Bodies - Discipline and Salvation in Shenoute of Atrip

Éditeur : University of Pensylvania Press (2007) - Auteur : Caroline T. Schroeder

Anglais - ISBN : 0-8122-3990-3 - 237 pages

 

 

This long-awaited publication of Stephen Emmel's reconstruction of the literary corpus of Shenoute, monastic leader in Upper Egypt from 385 until 465, and Coptic author par excellence, marks the beginning of a new era in Shenoute studies.

 

On the basis of about one hundred parchment codexes from the library of Shenoute's monastery, pieced together from nearly two thousand fragments scattered among some two dozen collections, Emmel demonstrates that Shenoute's corpus was transmitted in two multi-volume sets of collected works, nine volumes of Canons and eight volumes of Discourses.

 

At the core of his study is a description of each reconstructed codex, demonstrating the organization and coherence of the corpus as a whole, followed by a survey of its contents in which nearly 150 individual works are catalogued.

 

A research-historical and methodological introduction, tables, concordances, and an extensive bibliography make Emmel's book a mine of information that will be indispensable for future research on Shenoute, whether philological, historical, or theological.

 

 ► Aperçu du livre Shenoute's Literary Corpus - ici -

 

Shenoute's Literary Corpus Subs. 111 - Stephen Emmel

Éditeur : Peeters Publishers (2004) - Auteur :  Stephen Emmel

Anglais - ISBN : 9042912308, 9789042912304 - 1006 pages.

 

 

 

  

  Fouilles de l’ermitage copte QR 195 des Qusur al-Ruba’iyyat

 

Ce livre fruit de la collaboration de Pascale Ballet, Nathalie Bosson et Marguerite Rassart-Debergh, est le second tome du deuxième volet de l’étude de l’ermitage copte QR 195 des Qusur al-Ruba’iyyat, célèbre dans l’Égypte chrétienne et tombé dans l’oubli jusqu’en 1964, date de sa redécouverte.

 

Dans le premier tome, paru en 2000, N.H. Henein et M. Wuttmann (Kellia II/1. L’ermitage copte QR 195, FIFAO 41) étudiaient l’archéologie et l’architecture du site.

 

Dans cette livraison, Pascale Ballet se penche sur les contextes et les céramiques qui les composent, Nathalie Bosson sur les 155 inscriptions qu’a livrées l’ermitage, en langue bohaïrique "classique", langue véhiculaire de Basse-Égypte, et, enfin, Marguerite Rassart-Debergh sur la décoration de l’ermitage, érigé entre 630 et 650, et sur son évolution au cours des deux siècles qui suivirent.

 

Ces deux volumes (Kellia II/1 et II/2) font suite au premier ouvrage concernant le site, publié peu après sa découverte, en 1969, sous la direction de Fr. Daumas et A. Guillaumont (Kellia I. Kôm 219, FIFAO 28/1-2).

 

Institut français d'archéologie orientale : Kellia II. L’ermitage copte QR 195. 2. La céramique, les inscriptions, les décors - Collection: FIFAO 49 – ISBN 2-7247-0343-X - 2003

Institut français d'archéologie orientale : Kellia II. L’ermitage copte QR 195. 2. 

La céramique, les inscriptions, les décors.

Collection: FIFAO 49 – ISBN 2-7247-0343-X - 2003 - ici -

 

 

 

  

  Bibliographie Kellia, ermitages, coptes d'Égypte

 

 ► Accès à la liste - ici -

 

  Documents de l'Institut français d’archéologie orientale - ici -

 

 

 

  

  L'Église à Byzance de 325 à 787

 

Aujourd'hui, il est difficile d'imaginer la place énorme que la religion occupait dans la vie quotidienne à Byzance. À Constantinople, rien n'était plus commun et plus prisé que la discussion théologique. Comme si les Byzantins, privés de réflexion et de discussion sur les sujets qui remplissent aujourd'hui les journaux, reportaient toute leur curiosité sur le monde de la religion.

 

Les Empires romains d'Orient et d'Occident en 395 à la mort de Théodose le Grand

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Pendant les premiers siècles de Byzance, l'Empire fut secoué par des discussions minutieuses et interminables sur des sujets religieux qui, de nos jours, n'apparaissent pas à nos esprits sécularisés, comme étant essentiels. Par exemple, l'une des questions les plus controversées portait sur la nature du Christ.

 

L'une des parties tenait passionnément à l'idée que la personne du Christ ne comportait qu'une seule nature, la nature divine; cette opinion était en contradiction avec l'enseignement orthodoxe, selon lequel, dans l'incarnation, la personne du Christ comporte conjointement les deux natures, humaine et divine.

 

Le débat sur cette question ne se limitait pas aux membres du clergé, aux intellectuels et aux riches aristocrates. Chaque homme, en effet, se sentait impliqué personnellement dans un tel débat. Ces divisions dogmatiques avaient des répercussions politiques et les opinions divergentes, regroupées en factions ennemies, eurent des effets désastreux sur l'unité de l'Empire.

 

C'est pourquoi on finit par rechercher un compromis. On considérait alors que le Christ avait deux natures, mais une seule volonté. L'empereur Héraclius (vers 575 - 610 † 641 - infos) se fit le défenseur de cette conception à visée surtout politique; elle se maintint durant quelque dix ans avant d'être elle-même rejetée comme hérétique.

 

Mais, en fin de compte, cette hérésie connue sous le nom de monothélisme, ne fut condamnée officiellement qu'au sixième concile œcuménique (infos) tenu à Constantinople en 680.

Constantinople - 1422

Si l'aile orientale de l'Église était si fort encline à la discussion théologique, c'est qu'elle était, d'une certaine manière, plus "mûre" que l'aile occidentale et qu'elle était donc plus exposée aux tentations hérétiques qui surviennent toujours, dans l'histoire ecclésiale, comme des crises de croissance.

 

Pour revenir à la pureté de l'annonce évangélique, il était nécessaire de convoquer les responsables de l'Église, successeurs des apôtres, afin que, comme la tradition en avait été fondée à Jérusalem, ainsi que le rapportent les Actes des Apôtres (Ac. 15), l'Esprit Saint pût éclairer les pères conciliaires et que fût tranchée définitivement la querelle.

Jésus annonce le don du Saint Esprit (Jean 14,15-21, Jean 16,7-15)

Car il est nécessaire que l'Église soit "Une" sous peine de cesser d'être l'Église, sacrement de salut pour le monde. C'est pourquoi, conscient que la dispute connue sous le nom d'arianisme pouvait constituer le risque de diviser l'Église, Constantin prit l'initiative de convoquer, en 325, le premier concile œcuménique (infos), à Nicée (la moderne Isnik).

 

 

 ► Chronologie des conciles - ici -

 

 

À cette époque Arius soutenait que le Christ était subordonné au Père, c'est-à-dire qu'il ne possédait pas la divinité en plénitude. En réponse à cette hérésie, le concile promulgua le symbole de Nicée introduisant le Credo dans la liturgie. Quant à l'empereur, il comptait bien, par le biais de l'unanimité religieuse retrouvée, fournir les bases d'une nouvelle unité de l'Empire.

 

Credo ou Symbole de Nicée-Constantinople - version en usage en paroisse Orthodoxe en France Concile de Nicée - Palabres

 

L'Église réunit sept grands conciles entre 325 et 787; ceux-ci sont les seuls que les églises orientale et occidentale considèrent l'une et l'autre comme "œcuméniques" au sens originel, toutes les parties y ayant une voix égale dans les débats. Au début du IVe siècle, les trois principaux évêchés méditerranéens étaient Rome, Alexandrie et Antioche.

 

En 381, le 1er concile œcuménique de Constantinople (IIe concile œcuménique) condamne définitivement l'arianisme et les sabelliens. La doctrine de Nicée est confirmée, et la consubstantialité de l’Esprit avec le Père et le Fils affirmée. Il n'était pas question à cette date d'autre chose que d'une seule Église "catholique", c'est-à-dire universelle. Ce concile instaure les patriarcats de Rome, Constantinople Alexandrie, Antioche et Jérusalem.

 

Cependant, au fil des siècles, tandis que disparaissait la réalité d'une Église "sacrement de salut" au profit d'une conception juridique de l'Église à laquelle on "devait" appartenir par le baptême et les sacrements, l'unité, comme nécessité vitale, ne fut plus ressentie avec la même acuité, si bien que peu à peu, par une dérive lente et sournoise, se consomma le divorce entre les pôles oriental et occidental de la chrétienté.

 

Le litige entre l'Église grecque et l'Église romaine porte sur deux points essentiels. Le premier consiste dans la reconnaissance de la primauté du pape. L'argument soutenu par l'Église catholique se fonde sur le choix que le Christ lui-même fit de Pierre pour conduire l'Église, lui donnant le pouvoir de "lier et de délier", c'est-à-dire de trancher.

 

C'est en raison de cette élection que saint Pierre décida au "concile" de Jérusalem (Actes des Apôtres - infos) au nom de l'Église. Durant les premiers siècles, Constantinople et Alexandrie en appelaient à l'évêque de Rome lorsqu'elles se disputaient la prépondérance en matière ecclésiastique.

 

Byzance n'a rien à opposer lorsque le pape revendique la succession directe de saint Pierre et son corollaire: l'infaillibilité pontificale en matière de dogme. L'on peut dire de cette discussion sur l'institution papale qu'elle contient en germe tous les conflits qui divisèrent par la suite Églises d'Orient et d'Occident.

 

Le second point est tout aussi fondamental même s'il semble avoir surgi d'une simple querelle linguistique. Il s'agissait du terme latin filioque qui signifie "et du fils", locution qui n'existait pas en la forme dans le Credo de Nicée et qui fut introduite ultérieurement par l'Église romaine.

Querelle du Filioque : le Saint-Esprit procédant du Père et du Fils, détail du retable de Boulbon, XVe siècle, musée du Louvre

Ce qui est en jeu dans filioque, c'est la nature du Christ et la question de savoir si Jésus de Nazareth possède bien la divinité en plénitude. La phrase incriminée devint dans la liturgie occidentale: "Nous croyons... au Saint-Esprit... qui procède du Père et du Fils".

 

Cette doctrine de la "double procession" de l'Esprit trouve sa confirmation en Occident au VIe siècle et demeura l'un des plus sérieux points de divergence entre Rome et l'Église orthodoxe.

 

En effet, si le Saint-Esprit procède du Christ conjointement au Père, cela signifie que le Christ est Dieu, que la nature de Dieu est tout entière présente en Son Fils, car ainsi répond le Christ à Thomas qui lors de la dernière Cène demande à Jésus quel chemin prendre pour arriver au Père: "Je suis le chemin, la Vérité, la Vie. Nul ne vient au Père que par moi. Si vous me connaissez, vous connaîtrez aussi Mon Père" (Jn. 136).

 

Or voici le chemin que le Christ a pris pour nous montrer le Père, pour nous montrer de quel amour aime le Père: la Croix, la non-résistance au mal de celui qui "s'est fait péché pour nous", dit saint Paul.

 

Voilà ce qui engendre l'homme à la vie éternelle, voilà ce qui fait de lui une créature nouvelle, non plus "âme vivante" à l'image d'Adam, mais "Esprit vivifiant", à l'instar de Jésus. Esprit qui donne la vie. Ce nouvel Adam vit de l'Esprit Saint ainsi que le Christ le déclare à Nicodème.

 

C'est pourquoi l'Église romaine affirme qu'il n'y a qu'un seul chemin vers le Père: le Fils, que seule son imitation conduit au salut et engendre la nouvelle création que ce dernier a inaugurée par sa mort et sa résurrection. Par contre, si l'on soutient que la nouvelle créature peut naître de l'Esprit qui procède du seul Père, on postule qu'il existe un autre salut que celui qui passe par la Croix.

 

On voit bien qu'il s'agit de deux théologies incompatibles. Le concile de Florence, en 1439, entérina le désaccord entre les deux Églises (hormis l'Église grecque) en dépit de la pression turque toujours plus menaçante aux portes de Constantinople, menace qui rendait cruciale cependant l'entente entre les parties afin de résister aux infidèles.

Unsigned bulle papale qui unit les Eglises latines et grecques

This document was the result of an ecumenical council aimed at uniting the Catholic and Greek Orthodox churches. It is mostly concerned with outlining a workable shared theology on questions such as the importance of the Holy Spirit and the exact organization of the afterlife. The left hand side, written in Latin, has been signed by several Papal authorities and sealed by the Pope. The right hand side, written in Greek, was never signed, and the union never happened.

 

 

 

  

  Le monachisme à Byzance

 

Parmi les aspects les plus originaux de la vie à Byzance, et plus particulièrement à Constantinople, il convient d'évoquer la véritable vénération dont les moines faisaient l'objet, vénération qui s'étendait à tous ceux dont la vie était fondée sur un idéal religieux.

 

The Monks and Monasteries of Constantinople - Cambridge University

Éditeur : Cambridge University Press - Édition : Reissue (3 mars 2011)

Langue : Anglais - ISBN-13 : 978-0521208895

 

 

 ► Introduction au monachisme byzantin - ici -

 

 

Quelle que soit l'époque considérée, la population monastique était de l'ordre de plusieurs milliers de personnes réparties dans les quelques centaines de couvents qui parsemaient la ville. Le monachisme byzantin est à la fois symptomatique de la société médiévale profondément religieuse et du christianisme d'Orient qui, très tôt, fit une place toute particulière à la vocation monastique dans l'expression de la foi.

 

L'Europe occidentale, naturellement plus cléricale, vit se développer beaucoup plus tardivement cette forme très particulière de la vie chrétienne que constitue le fait d'être moine.

 

Plusieurs traits révèlent la popularité des moines et de la vie monastique. Tous les princes de l'Église d'un rang élevé étaient issus des monastères et ces hommes étaient en mesure d'atteindre une formidable popularité; cette tradition a survécu à l'époque moderne avec Monseigneur Makarios, qui est devenu président de Chypre.

 

On tenait généralement compte des avis du haut clergé et l'empereur prenait des risques à passer outre leurs admonestations. À cet égard, la tradition byzantine se rapproche étroitement de celles des autres régions du Moyen-Orient; en Palestine, les prophètes de l'Ancien Testament profitaient de leur autorité morale pour s'opposer au roi, et le gourou a exercé un rôle très semblable dans la vie indienne durant de nombreux siècles.

La Vierge Odegitria, l'une des icônes les plus célèbres de Constantinople

One of the most famous icons of Constantinople, the Odegitria Virgin, so named after the Monastery of Odegon where it was long enshrined. According to tradition it was painted by saint Luke himself.

 

 

Les hauts dignitaires de l'État, et tout ce que Constantinople comptait de gens riches et cultivés, recherchaient la compagnie des moines, pour la plupart érudits, brillants polémistes, hommes avisés dont le conseil, tant en politique qu'en théologie, était extrêmement précieux.

 

Entrer dans les ordres constituait pour un homme de condition une carrière des plus honorables et le mode de vie qui était propre à la vie monacale passait, à bien des égards, pour attrayant.

 

Hormis la bibliothèque du patriarcat de Constantinople, aucune ne pouvait rivaliser avec celles des grands monastères, riches non seulement de leurs ouvrages mais encore de tout le savoir détenu par leurs cénobites.

 

Ceux-ci, leur vie durant, étaient certains de jouir de l'estime générale, de parvenir au plus haut degré de l'érudition et de vivre dans la compagnie de lettrés, sans avoir la crainte du lendemain dans un environnement marqué du sceau de la précarité. Il en était de même des couvents de nonnes, toutefois moins nombreux, qu'abritait la cité.

Mosaïque de la Déisis, basilique Sainte-Sophie à Constantinople 

Cependant, ce n'est pas la seule recherche de la sécurité et du prestige social qui poussait nombre de jeunes Byzantins à opter pour la carrière monastique. Celle-ci leur apparaissait plutôt comme le mode d'existence le plus apte à préparer à la vie de l'au-delà.

 

En effet, avec sa résurrection et son exaltation à la droite du Père, le Christ est le premier-né d'une nouvelle création à laquelle participent tous ceux qui, par leur baptême, ont abandonné dans les eaux la dépouille du vieil homme pour revêtir l'Homme Nouveau. "Citoyens de la maison de Dieu", comme le dit saint Paul dans l'épître aux Éphésiens, ils sont en exil dans ce monde de ténèbres avec lequel ils ont rompu par leur attachement au Christ.

 

Monastère byzantin de la Vierge Marie Chozoviotissa sur l'île grecque d'Amorgos   Le monastère byzantin de la Vierge Marie Chozoviotissa (1088) est l'une des principales attractions de l'île grecque d'Amorgos  Le monastère byzantin de la Vierge Marie Chozoviotissa est l'une des principales attractions de l'île grecque d'Amorgos 

 

 ► Diaporama du monastère de Chozoviotissa - ici -

 

 

C'est pourquoi, l'une des expressions grecques désignant l'entrée dans les ordres se disait: "quitter le monde". Car le chrétien est libre de toute dette envers le monde et n'a plus à vivre selon l'esprit du monde. Il n'est débiteur que devant Dieu qui l'a racheté, par le sang de son fils, au pouvoir du "Prince de ce monde".

 

La vie monastique, entièrement tournée vers la prière, avait pour mission d'incarner cette irruption du royaume de Dieu sur terre et la possibilité offerte à tout homme de goûter, dès ici-bas, les prémices du paradis.

 

Les funérailles d'un moine suivaient un rituel destiné à rappeler à tous qu'ils avaient, en prenant l'habit de moine, endossé le vêtement noir du deuil, qu'ils étaient veufs du monde, tandis qu'ils portaient, sous la bure, la chemise immaculée du baptême, symbole du Christ ressuscité.

Triptyque Harbaville - Milieu du Xe siècle - Musée du Louvre

Le triptyque s'organise autour de la représentation de la Deesis: la Vierge et saint Jean-Baptiste intercèdent pour l'humanité auprès du Christ trônant. En dessous et sur les volets, les apôtres, les saints évêques, martyrs et saints militaires s'associent à cette prière. Ce chef-d’œuvre du classicisme byzantin est le plus raffiné des ivoires de l'atelier impérial dit de "Romanos". Il constitue un témoin majeur de la renaissance des arts à Byzance sous les empereurs macédoniens.

 

 

C'était chose assez courante qu'un politicien influent, ou même un empereur ou un membre de la famille impériale, devienne moine. C'était une manière élégante de se retirer, une fois devenu vieux ou bien d'échapper, par ce biais, aux poursuites de ses rivaux.

 

Les monastères et couvents de Constantinople abritèrent à toutes les époques nombre de personnes de qualité; les unes venaient volontairement, les autres sous la contrainte.

 

En 944, Romain 1er Lécapène fut relégué par ses fils dans un monastère d'une île de la mer de Marmara, et, en 1081, Nicéphore III se retira volontairement au monastère de la Péribleptos à Constantinople; Hélène, la dernière impératrice byzantine, femme de Manuel II Paléologue, finit ses jours dans un monastère où elle avait eu la joie d'être admise comme simple nonne, sous le nom d'Hypomène.

 

Monastère de Sumela, province de Trabzon en Turquie Fondé en 386 ?, le Monastère de Sumela se situe dans la province de Trabzon en TurquieFondé en 386 ?, le Monastère de Sumela se situe dans la province de Trabzon en TurquieFondé en 386 ?, le Monastère de Sumela se situe dans la province de Trabzon en Turquie

 

 ► Diaporama du monastère de Sumela - ici -

 

 

On peut en déduire que les monastères de Constantinople n'étaient pas nécessairement les lieux d'une ascétique retraite. Depuis les premiers siècles, l'on a établi une distinction entre le saint homme, qui vivait en ermite dans un désert ou quelque lieu écarté (anachorète) et celui qui choisissait la retraite conventuelle parmi d'autres frères (cénobite).

 

Des monastères ou couvents pouvaient également exister dans une région inhabitée, mais ceux de Constantinople attiraient évidemment les moines et nonnes qui désiraient vivre dans un environnement moins sauvage.

 

L'on sait qu'une bonne partie des figures les plus marquantes du monachisme constantinopolitain étaient originaires des provinces; ceux qui voulaient couler l'existence plus paisible qu'offrait le monastère d'une petite ville, ou l'isolement du mont Athos avaient toujours la possibilité de le faire.

 

Il est toutefois très probable que les moines des monastères citadins (thèse avérée dans le cas des plus grands d'entre eux comme le Stoudion, le Pantocrator et la Péribleptos) entraient là pour satisfaire leur besoin d'étude, de recherche intellectuelle et de discussions savantes avec leurs condisciples et tous les lettrés que la ville recelait.

 

Monastère Alahan - province d'Içel en Turquie Monastère Alahan - est un site protobyzantin, situé dans la province d'Içel en TurquieMonastère Alahan - est un site protobyzantin, situé dans la province d'Içel en Turquie

 

 ► Diaporama du monastère d'Alahan - ici -

 

 

Publication de María Teresa Viviani, Instituto de Estética, Facultad de Filosofía Pontificia Universidad Católica de Chile:

 

En esta investigación se propone una interpretación de un grupo de iglesias cristianas construidas en Egipto, entre los S. IV y VII, considerando ciertos vínculos entre la estética y el dogma. Este trabajo se inscribe en una línea de investigación sobre las comunidades cristianas de los primeros siglos en el Medio Oriente, Arrianos, Capadocios, Nestorianos y Monofisitas.

 

Para poder estudiar la arquitectura y pintura de las iglesias, y recrear los espacios arquitectónicos y sus usos litúrgicos, tenemos que estar dispuestos a trabajar con un inventario arqueológico de ruinas y despojos. No es tarea fácil.

 

He tenido que trabajar con plantas y elevaciones reconstituidas de edificios, restos materiales de monumentos y algunos fragmentos restaurados de pinturas. Como ayuda, he recurrido a monumentos de siglos posteriores, en donde se han mantenido los rasgos de las primeras épocas y he considerado algunas características de las actuales iglesias coptas.

 

Recordando que la liturgia de la iglesia copta fue siempre cantada por monjes herederos de una antigua tradición y sensibilidad musical egipcia, se siente con más fuerza el silencio de las ruinas, de los espacios saqueados, abandonados y castigados.

 

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 ► Lire la suite de la publication - ici -

 

 

Le monachisme byzantin se distingue de son homologue occidental en ce qu'il n'éprouva pas le besoin de s'organiser selon un système d'ordres obéissant à des règles différentes, émanations de multiples courants de spiritualité. Au contraire, les moines orthodoxes observaient tous la règle de saint Basile, dont la caractéristique essentielle était la défiance à l'égard des excès d'ascétisme auxquels tendait la tradition érémitique.

 

La règle instituait des heures pour l'adoration et d'autres pour le travail et imposait l'idéal de pauvreté et de chasteté, comme en Occident; l'éducation des enfants faisait également partie des devoirs de l'état monastique, là où c'était nécessaire.

 

Les moines orthodoxes contemporains suivent toujours la règle de saint Basile.

 

Si les monastères évoluèrent de cette façon dans le monde byzantin; c'est que, parallèlement au cénobitisme, se développa un riche courant anachorétique.

 

L'ermite, bien qu'il ne fût pas généralement un homme d'une grande culture, était surtout estimé en vertu de sa sagesse spirituelle et de son autorité morale qui lui attiraient souvent le respect et la dévotion de milliers de personnes.

 

Appelé "saint homme" (le terme grec hosios est différent du terme hagios qui désigne le saint), le solitaire occupait une place à part dans le monde orthodoxe et faisait l'objet d'une grande admiration.

 

Il faut signaler que les premiers moines furent des ermites qui cherchaient la solitude dans le désert d'Égypte, au IVe siècle, puis formèrent, par la suite, des communautés qui débouchèrent sur une forme de vie plus communautaire, sous la conduite de saint Antoine.

 

Selime dans la vallée d'Ihlara en Cappadoce, Turquie Monastère de Selime dans la vallée d'Ihlara en Cappadoce, TurquieMonastère de Selime dans la vallée d'Ihlara en Cappadoce, TurquieMonastère de Selime dans la vallée d'Ihlara en Cappadoce, Turquie

 

 ► Diaporama du monastère de Selime - ici -

 

 

Les ermites prenaient la décision de "quitter le monde" et s'installaient en un lieu retiré et inaccessible afin de vivre l'Évangile dans toute sa force, sans rien concéder aux compromissions du siècle.

 

Ainsi, dénués de tout, ayant même renoncé au bien affectif que constitue la compagnie des autres hommes, proclamant dans leur chair que "Dieu suffit", qu'il comble de sa présence ceux qui ne prétendent qu'à contempler Sa Face, les ermites incarnèrent le cœur incandescent du christianisme qui n'est pas un perfectionnisme mais grâce divine, laquelle rend cent pour un.

 

Aujourd'hui encore, le mont Athos abrite nombre d'ermites qui vivent dans des huttes minuscules, perchées sur des corniches rocheuses. Ce sont les survivants d'une tradition de vie ascétique qui remonte aux premiers siècles byzantins.

 

Le charisme des anachorètes était bien différent de celui des cénobites quoiqu'ils fussent tous deux complémentaires. La vie du solitaire avait bien peu de points communs avec celle des moines au sein d'une communauté de prière et le partage des tâches communes: elle était contemplation solitaire et renoncement total aux préoccupations de ce monde.

 

Ayant élu les solitudes désertiques pour vivre dans toute sa radicalité leur vocation religieuse, ces ermites eussent pu rester ignorés de la foule constantinopolitaine occupée à vaquer à ses mille affaires, si certains anachorètes n'avaient choisi de se "retirer du monde" au sein même de la bruyante capitale byzantine.

 

Quoique plus sporadique, cette forme de retraite était extrêmement populaire et ceux qui l'adoptaient jouissaient d'une grande vénération. Il s'agissait, pour ce type d'ermites, d'élire domicile au sommet d'une colonnade ou même d'une grosse colonne.

Saint Siméon d'Antioche

Le précurseur, en l'occurrence, fut saint Siméon (389 † 459) qui vécut près d'Antioche, au IVe siècle. Bien connu grâce à son biographe l'évêque syrien Théodoret de Cyr, l'une des sources les plus fiables de nos connaissances de l'ancien Proche-Orient chrétien, sa célébrité fut extrême et l'on venait en masse au pied de sa colonne afin d'écouter son enseignement (infos).

 

Son exemple fit école et l'on compta, à certaines époques, plusieurs centaines de stylites en Orient, ce mode de vie n'ayant eu qu'un seul adepte en Occident dans la personne du Lombard Vulfilaïe qui vécut au VIIe siècle.

 

Au Ve siècle, juste hors les murs de Constantinople, saint Daniel le Stylite vécut sur une colonne de l'âge de quarante-sept ans à sa mort survenue à quatre-vingt-quatre ans. C'était une personnalité en vue de la cité, très révérée, créditée de pouvoirs remarquables de guérison.

Bas-relief du Ve ou VIe s. le saint reçoit la visite d'un homme qui tient probablement un encensoir

Au Ve siècle encore, il est attesté qu'un stylite nommé Jean vécut sur une colonne au milieu du complexe de bâtiments officiels de l'Hebdomon. On rapporte encore qu'un stylite du Xe siècle, vivant dans le quartier d'Eutropiou, et qui avait déjà supporté les aléas de ce genre de vie, fut précipité dans la mer de Marmara, sa colonne toute proche ayant été ébranlée par une secousse sismique d'une certaine importance.

 

On rencontrait encore des stylites en 1204, et l'on possède de cette époque une merveilleuse description que fit un Occidental, Robert de Clari, dans son récit de la quatrième croisade.

enfin un endroit pour prier !  

 

 

  

  Le monachisme en Palestine

Monastère St Georges de Koziba - Israël

 

Le monastère orthodoxe grec de Saint-Georges de Coziba fut construit vers la fin du Ve siècle par Jean de Thèbes, qui après être devenu un ermite quitta l'Égypte en 480. Le monastère originellement dédié à la Vierge Marie, fut baptisé Saint-Georges en mémoire de Gorgias de Coziba.

 

Taillé dans la paroi rocheuse du désert de Judée, il se situe dans un lieu magnifique, entouré d’un jardin suspendu luxuriant. Ce monastère permettait aux ermites qui vivaient dans les grottes aux alentours de se retrouver pour célébrer ensemble les fêtes et partager leur repas.

 

Monastère St Georges de Koziba - Israël Monastère St Georges de Koziba - Israël

 

C’est ici que la tradition situe le lieu de repos d’Élie lors de sa route vers le Sinaï, lorsqu’il se cachait de la reine Jézabel. Il fut alors nourri par les corbeaux (1 R 17,5-6). Une autre tradition est venue s’y ajouter: dans une grotte de ces environs, Joachim aurait reçu la visite d’un ange lui annonçant que sa femme Anne, stérile, serait bientôt enceinte d’une petite fille qui sera la mère de Jésus.

 

Florissant au Ve siècle, il a été fortement endommagé par les Perses en 614, puis abandonné. C’est un des monastères les plus anciens du pays qui renferme des fresques rupestres des Ve et VIe siècles. De très belles mosaïques du VIe siècle sont visibles dans les églises Saint-Jean et Saint-Georges.

 

L'ensemble des bâtiments conventuels actuels a été reconstruit en 1878 et 1901. L’Église centrale est toujours dédiée à la Mère de Dieu. Le monastère abrite une petite communauté de moines grecs orthodoxes qui y perpétuent leur règle de vie.

Monastère St georges de Koziba - Israël

 ► Diaporama du monastère de Saint-Georges de Koziba - ici -

 

 

Monastère de Sainte-Catherine du Sinaïe - Egypte

Image satellite HD de Spot Image, cliquez - ici -

 

 

 ► Site inscrit en 2002 au Patrimoine mondial de l'UNESCO - ici -

 

 

C'est au pied du mont Sinaï ou Djebel Moussa "montagne de Moïse", que les orthodoxes édifièrent au VIe siècle, un monastère sur l'ordre de l'empereur romain Justinien (483 † 565). Ce n'est qu'au XIIIe siècle qu'il prendra le nom de monastère de Sainte-Catherine du Sinaï, du nom de cette jeune fille née à Alexandrie qui tint tête au début du IVe siècle à l’empereur Maxence (c. 278 † 312).

 

Monastère de Sainte-Catherine du Sinaï - Egypte Monastère de Sainte-Catherine du Sinaï - Egypte

 

À l’intérieur de l’enceinte, qui conserve sa silhouette primitive, et ne fut jamais, au cours des siècles, ni conquise, ni détruite, se regroupent des constructions d’époques diverses, dont une église, une mosquée, un musée, une bibliothèque, un ossuaire et les bâtiments conventuels du plus vieux monastère chrétien élevé à l’endroit précis où Dieu se serait révélé à Moïse dans le miracle du Buisson ardent.

Monastère de Sainte-Catherine du Sinaï - Egypte

 

 

 

 

 ► Diaporama du monastère de Sainte-Catherine - ici -

 

 

Outre la mosaïque de la Transfiguration que l'on considère comme l'une des plus remarquables mosaïques byzantines, à l'égal de celles de Constantinople et de Ravenne, la bibliothèque présente une des collections les plus riches au monde, et la seconde après la bibliothèque Vaticane avec 3.000 manuscrits anciens, certains d'entre eux étant plus vieux que le monastère lui-même.

 

La pièce d’exception est sans conteste un manuscrit du milieu du IVe siècle, le Codex Syriacus, traduction des Évangiles en Syrien et la plus vieille adaptation de la Bible en chacune des autres langues.

Monastère de Sainte-Catherine du Sinaï - Codex Syriacus

Codex Sinaiticus is one of the most important books in the world. Handwritten well over 1600 years ago, the manuscript contains the Christian Bible in Greek, including the oldest complete copy of the New Testament. Its heavily corrected text is of outstanding importance for the history of the Bible and the manuscript – the oldest substantial book to survive Antiquity – is of supreme importance for the history of the book.

 

 ► Pour découvrir les textes du Codex Sinaiticus - ici -

 

 

 

  

  L'édit de Muhammad au mont Carmel...?

 

Au cours de l'année 1696, un dénommé Brio fait publier à Amsterdam un livre intitulé Histoire juridique de l'Empire mahométan qui reproduit in extenso le texte d'un édit attribué à Muhammad, futur prophète de l'Islam, rédigé lors de son passage au monastère Sainte-Catherine, dans le Sinaï.

 

En 1858, J. G. Pitzipios-Bey dans l'Annexe II de son livre L'Orient - Les Réformes de l'Empire Bysantin édité à Paris par E. Dentu, Libraire-Éditeur, présente pages 213 et suivantes, une traduction intégrale de cet édit appelé firmân à partir de l'époque ottomane (XVIe siècle):

 

Mahomet, comme nous l'avons déjà dit, était bien convaincu qu'il ne pouvait pas attaquer de prime abord le christianisme, à cause de l'immense influence que cette religion avait déjà acquise; il jugea au contraire de son propre intérêt d'avoir l'air de le tolérer et de le protéger, jusqu'à ce que l'islamisme eût pris de l'extension et qu'il eût assez de force pour combattre et détruire de fond en comble et le christianisme et la civilisation chrétienne.

 

C'est là le motif qui le poussa à publier, la quatrième année de l'hégire (626 ans après Jésus-Christ), le fameux édit en faveur des chrétiens auquel il donna lui-même le nom de traité éternel.

 

Deux originaux de cet acte en langue arabe se sont conservés jusqu'à nos jours.

 

L'un de ces deux originaux est celui qui avait été remis par Mahomet aux religieux du couvent de Sainte-Catherine, fondé par l'empereur Justinien en 527 sur le mont Sinaï en Arabie, et qui subsiste encore aujourd'hui, sous la direction d'un évêque, qui porte le nom d'archevêque de Sinaï et qui réside ordinairement à Constantinople pour protéger près des Turcs les intérêts de son couvent.

 J. G. Pitzipios-Bey - Le Traité Eternel de Mahomet

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 ► Pour lire la suite du document et la traduction de  l'édit - ici -

 

 

Aujourd'hui, tout porte à croire que cet édit serait un habile subterfuge des moines de Sainte-Catherine, consistant à forger de toutes pièces la tradition du passage de Muhammad dans leur monastère, après l'invasion dans les années 630-640 du Sinaï par les armées arabo-musulmanes.

 

En effet, à compter de cette période, le sud du Sinaï qui relevait alors politiquement de la province de Palestine et religieusement du patriarche de Jérusalem, fut soumis aux lois de l'islam.

 

Si dans un premier temps les édifices chrétiens et les moines du Sinaï furent épargnés, au fil des siècles le contrôle du pouvoir musulman se fit plus menaçant.

 

Dès lors, à la moindre menace, les moines vont utiliser ce document qui leur octroyait un certain nombre de privilèges, pour revendiquer leurs droits aux représentants du pouvoir musulman, ou lorsqu'un nouveau pouvoir se mettait en place au Caire ou à Istanbul.

Sinaï - Monastère Sainte-Catherine par David Roberts - 1846

 

 

  

  Le monachisme au mont Carmel

   Mont Carmel: HaCarmel - jardin de Dieu

Carte delta du nil - Palestine

 

Le mont Carmel

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 ► Cartes de la Bible - ici -

 

 ► Carte routière d'Israël en anglais + photos aériennes - ici -

Ortelius Abraham - 1527-1598 - Antwerp - 1601

 

 

  

  Élie le prophète (IXe siècle av. J.-C.)

 

Élie le Tishbite, de Tishbé en Galaad (sur les hauteurs d'une chaîne montagneuse à l'est du Jourdain), s'appelait Elliyyahou. L'Ancien Testament a laissé l'image d'une personnalité religieuse extrêmement riche, contrastée et complexe. Si l'aspect ascétique est indéniable, c'est avant tout un solitaire.

Elijah

Élie passera sa vie à ramener ses contemporains au yahwisme absolu et exclusif, au monothéisme d'Abraham et de Moïse, en s'opposant aux adeptes et prophètes du culte de Baal (dans la Bible ce mot ne désigne aucune identité précise, mais rassemble toutes les divinités qui pourraient détourner le peuple de Yahvé du droit chemin), et de la déesse Ashérah.

 

 

 

  

  Le mont Carmel

 

Le mont Carmel (Har HaKarmel, jardin de Dieu), n'est pas à proprement parler une montagne qui domine la mer à sa pointe ouest, mais une crête côtière orientée nord-nord-ouest vers sud-sud-est, très accidentée par un jeu complexe de failles, qui se caractérise par la prédominance de calcaires et de silex.

 

Cet éperon mesure plus de 39 km de long pour une largeur de 8 km environ, son point culminant est le Rom Carmel ou mont Carmel, sommet arrondi qui s’élève à 546 m d’altitude.

 

Il est un prolongement du massif montagneux central (cénomanien ou mésocrétacé), complété par des alluvions éocènes: au moment du soulèvement des sédiments, il se produira une faille vers l’est dont le rôle historique sera important, puisque c’est ici le seul passage de la via maris, c’est la célèbre passe de Mégiddo, fréquemment mentionnée dans le texte biblique, comme la route commerciale, datant du début de l'Âge du Bronze, reliant le nord de l'Égypte ancienne, vers la Phénicie.

Meggido

Outre le fait que le massif jouit d'une réputation de montagne sacrée depuis les temps les plus reculés jusqu'aux prophètes bibliques et Élie, le Levant fait partie d'une "Out of Africa", corridor géographique pour la dispersion humaine depuis les terres africaines.

 

Les fouilles archéologiques des grottes d'Amud, Qafzeh, Misliya, Tabun, (El-Wad, Jamal et Skhul) , Kebara et Qesem (infos), ont ainsi permis de mettre à jour des fossiles d'humains anatomiquement moderne, l'Acheulo-Yabrudian, le dernier de la culture du Paléolithique inférieur dans le Levant, et d'humains du début du Moustérien du Levant, aussi connus comme Moustérien de Tabun type D (infos).

Site archéologique de Tabun

 

 

 

 

 

 ► Grottes préhistoriques du mont-Carmel - ici -

 

 ► Site inscrit en 2012 au Patrimoine mondial de l'UNESCO - ici -

 

 

On trouve une première mention de cette crête de montagne dans des textes égyptiens du XVe siècle av. J.-C., où Thoutmosis III recense un promontoire sacré parmi ses territoires cananéens. Les Grecs et les Romains l'appelaient la "montagne sacrée de Zeus". À l'époque romaine, le culte de Jupiter Carmelus Heliopolitanus y fut apparemment célébré.

Jupiter Heliopolitanus

Statuette de bronze du fameux Jupiter du temple de Baalbek, dit Jupiter Héliopolitanus caractéristique du syncrétisme religieux de l'Orient hellénisé, provenant de Kefr Djezzin, près de Berdja, sur la côte sud de Djebaïl, l'antique Byblos. Couverte d'une belle patine verte, elle conserve encore les traces de dorure.

 

Elle représente un personnage debout, aux longs cheveux coiffés à l'égyptienne, la face imberbe et efféminée, le bras droit relevé, le gauche ramené contre la poitrine; il est vêtu d'une longue tunique collante, divisée en panneaux sur lesquels sont figurés les bustes de divinités: Hélios, Séléné, Athéna, Hermès, Zeus, Héra et Cronos. Conformément à la tradition, le dieu tenait de la main droite le fouet, et de la gauche une poignée d'épis.

 

Alors que plusieurs prophètes bibliques dont Élie (IXe siècle avant J.-C.), Élisée (vers VIIIe siècle avant J.-C.), Jérémie (VIe siècle av. J.-C.) "Le vivant, moi, harangue du roi! Son nom: IHVH-Adonaï Sebaot! Oui, comme le Tabor parmi les monts, comme le Karmèl sur la mer, il vient! (Jérémie 46:18 - Bible Chouraqui - 1977 Éditions Deslée de Brouwer)", ont chanté ses louanges, le mont Carmel n'est curieusement jamais mentionné dans le Nouveau Testament, ni par d'autres écrits néotestamentaires.

 

Ce pays dans l’Antiquité n’avait sans doute pas grand-chose à voir avec l’aspect très fertile et populeux que nous lui connaissons aujourd’hui. En fait, le littoral uniquement sableux ne permettait pas vraiment d’installations portuaires de quelque envergure, à l’exception d'Ashdod et de Dor.

 

Il faudra attendre les grands travaux d’Hérode le Grand et la mise au point d’une nouvelle économie à l’échelle de la Méditerranée pour qu’on entreprenne la construction totalement artificielle du port de Césarée qui vit saint Paul embarquer et débarquer à plusieurs reprises...

 

Par ailleurs, les moyens d’irrigation de l’époque étaient restreints et ne permettaient pas par exemple la culture du citronnier et des autres agrumes qui font maintenant la réputation agricole de la plaine de Sharon: donc il n’y avait pas non plus de villages juifs dans cette partie du pays.

Systèmes aquifères permettant une sédentarisation

Si l’on ajoute à cela que le bord de mer était impraticable et quasiment inconstructible à cause des dunes qui ne sont toujours pas vraiment stabilisées de nos jours, on comprend que cette plaine côtière ne parut jamais intéressante à conquérir.

Ptolemy - Strassburg - 1513

Dès l'Antiquité, l'embouchure de la rivière Kishon a servi comme port aux Égyptiens qui commerçaient avec la Grèce et Chypre. Plus tard, selon les données archéologiques, les proto-israélites se constituent progressivement en communauté culturellement différenciée à la fin de l'âge du bronze récent et au début du Fer I, soit à partir des populations cananéennes locales, soit à partir de la sédentarisation de Sémites nomades (selon l'archéologue israélien Finkelstein).

 

Cette période formative est contemporaine des "siècles obscurs" correspondant approximativement à l'effondrement politique et économique du système cananéen et à l'arrivée des "Peuples de la mer".

 

Les Philistins ou Peuple de la mer s’y installèrent, probablement vers le milieu du XIe siècle av. J.-C., après leur défaite dans le delta du Nil, face à la flotte égyptienne de Ramsès III en 1170, et ce jusqu'à la conquête assyrienne de Teglath-Phalasar III en –732 av. J.-C.

Combat des flottes philistienne et égyptienne de Ramsès III en 1170

Egyptian and Sea Peoples warriors clash in an epic naval battle in about 1177 B.C. The scene is preserved on the walls of Medinet Habu, mortuary temple of Pharaoh Ramesses III. The color drawing (above), based on the reliefs (below), provides an easier-to-see view of the engagement. In the drawing the Sea Peoples, of whom the Philistines are the best-known, are at center and right, identifiable by their feathered headdresses, standing upright like brushes.

 

Dans un premier temps, s’implanter dans une région côtière n’était pas pour leur déplaire, mais très vite ils éprouvèrent le besoin de rechercher un hinterland agricole pour leurs cités: ce fut l’origine des combats dont nous lisons les récits dans les livres de Samuel, sous Saül et David...

 

Au tournant du premier millénaire, les proto-israélites se structureront pour donner le royaume du Nord (Israël), vaste et prospère (en particulier sous la dynastie des Omrides), et un petit royaume, ou plutôt une chefferie locale, du sud (Juda). Le royaume de Juda n'émergera vraiment qu'à partir de la chute de son homologue nordique sous les coups des Assyriens (-722) avant de succomber lui-même aux prises avec les Néo-babyloniens (Nabuchodonosor, -582).

Saül réunifie les 12 tribus et règne sur le peuple d'Israël

Jusqu'alors connu comme une zone montagneuse inculte, refuge d'anachorètes et de prophètes errants, le mont Carmel prend un intérêt géopolitique à la mort du roi Salomon. Alors que son fils Roboam s'apprêtait à lui succéder, une révolte populaire conduisit Jéroboam, ancien fonctionnaire du royaume exilé en Égypte, à en prendre la tête. Jéroboam rejoint par la tribu d'Éphraïm, participèrent au rassemblement des anciens du peuple réunis dans la vieille cité de Sichem.

 

Quand Roboam arriva à Sichem, les anciens lui dirent: "Ton père a fait peser sur nous un joug très lourd, allège-le, et nous te servirons". Mais Roboam leur répondit brutalement: "Je rendrai ce joug plus lourd encore".

 

Alors les Fils d'Éphraïm s'écrièrent: "Qu'avons-nous à faire avec la maison de David? Juifs, rentrez dans vos foyers! "Éphraïm et neuf autres tribus désignèrent comme roi Jéroboam. Seules, les tribus de Juda et de Benjamin reconnurent Roboam comme roi.

 

Ainsi, en 930 av. J.-C., une scission divisa le royaume juif en deux parties:

 

  au nord, les dix tribus des Fils d'Éphraïm qui se révoltèrent contre le
      pouvoir des rois davidiens formèrent le Royaume d'Israël, dont la
      capitale fut Samarie, le mont Carmel marquant la frontière entre la tribu
      d'Aser fondée par Aser et de Manassé fondée par Yossef (Joseph en
      français), père de Menaché (Manassé en français).

 

   au sud, les tribus de Benjamin et de Juda forment le Royaume de Juda.

Scission du royaume de Salomon

Cette scission sera pour partie à l'origine d'un récit de l'Ancien Testament (I Rois 18) qui relate le sacrifice du mont Carmel, où Élie le Thesbite, affronta et massacra 450 prophètes des Baals et 400 de la déesse Astarté, tous proches du roi Achab (entre 874 et 853 av. J.C.) et de son épouse Jézabel, la fille du roi des Sidoniens.

 

À cette époque, le roi Achab avait établi officiellement dans son royaume le culte des Baals, dieux de la fertilité phénicienne et d'Astarté (élément féminin du couple suprême qu'elle forme avec les Baals), dont la popularité croissante menaçait d'éclipser la fidélité du peuple à Dieu, ce qui n'est pas si surprenant, si l'on considère le besoin vital de fertilité et de pluie dans une région aussi aride.

Baal et Astarté

Ancien Testament (I Rois 18 / 20-40): La sécheresse affligeait la contrée depuis plus de trois ans, et une grande partie de la population avait déjà été décimée; mais Dieu, respectant le serment de son Prophète, ne voulait pas montrer sa miséricorde avant qu'Élie n'eût compris qu'Il ne désire pas la mort des pécheurs mais qu'ils se convertissent.

 

Il envoya alors le Prophète auprès du roi Achab, pour lui annoncer que le fléau allait bientôt cesser. Élie apparut devant le roi stupéfait de voir venir à lui, librement, celui qu'il avait fait rechercher partout, et il l'invita à rassembler tout le peuple d'Israël sur le mont Carmel, afin qu'il soit témoin de sa confrontation avec les 450 prophètes de Baal et les 400 prophètes des bois sacrés entretenus par l'infâme Jézabel.

 

Une fois cette grande assemblée réunie, Élie dit aux faux prophètes: "Jusqu'à quand boiterez-vous sur les deux jarrets? Si le Seigneur est Dieu, allez à sa suite! Si c'est Baal, allez à lui!" Il prescrivit d'apprêter deux taureaux pour le sacrifice et de les placer sur le bûcher, mais sans allumer de feu, et il laissa les faux prophètes sacrifier les premiers.

 

Ceux-ci invoquèrent à grands cris le dieu Baal, en se lacérant, de l'aube jusqu'au soir, mais en vain. Élie se moquait d'eux, les encourageant à crier plus fort, de peur que leur dieu ne soit endormi ou occupé à quelque autre affaire.

 

Le soir venu, le Prophète érigea un Autel avec douze pierres, représentant les douze tribus d'Israël, creusa un large fossé autour de l'Autel, sur lequel il avait placé le taureau dûment dépecé, et il ordonna de verser, à trois reprises, de l'eau en abondance sur la victime, de manière à ce qu'elle remplisse le fossé en débordant.

 

Puis il poussa un grand cri vers le ciel, invoquant le Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob. Aussitôt un feu tomba du ciel et dévora l'holocauste, le bois et l'eau. Le peuple entier tomba alors la face contre terre en criant: "Vraiment le Seigneur est le seul Dieu!" Sur l'ordre d'Élie, on s'empara des faux prophètes, et l'homme de Dieu les égorgea de ses propres mains au torrent de Cisson.

 

Il annonça ensuite à Achab que la sécheresse allait bientôt cesser, puis monta au sommet du Carmel et, se penchant vers la terre, la tête entre les genoux et l'intelligence rassemblée dans le cœur, il se mit en prière. À sept reprises il envoya son serviteur observer l'horizon, en direction de la mer, et la septième fois un petit nuage apparut, le ciel s'obscurcit et la pluie tomba en abondance, répandant sur la terre la bénédiction céleste.

 

Lucas Cranach the Younger – 1515-1586

Lucas Cranach the Younger – 1515-1586 - Elijah and the Priests of Baal 1545.

Oil on wood – 1.275 m x 2.42 m.

Staatliche Kunstsammlungen, Germädegalerie Alte Meister, Dresden.

 

 

 

  

  Topo-onomastique du mont Carmel et de Wadi Siach

 

En partant du récit biblique, les traditions hébraïque et chrétienne ont situé en des points déterminés du mont Carmel, principalement autour du promontoire qui s'avance dans la Méditerranée et sur le mont El-Muhraqa, les lieux où vécurent les deux prophètes et leurs disciples:

Légende

1) Le mont Carmel 2) La grotte d'Élie 3) La grotte d'Élisée 4) Les grottes des religieux 5) Un grand monastère de Carmes 6) Une autre grotte où Élie couchait 7) Le premier monastère bâti pour les Carmes 8) La fontaine d'Élie (positionnement erroné) 9) Le lieu du sacrifice d'Élie 10) Le torrent de Cison 11) La ville de Caiphas 12) Le port de Saint-Jean-d'Acre 13) La ville de Saint-Jean-d'Acre 14) La rivière Belus.

 

 

 ► Plans annotés du mont Carmel - ici -

 

Mont Carmel - localisation des sites carmélitains  

 

 

  

  L'École des prophètes ou grotte d'Élie

 

Au pied du promontoire du mont Carmel, face à la mer, cette grotte est l'une des plus sacrés de la Terre sainte, car selon la tradition et l'imaginaire collectif des religions juive, chrétienne, musulmane et druze, elle aurait été l'un des endroits où le Prophète Élie a vécu. Constituée d'une vaste salle rectangulaire (env. 14 m x 8 m x 5 m ht) avec de petites cavités dans ses flancs est et nord.

Grotte d'Elie

Appelée en arabe "el-Khader", c'est-à-dire "Le Verdoyant", et en hébreu "Nacarata Eliyahu" qui signifie "Grotte de Saint-Élie", cette salle renferme plusieurs centaines de graffitis grecs païens datant probablement du IIe siècle av. J.-C., qui témoignent qu'à l'époque hellénique elle a pu être le centre d'un culte dédié à Adonis ou Tammouz.

Grotte d'Elie - graffitis grecs

En entrant, dans le flanc gauche de cette salle fut creusé un oratoire dédié à la Vierge Marie, car selon la légende, la Sainte Famille y aurait passé une nuit en revenant de son exil en Égypte, c'est pourquoi les chrétiens la connurent sous le nom de "Grotte de Notre-Dame".

 

Au VIe siècle, les Byzantins édifièrent sur ce site un monastère dédié à saint Élie, dont le culte se superposa au culte païen précédent. Ce monastère fut détruit par les Perses en 614.

 

Vers 1150, un moine grec, originaire de Calabre, établit une communauté composée d'une dizaine de membres parmi les ruines de l'ancien monastère, en lui restituant sa dénomination d'origine.

 

Quelques décennies plus tard, vers 1170 ou 1185, c'est le moine Grec Jean Phocas de l'île de Patmos, qui dans la relation de son voyage en Terre sainte écrivit: "A l'extrémité de la chaîne montagneuse qui se trouve près de la mer, s'ouvre la grotte du prophète Élie, dans laquelle cet homme extraordinaire, après avoir vécu comme les anges, fut emporté dans le ciel".

 

Durant les croisades, des cénobites grecs orthodoxes reconstruisent un petit monastère sur les ruines de l'ancien. Vers 1628, nouvelle occupation par un groupe d'ascètes Mamelouks qui se réappropria cette grotte sous le vocable d'el-Khader, afin d'y vénérer Élie.

 

Aujourd'hui, la grotte d'Élie depuis sa conversion en synagogue est contrôlée par le Ministère des services religieux.

Synagogue - partie résevée aux hommes

 ► Grotte d'Élie et Stella Maris - ici -

 

 

 

  

  La terrasse du promontoire

Stella_Maris

 

Le plateau sur lequel s'élève aujourd'hui le couvent carme "Stella Maris" (XVIIIe siècle), est connu aussi comme terrasse du promontoire. Selon un auteur anonyme du IVe siècle après J.-C., le mont était consacré à Jupiter. L'écrivain latin Tacite évoque un dieu qui avait le même nom que la montagne, ce qui fut confirmé par la découverte en 1932 d'un pied votif d'une statue de Jupiter Carmelus Heliopolitanus. Au culte païen succéda la vénération du prophète Élie.

Temples sur le mont_Carmel

Des moines byzantins y édifièrent un monastère sur la pointe extrême de la terrasse. Probablement prit-il le nom de Sainte-Marguerite ou de Sainte-Marine, car c'est ainsi que cette sainte était connue des Chrétiens du Levant. Celui-ci fut détruit par les Perses de Khosro II Parviz en 614. Le lieu où s'élève maintenant le couvent de "Stella Maris" est sans doute le site de l'ancien cimetière monastique de ce couvent.

 

Sous la domination croisée, les Templiers érigèrent un fortin à l'endroit où avait été édifié le monastère byzantin de Sainte-Marguerite. Cette construction est mentionnée à partir de 1172 environ:

 

At Haifa the castrum (or castellum) was also more than just the residence of the lord ot the city. In fact it seems to have represented the nucleus of a new town that had been established in the later eleventh century by the Fatimids, some distance to the west of Old Haifa, which was thereafter deserted.

 

Old Haifa, which had evidently once had a wall and gates, was still being distinguished from New Haifa as late as c. 1172, when Theodoric describes the latter as "castellum ingens. It was probably within the Castle of Haifa that the parish church of St. Mary stood; this may explain the somewhat anomalous status of its priest, Boniface, who in 1164/1165 was denoted both as chaplain of Haifa and as a canon of Caesarea.

 

The castle ("castrum nomine Cayphasi") al contained a square, a church, houses, ovens and a mill, that were granted to the abbey of St. Mary of Josaphat by Tancred, prince of Galilee, in 1515.

Bastion de Haifa

As in Jaffa, it may be assumed that the lord of Haifa would have had his own residence, no doubt also fortified, within the castle. Indeed, the reverse of the seal of Garcia Alvarez (C. 1250), which is inscribed "CASTRUM CAIFE", appears to show three castles: one on a hilltop (evidently the Templar castle on Mount Carmel), another (unidentified) near its foot, and a third (Haifa itself) in tle plain, from which the lord's banner is shown flying.

 

At Mi'ilia (Castellum Regis) there is also evidence for the existence of private houses within the castle. Thus, in October 1179, we find Baldwin IV confirming to Count Joscelin, his seneschal, "the houses that (Petronilla, viscountess of Acre) possessed in my castle, which is called the New Castle, and all the vines and gardens, and every possession that she was seen to possess by hereditary right both in the aforesaid castle and in its territory, both in land and in houses, vines and gardens.

Mount Carmel from the Castle at Sefuriyeh, the Sepphoris of Josephus

Il semble que vers 1200, après avoir retrouvé la terrasse du promontoire occupée par le fortin, un groupe de moines byzantins ait voulu y être présent de nouveau, et qu'ils aient bâti sur l'aire du cimetière, une modeste bâtisse connue des Croisés comme Monastère de Sainte-Marguerite.

 

Après avoir levé les plans des ruines de l'esplanade du promontoire en 1765, Jean-Baptiste de saint-Alexis, frère convers piémontais, dressa les plans d'un nouveau couvent carme, dont la première pierre fut posée en 1767. Ce projet superposait le chœur de la chapelle avec une cavité réputée elle aussi être une grotte fréquentée par Élie, et qui actuellement se trouve sous le maître-autel de la basilique.

Grotte qui se trouve sous le maître-autel du sanctuaire de Stella Maris

 

 

  

  La fontaine d'Élie à Wadi Siach

Le promontoire du mont Carmel - La fontaine d'Elie - croquis de Bertoldo Antonio Gioberti

1) Sinag. de Fig. de Prof. 2) Ruine del Con. antico 3) Capel. della B.V. e Conv. 4) Fonte di S. Elia 5) Valle delle Caverne 6) Dor,o Cast. Pelleg. 7) Tantora o Nephetdor 8) Cesarea di Palestina 9) Monti d'Efraim 10) Campo d'Esdralon 11) Naim, ed il M. Erm 12) Monte Tabor 13) Nazaret 14) Col del Sacr. di S. Elia 15) Esfia Villag. 16) Balet de Sciech Vill. 17) Fontane 18) Castel di Caifa 19) Caifa distrutta 20) Antilibano 20) Tolemaide, o Acri

 

 

Les auteurs de nombreux récits ont fait la confusion entre cette source, et celle situé en amont du monastère du vallon de Wadi Siach.

 

Ce croquis est extrait du livre Compendio Istorico dello Stato antico, e moderno del Carmelo, dei paesi Adjacenti, e dell’Ordine monastico orientale, écrit par le Père Jean-Baptiste de saint-Alexis et publié à Torino en MDCCLXXX.

 

This book, a concise history of Mount Carmel, was written by an Italian Carmelite and engineer in the latter part of the 18th century. Bertoldo Antonio Gioberti was born in 1723 in the area of Torino. He aspired to priesthood but was forced to abandon his training after the death of his father. He studied engineering instead, in order to help support his family.

Later he joined the order of the Discalced (barefoot) Carmelites (Ordo Carmelitarum Discalceatorum), and was accepted into its ranks as a lay brother in 1747. He changed his name to Giambattista di Sant' Alessio. After serving the order for several years in Rome, in 1765 he was sent to Mount Carmel to supervise the construction of a new site for the Carmelite community at the location on which the monastery is found today (“Stella Maris”). 

In 1774, commanded by the head of the order in Rome, Giambattista was forced to return to Italy while the new monastery was still under construction because he was accused of misdoings. The remainder of his life was spent in a monastery in Torino where he died in 1802. His book was first published in a Latin translation of one of a fellow Carmelite (Augsburg, 1772) and later in Italian (Torino, 1780). 

There are some differences between the two versions but they are not relevant at present to understanding the importance and historical significance of the work.

 

 ► Accès au livre - ici -

 

 

 

  

  Le couvent de Saint-Brocard à Wadi Siach (1263 ?)

 

Dans un petit vallon latéral du mont Carmel, le Wadi Siach ou Wadi 'ain es-Siah, situé à environ quatre km au sud de l'actuelle Haïfa, se trouvent les ruines du couvent construit par les ermites latins en 1263, à proximité de la Source d'Élie.

 

Localisation du couvent de Saint-Brocard Wadi 'ain es-Siah et localisation du couvent

 

 

 

Les traditions bibliques du Wadi Siach auraient été transmises aux pèlerins chrétiens d'Occident venant se recueillir à Jérusalem devant le calvaire et le Saint-Sépulcre, par la population locale, composée de Chrétiens de rite oriental qui soutenaient unanimement le fait qu'Élie et Élisée avaient vécu près de la source dont l'eau jaillit du flanc nord, tandis que les grottes des alentours avaient été habitées par les disciples des prophètes.

Icône de saint Elie  

Bien avant la première croisade (1095-1099), jusqu'à la chute du Comté de Tripoli en 1288, dernier État latin d'Orient, un certain nombre de pèlerins après avoir accompli leurs dévotions s'installèrent en Orient.

 

Ainsi, c'est un groupe d'ermites latins qui se regroupa dans ce vallon par stratifications successives: d'abord sous forme d'une communauté spontanée qui logeait dans les grottes, et à laquelle Albert Avogadro, patriarche de Jérusalem, donna entre 1206 et 1214 une Formule de Vie (règlement), qui s'inspire de la vie normalement organisée dans les laures (1) de Terre sainte, où les ermites obéissaient à un supérieur, même si les relations réciproques n'étaient pas déterminées dans les détails.

 

(1) La caractéristique des laures est de combiner des éléments de vie communautaire: une église, un réfectoire, une salle de Chapitre, et des structures plus érémitiques: cellules séparées.

 

En 1229, la "formula vitae" du Patriarche Albert obtient le statut de règle.

Saint Albert remettant la "Vitae Formula"

Cette Formule de vie, antérieure à celle de saint François est l'une des dernières en date des grandes règles monastiques.

 

 

 ► La "Vitae Formula" de saint Albert - ici -

 

 

En 1163, Benjamin de Tudela rapporte dans son livre de voyage "The Itinerary of Benjamin of Tudela - texte", qu'il existait près de la grotte d'Élie une chapelle bâtie en l'honneur du prophète.

 

En 1185, c'est Jean Phocas, cénobite grec de l'île de Patmos qui ayant visité les Saints Lieux, finit ainsi la relation de son voyage: "sur le mont Carmel est la caverne d'Élie, où était autrefois un grand monastère comme on voit par les restes des bâtiments, mais il a été ruiné par le temps et les incursions ennemies. Il y a quelques années un religieux portant des cheveux blancs vint de Calabre et s'établit en ce lieu par révélation du prophète Élie."

 

Il fit une clôture dans les ruines du monastère, y bâtit une tour et une petite église et assembla environ dix frères avec lesquels habita ce saint lieu". Le  moine Gunther, dans sa relation du voyage de Martin, abbé de Paris, près de Bâle, en rend un semblable témoignage.

Wadi Siah - Portail d'entrée de l'église

N'ayant pas de saint fondateur connu comme les autres congrégations, les ermites du mont Carmel se consacrèrent à la Vierge Marie tout en faisant remonter leurs origines à Élie et Élisée par une succession ininterrompue d'anachorètes considérés comme les "Carmes de l'Ancienne Alliance", tels que les Esséniens et les Thérapeutes dont parlèrent Pline, Josèphe, Philon et Eusèbe.

 

Une tradition donne au fondateur historique de la congrégation des ermites du mont Carmel le nom de Berthold de Solignac (? † 1198), qui aurait été parent d'Aymeric de Malifaye, Patriarche d'Antioche (1141 † 1193).

 

Son successeur, Brocard, demande et obtient vers 1205 du Patriarche de Jérusalem, Albert Avogadro, ancien religieux augustin, évêque de Vercelli en Italie, une Formule de Vie très courte partiellement inspirée de la règle de saint Augustin.

 

 

 

  

  État des lieux

 

En complément de fouilles effectuées sur ce site par l'archéologue franciscain Bellarmino Bagatti au cours des années 1950-1960, une nouvelle campagne sous la conduite du Dr Eugenia Louise Nitowski (1949 † 2007 - infos), carmélite déchaussée, a été ouverte au cours de l'année 1987. Le Dr Eugenia Louise Nitowsky est mondialement connu pour ses travaux faisant autorité dans l'étude du Saint Suaire.

 

Aucune publication relative à ces dernières fouilles n'est disponible au 08.2011 sur Internet.

Plan du couvent médiéval

 

 

  

  Le monastère

Levé des fouilles du monastère

 

Si au cours de l'année 1263, le pape Urbain IV (1195 † 1264 - patriarche de Jérusalem lors de son élection en 1261), publia une bulle qui enjoignait les fidèles à contribuer au financement de la construction par les Carmes, d'un monastère sur les pentes du mont Carmel, les effets de celle-ci ont été anéantis dès 1265, lorsque le sultan Al-Malik az-Zâhir Rukn ad-Dîn Baybars al-Bunduqdari d'Égypte, plus connu en français sous le nom de Baybars, commença une campagne de conquête contre les royaumes croisés qui lui permit de prendre possession de toute la côte de la Palestine, exceptés la forteresse et le port d'Athlit et la ville d'Acre.

 

Acre tombe finalement aux mains des musulmans en 1291.

 

En conséquence, les vestiges qui subsistent à ce jour, notamment le soubassement des murs de la chapelle et celui du bâtiment conventuel situé en aval de celle-ci, ont été élevés bien avant cette date.

 

Sur l'esplanade, l'affleurement des différentes fondations du couvent s'inscrit dans un plan de forme carrée d'environ 39 m de côté (env. 1 520 m²), dont l'une des diagonales est orientée nord/sud, afin d'inscrire au mieux l'édifice entre le front rocheux en pied de coteau, et le lit du ruisseau occupant le fond de la ravine.

 

 

 

  

  La salle voûtée

 

Cette longue pièce d'environ 105 m², d'allure rectangulaire (17 m x 6.30 m), dont les pans de murs attestent d'une couverture constituée d'une voûte ogivale, est adossée sur sa longueur à la façade nord-ouest de l'enceinte du monastère, entre la tour au nord-ouest, et le pied de l'escalier ayant desservi l'étage supérieur.

 

Le niveau fini de son sol, dont quelques dalles ont été mises à jour lors des fouilles, est situé en contrebas du niveau de la terrasse sur laquelle a été édifiée la chapelle dite "moderne".

 

Sa maçonnerie de pierre est constituée de blocs taillés, à face apparente plane, dont les joints de pose horizontaux sont parfaitement alignés. La nature des blocs différente de la roche en place dans le vallon l'apparente aux caractéristiques de la pierre extraite de carrières exploitées aux alentours de l'ancien port d'Athlit, situé à une quinzaine de km au sud.

 

Cette salle possède dans son mur sur l'extérieur trois ouvertures placées à moins de 2 m l'une de l'autre: deux fenêtres très étroites implantées au pied de l'escalier et une porte étroite.

 

 

 

  

  La tour carrée

 

Les fondations de cette tour à la jonction des façades nord-ouest et nord-est, sont positionnées au niveau le plus bas connu de l'aire sur laquelle a été implanté le couvent. D'une emprise hors tout d'environ 10 m x 10 m, la partie basse des murs sud-est et nord-ouest est percée de deux portes ogivales, dont l'une, en façade sud-est donne accès à un tunnel qui se dirige vers le lit du ruisseau, et dont la fonction est encore inconnue à ce jour.

 

 

 

  

  L'escalier dit "l'escalier du Prieur"

 

Cet escalier implanté pour partie dans le front rocheux, aurait sur le plan levé par de Renzo Restani ci-avant reproduit, une largeur d'environ 2 m, alors que les documents photographiques attestent d'une largeur moindre, et d'une incohérence sur le positionnement de la volée inférieure.

 

 

 

  

  La chapelle

Chapelle Fouilles de la chapelle

Pour agrandir le document, cliquez - ici -

 

 

Situé en amont des bâtiments conventuels, l'édifice est construit sur un plan rectangulaire orienté est/ouest comportant 4 travées de largeur égale, sa surface intérieure d'environ 130 m² (23 m x 5.80 m) est surélevée à hauteur de la quatrième travée afin de délimiter l'emprise du chœur.

 

Le mur d'enceinte conservé quasiment jusqu'à hauteur d'homme permet d'observer deux types d'exécution: à partir de l'entrée, dans les deux premières travées, il est fait usage de moellons sommairement équarris, posés sur des assises horizontales imparfaites, alors que dans les deux travées suivantes, les moellons présentent des faces vues d'allure rectangulaire, posées sur des assises horizontales alignées, qui ne saurait cependant atteindre la qualité de mise en œuvre de la maçonnerie de pierre de la salle voûtée.

 

Le mur sud, à l'extrémité de la deuxième travée, est percé d'une baie qui donne accès à un escalier à noyau central implanté dans l'axe du campanile élevé sur un plan semi-circulaire. À noter que les pilastres, le linteau cintré en ogive et les murs situés de part et d'autre de la porte d'entrée, objet de l'attention de tous les photographes, n'ont été relevés que lors des fouilles de 1989.

Wadi Siach : porte d'entrée restaurée et la tour du campanil

 

 

  

  Les tombes

 

À l'extérieur de la chapelle, deux tombes distinctes ont été mises à jour devant la porte d'entrée.

Tombe

 

 

  

  La cuisine

Implantation de la cuisine

 

Lors de la campagne de fouilles de 1988, le foyer de la cuisine du monastère fut mis à jour à proximité de l'angle est du mur sud de la chapelle.

cuisine

 

 

  

  La cellule du Prieur

Cellule du Prieur

 

La cellule du Prieur est en fait constituée de deux pièces, dont les fondations de l'une disparaissent sous l'emprise de la fondation du mur nord-est du monastère. La pièce située totalement à l'extérieur des murs du monastère est orientée nord/sud, sa surface d'allure rectangulaire est d'environ 15 m² (3.1 m x 4.8 m).

 

Cette pièce communique avec la seconde (plus grande que la première) par une baie implantée dans l'angle formé par les murs nord et est.

 

 

 

  

  La source

 

Les auteurs de nombreux récits ont fait la confusion entre cette source située en amont du monastère et la "source d'Élie" située en aval, à l'entrée du vallon. Le bassin actuel qui capte les eaux à la naissance de la source est un ouvrage récent, qui se trouve actuellement en dehors de l'emprise des murs du monastère.

 

Or, en 1634, le Carme déchaux, le père Ambroise de saint Arsène rapporte que la source supérieure se trouvait à l'intérieur des murs d'enceinte du couvent. Témoignage qui est confirmé en 1780 par Jean-Baptiste de saint Alexis, qui évoque une "fontaine qui sort de la grotte un peu creusée dans la roche et agencée avec le mur de clôture du côté intérieur".

La source et le bassin contemporain

 

 

  

  Les rigoles ou caniveaux

 

En suivant le fil de l'eau depuis le bassin, on relève la présence de plusieurs tronçons discontinus de rigoles ou de caniveaux creusés dans la roche parallèlement au front rocheux, entre celui-ci et l'aval de la cellule du Prieur. Pour partie, ces ouvrages sont recouverts de dalles de pierre plate soigneusement calpinées.

 

Une autre série d'ouvrages similaires a été mise à jour, notamment en pied de la façade est de la chapelle. Ils avaient pour fonction de capter et d'éloigner le ruissellement des eaux de pluie des murs de soubassement de la chapelle.

 

 

 

  

  Les grottes du versant nord

 

Face au bassin se trouvent deux cavités superposées creusées dans la roche et qui communiquent entre elles à l'aide d'un étroit escalier. La surface au sol de la cavité inférieure d'environ 35 m² est d'allure trapézoïdale. Elle est occupée au centre par un pilier tourné assurant la stabilité du ciel.

 

Plan de la cavité inférieure

1) Entrée 2) Conduit 3) Pilier tourné 4) Auges 5) Autel ? 6)  7) Escalier.

 

Au sol, en pied de la paroi est, on peut observer un alignement d'une quinzaine d'auges cubiques creusées à même la roche.

 

 

 

  

  L'abandon du couvent au XIIIe siècle

 

La dernière nouvelle avérée, relative aux religieux du Wadi Siach remonte à 1283, date à laquelle Burchard du Mont Sion, un Dominicain qui résida longtemps à Acre, témoigne de la visite qu'il leur fit dans les termes suivants:

 

"À gauche de Haïfa, après une heure sur la route qui conduit au château des Pèlerins (Athlit), sur le mont Carmel, il y a la source d'Élie, le lieu où habitait Élisée, et la fontaine où autrefois demeuraient les fils des prophètes et où sont maintenant les frères du Carmel j'ai été là avec eux".

 

Au cours de l'année en 1289, les troupes du sultan Al-Mansûr Sayf ad-Dîn Qala’ûn al-Alfî, aussi connu sous le nom de Qala’ûn ou Kélaoun, successeur de Baïbars, qui avait repris ses expéditions militaires visant à effacer la présence des Occidentaux en Terre sainte, conquirent Tripoli. L'année suivante, alors qu'elles marchaient sur Acre, il décéda d'une maladie.

 

Son fils Al-Achraf Salâh ad-Dîn Khalîl ben Qala'ûn recueillit son héritage et, en 1291, attaqua la ville d'Acre, dernière place forte des Latins. Le siège dura du 6 avril au 18 mai, jour où les assaillants pénétrèrent dans la ville. La forteresse des Templiers résista encore jusqu'au 28 mai. Le sultan ordonna la destruction systématique de la ville, afin qu'elle ne pût plus servir de tête de pont lors d'une éventuelle attaque des Chrétiens contre la Syrie.

 

Le 30 juillet, les troupes musulmanes occupèrent Haïfa sans rencontrer de résistance, et rasèrent au sol les monastères de Sainte-Marguerite et de Saint-Élie. Il semble que celui des Carmes de Wadi Siach, où la présence de frères carmes est signalée en 1291, soit resté debout, comme l'attestent les relations de plusieurs voyageurs qui purent le voir au cours des siècles suivants.

 

Pour leur part, les autres couvents carmélitains de Palestine s'étaient progressivement repliés en Occident à partir de 1238, à la faveur d'une trêve de 10 ans conclue en 1229 entre les chrétiens et les sarrasins, antérieurement à la prise de possession en 1265, de la côte de la Palestine par Baybars d'Égypte.

 

 ► Le couvent de Saint-Brocard - ici -

 

 

 

  

  Similitudes avec Saint-Hilaire

 

  

  Similitude géographique

 

Le Luberon, avance méridionale des Préalpes occidentales, est une petite chaîne allongée de cinquante km de long sur quatre ou cinq de large, culminant à 1.125 m. Elle est située au nord du cours actuel de la Durance, entre Manosque et Cavaillon.

 

 

 

  

  Similitude de l'espace d'accueil

 

Cette petite barrière montagneuse séparant la plaine du Comtat de celle de la Durance, avait servi de zone de refuge et d'accueil pour les communautés vaudoises* chassées du Piémont aux alentours de 1500, venant sans doute renforcer une implantation antérieure. Les Vaudois s'étaient installés dans une trentaine de communautés tant au sud (vallée d'Aigues) qu'au nord du Luberon.

 

* Les Vaudois, héritiers de l'hérésie de Pierre Valdo au XIIe siècle, décidèrent d'adhérer à la réforme protestante au synode de Chanforan (12-18 septembre 1532).

 

Le procès de Pierre Griot en 1532 permet d'établir qu'il y avait des Vaudois dans la plupart des villages entourant Saint-Hilaire: ainsi à Bonnieux, Lacoste, Oppède, Rousillon, Goult, etc.

 

 

 

  

  Similitude de lieu

Fouilles au mont Carmel (2004)  étrange similitude de lieu

 

 

  

  Le couvent du Père Prosper (XVIIe siècle)

 

C'est dans les premières années de ce siècle que fut évoqué par des Carmes déchaux de Naples, le souhait de revenir s'installer au mont Carmel afin d'y rétablir la présence de leur ordre.

 

Si ce projet n'obtint pas l'assentiment du pape Clément VIII (1536 † 1605) puisqu'il lui apparaissait inopportun d'envoyer d'autres religieux en Terre sainte où, depuis des siècles, la présence du catholicisme latin était assurée par des Franciscains et par une hiérarchie locale, il leur confia de partir comme missionnaires pour la Perse.

 

En réponse à cette demande, les Carmes déchaux fondèrent en 1609 un couvent à Ispahan, puis une résidence à Šīrāz. Quatorze ans plus tard, le 30 avril 1623, ils arrivèrent à Bassorah, et le Père Basile de saint-François, portugais, y fonda une résidence. Cette résidence travailla grandement à la conversion au christianisme des "Chrétiens de saint-Jean", des Sabéens ou Mandéens. Elle servit aux missionnaires de tête de pont pour leur installation en Perse et en Inde.

 

Ce projet d'ouvrir une mission sur le mont Carmel fut à nouveau évoqué dans les années 1625, par le Carme déchaux Prosper du Saint-Esprit (Martin Garayzabal - 1583 † 1653), et en 1626, le Définitoire général formalise cette demande à la Sacrée Congrégation pour la propagation de la foi qui répond favorablement à cette demande le 30 janvier 1627.

 

Dans les mois qui suivirent, la Sacrée Congrégation pour la propagation de la foi sollicita la collaboration de Gédoyn "Le Turc", consul de France à Alep (1623-1625) et son homologue de Venise; et intervint auprès du roi de France lui-même afin qu'il recommandât à son ambassadeur de Constantinople, le Prince de Courtenay, comte de Cézy, les Carmes envoyés au mont Carmel. C'est ainsi que débuta l'assistance diplomatique de la part des fonctionnaires français, qui accompagnera les Carmes déchaux tant qu'ils y demeureront.

 

Compte tenu de ces appuis politiques, le Père Prosper fut nommé fondateur et supérieur de la mission d'Alep et du mont Carmel. Après avoir été reçu le 27 mars 1627 par le pape Urbain VIII (1568 v 1644), il s'établit le 6 juillet 1627 à Alep, dans le khan où logeaient alors les consuls de France et de Venise, avec deux compagnons.

Citadelle d'Alep

En 1630, le Vicaire général du Définitoire général s'opposa à la demande d'installation sur le mont Carmel du frère Prosper du Saint-Esprit. Ce n'est qu'après son décès le 23 mars 1631, que le nouveau Vicaire général donna son accord à cette demande. Ayant reçu cet accord le 5 octobre 1631, le Père Prosper du Saint-Esprit quitte Alep le 11 de ce même mois pour rejoindre le mont Carmel.

 

De passage à Nazareth, il demanda assistance aux Franciscains, qui l'accompagnèrent à Haïfa où résidait Dimitrios, de religion grecque orthodoxe, ministre plénipotentiaire du chef de tribu bédouine du Hedjaz, AhmAd ibn Turabay († 1647), gouverneur du territoire de Lajjun, partie de la province de Damas, et qui englobait la vallée de Jezréel, le nord de la Samarie, une partie de la côte centre-nord de la Palestine, et un total de 55 villages, y compris Haïfa, et Baysan.

 

Le 29 novembre 1631, après avoir payé 500 piastres, le Père Prosper du Saint-Esprit obtint la permission de fonder au mont Carmel, et en sa qualité de représentant des Carmes déchaux, lui furent concédées:

 

   la petite grotte de la Madone, située à la base de la montagne, près de
     la mer;

   toutes les grottes qui se trouvaient autour d'elle et jusqu'à la cime de la
     montagne;

   toutes les maisons et les ruines présentes sur le terre-plein du
     promontoire, à côté de l'église des Grecs;

   enfin, toutes les pierres nécessaires pour construire un couvent au
     sommet du promontoire.

 

Après s'être rendu à Rome en mai 1632 afin d'informer ses supérieurs de la teneur de cet accord, le Père Prosper du Saint-Esprit se rendit accompagné de plusieurs compagnons à Alep, en décembre 1632.

 

Avant de rentrer au mont Carmel, il se rendit à Damas afin de solliciter l'aide du Consul français Marc Dorat, qui lui obtint du sultan d'Istanbul et du pacha de Damas des ordres pour l'émir Turabay, afin qu'il lui permît de prendre définitivement possession du Carmel.

 

À leur arrivée, le Père Prosper du Saint-Esprit et ses compagnons s'installèrent dans des grottes situées à proximité de la grotte appelée "École des prophètes" afin de pouvoir y célébrer la messe.

 

Or, cette grotte était déjà occupée par un groupe de religieux musulmans qui utilisait cette grotte afin de procéder à la vénération de saint Élie (el-Khader), ce qui rapidement fut à l'origine de tensions qui justifièrent l'intervention d'hommes d'armes du pacha de Damas.

 

En conclusion de cet incident, le Père Prosper du Saint-Esprit et ses compagnons s'installèrent dans une grotte, située un peu plus haut sur la pente de la montagne, dite "Grotte des disciples d'Élie".

 

C'est donc dans cette grotte qu'il fit aménager en bâtiment conventuel dédié à sainte Thérèse de Jésus.

 

À cette date, le Père Prosper du Saint-Esprit fit l'acquisition d'une maison à Haïfa afin de se consacrer à l'assistance des Chrétiens qui arrivaient au port. En 1634, il ouvrit encore un petit couvent de l'autre côté de la baie, dans la ville d'Akko (Acre), dans lequel les frères se dévouèrent à l'apostolat parmi les commerçants et les marins occidentaux.

 

À la suite de troubles importants occasionnés par de nouveaux conflits armés tribaux dans la région, le Père Prosper du Saint-Esprit et ses compagnons se retirèrent dans leur couvent d'Akko, d'où il décida de regagner Rome, où il arriva fin 1635, afin d'informer ses supérieurs de cette nouvelle situation.

 

Nouvelle intervention auprès de l'ambassadeur français à Istanbul, qui procurera des lettres de recommandation qui seront remises aux autorités locales par le Père Prosper du Saint-Esprit à son retour à Haïfa, en novembre 1637.

 

Arrivé en 1631 au mont Carmel, le Père Prosper du Saint-Esprit y décéda le 20 novembre 1653. Il fut inhumé dans le cimetière qu'il avait fait réaliser sur la terrasse du promontoire, le Père Michel-Ange prenant sa succession en qualité de Vicaire.

 

Le couvent du père Prosper subsista jusqu'en 1761, année de sa destruction par les sarrasins. Quelques années plus tard les Carmes obtiennent l'autorisation de reconstruire leur couvent au sommet de promontoire (actuel couvent Stella Maris) sur l'emplacement de l'antique monastère byzantin de Sainte-Marguerite.

 

 

 

  

  Mont Carmel  (הר כרמל - Har HaKarmel)

Carte : Panoramique du mont Carmel

 

Le mont Carmel,en hébreu הַר הַכַּרְמֶל, Har HaKarmel, littéralement en français "le vignoble de Dieu", est une montagne côtière d'Israël surplombant la mer Méditerranée. Son point culminant dénommé Rom Carmel, s'élève à 546 m. Situé au nord-est (27 km de Haïfa, 13 km de Megiddo), il surplombe sur son versant est la plaine d'Esdraelon.

 

La montagne est composée d'un mélange de calcaire et silex, qui contient de nombreuses grottes, et couverte de plusieurs roches volcaniques. Les pentes de la montagne sont couvertes de végétation luxuriante, y compris chênes, pins, oliviers et lauriers.

 

Selon la Bible, le prophète Élie y résidait, d'où son autre nom de "mont Saint-Élie", en arabe جبل مار إلياس, jabal Mar Elyas.

Carte : le mont Carmel

Dans ce massif, deux lieux ont été désignés comme site possible pour l'histoire de la bataille d'Élie contre les prêtres de Baal. Le site où l'offre aurait eu lieu est traditionnellement situé sur le tertre Yokneam, sur la route vers le village druze de Daliyat del-Karmil, où se trouve un monastère construit en 1868, appelé el-Muhraqa (Sacrifice).

 

En redescendant dans le virage conduisant à la grande route, on trouve Bir el-Muhraqah, d'où l'eau du sacrifice aurait été puisée. Ce puits situé à environ 130 m au-dessous de la chapelle actuelle doit être distingué du puits au pied de la colline, qui porte maintenant le nom de Bir el-Mansourah.

 

Concernant le massacre des prêtres, les textes le situent près de la rivière Kishon, à la base des montagnes, dans une zone en forme d'amphithéâtre.

Vitrail de l'église Saint-Étienne-du-Mont

La tradition juive a toujours accepté el-Muhraqa comme le théâtre des événements ayant opposé Élie et les prophètes de Baal. Les Rabbins Benjamin de Tudela (vers 1165) et Jacob de Paris (1228) rendent compte de l'existence à cet endroit d'un monument antique, composé de douze pierres, R. Jacob précisant que les Musulmans avaient l'habitude de fréquenter l'oratoire et d'y allumer des cierges en l'honneur du prophète Élie.

 

À partir du début du XVIIe siècle des voyageurs Chrétiens, parmi eux des Carmes, confirment l'existence de cette construction, et en donnent une description. Ces douze, pierres disparurent plus tard, entre les années 1770 et 1850.

EI-Muhraqa

Si des textes anciens y mentionnent une présence monastique dès la période byzantine, ceci n'a pas encore été confirmé à l'occasion de fouilles archéologiques.

 

Après avoir conquis le pays en 638 après J.-C., les Arabes y érigèrent un petit sanctuaire, fait de grosses pierres équarries, dont les ruines furent visibles jusqu'à la fin du siècle dernier.

 

Pour leur part, les Croisés n'établirent aucun ouvrage sur cette montagne, peut-être en raison du fait que ce lieu était devenu un but de pèlerinage pour les Hébreux, afin de vénérer le prophète Élie, comme le rappellent Benjamin de Tudela (1130 † 1176 - infos) et d'autres voyageurs.

 

Au sommet du mont, fut construite en 1883 une chapelle dédiée au prophète Élie. Les Carmes sont propriétaires du lieu depuis une centaine d'années environ. La chapelle devant laquelle se dresse une statue représentant le prophète Élie a été récemment modernisée, et d'après le récit biblique, un autel de douze pierres a été érigé en rappel des douze rocs utilisés par Élie pour la construction de son autel.

 

 

 

  

  Récit de voyage

 

  

  Correspondance d'Orient de Michaud concernant Haïfa

 

Joseph-François Michaud (1767 1839), est un historien et pamphlétaire français. Avec Poujoulat, à la suite d'un voyage en Orient, qui les mêne en Grèce, à Constantinople et à Jérusalem, ils publient ensemble l’échange de leurs lettres dans Correspondance d’Orient (7 volumes).

 

Les derniers jours que nous avons passés à Larnaca ont été employés à savoir dans quel port la Truite devait aborder en Syrie; tous les documents qui nous ont été donnés là-dessus par les marins les plus expérimentés, nous ont appris que la Syrie et la Palestine n'ont pas un seul port qui soit commode et sûr.

 

On s'étonne que les lieux qui ont été le berceau de la navigation ne présentent plus maintenant qu'un accès difficile et dangereux. Les poètes seuls parlent encore des ports de Tyr et de Sidon; celui de Plolémaïs ou de Saint-Jean-d'Acre ne reçoit que de petites barques; celui de Jaffa, le plus voisin de Jérusalem, est environné d'écueils.

 

Les plus vieux pilotes de l'île de Chypre ne connaissent sur les côtes de Palestine d'autre asile pour les bâtiments de guerre que la rade d'Acre ou de Caïffa et c'est là que nous avons résolu d'établir notre station.

Rade d'Haïfa

Nous sommes à plus de deux lieues de Saint-Jean-d'Acre; nous avons près de nous, au sud-ouest, le promontoire où s'élevait l'ancienne Caïpha au fond de la rade, au nord, nous voyons les embouchures du fleuve Bélus et du torrent de Cison, le Bélus si souvent cité par nos historiens des croisades. Le Çison, où périrent les prophètes de Baal, confondus par les miracles d'Élie.

 

Le commandant de la Truite, après avoir jeté l'ancre, envoyé deux de ses officiers à Saint-Jean-d'Acre pour régler les salutations d'usage avec le pacha; M. Poujoulat s'est joint aux officiers, afin de voir l'agent consulaire de France, et de faire remettre au pacha d'Acre nos lettres de recommandation.

 

Pour moi j'étais très impatient de mettre le pied sur la terre de Syrie, et je me suis fait descendre à Caïpha. Les montagnes, le ciel, la mer, comme je vous l'ai dit, sont bien encore ici tels que nous les représente la poésie des anciens âges mais pour rester dans toutes ses illusions, sur ce pays, il ne faudrait pas entrer dans les villes et les lieux habités.

 

II n'y a rien au monde de plus triste, de plus misérable de plus dégoûtant, que la petite bourgade de Caïpha qu'on appelle Caïpha la neuve.

Le mont Carmel, Stella Maris et le phare depuis la plage d'Haïfa

Quand, on a vu un amas informe de cabanes de pierres une population couverte de lambeaux, et qu'on aperçoit ensuite les fortifications de la ville, on se demande à quoi elles peuvent servir, ce que ce pauvre pays peut avoir à défendre, ce que des ennemis, viendraient y chercher.

 

... / ...

 

Le cénobite qui nous avait amenés après nous avoir offert l'aqua vita, la liqueur hospitalière des moines latins, nous a proposé de monter au Carmel, ce que nous avons accepté. En sortant de la ville par la porte du Septentrion, nous avons traversé une assez vaste plaine très bien cultivée, ou l'œil découvre çà et là quelques figuiers, beaucoup de nopals, et deux ou trois plantations d'oliviers.

 

Comme on nous avait aperçus du haut de la montagne, on a envoyé au-devant de nous deux serviteurs avec une mule sellée et bridée. Les bons frères m'ont fait les honneurs de cette monture, et j'ai pu arriver sans fatigue au sommet du Carmel le chemin que nous suivions est étroit et rapide et taillé dans le roc en plusieurs endroits.

 

Le Carmel, vu de la mer, avait été pour moi un beau spectacle; du haut du mont la perspective de la mer et de ses rivages n'a pas moins charmé nos regards. Les pères de Saint-Élie, qui ne croyaient pas qu'il n'y eût rien de plus curieux à voir dans le pays que leur nouveau monastère, nous ont arrachés à ces magnifiques tableaux pour nous montrer le grand édifice qui s'achève.

Voiliers devant le mont Carmel

Dans ces derniers temps, le couvent de Saint Élie a donné lieu à d'importantes négociations entre la France et la Porte (terme diplomatique pour désigner l'Empire turc ou la ville de Constantinople). À l'époque de la révolution grecque, en 1821, une grande suspicion s'éleva contre tout ce qui était chrétien. Abdallâh pacha d'Acre, crut voir alors dans l'habitation des cénobites du Carmel une forteresse, une véritable place de guerre, où la révolte pouvait se mettre à l'abri.

 

Dans cette persuasion, ou plutôt dans cette crainte, il fit démolir le couvent, malgré les réclamations des consuls français. Les plaintes des solitaires étouffées en Orient traversèrent bientôt les mers; elles arrivèrent, au roi de France, constant appui des chrétiens catholiques du Levant. Les notes les plus pressantes furent présentées au cabinet ottoman de la part de S. M, très chrétienne.

 

La Porte, sans repousser les plaintes qu'on lui adressait, mit dans cette affaire les lenteurs accoutumées de sa politique; on nomma d'abord des commissaires pour examiner sur les lieux si les alarmes du pacha d'Acre avaient été fondées; après un retard de plusieurs mois, les commissaires nommés dressèrent leur rapport et sur leurs conclusions le grand-seigneur ordonna, au pacha de rebâtir l'édifice démoli, celui-ci refusa d'obéir.

 

Nouvelles notes présentées à la Porte, nouvelles négociations où le Divan, selon sa coutume, ne se hâta point de prononcer un arrêt définitif. Enfin un ambassadeur de France fut obligé de quitter la capitale de la Turquie et déclara que sa Cour renoncerait à toute relation avec le gouvernement du sultan, jusqu'à ce qu'on eût fait droit aux réclamations du roi très chrétien.

 

Dès lors, le sultan renouvela l'ordre qu'il avait donné, et le pacha se trouva dans la nécessité d'obéir au firman impérial, portait que le couvent serait rebâti, aux frais du vizir de Saint Jean d'Acre on n'insista pas sur l'exécution de cette dernière clause car le pacha aurait pu bâtir pour les moines un kiosque simple et fragile à la manière des Turcs ou faire durer éternellement la construction de l'édifice.

Le mont Carmel, Stella Maris et le phare depuis la plage d'Haïfa

Tout cela n'aurait pas arrangé les pères latins; aussi ont-ils mieux, aimé mettre eux-mêmes la main à l'œuvre et se charger de toutes les dépenses. "Vous me demanderez quelles étaient leurs ressources; ils n'en avaient point d'autres que la charité des fidèles et cette charité leur a suffi pour faire des merveilles dignes de Salomon. Pour que le Louvre pût être achevé, disait un plaisant du siècle dernier, il aurait fallu le donner aux capucins.

 

Nous pouvons voir sur le Carmel tout ce que peuvent faire de pauvres moines qu'anime le zèle de la maison du Seigneur. Lorsqu'on a jeté les fondements de l'édifice, il ne restait plus que quatre cénobites du couvent d'Élie deux ont présidé aux travaux, les deux autres se sont mis à parcourir le monde chrétien per avere della monetta; enfin ils sont venus à bout d'achever l'œuvre commencée et de relever le monastère, dans l'espace de trois ans.

 

Je vous avoue que j'ai été émerveillé de la solidité de cette construction je ne sais point ce qu'était l'ancien couvent qu'on, a détruit sous prétexte qu'il ressemblait à une citadelle; mais je crois que dans le nouvel édifice (et j'espère que vous ne trahirez pas nos bons pères) ils peuvent fort bien soutenir un siège lorsque l'occasion s'en présentera.

 

À quelques pas du monastère, le pacha d'Acre a fait bâtir un kiosque qui est bien loin d'avoir la solidité, ni même l'apparence du couvent.

 

Les cénobites, voulant témoigner leur reconnaissance au roi très chrétien, ont construit, en mémoire de saint Louis, une chapelle qu'ils n'ont pas manqué de nous montrer. Il y a quelques mois nous ont-ils dit, que nous en avons célébré la dédicace nous y avons chanté un Te Deum pour la prise d'Alger. Sans doute que votre voisin le pacha n'en a rien su? Le pacha, m'ont-ils répondu, se moquait de notre Te Deum, car il ne croyait point à la victoire des Français, et n'y croit pas encore.

Cap Carmel

Nos hôtes pieux nous ont conduits à la grotte d'Élisée, à quelques pas du couvent; c'est une caverne de sept ou huit pieds carrés, au milieu de laquelle se trouve une espèce d'autel en pierre, où les prêtres latins disent la messe. C'était là, d'après les traditions saintes, la demeure d'Élisée. "Une pareille habitation, ai-je dit à nos hôtes, ne ressemble guère à la belle maison que vous venez de bâtir."

 

Je leur ai rappelé en même temps l'exemple d'un grand nombre de saints personnages qui vécurent ainsi dans des habitations formées autour de la montagne, creusée en mille endroits, comme une grande ruche. Toutes, ces abeilles du Seigneur, nous disent les chroniques anciennes, recueillaient là les dons du ciel, et préparaient le miel de l'éternité.

 

Nos bons pères m'ont donné d'excellentes raisons pour me prouver que ces temps heureux étaient passés, et que cette manière de vivre n'offrirait aujourd'hui ni la sûreté, ni la considération nécessaire à l'œuvre de Dieu; un des cénobites nous montrant le pavillon français flottant sur le toit du monastère, "Ce pavillon que nous déployons aux grandes fêtes m'a-t-il dit, ne doit-il pas être logé selon les idées et les convenances du siècle?

 

La France nous a-t-elle confié son drapeau pour le faire flotter sur un rocher ou sur une grotte sauvage?" Mais pourquoi, ai-je répondu, mêler les choses saintes aux choses du siècle, les pensées du monde à celles de la solitude?

Le mont Carmel, Stella Maris et le phare depuis la plage d'Haïfa

Pourquoi, lorsque vous tenez les yeux attachés sur l'éternité, vous mettre dans la nécessité de vous informer de ce qui arrive dans les pays lointains et dans les sociétés où tout est si mobile et si passager En effet, le drapeau arboré sur le couvent, qui étalait naguère la blancheur des lis, porte maintenant les trois couleurs; qu'est-il besoin de savoir et de constater dans le désert du Carmel, qu'une révolution est arrivée à Paris?"

 

J'ai fait une autre remarque, c'est que les pères ne nous ont point montré les grottes qu'ils habitaient au temps passé. Retrouverions-nous donc sur les rochers du Carmel certaines faiblesses de notre pauvre humanité? Dans le monde que nous connaissons, lorsque notre bonne fortune nous donne pour demeure un palais, nous oublions facilement la chaumière qui fut notre premier abri.

Baie d'Aîfa et de Saint-Jean-d'Acre à gauche

Le désert, habité par les ermites, aurait-il aussi ses vanités? Cependant les grottes où s'étaient retirés les saints ont fixé autrefois les regards des rois et, si je m'en souviens bien, Louis XIV envoya des ambassades pour des monastères et des églises creusées dans le roc.

 

Dans le monde ancien, toutes les croyances regardaient comme sacrée la montagne du Carmel, la sagesse divine et la sagesse humaine y rendaient en même temps "leurs oracles; les prophètes de Baal y venaient disputer avec les prophètes du Dieu d'Israël et dans leurs combats la victoire se décidait toujours par quelque miracle.

 

La philosophie des Grecs eut aussi ses apôtres sur le Carmel Pythagore, dit-on vint y adorer l'Écho, et peut-être le sage de Samos se reposa-t-il dans les grottes d'Élie ou d'Élisée. Au temps de l'empire romain, il y avait sur la montagne un autel, une pierre prophétique qu'on venait consulter de toutes parts et qui promit à Vespasien la domination du monde.

 

Aujourd'hui les, oracles du Carmel sont muets, mais la montagne est encore révérée par les Juifs, les Grecs, les Turcs, les Arabes, par toutes les sectes qui se partagent la Syrie et la Palestine. Plusieurs de nos compagnons de voyage se sont avancés jusqu'au lieu qu'on appelle le Champ des Melons et des Concombres.

Tell Abu Hawam

Sur un terrain assez étendu, se trouvent dispersées çà et là des pierres dont la forme imite non seulement celle des concombres et des melons, mais celle de toutes, sortes de fruits, tels que des figues, des poires, des abricots, etc. Ce jeu de la nature a paru si extraordinaire, qu'on n'a pu l'expliquer que par un miracle.

 

Élie passant par-là avait dit-on, demandé un melon ou une pastèque pour apaiser sa soif au refus du jardinier, tous les melons et tous les fruits furent convertis en pierres. Cette merveille ressemble tout à fait aux métamorphoses d'Ovide, et je m'étonne qu'elle ait fait fortune parmi les disciples de l'Évangile.

 

On sait que l'homme-Dieu ne fit jamais de miracle que dans un esprit de charité, et qu'il n'interrompit jamais les lois de la nature pour se venger d'un refus ni même pour punir une offense; il n'est pas croyable non plus que le prophète Élie, qui se contentait de l'eau du torrent et de la nourriture que lui apportaient les corbeaux, ait maudit un jardinier qui lui refusait des melons.

 

À quelques milles du couvent, se voient des ruines qui paraissent avoir appartenu à des constructions du Moyen Âge, telles que des monastères et des chapelles. Vous pensez bien que nous n'avons pas cherché sur le Carmel l'Ecbatane syrienne*, que placent là les antiquaires, et dans laquelle ils font mourir Cambyse revenant de la conquête d'Égypte.

 

* Ecbatane / Hamath (Syrie), où Cambyse II est censé être mort selon Hérodote, ne doit pas être confondue avec Ecbatane / Hamadan (Iran).

 

Carmeli in Syrie de den Bergh Fuller, Thomas, 1608-1661 - Map of the old Canaan - Londres 1650

 

Le Carmel a des souvenirs qui nous touchent bien davantage j'aimerais mieux savoir où fut dressé le bûcher sur lequel Élite fit descendre le feu du ciel pour confondre les faux prophètes; en quel lieu il était assis, lorsque, dans un temps de sécheresse, se penchant à terre et la tête entre ses genoux, il dit à son serviteur de regarder du côté de la mer.

 

... / ...

 

En descendant, la montagne par le même chemin, nous sommes arrivés à une grotte appelée l'École des prophètes; c'est là, dit la tradition qu'Élie enseignait les doctrines du vrai Dieu; la grotte est habitée par des santons et les musulmans la visitent avec respect; le sanctuaire était fermé; nous avons frappé plusieurs fois à la porte personne n'est venu nous ouvrir.

 

Autour de la grotte, on remarque çà et là des morceaux d'étoffe rouges, bleus, noirs, emblèmes de la dévotion musulmane. J'ai demandé à notre cénobite si les moines du couvent avaient à se plaindre du voisinage, des santons "Ils nous laissent fort tranquilles, m'a-t-il répondu; quelquefois même ils viennent, adorer l'image de la Vierge et des saints prophètes dans notre église, ce qui les fait ressembler un peu à l'homme qui boîte des deux côtés."

 

Au reste, nous avons pu juger par nous-mêmes que les musulmans de ce pays ont beaucoup plus de tolérance que les Turcs. Il faut ajouter que les souvenirs du Carmel sont ici comme un point de réunion, comme un lien pour des croyances diverses. Les pères latins sont considérés et respectés dans la contrée parce qu'on les regarde comme les véritables gardiens de la montagne sainte.

 

 

 

  

  Haïfa

 

  

  Haïfa de l'Antiquité au VIIe siècle

 

Aujourd'hui, sur la commune d'Haïfa dont le nom apparaît seulement dans des documents écrits à partir du IIIe siècle après J.-C., plusieurs sites remontant à l'Antiquité, tels que le port, les plages et le mont Carmel, ont ou font toujours l'objet de fouilles archéologiques.

 

Après de nombreuses controverses, le site de Shikmona est à ce jour identifié comme étant l'ancienne Haïfa, en Arabe: Haifa el Atika (Haifa l'ancienne). D'autre part, la majorité des chercheurs retiennent l'hypothèse selon laquelle Haïfa serait une implantation dont les restes sont dispersés dans une zone qui s'étend de l'hôpital Rambam au cimetière Juif dans la rue de Jaffa.

 

De cette Haïfa de l'antiquité il ne reste aujourd'hui que des tombes funéraires taillées dans le roc, le long de la route qui immortalise leur nom Al Atiqa (rue de l'Antiquité).

   

De même que les anciens villages de Shikmona et Tel Abu Hawam, le site antique de Haïfa a été détruit à plusieurs reprises dans son histoire. Cependant, contrairement aux deux premiers sites, son nom a été transmis par ses habitants à travers les générations.

 Croquis de jarres à étrier du bronze tardif

Jusqu'à l'époque des Perses (VIe siècle avant J.-C.), peu de sites ont été mis à jour des différentes périodes Cananéennes, ou des différentes populations qui occupèrent la région de Haïfa, ainsi que sur l'ensemble du district du Carmel, en comparaison avec le grand nombre de découvertes archéologiques remontant à l'époque préhistorique.

 

C'est l'apparition du royaume Perse qui a complètement modifié la carte de la colonisation de la région et l'émergence des villes portuaires d'Acco (Acre), Dor et Jaffa, qui a contribué au développement de petits villages côtiers, dont certains ont été utilisés comme relais commerciaux et/ou comme ports intermédiaires.

 

Dans l'Antiquité, les tribus ont pénétré jusqu'au milieu de la zone montagneuse du mont Carmel. Différents sites ont été identifiés dans les régions avoisinantes de la Romema d'aujourd'hui, comme Hurbat Atisai, les ruines Atisai, Rosh Mayah, Ramot Remez (Arak I - Ziayan), Tirat-Carmel, etc. Elles témoignent d'un développement économique de la région lié à la présence des Phéniciens et des Perses.

 

Cette répartition de l'habitat a également été conservée au temps des Grecs (période hellénistique, au IVe siècle avant J.-C.), alors que la région de Haïfa vivait sous les lois du royaume des Hashmonaim (au temps d'Alexandre Yanaï).

 

Il reste de nombreux vestiges de ces périodes, par exemple à Tel Abu  Hawam et à Rosh Mayah. Mais c'est la ville de Shikmona qui présente des vestiges qui conduisent à penser que cette cité a été la principale ville de l'époque dans les districts de Haïfa et du Carmel. Shikmona a conservé ce statut prédominant au moins jusqu'à la conquête Arabe, au VIIe siècle.

Tell Abu Hawam

Ces fouilles ont contribué à fournir des preuves de l'histoire et du passé glorieux de cette ville côtière. À ce jour, les recherches se concentrent en bord de mer, sur le site du tertre situé à côté de l'Institut National d'Océanographie (le Tel - I - Samech).

 

Ce tertre a été formé de nombreuses strates, résidus de plusieurs périodes de travaux de construction antérieurs au XVIe siècle avant J.-C.

 

Pendant la période Perse, le tertre était devenu un lieu qui servait de place forte, et c'est à cette époque qu'il a été agrandi sur la plaine qui l'entourait. À partir du Ier siècle avant J.-C, des textes le mentionnent sous le nom de Shikmona.

Shikmona

Le développement de Shikmona est lié à son port, mais surtout à sa situation géographique. Parmi les très nombreuses découvertes archéologiques de Shikmona, certaines sont exposées au Musée d'Israël ainsi que dans les différents musées de Haïfa: pièces navales, objets de culte, plusieurs dizaines de sols en mosaïque colorée, qui toutes attestent du haut statut économique de la ville.

Shikmona

Deux petits villages se sont créés à côté de Shikmona: le Haïfa Juif et Castra (le Katstra Samaria), réputés ennemis en raison de leurs différences religieuses et sociales, les archéologues ont identifié Castra comme étant situé à l'emplacement actuel de Nahal Esov (Hysope Wadi), à l'entrée sud de la ville.

Phoenician astart, pottery, Israelite IIB-C, 8th-7th centuries BCE

L'importance de cette petite bourgade était également due à sa proximité avec les lieux de culte sur le mont Carmel.

 

 

 

  

  Haïfa au Moyen Âge - VIIe au XIIIe siècle

 

Au Moyen Âge, il n'y avait qu'une poignée de villages sans importance, dont seul celui de Haïfa, réunion de deux villages grecs: Sycaminos et Porphyryon, est mentionné par les portulans, et qui ne deviendra une ville importante que durant l'époque des croisades (1095 à 1291), pour retomber au statut de village pendant la période turque (1517-1917).

Navires du XIIIe siècle

Finalement, Haïfa a pris la place de Shikmona comme ville la plus importante de la région. À cette époque, elle est devenue un port important, et de chantiers navals connus pour la construction de navires de type "Jodi", dont le fond plat leur permettait de naviguer le long des plages peu profondes de la côte.

 

À partir du IXe siècle on fait référence à Haïfa dans les sources écrites comme ayant des liens commerciaux importants avec l'Égypte.

 

Les métiers des habitants de la ville étaient liés à la navigation, au commerce, à la production de teintures dont la célèbre couleur pourpre obtenue à partir de mollusques qui se trouvaient en quantité sur les bords des rivages de la côte, ainsi qu'aux industries du verre.

 

Au printemps 1099, les Croisés arrivèrent en Terre sainte. Après avoir conquis Jérusalem, ils revinrent s'implanter sur la bande côtière afin de maintenir ouvert ce passage essentiel vers l'Europe. Pendant l'été 1100, ils commencèrent à se concentrer sur la conquête de Haïfa, et l'assiégèrent de mer et de terre, face à une résistance insoupçonnée de ses habitants.

 

Sous la direction de Tancrède de Hauteville (vers 1070 1112), gouverneur de Galilée, et l'appui d'une escadre vénitienne Haïfa finit par tomber le 20 août 1100 entre les mains des Croisés.

 

Lorsque Tancrède de Hauteville a abandonné ses droits sur la principauté de Galilée lorsqu'il s'installa dans la principauté d'Antioche, celle-ci, qui au début, ne comprenait que les deux villes saintes de Jérusalem et de Bethléem, et un seul port, Jaffa, s'est constituée en occupant les villes de la côte, de Beyrouth (Tyr, 1124) à Ascalon (celle-ci en 1153 seulement). Elle comprend tout l'intérieur jusqu'au Jourdain, dépassant le fleuve dans la principauté de Tibériade et dans la seigneurie d'Outre-Jourdain.

Echanges commerciaux d'apres Al Idrisi (XIIeme siecle)

Le royaume sera miné par les querelles intestines entre ses souverains et leurs vassaux et par la faiblesse du pouvoir royal exercé par Gui de Lusignan ((1186 1192). Après son éviction par le roi Richard, le royaume passera aux trois derniers maris de la reine Isabelle (1192-1205): Conrad de Montferrat (1192), Henri de Champagne (1192-1197) et Amaury II de Lusignan (1197-1205).

Acre et le mon Carmel

Dans le Nahal Siach (Wadi Siach), pendant le dernier quart du XIIe siècle, s'est progressivement mis en place une communauté d'ermites, le noyau de ce qui formera plus tard en Occident l'ordre de la Bienheureuse Vierge Marie du Mont Carmel, et qui allait exercer une grande influence sur la ville de Haïfa.

 

Au XIIIe siècle, l'importance commerciale et le statut du port d'Haïfa avaient quelque peu grandi. Lors de son séjour de 1250 à 1253, saint Louis, fait consolider les forteresses d'Acre, de Césarée, de Jaffa, de Sidon et Haïfa. Ouvrages qui avec les maisons seront intégralement détruits en 1265, lorsque les troupes de Baybars le Mamelouk conquièrent Haïfa.

Levant : thirteenth century sailing ship

En 1492, Selim I, fils du Sultan Bayezid II, ayant battu les Mamelouks à Ridaniya, la Syrie, la Palestine et l'Égypte ont été annexées à l'Empire Ottoman.

 

 ► L'activité commerciale du port d'Acre - ici -

 

 

 

  

  L'ère des Mamelouks et des Ottomans - XVIIIe au XXe siècle

 

La destruction systématique des villes côtières, dont le but était d'empêcher la possibilité de tout retour des envahisseurs Chrétiens d'Europe par la mer, a laissé Haïfa, comme toutes les autres agglomérations de la région, dans un état de désolation totale pendant presque toute la période où les Mamelouks ont dominé le Levant, c'est-à-dire du XIIIe jusqu'au XVIe siècle.

 

Bien que cette époque puisse se caractériser par la rareté de pièces écrites qui soient parvenues jusqu'à notre époque, subsistent çà et là quelques récits de pèlerins. En 1350, l'un d'eux décrit l'endroit comme complètement désert et souffrant de sécheresse. La plupart des témoins oculaires ont confirmé cette description jusqu'à la conquête ottomane à la fin de 1516, qui va considérablement modifier la situation d'Haïfa.

 

La période ottomane à Haïfa peut être divisée en deux périodes clairement délimitées:

 

  la première période qui s'étend de la conquête ottomane jusqu'à
     l'époque de Daher el - Omar, plus précisément jusqu'à 1761, période où
     Haïfa était située dans son ancienne implantation,

 

   la deuxième période qui s'étend de 1761, année où une nouvelle localité
     a été fondée, jusqu'en septembre 1918.

 

Au cours de la première période, la ville ne se développe que très lentement, et exclusivement dans les zones du port et de l'ancienne forteresse. Jusqu'en 1575, il n'y a absolument aucune mention du nom de la ville dans la littérature ou les écrits connus de voyageur ou de pèlerin dans la région.

 

C'est pour cette raison que la plupart des experts estiment que la région n'était pas habitée de façon permanente au début de la domination des Ottomans. La restauration progressive s'accompagnant de travaux de reconstruction n'aurait été entreprise que par la génération qui a suivi le début de la domination ottomane.

 

Les récits de témoins datant du XVIe siècle et ultérieurs décrivent une petite bourgade construite au milieu des ruines, des maisons vétustes et délabrées, avec des vestiges de fortifications, ou - au contraire - une grande église qui domine l'ensemble.

 

Un dessin de 1882 reflète fidèlement l'état d'abandon dans lequel Haïfa se trouvait à cette époque. Même le monastère de Stella Maris, représenté dans ce document, semble avoir été négligé et laissé à l'abandon.

 

L'édifice le plus important de Haïfa à cette époque était la "citadelle". Il s'agissait d'un bâtiment important et très ancien, partiellement détruit, et qui était situé au bord de la mer, près de l'actuel hôpital Rambam.

 

Il semble que ce bâtiment ait été utilisé comme église par les Croisés, mais par la suite il a été tour à tour reconstruit et détruit. Selon la description d'un voyageur et émissaire Français datée du milieu du XVIIe siècle, les vestiges de la citadelle et d'églises, notamment l'église des moines Nazaréens carmes subsistaient encore lors de son passage.

 

Selon un autre voyageur qui a visité Haïfa au début du XVIIIe siècle, Haïfa était construite pêle-mêle, et s'étalait "partout", tout en précisant que si la citadelle n'avait pas été construite dans ses limites, la ville n'aurait pas été en mesure de faire face aux brigands et aux pirates qui naviguaient le long de la zone côtière.

 

À cette époque, l'ancien port a vu son activité commerciale décroître au profit du port d'Acco (Acre) dont les installations étaient plus adaptées à l'évolution en taille des navires de commerce.

Saint-Jean-d'Acre - 1800

Pendant toute cette période, Haïfa a bénéficié du gouvernement serein et tolérant envers leurs sujets non Musulmans de la famille bédouine Turabay, qui s'était vu confier d'une génération à l'autre, l'administration de tout le Carmel par les dirigeants de Damas compte tenu de leur fidélité et de leur obéissance.

 

L'émir Ahmed Turabay qui résidait à Haïfa a favorisé le peuplement progressif de la ville par des communautés chrétiennes, et autorisé le 29 novembre 1631, le retour d'une communauté de Carmes sur les pentes du mont Carmel.

 

Lire la suite dans le chapitre sur le mont Carmel.

 

 

 

  

  Bahá'u'lláh - 1883-1891

 

Dans les années 1860, les membres de la Société du Temple, un groupe religieux allemand, communément appelés les Templiers, s'est installé à Haïfa, parce qu'ils étaient convaincus que le Christ allait bientôt revenir au mont Carmel.

 

La baie d'Haïfa entre 1883 et 1891

La baie d'Haïfa à l'époque où Bahá'u'lláh y séjourna par trois fois, entre 1883 et 1891.

 

 

 

  

  L'Occident au IVe siècle

 

  

  Le monachisme chrétien

 

Ce sont des voyageurs orientaux et des pèlerins qui, surtout à partir du IVe siècle font connaître et répandent en Occident les différentes formes de la vie monastique, notamment saint Athanase, évêque d'Alexandrie, venu à Rome en 340, et saint Jérôme.

Saint Jérôme

Le monachisme connaît en Occident comme en Orient un succès extraordinaire. Pour des raisons diverses, de très nombreux chrétiens des deux sexes choisissent de quitter leur famille et de renoncer au monde pour "suivre le Christ" en menant une vie plus conforme aux idéaux de perfection chrétiens. 

 

Quel que soit le genre de vie qu'ils choisissent: ascètes, anachorètes, cénobites, vierges ou veuves consacrées, ils sont qualifiés de "moines" et s'inspirent du modèle de saint Antoine et des Pères du désert égyptien. 

 

En Occident, les premières expériences monastiques sont encouragées par des personnages charismatiques tels que Jérôme, Martin de Tours, Honorat de Lérins vers 410, et de saint Victor établi vers 415 à Marseille par Cassien; qui rapporte d'Orient où il a longtemps vécu, d'importants ouvrages sur les anachorètes et les institutions monastiques.

Saint-Honorat  

 

Les premiers moines, le plus souvent issus de l'aristocratie gallo-romaine, contribuent par leur prestige au rayonnement du monachisme.

 

Toutefois, la grande diversité des idéaux et des vertus prônés par les moines amène les autorités à prendre des mesures pour tenter d'unifier leur mode de vie et leurs pratiques.

 

Le concile de Chalcédoine, convoqué par l'empereur Marcien en 451, consacre plusieurs canons aux moines et aux monastères, qui se voient ainsi dotés pour la première fois d'une reconnaissance et d'un statut.

 

À partir de cette époque apparaissent les premières règles monastiques écrites, dont celle de saint Benoît de Nursie (vers 480/490 † 547) n'est alors qu'un exemple parmi d'autres. La vie en communauté nécessitait en effet l'adhésion collective à une série de normes codifiées.

Saint Benoit donnant sa règle à saint Maur

En effet, si les monastères des premiers siècles étaient avant tout des lieux de culte et de prière, ils étaient souvent dotés d'un riche patrimoine foncier et contribuaient à la production économique, à la christianisation des campagnes, à la transmission des savoirs et à l'enseignement.

 

 

 

  

  Les croisades (1096 à 1683)

 

 

  ► Chronologie - ici -

 

 

 

  

  Le christianisme au XIIe siècle

 

Après les "siècles de foi" (IXe - Xe siècle) marqués par la décadence des élites monastiques trop impliquées dans les affaires politiques et l'administration de leurs domaines, ce siècle se caractérise par la diversité et la contestation. Le christianisme se développe en tous sens. Les nouveaux ordres monastiques prolifèrent, la scolastique fait ses premiers pas et le droit canon est unifié. La papauté prend de l’ascendant sur le pouvoir temporel. Mais des hommes se lèvent pour contester la richesse et la puissance de l’Église, qui réagit mal.

Europe au XIIes

"Quelle diversité en effet! Que de chemin parcouru depuis l’effort carolingien pour tout ramener à l’uniformité!" À l’instar de l’historien Jacques Le Goff, celui qui s’aventure sur les chemins du XIIe siècle chrétien ne peut que s’émerveiller devant le feu d’artifice spirituel, intellectuel et artistique qui s’offre à son regard. 

 

Chaque pas amène une nouvelle surprise et tant de richesses menacent d’étourdir le voyageur. C’est qu’en entrant dans cette période, il pénètre de plain-pied dans un des plus beaux siècles du Moyen Âge, qui trouvera son pendant dans le XIIIe siècle.

 

"Pourquoi tant de nouveautés dans l’Église de Dieu? Pourquoi tant d’ordres surgissent en son sein? Qui ne s’étonnerait de tant d’espèces de moines?" 

 

Cette exclamation d’un chanoine de Prémontré résonne comme la lamentation d’un homme perdu au milieu de tant de profusions. Dans la première moitié du XIIe siècle, l’expansion des ordres monastiques est en effet spectaculaire.

 

Marqué par un retour à la simplicité, un tel développement répond à des besoins spirituels accrus. Face aux splendeurs de Cluny, face à une Église toujours plus riche et plus puissante, certains veulent retrouver la lettre de l’Évangile et "nus, suivre le Christ nu".

 

Les cisterciens sont à cet égard le fleuron de ce mouvement de réforme. Ils optent pour une application stricte de la règle de saint Benoît et élaguent tout ce qu’elle ne préconise pas expressément. Le vêtement devient très simple, la nourriture s’allège, certains objets disparaissent, de même que de nombreux offices mineurs et exercices liturgiques, et le travail manuel est obligatoire.

L'Ordre de Citeaux au XIIe siècle

Au XIIe siècle, les cisterciens sont servis par une forte personnalité et l’un des hommes les plus remarquables de son temps: Bernard, ancien moine de Cîteaux, fondateur de l’abbaye de Clairvaux en 1115, et célèbre prédicateur de la deuxième croisade à Vézelay en 1146.

 

Le XIIe siècle voit en effet la papauté s’affirmer, et la réforme grégorienne se poursuivre. La querelle des investitures continue à empoisonner les relations entre pouvoirs temporel et spirituel, et ne trouvera un semblant d’épilogue qu’en 1122 avec le concordat de Worms, un compromis boiteux qui ne sera pas vraiment appliqué. 

 

L’Église recouvrait la liberté de nommer clercs et évêques, mais l’investiture devait être confirmée par le pouvoir temporel. Les conflits entre le pape et l’empereur se réveilleront épisodiquement. Temporairement, le pape réussira même à établir sa souveraineté sur le monde temporel. Ainsi, Frédéric Barberousse fera acte de soumission au pape Alexandre III en 1177. Mais c’est avec Innocent III (1198-1216) que la papauté atteindra le sommet de sa puissance.

 

Trop intéressée au gouvernement temporel, la papauté s’éloigne des préoccupations spirituelles et s’enlise dans le monde et ses aléas, notamment les échecs retentissants que représentent les croisades. Une irritation croissante à l’égard de la hiérarchie et de ses fastes se fait jour. Elle provient pour l’essentiel des laïcs, qui commencent à jouer un rôle croissant dans la société. 

 

Un des mouvements les plus connus est celui que lance un dénommé Valdès vers 1173. Ce riche marchand abandonne tous ses biens pour prêcher la pauvreté. La communauté qui partage ses idées – les Vaudois – lit des passages de la Bible en langue vulgaire, considère l’Écriture comme l’autorité suprême et conteste ouvertement la richesse de l’Église.

Siège de Tunis

La diversité chrétienne se manifeste aussi dans la pensée, où les premiers balbutiements de la scolastique se font entendre. L’époque a produit sinon de grands théologiens, du moins des jongleurs expérimentés de la dialectique qui commence à déployer ses armes redoutables, et dont saint Thomas d’Aquin se servira magistralement au siècle suivant.

 

L’enseignement sort des monastères et des écoles épiscopales pour gagner peu à peu la place publique. Des écoles indépendantes se créent, qui deviendront des universités au XIIIe siècle. Des maîtres laïcs commencent à donner des enseignements.

 

Ainsi Pierre Abélard (1079 1142 - infos), qui fut le premier à systématiser rationnellement la doctrine chrétienne, constituée jusque-là de différentes strates superposées – évangiles, textes des Pères de l’Église, décisions conciliaires – sans vraies relations entre elles. Il fut condamné à plusieurs reprises pour sa liberté de pensée, notamment par saint Bernard de Clairvaux qui se méfiait de toute nouveauté en matière de théologie.

 

Une génération avant Abélard, Anselme avait été un des précurseurs de la scolastique. Sa preuve de l’existence de Dieu, fondée sur la dialectique, est restée célèbre.

 

 

 

  

  Les Carmes au XIIIe siècle

 

Ce siècle se caractérise par l'apogée médiéval tandis que la puissance de la papauté atteint son zénith et connaît la tentation totalitaire. Deux nouveaux ordres, les Franciscains et les Dominicains, revendiquent une pauvreté absolue et prêchent l’Évangile sur les routes, on les nomme "ordres mendiants". La théologie trouve des bases rationnelles en intégrant le système aristotélicien, réinterprété par Thomas d’Aquin et Albert le Grand.

 

Le 14 septembre 1214, durant une procession à Saint-Jean-d'Acre, Albert Avogadro est assassiné à coups de couteau par un prélat qu'il avait déposé pour inconduite. Il sera canonisé sous le nom de saint Albert.

St. Albert and St. Brocard

Le 4e concile de Latran (1215) décide de stopper le processus de prolifération des ordres nouveaux (essentiellement des ordres "mendiants", restaurateurs du principe de la pauvreté évangélique).

 

Lors du second concile de Lyon (1274), tous les ordres fondés après 1215 seront supprimés. Les Carmes sont épargnés de justesse mais priés de se convertir en passant du statut d'ermites à celui d'ordre mendiant.

 

Ce processus d'assimilation des Carmes aux ordres mendiants s'achèvera en 1326.

 

Désormais subsisteront seulement quatre ordres mendiants: les Dominicains, les Franciscains, les Carmes et les Augustins. Plus d'une vingtaine d'autres ordres mendiants fondés après 1215 avaient été supprimés.

 

Pour la période antérieure à 1209, en l'état des connaissances actuelles, on sait seulement que les Carmes furent gouvernés par deux prieurs: Brocard et Berthold. Une multitude d'autres détails furent inventés par la suite afin de colmater les lacunes de l'historiographie carmélitaine, dues (en partie) à la destruction des archives du mont Carmel lors de la chute de Saint-Jean-d'Acre en 1291 et la fin de la présence franque en Terre sainte.

 

Meurtri par d'âpres discussions avec Théodore, patriarche de Constantinople, Cyrille embarqua pour la Terre sainte où il trouva refuge chez les Ermites du mont Carmel, avant de partir prêcher en Arménie.

 

Tableau du bienheureux Cyrille de Zurbarán

Zurbarán - Le bienheureux Cyrille - huile sur toile 91x32 cm.

Museum of fine Arts de Boston - Zoe Oliver Sherman Collection.

 

Après le retour des croisés de la 6e croisade et la fin des dix années de trêve (1229-1239), des frères de l'ordre de la Bienheureuse Vierge Marie du Mont Carmel s'installent à Hulne (northwest of Alnwick - Northumberland - qui aura le statut de "désert") et Aylesford (Kent) en 1242, puis aux Aygalades (Marseille) en 1244. Dès 1235, un certain Pierre de Corbie et son compagnon auraient obtenu des échevins de Valenciennes, duché d'Hainaut, l'autorisation de s'y installer.

Eglise de Hulne

Il faudra attendre la bulle "ut vivendi normam" du 30 janvier 1226 du pape Honorius III (? † 1227), pour que cette règle primitive soit approuvée.

 

Pape Jean XXII approuvant la Règle des Carmes - Pietro Lorenzetti - 1327 - Gold and tempera on panel - Siena, Pinacoteca Nazionale

Retable du Carmine peint par Pietro Lorenzetti (détail).

 

 ► Liste des principales décrétales - ici -

 

Ancêtres de la Vierge Marie

Cette même règle primitive fut de nouveau confirmée le 6 avril 1229 par le pape Grégoire IX, qui interdit cependant aux Carmes de recevoir des biens immobiliers et des rentes, infléchissant ainsi l'évolution de l'ordre initialement érémitique en ordre mendiant. Le processus d'assimilation des Carmes aux "Mendiants" va durer un siècle.

 

Dès 1238, à la suite des revers militaires éprouvés par les croisés, les Carmes commencèrent d'essaimer en Occident.

Bassin méditérranéen au temps des croisades

Bien qu'épargnés dans un premier temps par les musulmans, sans doute à cause de leur vénération pour le prophète Élie, les Carmes perdirent les uns après les autres tous leurs établissements de Palestine et de Syrie jusqu'à la prise de Saint-Jean-d'Acre par le sultan égyptien, accompagnée de la destruction finale du couvent du Carmel, et du massacre de tous ses frères en 1291.

 

Sauvetage des Carmes par saint Louis, fresque de Ratgeb Jorg (1480 ? † 1526), Karmeliterkloster, Francfort - Allemagne

Le sauvetage des Carmes par Louis IX, fresque de Ratgeb Jorg (1480 ? † 1526), Karmeliterkloster, Francfort , Allemagne. Pour agrandir le document, cliquez - ici -

 

Une reproduction de cette scène qui s'inscrit dans une fresque monumentale retraçant la vie des Carmes, peinte par Jörg Ratgeb (1480 ? † 1526), sur les murs du réfectoire du Karmeliterkloster de la ville de Frankfurt am Main, a été offerte à l'abbaye Saint-Hilaire par le Dr. Michael Fleiter, de l'Institut für Stadtgeschichte de Frankfurt am Main.

 

Massacre des Carmes - fresque de Ratgeb Jorg - Karmeliterkloster de la ville de Frankfurt am Main

Scène précédent celle ci-avant.

 

Cet événement tragique marqua la fin de la présence des Carmes en Orient pendant plusieurs siècles et leur retour dans leurs divers pays d'origine: Sicile, Italie, Angleterre, sud de la France Les Carmes qui débarquèrent à Marseille s'installèrent aux Aygalades en 1244, dans une grotte toujours visible de la voie rapide "Marseille-Aix", où, selon la tradition, sainte Marie-Madeleine aurait séjourné quelque temps avant de gagner le Massif de la Sainte-Baume (entre les départements des Bouches-du-Rhône et du Var).

visite de la grotte des Aygalades  

Les Aygalades sont aujourd'hui un quartier du 15e arrondissement de Marseille. Ce quartier administratif associe à l'ancien village des Aygalades, au bord du ruisseau des Aygalades, une vaste zone de collines, partiellement déserte, montant jusqu'à l'un des premiers sommets du massif de l'Étoile (alt. 301 m.).

 

Au cours des années 1240, entre les seigneuries d'Oppède et de Bonnieux, un petit nombre d'entre eux viendra occuper l'actuel site de Saint-Hilaire, où préexistait peut-être un lieu de culte dont on ignore encore l'origine.

 

de Marseille à Saint-Hilaire Royaume de France en 1223

 

Ils y sont mal accueillis, le pape Innocent IV ayant déjà réuni en 1244 tous les groupements érémitiques italiens et ultramontains en une seule congrégation.

 

Le 8 juin 1245, le pape Innocent IV confirme les bulles précédentes de Grégoire IX et d'Honorius III.

 

En France, ils sont confrontés à la croissance rapide des Dominicains et des Franciscains, de plus, la France est en pleine folie inquisitoriale (1231-1239), conduite par un Cathare converti, le Dominicain Robert le Bougre, où la vie monastique ne se concentre plus dans quelques grandes abbayes, mais connaît un essor continu, souvent en milieu urbain, du fait de l'apparition des ordres mendiants, popularisés par saint Dominique et par saint François.

Acte de foi conduit par Robert le Bougre

L'apparition des ordres mendiants révolutionne les conceptions de la vie religieuse. À l'exigence de pauvreté individuelle, comme toutes les règles, ils ajoutent celle de la pauvreté collective, il leur est en effet interdit de posséder quoi que ce soit en commun, sauf les églises et couvents; les frères doivent vivre de leur travail, des aumônes et si besoin de la quête: ils ont le droit de mendier dans les lieux publics.

 

Le mot "pauvreté" recouvre bien des acceptions. Toutefois, la pauvreté ne peut pas être la détresse totale qui met l’homme dans un état de profonde dépendance physique et morale. Au fond, l’idéal de pauvreté est un idéal de liberté, un refus de toute aliénation. En fait, le problème n’est pas simple et il suscita d’innombrables interprétations et d’interminables querelles.

 

Être pauvre, était-ce être haillonneux, comme le voulait saint Dominique, ou l’acceptation de la vie communautaire avec toutes ses conséquences: le dépouillement total, la non-possession des biens terrestres, le détachement?

 

Pour les Carmes, elle sera la conséquence logique du renoncement total qui est l’essentiel de la vocation à la vie parfaite; elle consiste dans le fait de tout abandonner, non en vue d’être pauvre, mais en vue de mener une vie de détachement.

 

Les frères convers, davantage affectés aux tâches nouvelles et domestiques, sont de vrais religieux soumis aux mêmes règles que les autres frères, à l'exception du chant de l'office choral (remplacé par des prières dites "en privé") et de la participation au chapitre conventuel.

Conversation de deux dominicains

La vocation des ordres mendiants est fondée sur l'apostolat, la parole (enseignement et surtout prédication), et l'action: ils s'installent donc dans les villes pour y répondre en étant près des hommes, et y pallier l'insuffisante formation pastorale et théologique du clergé séculier.

 

De plus, les religieux mendiants entretiennent des liens très étroits avec les Papes dont ils reconnaissent et soutiennent l'autorité, contrairement aux clergés séculiers et monastiques. En échange de la protection des Papes, ils s'engagent à les soutenir loyalement.

 

La vie fruste et austère des frères des ordres mendiants (surtout au début), leur ferveur religieuse, leur pauvreté volontaire et leurs hautes qualités morales attira le peuple qui se sentait proche d’eux et très loin du clergé séculier.

 

De même, les sermons en langue vulgaire, la dévotion à l'enfant Jésus et à la crèche, la dévotion mariale, humanisent la vie spirituelle, sont parmi les principales causes du succès des frères prêcheurs ou mineurs.

Prédication

Le clergé séculier devant le danger financier fit bloc, impliquant les autorités communales et leur hiérarchie, et fit tout pour reconquérir la faveur de leurs fidèles en multipliant les prédications, les fondations d’autels et les processions, les indulgences productrices de nouveaux revenus. Les bâtiments bénéficièrent d’agrandissements et d’embellissements, avec de précieux vitraux et surtout de nouvelles cloches puissantes destinées à couvrir celles installées dans les campaniles et clochetons des églises conventuelles.

 

Tout ceci explique que l’accueil des ordres mendiants par les clercs séculiers, de très réservé au début, devint très rapidement franchement hostile au fur et à mesure que les fidèles affluaient dans les églises conventuelles, tout en réduisant d’autant le revenu casuel.

 

Un exemple de ces tensions à l'Abbaye de La Charmoye, commune de Montmort-Lucy (51270), où en 1240, les chanoines envahissent la chapelle de la Charmoye, et enlèvent l'autel tout en malmenant les moines cisterciens, ce qui conduit le légat du pape à ordonner que les moines, tout en conservant leur maison de Vertus, ne pourraient plus y accueillir de paroissiens.

 

C'est dans ce contexte d'une lutte de pouvoir exacerbée que les Carmes se répandirent néanmoins peu à peu dans une bonne partie de la chrétienté et durent s'adapter aux conditions de vie occidentales.

Carte de la Chrétienté au XIIIes

Un premier chapitre général se tint à Aylesford en Angleterre, probablement au cours de l'année 1247. La décision la plus importante de ce chapitre fut d'envoyer deux frères à Lyon afin de solliciter une adaptation de la règle primitive auprès du pape Innocent IV.

 

À cette date, l'ordre de la Bienheureuse Vierge Marie du Mont Carmel comptait probablement quatre provinces, celles de Terre sainte, de Sicile, d'Angleterre et de Provence.

 

Le 27 juillet 1247 par la bulle "paganorum incursus", le pape Innocent IV donne aux Carmes l'appellation officielle de "Frères de Notre-Dame du mont Carmel", et demande aux évêques de bien vouloir accepter dans leur diocèse ces pèlerins expulsés de leur ermitage du mont Carmel par les infidèles. Face à l'hostilité du clergé, cette recommandation sera renouvelée le 4 octobre de la même année.

Pape Innocent IV au concile de Lyon avec des Dominicains et des Franciscains

Toujours en 1247, le 1er octobre, par la bulle "Quae honorem Conditoris omnium", le pape Innocent IV, précise, corrige quelques points douteux et mitige quelques sévérités contenues dans la règle approuvée par l'Église (Regula bullata).

 

Rappel: en 1247, le pape se contente de modifier quelques points de la règle, cette dernière ayant déjà obtenu le statut de "regula bullata" en 1229. Avant 1229, elle n'avait que le statut de "formula vitae".

 

En outre, le pape l'adapte aux nouvelles conditions de vie de l'Occident. Par cette littera solemnis, le pape Innocent IV initie le processus d'assimilation des Carmes au statut d'ordre mendiant, au même titre que les Dominicains, les Franciscains et les Augustins (ce texte d'Innocent IV fut successivement confirmé par Alexandre IV, le 3 février 1256, par Urbain IV, le 22 mai 1262, et par Nicolas IV le 1er juillet 1269).

 

Ces corrections n'ont pas été nombreuses et ne concernent que l'organisation extérieure de l'ordre, hormis le silence de règle qui est abrégé. Il n'y a rien qui concerne directement l'apostolat (cura animarum); cela viendra un peu plus tard.

 

En 1317, le pape Jean XXII (1244 † 1134 à Avignon) accorde aux Carmes l'exemption totale de la juridiction épiscopale. En 1326, ce même pape assimile concrètement les Carmes aux autres ordres mendiants de l'époque.

 

Désormais, les Carmes peuvent de plein droit prêcher, enseigner et confesser dans l'église. 

Agnolo degli Erri - Dominicain prêchant (1470)

Après l'approbation d'Innocent IV en 1247, le charisme du Carmel se développe selon une double dimension: une vie contemplative et une vie apostolique (vie mixte), qui ne s'achève qu'au XIVe siècle!

 

Vers 1251, la Reine du Carmel apparut à son Prieur général, saint Simon Stock, accompagnée d'une multitude d'anges, et tenant en sa main le scapulaire de l'ordre de la Bienheureuse Vierge Marie du Mont Carmel. Elle lui dit "reçois, mon cher fils, ce scapulaire de ton ordre, comme le signe distinctif de la marque du privilège que j'ai obtenu pour toi et les enfants du Carmel; c'est un signe de salut, une sauvegarde dans les périls et le gage d'une paix et d'une protection spéciale jusqu'à la fin des siècles. Celui qui mourra revêtu de cet habit sera préservé des feux éternels (infos).

Vincenzo Meucci - La Vierge remettant le scapulaire à saint Simon Stock - chapelle Brancacci de Santa Maria del Carmine à Florence

Le saint Prieur se leva réconforté, fit part à ses fils des promesses de Notre-Dame, et à partir de ce temps, l'ordre dégagé de tout péril, prospéra.

 

Les Carmes ont porté un manteau formé de sept bandes perpendiculaires, trois noires et quatre blanches (infos), ce qui leur valut d'être désignés sous le nom de barrati Fratres, ou virgulati, ou de pica (pie). Lors du Chapitre Général de 1287 à Montpellier, les Carmes décident de substituer leur manteau rayé ou barré par une chape blanche, ce qui leur valut d'être désignés sous le nom de frères blancs. Cette chape a une symbolique dans la spiritualité carmélitaine: elle indique notamment la pureté et la virginité de Marie.

Frères Carmes assistant à l'Office

Le désert et la ville: tels sont les deux pôles d'attraction entre lesquels oscille l'ordre de la Bienheureuse Vierge Marie du Mont Carmel dès le début de son implantation dans la chrétienté.

 

Le "désert" devait permettre aux religieux de trouver la possibilité de consacrer tout leur temps et leur énergie à la culture d'un esprit de contemplation. À l'exception de quatre ou cinq frères qui devaient y rester de façon permanente afin d'assurer son fonctionnement, chaque frère y séjournait une année, puis il regagnait le couvent d'où il était venu.

 

Là, le temps est essentiellement consacré à l'oraison mentale, le jeûne y est très strict, ainsi que le silence, interrompu seulement une fois par quinzaine à la manière des anciens anachorètes, pour l'examen des textes. Le temps non consacré à la prière et la lecture est consacré au travail manuel, la culture des jardins. Ce qui caractérise le "désert", c'est qu'à proprement parler, les études ne sont pas autorisées, de peur qu'elles ne distraient l'esprit...

 

C'est ainsi que des communautés carmélitaines choisiront de s'établir hors des villes, alors que d'autres, s'implanteront au cœur de celles-ci pour s'adonner à la vie apostolique en union intime avec la vie contemplative.

 

En 1271, fidèle en cela à la Norme de Vie établie par Albert Avogadro qui place les Carmes parmi les simplices "in eremis" et non pas avec les "in scientia praedite", le prieur général Nicolas le Français manifeste son opposition dans un traité intitulé "Ignea sagitta" ("la flèche enflammée"), ou s'exprime une profonde nostalgie de leur style de vie érémitique et contemplative antérieure, qui le conduira à démissionner.

 

Son successeur, Ralph Fresburn l'Anglais, poursuivi l'action de Nicolas le Français. Il se démit de sa fonction en 1277 avant de se retirer en Angleterre au couvent de Hulne.

 

Les maisons érémitiques demeurent l'exception à la fin du Moyen Âge. La communauté distingue dans la notion de désert trois niveaux complémentaires, mais séparables: le lieu, le style de vie solitaire, l'idéal de la prière ininterrompue, et trois modes de réalisation: vie érémitique dans les déserts, dans les villes, vie contemplative dans les couvents urbains.

 

Dans sa session "sanota vacillationis" du 17 juillet 1274, le 2e concile de Lyon, présidé par le pape Grégoire X, reprenant en partie les dispositions du concile de Latran, décide la suppression des ordres religieux qui sont dans une situation juridique irrégulière "incert mendicita". Les Carmes défendent leur naissance avant les décisions de Latran IV, et évoquent les approbations pontificales.

Basilique Saint Jean de Latran à Rome

Cette menaçante situation d'attente met les Carmes dans une grande incertitude à l'égard de leur avenir dans l'Église. Finalement, après beaucoup d'interventions de la part de l'ordre, celui-ci est confirmé par l'Église.

Frères Carmes présentant la règle de Vie au pape Innocent IV

Dès lors, les Carmes subirent l'influence des Dominicains et modelèrent leurs institutions sur les leurs.

 

En cette fin de siècle, dans la personne de Boniface VIII s'obscurcissent la gloire et l'éclat de la papauté. Les moyens employés pour la maintenir étaient iniques. Des travaux intellectuels avaient frayé le chemin aux violences exercées par les pouvoirs séculiers. En 1254, Jean de Parme attaqua le pape dans son Évangile éternel qui fut brûlé en 1256. Les vices de la hiérarchie sacerdotale furent attaqués par la Carme Nicolas de Narbonne, dit le Français (? † 1280 ou 1282).

 

Les constitutions de 1281 mentionnent dix provinces: Terre sainte, Sicile, Angleterre, Provence, Toscane, Lombardie, France, Allemagne, Aquitaine, et Espagne qui ne sera plus mentionnée lors du chapitre général de Montpellier en 1287.

 

Vers la fin du XIIe siècle, le chapitre tenu à Londres en 1281 marque une nouvelle orientation des Carmes qui entrèrent à leur tour dans le mouvement universitaire qui avait pris son essor au début du siècle. En 1295, Gérard de Bologne devient le premier Docteur de l'ordre de la Bienheureuse Vierge Marie du Mont Carmel.

 

Vers la fin du XIIIe siècle, il existait en Occident environ 150 couvents carmélitains dont 50 en France et 30 en Angleterre.

 

 

 

  

  Les Carmes au XIVe siècle

 

Ce siècle se caractérise par la crise de la papauté et la grande épidémie de peste noire de 1347/1352 qui décime entre 30 et 50% de la population européenne en cinq ans, faisant environ vingt-cinq millions de victimes.

 

Le christianisme occidental entame un lent déclin qui conduira à la Réforme deux siècles plus tard. La papauté, exilée à Avignon pendant une soixantaine d’années, est plus préoccupée d’argent et de pouvoir que de spiritualité. Elle offre un spectacle affligeant. Sa division engendre un schisme de quarante ans. Des voix toujours plus nombreuses contestent l’institution ecclésiale et pontificale.

 

 ► Conséquences et intérêt démographique de la Peste noire - ici -

 

 

Par la bulle "Super cathedram" du 18 février 1300, le pape Boniface VIII avait restreint les prérogatives reconnues par ses prédécesseurs aux ordres mendiants - Dominicains, Franciscains, Augustins et Carmes - qui, déjà tenus à ne pas prêcher en présence de l'évêque s'ils n'étaient désignés par lui pour le faire, ne pouvaient plus prêcher sans autorisation de l'évêque, seul capable de dire si les besoins du diocèse justifiaient qu'on fît appel à eux.

 

Pour sa part, le pape Jean XXII (1244 † 1334) avait étendu l'interdiction au droit de confesser. Pour les couvents, tout cela ne faisait que tarir de substantielles ressources: les prédications poussaient à des dons, et la confession comportait l'imposition d'une pénitence.

 

Le 9 mars 1309, le pape gascon Clément V et sa curie de quelque quatre cents personnes s'établissent en Avignon pour le temps du concile, sur la rive gauche du Rhône, à une longueur de pont du royaume de France.

 

Lors du chapitre général de 1321, l'ordre comptait, dans l'ordre de création, sept studia generalia de théologie: Paris (1297), Cambridge (1312), Oxford (1314), Avignon (1318), Bologne 1321), Cologne (1321) et Londres (1321).

 

Si un texte aujourd'hui soumis à caution, rapporte que pape Jean XXII (1244 † 1334), aurait publié en Avignon, la bulle "Sacratissimo culmine" connue sous le nom de bulle Sabbatine, l'authenticité de cette bulle a été officiellement remise en question dès 1613 par le pape Paul V (1550 † 1621).

 

Sont par contre attestées les confirmations ecclésiastiques du privilège sabbatin de retirer des feux du purgatoire, le premier samedi (Sabbat), après leur mort les frères de l'ordre de la Bienheureuse Vierge Marie du Mont Carmel qui auront été revêtus de sa sainte livrée.

 

Pape Jean XXII approuvant la Règle des Carmes - Pietro Lorenzetti - 1327 - Gold and tempera on panel - Siena, Pinacoteca Nazionale

Retable du Carmine peint par Pietro Lorenzetti (détail).

 

Le Retable du Carmine peint par Lorenzetti en 1327 pour l'église S. Niccol du couvent des Carmes à Sienne (aujourd'hui partiellement conservé à la Pinacoteca) peut être considéré, davantage que comme une image de glorification, comme une image légitimante.

 

L'ordre, comme la plupart des ordres mendiants, s'est trouvé sous le couperet du canon 13 du 4e Concile de Latran (1215) qui imposait la rédaction de nouvelles règles.

 

Toute l'iconographie du retable, surtout dans la prédelle qui contient à elle seule pas moins de cinq approbations de la règle, tend à démontrer que bien que les Carmes soient arrivés tardivement en Occident, leur ancienneté en Orient était grande puisque la règle leur fut donnée par saint Albert, patriarche de Jérusalem. Ce premier geste de fondation, au centre du polyptyque, structure tout l'ensemble de la composition.

 

Ce texte officialise une vie érémitique qui prend ses racines dans les lieux bibliques. La délicate intégration de ces ermites orientaux dans les structures occidentales de l'Église et de la culture urbaine fut facilitée par deux donations pontificales également figurées: celle du manteau blanc de la part d'Honorius IV, qui vient remplacer le manteau rayé, et d'une nouvelle bulle d'approbation de la part de Jean XXII.

Vierge du Carmel sauvant les âmes du Purgatoire - Entourage de Diego Quispe Tito (1611–1681) - Brooklyn Museum

En 1324, l'ordre comptait trois nouvelles "studia generalia" de théologie: Toulouse, Montpellier et Florence.

 

En 1334, le pape Benoît XII, nouvellement élu après une semaine de conclave tenu dans le palais épiscopal d'Avignon, prend comme premier confesseur un religieux de l'ordre du Carmel.

portrait de Benoît XII par Henri Ségur - Palais des papes Avignon

1347, la peste noire fait son apparition en Occident, où elle provoque la mort de 30 à 50% de la population française.

 

Le 7 avril 1378, les conclavistes menacés de mort par les Romains élisent comme nouveau pape: l'archevêque de Bari, Barthelémy Prigano, qui prend le nom d'Urbain VI.

 

Dès sa nomination, son attitude pousse 13 cardinaux à déclarer son élection nulle. Ils élisent un nouveau pape: Robert de Genève, qui prend le nom de Clément VII et siège à Avignon à partir du 20 juin 1379.

 

Ce schisme eut pour conséquence la scission de l'ordre selon les nationalités:

 

   l'Allemagne, l'Angleterre et l'Italie, représentées par le prieur général
     Mathieux de Bologne suivant le pape de Rome, Benoît XII (vers 1285 †
     1342);

   la France et l'Espagne représentées par le prieur général Jean Grossi,
     suivra le pape d'Avignon, Clément VII (1478 † 1534).

 

Cette époque profondément marquée par le drame démographique provoqué par la peste noire: la France comptait 17 millions d'habitants en 1340, elle n'est revenue qu'à 10 millions en 1440, fut marquée par le déclin de l'ordre, aussi bien matériel que spirituel.

 

Conscient de ce relâchement, le pape Grégoire XI demande le 11 mars 1372, à l'occasion d'un chapitre général, qu'il soit procédé à une réforme de l'ordre tout entier. Quelques décrets furent intimés, mais la division de l'ordre en deux obédiences, en rendit l'exécution impossible.

C_2

Charles V Roy de France ayant derrière lui ses deux fils Charles Dauphin de France depuis le Roy Charles VI & Louis de France Duc d'Orléans. Et devant lui Jeanne de Bourbon sa femme qui a derrière elle, Jeanne & Bonne de France ses filles, & au bas est le frère carme Jehan Golein, Maître en Théologie, auteur du livre intitulé, Rational des divins Offices ou est cette miniature au premier feuillet, qu'il présentera au Roy Charles V. l'an 1374.

 

 

À la fin du XIVe siècle, l'ordre compte dans le royaume de France 7 provinces avec la Touraine, et 91 couvents dont Saint-Hilaire, et une nouvelle province à l'étranger: la Bohême.

 

Le général de l'ordre est élu par scrutinium (vote) à l'occasion d'un chapitre général (disposition antérieure à 1324). À chaque chapitre il doit rendre compte de sa gestion et de l'absence de plaintes sérieuses. Dès 1472, il réside généralement à Rome d'où, avec deux compagnons, il visite régulièrement les Provinces. En théorie, au moins, son pouvoir était illimité, mais dans la pratique il ne pouvait pas se permettre d'ignorer la volonté des Provinces.

 

Le chapitre général se réunissait assez régulièrement tous les trois ans de 1318 à la fin du XIVe siècle, par la suite la périodicité sera portée de:

 

   4 à 6 ans jusqu'en 1462;

   3 à 7 ans de 1462 à 1524;

   7 à 16 ans (exceptionnel) de 1524 à 1593.

 

L'organisation et la tenue des chapitres sont devenues une charge financière très lourde, non seulement pour l'ordre, mais aussi pour les villes qui leur accordent l'hospitalité.

 

Chaque Province était représentée par le Provincial et deux compagnons auxquels venaient s'adjoindre des étudiants à l'avenir prometteur, des frères devant prendre soin des chevaux. C'est ainsi que les chapitres généraux pouvaient réunir de cinq cents à plus de mille frères. Pour couvrir les frais, chaque Province était tenue de demander une subvention à son souverain. Le gîte et le couvert étaient offerts par les établissements de l'ordre locaux et par les habitants. À partir de 1318 les actes sont complets et ont pour partie été imprimés.

 

Les chapitres provinciaux ont eu lieu en règle générale une fois par an, mais des plaintes font état d'une périodicité de deux à trois ans. Chaque couvent était représenté par le père prieur ou avant, par un frère élu par le chapitre conventuel.

France en 1328

 

 

  

  Les Carmes au XVe siècle

 

Ce siècle se caractérise par la crise conciliariste (1) avec notamment le concile de Bâle-Ferrare-Florence de 1431-1445. La papauté a perdu une grande partie de sa crédibilité lors de son séjour à Avignon et pendant toute la durée du Grand Schisme. Pour sortir de la crise, évêques et cardinaux décident de donner au concile une autorité supérieure à celle du pape. Mais cette tentative de réforme échouera devant le refus des souverains pontifes de céder une partie de leur suprématie monarchique. La papauté poursuit son déclin.

 

(1) Le conciliarisme est une doctrine qui a pris naissance les XIIe et XIIIe siècles (représentée par Marsile de Padoue mort vers 1343) et qui voit dans un concile général d'évêques une instance au-dessus du pape.

 

Cela se manifestera notamment par des dépositions de papes au moment du Grand Schisme d’Occident. Un de ses grands défenseurs est Gerson au XVe siècle. Au XVIIe siècle, le conciliarisme se traduira plutôt par une volonté des évêques français d'être indépendants du pouvoir romain.

 

Le conciliarisme a été définitivement condamné au concile de Vatican I: le collège des apôtres et des évêques n'existe qu'avec et sous son chef (Pierre ou le pape) et ce n'est pas à côté ou contre lui qu'il doit gouverner l'Église.

 

 ► Le concile de Bâle (1431-1449) - ici -

 

 

En 1409, durant le Grand Schisme d'Occident qui commence en 1377 avec l'élection de deux papes (Urbain VI et Clément VII), le concile de Pise élit un troisième pape: Pierre Phylargis, qui prend le nom d'Alexandre V (1340 † 1410). À partir de ce moment l'Église est tricéphale.

 

Par la bulle "Regnans in exceliss" datée de Pise le 12 octobre 1409, le pape Alexandre V annule les dispositions de la bulle "Super cathedram" du 18 février 1300, et rend aux ordres mendiants le droit de prêcher et de confesser en tous lieux sans solliciter d'autorisation des évêques, ce qui eut pour effet de réveiller brutalement la vieille hostilité des maîtres séculiers contre les Dominicains, Franciscain, Augustins et Carmes.

 

Au cours du chapitre général tenu à Bologne en 1411, les deux prieurs généraux: Mathieu de Bologne (rattaché au pape de Rome Urbain VI - 1318 † 1389) et Jean Grossi (de l'obédience de Clément VII - 1342 † 1394, antipape d'Avignon), démissionnent.

 

Immédiatement après, Jean Grossi († 1434) est élu prieur général de l'ordre réunifié.

Masaccio et Filippino Lippi - Saint Pierre en chaire - Chapelle Brancacci

Un concile se réunit à Constance (1414-1418), pour remettre de l'ordre; légitimement assemblé dans le Saint-Esprit, formant un concile œcuménique et représentant l'Église militante, il tient sa puissance immédiatement de Dieu, et tout le monde, y compris le pape est obligé de lui obéir en ce qui concerne la Foi, l'extinction du schisme, et la réforme soit des membres, soit des chefs de l'Église.

 

Alors que le chapitre général de Bologne en 1411 avait mis fin à la présence de deux prieurs généraux à la tête de l'Ordre, cette situation se reproduit en juin 1430, à Nantes, où à l'occasion d'un nouveau chapitre général, deux prieurs généraux sont élus.

 

Pour mettre un terme à cette situation, le pape Eugène IV (1383 † 1447), nouvellement élu (1431), nomme Barthélemy de Roquali évêque de Marseille, et Natale Bencesi de Venise vicaire général de l'ordre jusqu'à ce qu'un chapitre puisse procéder régulièrement à l'élection d'un prieur général.

 

C'est dans ce contexte qu'à l'occasion du chapitre de Nantes, une majorité se prononce afin de solliciter du pape Eugène IV (1383 † 1447), la seconde mitigation de la règle donnée en 1205 par saint Albert (la première datait de 1247).

 

La supplique porte la date du 15 février 1432. Il y est dit que de nombreux profès de l'ordre ne peuvent plus observer la règle à cause de sa sévérité et de sa rigueur, tant par la fragilité humaine que par faiblesse du corps.

 

Le vicaire général Natale Bencesi dépêcha en 1432 des frères au pape Eugène IV, afin de lui transmettre cette supplique.

 

Natale Bencesi ayant été nommé vicaire général de l'ordre par le pape Eugène IV en 1430, c'est finalement le provincial de Provence, Jean Faci d'Avignon qui accéda au généralat en mars 1434, lors du chapitre réuni à Ravensburg.

 

Après trois années de réflexion, le pape Eugène IV adresse en 1435, la bulle "Romani Pontificis" datée du 15 février 1432 (date de la supplique) à Jean Faci, prieur général.

 

Le pape Eugène IV accorde aux Carmes de pouvoir librement et licitement demeurer et se promener "dans leurs églises, et dans les cloîtres de celles-ci et dans les lieux y attenant aux heures convenables", en outre, il donne la faculté de manger de la chair trois jours par semaine, excepté durant l'Avent et le Carême ainsi qu'aux autres jours où cela est généralement prohibé.

 

Ces modifications à la règle furent complétées le 5 décembre 1469 par le pape Pie II (1405 † 1464), qui concédera au prieur général la faculté de dispenser du jeûne aux jours où l'abstinence était levée, et par le pape Sixte IV (1414 † 1484) qui accordera des libertés plus grandes par la bulle "Dum attente meditatatione" du 28 novembre 1476, appelée communément "Mare magnum", qui octroyait de nombreux avantages aux ordres mendiants.

 

C'est à cette époque que le chapitre général de 1462 décida de changement d'habit en instaurant le remplacement des draps gris par des draps noirs, les convers conservant le scapulaire (infos) et le capuce blanc.

 

La mitigation de la règle ne fut pas perçue partout sans résistance. Dès avant sa promulgation, des réactions contre le relâchement général s'étaient fait jour.

 

Le premier mouvement de réforme en règle fut celui de la Selve (près de Florence), de Géronde (Suisse) et de Mantoue (près de Florence). De ces couvents qui prospèrent à cause de leur tendance observante, Mantoue obtint en 1442 du pape Eugène IV la bulle "Fama laudabilis", d'être une congrégation séparée, gouvernée par un vicaire général et soumise au seul prieur général.

 

Ces couvents adoptèrent certains principes, parmi lesquels la limitation du mandat à deux ans, avec l'impossibilité d'être réélu pendant une période de quatre ans entre chaque mandat, l'abolition de tous les biens privés, et la démission de tous les postes nécessitant de résider en dehors du couvent.

 

Cependant, la mitigation fut introduite vers 1465, et en 1783, le pape Pie VI (1717 † 1775) l'incorpora définitivement à l'ordre des Grands Carmes. Les derniers siècles, la réforme de Mantoue devient très marginale et n'a vraiment été influente que durant ce siècle.

 

Par une bulle du pape Sixte IV datée du 11 novembre 1475, les évêchés d'Avignon, de Carpentras, de Vaison et de Cavaillon sont détachés de la métropole d'Arles afin de former la nouvelle province ecclésiastique d'Avignon.

 

Province détachée de celle d'Arles en 1475. Les sièges suffragants sont Carpentras, Cavaillon et Vaison. Province supprimée en 1801 au profit de celle d'Aix-en-Provence. Province rétablie en 1822, avec pour sièges suffragants Montpellier, Nîmes, Valence et Viviers. Province supprimée en 2002 au profit de celle de Marseille.

 

 ► BnF - AvenionensisProvincia - carte - ici -

 

 

À la fin de ce siècle, en 1499, un autre mouvement de réforme naquit en France, la congrégation d'Albi commença par un réel coup d'État. L'évêque de la ville, Louis d'Amboise, désireux de réformer le couvent des Carmes, invita tous les religieux à un repas au palais épiscopal. Pendant ce temps, vingt-deux étudiants du collège parisien de Montaigu occupaient le couvent. Aux invités du repas on ne laissa que le choix d'embrasser la réforme ou de quitter le couvent.... sans solde...

 

Cet événement n'est pas sans rappeler celui de 1658, où l'évêque de Cavaillon, François II Hallier (en poste de 1657 au 23 juillet 1659), fait expulser les frères de la communauté de Saint-Hilaire, et prend possession du couvent. Après ce coup d'éclat, il sera remplacé dès 1659 par Richard de Sade.

 

Ci-dessous la supplique adressée en 1658 par les habitants de Ménerbes au pape Alexandre VII (1599 † 1667), afin qu'il ordonne l'expulsion des religieux de l'évêché de Cavaillon et le retour des Carmes (c'est ce document qui est utilisé comme trame de fond de la plaquette d'information de Saint-Hilaire):

1658 : supplique adressée au pape par les habitants de Ménerbes

Au cœur de ce siècle, parallèlement aux réformes à tendance séparatiste, Jean Soreth (1394 † 1471), élu prieur général au chapitre de 1451, entreprend un vaste mouvement de réforme en valorisant les germes et les mouvements déjà existants. Sa devise: "retour à la règle de saint Albert". Ses premiers décrets s'élevèrent contre les privilèges et exemptions, cause majeure de la décadence de l'ordre.

 

En 1362, les constitutions (explication et commentaire de la règle) encore en vigueur qu'il remania furent approuvées en 1462 par le chapitre général de Bruxelles. Elles insistent sur l'office divin, le vœu de pauvreté, le silence et la solitude, la garde du couvent et de la cellule, les études, le travail et les visites des supérieurs..... une réécriture de la règle de saint Albert.

 

Cette réforme contestée dans certains couvents, provoquera le départ de nombreux frères.

 

Son nom reste lié à la naissance des Carmélites qu'il fonde avec Françoise d'Amboise (1427 † 1485), duchesse de Bretagne, qui fit construire en 1463 à Vannes une maison pour accueillir neuf religieuses arrivées de Liège (Flandres), le 2 novembre 1463, dont elles partiront en 1792.

Portrait de Jean de Soreth

Cet établissement dénommé Trois Maries (Marie-Cléophas, Marie-Madeleine, Marie-Salomée), deviendra le premier carmel féminin en France.

 

Jusqu'à la Révolution, la France comptera 6 monastères de Grandes Carmélites (non réformées):

 

   Vannes 1463;

   Nantes 1476;

   Rennes 1622;

   Ploermel 1627;

   Charleville - fondé vers 1620;

   Fumay 1633;

 

et 74 carmels réformés fondés à partir de 1604.

 

Les prieurs généraux suivants favoriseront un retour à une mitigation de la règle avec l'aval des papes, Pie II (1405 † 1464), en date du 5 décembre 1459 et Sixte IV, le 29 novembre 1476, qui appliquèrent aux Carmes les privilèges d'exemption dont jouissaient déjà les autres ordres mendiants.

 

Cette situation de déliquescence perdura jusqu'à la désignation en 1523 par le pape Adrien IV (1459 † 1523), de Nicola Audet en qualité de vicaire général. Homme énergique, il organisa une centralisation du gouvernement des différentes provinces tout en veillant à la formation des frères. Pendant son généralat il fut confronté aux réformes protestante et anglicane.

 

Jusqu'en 1484, date à laquelle la réforme de l'Église de France devient l'objet d'un débat public impliquant laïcs et clercs, la question de la réforme des cloîtres est restée une question cléricale et monastique, débattue seulement dans le cadre confiné des chapitres généraux des ordres religieux.

 

À la fin de ce siècle, les provinces françaises stagnent avec 90 maisons presque toutes fondées avant 1400. Jean Soreth a bien essayé entre 1451 et sa mort en 1471 de réformer les Carmes, mais en vain.

Carte du royaume de France au XVes

 

 

  

  Les Carmes au XVIe siècle

 

Ce siècle se caractérise par la réforme. Confronté à une Église corrompue, Martin Luther donne le coup d’envoi de la Réforme le 31 octobre 1517. Ses thèses se répandent rapidement en Europe du Nord. Zurich et Genève deviennent des foyers importants des nouvelles idées, grâce à l’action de Huldrych Zwingli et de Jean Calvin.

 

Pour appréhender le sens des réformes, il est indispensable de comprendre l'origine des abus et des irrégularités qui les ont nourries. Parmi ces abus, il faut citer l'absence de toute limitation des mandats des supérieurs qui s'est avérée être l'une des difficultés majeures de l'histoire du monachisme depuis son origine.

 

De même, participe de ces abus, le droit pour de nombreux religieux, nonobstant leur vœu de pauvreté, à bénéficier de biens et revenus issus d'héritages, de revenus acquis par leur travail, par l'enseignement, les prédications, la copie de livres, l'acceptation de postes honorifiques en dehors de l'ordre, etc.

 

Bien que tout ceci ait été réglementé par les constitutions, ces situations seront à l'origine d'inégalités entre frères "riches" et "pauvres".

 

À partir du milieu du XIVe siècle, les papes feront preuve de plus en plus de magnificence dans l'octroi de privilèges pontificaux envers ceux qui avaient payé une taxe à la chancellerie apostolique: aumôneries, etc., dont les bénéficiaires n'avaient de cesse de s'émanciper des règles de leur communauté et de leurs supérieurs.

 

Encore une fois, après la peste noire (1348) des milliers de bénéfices sont devenus vacants, trop petits pour subvenir au train de vie de la hiérarchie sacerdotale, ils étaient très recherchés par les religieux, entre autres par les Carmes, qui, pour un service insignifiant, comme la célébration de la Messe obtenaient un petit revenu acceptable par ces temps difficiles.

 

D'autres encore étaient habilités à servir de hauts ecclésiastiques ou laïcs, à servir comme aumôniers à bord d'un navire, ou pour occuper le poste d'organiste dans les églises paroissiales. Toutes ces exceptions ont eu pour effet de relâcher les liens de la pratique religieuse, tout en favorisant des sentiments de jalousie entre les frères qui disposaient de privilèges et ceux qui en étaient dépourvus.

 

Enfin, les couvents qui pour des raisons diverses ne regroupaient qu'une très petite communauté de frères, étaient particulièrement exposés au laxisme en matière d'observance de la règle.

 

Créée en 1499, la Réforme d'Albi sera approuvée en 1513 comme congrégation d'Observance, mais elle sera supprimée en 1584 par le pape Grégoire XII. Le couvent des Carmes de la place Maubert à Paris, "studium" général érigé en 1309 grâce aux libéralités de Philippe-Le-Bel, s'était associé à cette réforme.

Eglise des Carmes place Maubert à Paris

En affichant ses 95 thèses contre les indulgences sur les portes du château de Wittenberg, Martin Luther veut non seulement corriger les abus de l'Église catholique, mais aussi sa doctrine. Il veut supprimer ou corriger tout ce qui est contraire aux enseignements du Nouveau Testament et réformer profondément l'Église existante. Parce que le pape Léon X refuse de l'entendre et l'excommunie, il se résigne à une rupture qu'il n'a pas souhaitée.

 affichage des 95 thèses

Ainsi naît une nouvelle Église qui en Allemagne se nomme Église évangélique, car elle se veut un retour à l'Évangile.

 

La nouvelle doctrine est résumée dans les deux catéchismes de Luther de 1529 et dans la confession d'Augsbourg, qui est l'œuvre de son collaborateur Philippe Melanchton.

 

La messe est profondément modifiée. Elle est célébrée en allemand et non plus en latin reposant sur:

 

   la prédication de l'Évangile;

   le chant des cantiques (Luther en compose plusieurs);

   la cène ou communion, sous les deux espèces: pain et vin;

   il n'y a plus de culte de la Vierge, des saints ou des morts.

 

Dans l'empire germanique, la Réforme luthérienne se répand au nord de l'Allemagne dans les états des princes qui l'adoptent et dans de nombreuses villes. Elle se répand aussi en Angleterre, au Danemark et en Norvège, ainsi qu'en Suède, où se constituent de véritables Églises nationales, sous l'impulsion des souverains.

 

Dans ces pays, comme en Écosse et en Irlande, le nombre des Carmes qui quittèrent l'ordre fut tel qu'il entraîna la disparition progressive de six provinces, et la fermeture d'environ 120 couvents.

 

Sans le vouloir, des Carmes avaient eux-mêmes contribué à ce mouvement de Réforme: dès 1254, Jean de Parme attaquait le pape dans son Évangile éternel, relayé par la suite par Nicolas de Narbonne qui dénonça les vices de la hiérarchie sacerdotale, et par Paul Helie, théologien au carmel de Copenhague.

 

 

 

  

  Carmes mitigés et Carmes observantins - (1517)

 

La rénovation va venir d'individus étrangers à l'ordre. Louis d'Amboise l'Ancien demande à un Dominicain, Durand de Fraccinis, de voir si la congrégation de Mantoue, forte de 80 maisons, ne pourrait pas prêter quelques frères italiens experts pour réformer leurs coreligionnaires français.

 

Or, les réformes (et notamment celles de Mantoue) étaient limitées à des aires socio-géographiques spécifiques incompatibles celles existantes en France. En s'adressant aux Carmes de la réforme de Mantoue, Louis d'Amboise ne pouvait qu'obtenir un échec.

 

Ne pouvant compter sur l'aide étrangère, Louis d'Amboise se tourne alors vers Jean Standonck (? † 1503), singulier personnage qui, se souvenant des privations de sa laborieuse enfance, sembla vouloir les faire expier par ses élèves du collège de Montaigu* à Paris, qui lui procure 26 étudiants.

 

* Quelques années après, Érasme (1469 † 1536), Ignace de Loyola (1491 † 1556), et Jean Calvin (1509 † 1564), allaient personnifier le mouvement réformateur qui s'étendait en Europe.

Portrait d'Erasme - copie autographe

Envoyés à Albi, ils sont formés aux usages carmélitains par Éloi Denis avec une efficacité confondante. Un mois plus tard, 23 font profession avec l'accord du provincial d'Aquitaine. C'est l'embryon d'une milice réformée qui déploie bientôt son énergie à Melun, Paris et Rouen. Ces maisons plus celle d'Albi constituent alors la congrégation d'Albi en 1502.

 

Cette adaptation de la Formule de Vie établie par saint Albert, notamment de l'abandon du principe de pauvreté collective, est à l'origine en 1517 d'une scission entre les "Observantins" qui observent la règle originelle de saint Albert et les "Conventuels ou Mitigés" qui observent les préceptes de la règle mitigée par les papes.

 

La branche des Carmélites après avoir été réformée à l'idéal primitif de l'ordre par sainte Thérèse d'Avila (1515 † 1582 - infos), fut approuvée par le pape Pie IV en 1562 (fondation du premier monastère des Carmélites déchaussées - les déchaussées, les déchaussés ou les déchaux observent strictement la règle originelle de saint Albert).

 

Portrait de sainte Thérèse d'Avila   Portrait de sainte Thérèse d'Avila - Prêt de Denise et Johan Devroe à l'abbaye Saint-Hilaire

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  Carmes déchaux ou déchaussés - (1593)

 

Les Carmes déchaux ainsi appelés parce qu'ils portaient des sandales (les alpargates sont portées par les carmélites), sont issus de la réforme des Carmes mise en œuvre en 1562 par sainte Thérèse d'Avila et Jean de la Croix (1542 † 1591).

Portrait de saint Jean de la Croix

En 1567, lors de sa visite à Avila, le prieur général Rubéo de Ravenne apporta à sainte Thérèse d'Avila l'approbation de son œuvre et lui donna des patentes, qui lui permirent d'entreprendre de nouvelles fondations de Carmélites. Quant à l'érection de couvents de Carmes déchaux, le Père de l'ordre se montra plus hésitant.

 

Face à l'insistance de sainte Thérèse, il donna en août 1567 licence pour la fondation de deux couvents de Carmes "contemplatifs" (le terme déchaux n'est pas utilisé), qui devront rester perpétuellement soumis à l'obédience de la province de Castille et soumis aux constitutions de l'ordre, données par le bienheureux Jean Soreth et confirmées par le père Nicolas Audet.

 

Dès l'année 1573, les Déchaux passent outre l'interdiction de s'implanter en dehors de la province de Castille en fondant un couvent en Andalousie.

 

Le conflit initié en 1573 entre Chaussés et Déchaux sera finalement tranché par le pape Grégoire XIII qui répondit à une requête du roi Philippe II d'Espagne (1527 † 1598) par le bref du 22 juin 1580, qui séparait Déchaux et Chaussés, soumettant ceux-là immédiatement au général de l'ordre, qui était alors Jean-Baptiste Caffardo, tout en confirmant l'érection définitive des Déchaux en province séparée.

 

Au premier chapitre provincial des Déchaux, tenu en mars 1581 à Alcalá, Gérôme-Gratien fut élu provincial. Après l'expiration de sa charge il invite, lors du chapitre de Lisbonne de 1585, le P. Nicolas de Jésus-Marie Doria à lui succéder. Ce Gênois despotique qui mettait l'accent sur l'observance régulière avait pour dessein l'entière séparation des Déchaux d'avec les Chaussés.

 

Le 10 juillet 1587, il obtient un bref érigeant les Déchaux en congrégation indépendante au sein de l'ordre, soumise immédiatement au général; elle sera gouvernée par un vicaire général, auquel sont conférés les plus amples pouvoirs.

 

Après avoir éliminé ses opposants, il fit présenter au chapitre général des Carmes tenu à Crémone en 1593, une supplique par laquelle il demandait "pour le bien de la paix, de la tranquillité et de l'augmentation de tout l'ordre, comme de la congrégation [des Déchaux]", la séparation totale d'avec l'ordre de l'antique observance. Les Déchaux formeraient désormais un ordre indépendant.

 

Le chapitre répondit à cette requête par un vote favorable, confirmé le 20 décembre 1593 par le pape Clément VIII dans la bulle "Pastoralis officii", qui par ailleurs élèvera Doria au titre de premier préposé général des Carmes déchaux.

1519 : bulle de Léon X

Alors que Doria avait clairement précisé que la réforme thérésienne ne devait pas s'étendre au-delà de l'Espagne, il autorisa en 1584 l'érection d'un couvent Déchaux à Gênes, qui par la suite fut sollicité pour établir une fondation à Rome, ce qui provoqua le refus de la congrégation d'Espagne. Le pape Clément VIII intervint par le motu proprio du 20 mars 1597, par lequel il séparait les Déchaux de Gênes et de Rome de ceux d'Espagne.

 

En 1592, le Carme déchaussé espagnol Thomas de Jésus (1568 † 1624), créé le premier "désert": il y en aura jusqu'à vingt-deux; il s'agit de maisons de retraite, où les religieux peuvent venir se retremper dans une vie purement contemplative.

 

Mais de nombreux couvents avaient dans leurs bois, des cellules séparées et éloignées d’environ trois ou quatre cents pas, dans lesquelles, un certain temps de l’année, on permet aux religieux de se retirer les uns après les autres pour y vivre dans une plus grande solitude et une plus grande abstinence.

 

Ils participaient de loin à la vie communautaire grâce à une petite cloche avec laquelle ils répondaient à celle de l’église, pour avertir [qu’ils allaient] s’unir avec leurs frères, dire les offices aux mêmes heures, faire avec eux leurs méditations, et prendre part aux exercices de la communauté.

 

La durée du séjour était ordinairement de trois semaines, sauf pour ceux qui célébraient le Carême. Les dimanches et jours de fête, les anachorètes devaient se rendre au monastère pour y participer aux exercices communs. Après vêpres, ils retournaient dans leurs ermitages.

 

Le XVIe siècle est l'un des plus difficiles de l'histoire des Carmes dans le royaume de France et dans la chrétienté en général. Durant ce que l'on nomme les Guerres de religions, de nombreux couvents furent détruits et les religieux chassés, voire exécutés.

 

Mais cette fin de siècle marque aussi le début des premières missions, où, dès 1584, des Carmes accompagnant des conquistadores portugais, établissent à Olinda, dans l'extrême nord du Brésil, le premier couvent du Nouveau Monde.

1544  

No século XVI (1580) chegaram ao Brasil os primeiros padres carmelitas, desembarcando do navio Frutuoso Barbosa, na cidade de Olinda - PE. Chefiando-os estava o Padre frei Domingos Freire, pioneiro da Ordem Carmelita no Brasil.  

 

 

  

  Ordres de Saint Maurice & Saint Lazare de Jérusalem*

  (* Futur ordre royal militaire de Notre-Dame de Mont-Carmel en 1607)

 

À l'origine, les premiers Lazaristes de l’ordre de Saint Lazare de Jérusalem sont des frères hospitaliers s’occupant en Palestine de l'hospitalité des pèlerins et des lépreux.

 

Lorsque les Sarrasins se furent rendus maîtres de la Terre sainte, les chevaliers de cet ordre se retirèrent en France, où le roi Louis VII (1120 † 1180) leur donna, en 1137, une maison à Boigny, commune près d'Orléans, et la maison de saint Lazare près de Paris.  

 

Le sort de l’ordre de Saint Lazare ne fut pas aussi heureux en Italie, où Pie IV (1499 † 1565, 224e pape) et Pie V (1504 † 1572, 225e pape), conférèrent la grande maîtrise à Janot de Castillon par leurs bulles de 1565 et 1566, tout en transférant le siège à Capoue, dans le sud de l’italie.

 

En 1489, les Chevaliers de Saint Jean de Jérusalem obtinrent du pape Innocent VIII (1432 † 1492, 213e pape) une bulle qui supprimait l'ordre de Saint Lazare, et l'unissait à leur ordre, ce qui donna lieu à un procès par lequel, en 1547, le grand maître de Boigni fut maintenu dans le droit de conférer à ses chevaliers toutes les commanderies de l'ordre.

 

Après le décès de Janot de Castillon, Grégoire XIII (1502 † 1585, 226e pape) accorda la grande maîtrise à Philibert Emmanuel, Duc de Savoie, qui rétablit l'ordre de Saint Maurice, et l’unifia en 1572, à l’ordre de Saint Lazare.

 

Un des principaux privilèges accordés à l’ordre de Saint Lazare en 1565 par la bulle de Pie IV (1499 † 1565, 224e pape) était que le grand maître et les chevaliers laïques pouvaient se marier et avoir une ou plusieurs pensions annuelles sur des bénéfices consistoriaux quoique mariés.

 

En 1575, François Salviati réunit un chapitre général pour adresser les protestations nécessaires contre cette entreprise, de sorte que l’ordre de Saint Lazare se trouva de fait divisé et gouverné par deux grands maîtres, le Duc de Savoie jouissant des commanderies d’Italie, et le grand maître de Boigni conservant son autorité sur celles de France.

 

Lazare de Béthanie est essentiellement connu par un récit de l'Évangile selon Jean (chapitre 11) selon lequel Lazare, mort depuis quatre jours et mis dans un sépulcre, serait sorti vivant de la tombe sur l'ordre de Jésus.

 

 ► BnF - ici -

 

 

 

  

  Tenues des Chevaliers

Grand Maître de l'Ordre de Notre-Dame de Mont-Carmel & de Saint Lazare de Jérusalem

 

 ► Gravures de tenues pages 55 à 60 - ici -

 

 

 

  

  Les Carmes au XVIIe siècle

 

Ce siècle se caractérise par le renouveau catholique. Au XVIe siècle, les catholiques ne sont pas restés inactifs face à la Réforme. Le concile de Trente a enfin pris les mesures qui s’imposaient pour revitaliser une Église en perte de vitesse. Les fruits de cette réforme s’épanouissent au XVIIe siècle. Le renouveau touche tous les aspects de la vie religieuse.

 

 ► Origines de la réforme des Carmes en France - ici -

 

 

La reconstitution des deux ordres du Carmel français se poursuivra durant tout ce siècle où, en 1600, il ne reste que 102 couvents et peut être moins de 2.000 frères.

 

Le 13 novembre 1600, le pape Clément VIII divisa l'ordre des Déchaux en deux congrégations autonomes: celle d'Espagne, dédiée à saint Joseph, dont l'expansion géographique était limitée à ce pays le Portugal, le Mexique et à ses colonies, et celle d'Italie, dédiée à saint Élie, qui avait, quant à elle, la possibilité de fonder de nouveaux monastères dans le reste du monde.

 

En octobre 1604, après six mois de pourparlers, création à Paris du premier Carmel thérésien composé de six moniales espagnoles, dont la converse Anne de Saint-Barthélemy, compagne de sainte Thérèse. Il faudra attendre l'année 1608 pour que des Carmes déchaux s'installent à un pont de la France lorsqu'ils s'installèrent en Avignon, qui était alors territoire pontifical.

 

La congrégation des Carmes déchaux d'Italie obtint en 1610 la permission du roi Henri IV (assassiné le 14 mai 1610), de fonder des couvents en France. Les trois premiers établissements: celui de la rue de Vaugirard à Paris et de Nancy furent ouverts en 1611, et celui de Charenton en 1617.

 

Mais le fait marquant de ce siècle est l'émergence des mouvements de réforme qui naquirent en plusieurs pays, dont le plus important prit son origine en France, dans la province de Touraine. Initié chez les Grands Carmes (Carmes chaussés - ancienne observance), par Pierre Behourt, Louis Charpentier et Philippe Thibault.

 

En 1603, à la demande du roi Henri IV, Henri Sylvius, général de l'ordre des Chaussés, se rendit en France, afin d'entreprendre avec Philippe Thibault la réforme de la province de Touraine.

 

 ► Les débuts de la réforme Tourangelle - ici -

 

 

Le 20 juin 1604, au chapitre provincial de Nantes, il publia les statuts de la réforme qui entendaient favoriser la vie intérieure et renouer avec la tradition ancienne de l'ordre, mais à côté de la Vierge, sous le patronage de laquelle les Carmes avaient vécu depuis l'origine, saint Joseph figure maintenant au premier plan avec l'une des grandes personnalités de la Réforme catholique, saint Charles Borromée (1538 † 1584), cardinal et archevêque de Milan, appelé le modèle des évêques.

Saint Charles Borromée priant pour des pestiférés - Claude Deruet (Nancy, v. 1588 - id., 1660)

Vers le milieu du siècle, toutes les provinces françaises avaient adopté la réforme qui gagna les maisons de Belgique vers 1624, la Flandre, puis l'Allemagne.

 

Les constitutions de la réforme de Touraine furent fixées définitivement lors de la congrégation d'Orléans de 1635. En 1645, lors du chapitre général tenu à Rome, le provincial de Touraine, Léon de Saint-Jean, fut nommé membre du comité qui remania ces constitutions en vue de les faire adopter par tous les couvents réformés de l'ordre des Grands Carmes.

 

 ► Bouchereaux – La réforme des Carmes en France - ici -

annonciation

Cette œuvre est le premier grand tableau parvenu en France de Guido Reni (1575 † 1642). Commandé vers 1624-1627 par Marie de Médicis qui l'offrira au couvent des Carmélites de la rue Saint-Jacques.

 

 

En 1638, lors du 12e chapitre général des Carmes déchaux, célébré à Rome, la France ne compte que 2 provinces de Carmes déchaux régulièrement érigées:

 

   la province d'Avignon - 1635;

   la province de Paris - 1635.

 

La province d'Aquitaine sera fondée en 1641 et celle de Bourgogne en 1653.

 

Armoiries des Carmes

L'armorial des Carmes de 1698 donne comme blason: "de sable mantelé arrondi d'argent, 

à trois étoiles, deux en chef et une en pointe de l'un en l'autre".

 

 

 

  

  Ordres de Notre-Dame de Mont-Carmel

  & Saint Lazare de Jérusalem

 

En 1603, le Saint-Siège supprime l'ordre de Saint Lazare de Jérusalem fondé en 1098, mais Henri IV (1553 † 1610) maintient la branche française installée à Boigny.

 

Il a subsisté de cette manière jusqu’en 1604, date à laquelle Jean Gayan se démit de sa propre initiative de sa charge de grand maître de l’ordre. Henri IV le remplacer par Philibert de Nerestang (? † 1612), l'un des plus grands hommes de guerre de son temps.

 

En 1607, Henri IV institue l'ordre militaire de Notre-Dame de Mont-Carmel.

 

À l’imitation du Duc de Savoie, Henri IV unit en 1608 l’ordre de Saint Lazare à l'ordre militaire de Notre-Dame de Mont-Carmel qu’il avait institué pour cent gentilshommes français, distingués par maisons, emplois, leurs services, et dont il donna la grande maîtrise, le 30 octobre, 1608, à ce même Philibert de Nerestang.

 

 ► 1695, prestation de serment de Philippe de Courcillon - ici -

 

 

 

  

  Les Carmes au XVIIIe siècle

 

Ce siècle se caractérise par la raison contre la foi. La philosophie des Lumières affirme le primat de la raison sur la foi. Le christianisme est réduit à ses principes éthiques, la Révélation niée. Cette sécularisation de la pensée entraîne une déchristianisation générale, qui s’essoufflera à la fin du siècle.

 

Alors que l'émir Ahmed Turabay avait accordé le 29 novembre 1631, au Carme déchaux Prosper du Saint-Esprit (Martin Garayzabal), l'autorisation de reconstruire un couvent sur le mont Carmel, cette maison fut en butte à la persécution des Arabes, puis à celle des Turcs qui la rasèrent après que Bonaparte eut quitté Saint-Jean-d'Acre en 1799.

 

Le Carme déchaux Jean-Baptiste de saint Alexis (Bertoldo Antonio Gioberti), reprend sa reconstruction de 1767 à 1774.

 

 

 

  

  Le déclin

 

Siècle de décadence pour les abbayes, le XVIIIe siècle voit aussi décliner nombre de couvents, du fait de la baisse des vocations et de la diminution des revenus qui garantissent leur fonctionnement. Le mouvement n'épargne pas même les congrégations enseignantes, puisque les Jésuites sont expulsés du royaume à la fin du règne de Louis XV.

 

Au cours de l'année 1799, Bonaparte lors de sa campagne d'Égypte débarque en Palestine, après deux mois de siège inutile de Saint-Jean-d'Acre, il abandonne dans le couvent du mont Carmel transformé en hôpital 2.000 blessés et les malades de son armée qui y seront massacrés.

 

Croquis du siège de St Jean d'Acre tracé par Napoléon à Ste Hélène

Croquis du siège de Saint-Jean-d'Acre tracé par Napoléon à Sainte-Hélène, pendant qu'il dictait ses mémoires. Pour consulter le document, cliquez - ici -

 

 

En 1765, en France, on ne comptait plus que 900 Grands Carmes  répartis dans 133 couvents, alors que les Carmes déchaux sont environ 600, répartis dans environ 60 couvents.

Implantation des Carmes en France

 

 

  

  L'effondrement

 

Les députés aux États Généraux de 1789, clergé, noblesse et tiers état, désiraient tous une réforme des institutions ecclésiastiques.

 

Entraînés par la révolte urbaine, les paysans se révoltent dans tout le royaume. Cela contraint l'Assemblée nationale constituante (ex-états généraux), à abolir par décret les privilèges dans la nuit du 4 août 1789, ce décret est ratifié la même nuit par le roi Louis XVI.

 

À l'automne 1789, le principal problème qui se pose à la Nation concerne l'effondrement de ses recettes fiscales. En janvier 1790, les recettes seront de 15 millions par mois, les dépenses de 70 millions.

 

Le 10 Octobre 1789, Après l'échec de deux emprunts, Talleyrand propose de recourir à des moyens révolutionnaires: la nationalisation des biens du clergé évalués à deux milliards de livres (un louis d'or valait 24 livres), et représentaient environ 12 % du territoire. En contrepartie, la prise en charge salariale des ecclésiastiques et la détermination du nombre total de ceux-ci seront définies par la Nation.

nationalisation des biens du clergé

Cette proposition sera âprement débattue trois semaines durant. Reformulée par Mirabeau, elle sera votée le 2 novembre 1789, les députés déclarant par 568 voix contre 346 et 40 abstentions:

 

1° que tous les biens ecclésiastiques sont à la disposition de la Nation, à la charge de pourvoir, d'une manière convenable, aux frais du culte et à l'entretien des pauvres;

 

2° que, dans les dispositions à faire pour subvenir à l'entretien des ministres de la religion, il ne pourra être assuré aux dotations des curés moins de 1.200 livres par année, non compris le jardin et dépendances.

 

Pour transformer ces biens en liquidités exploitables par la Nation, la loi du 19 décembre 1789 dispose que des assignats gagés sur les biens de l'Église seront émis par la Nation.

 

Pour accélérer et faciliter la vente, le 17 mars 1790, il est décidé le transfert de ces biens aux municipalités qui devront en assurer la vente. Le 17 avril 1790 un décret donne aux assignats valeur de monnaie.

 

 ► Décret des 16 et 17 avril 1790 - ici -

 

 

Jean-Marc Moriceau, dans sa préface de l'ouvrage "l'événement le plus important de la Révolution: la vente des biens nationaux" de Bernard Bodinier et d’Éric Tessier, dresse un constat remarquable, la vente des biens nationaux, "constitua [ ...] depuis le XIIIe siècle au moins, le plus vaste mouvement de transfert foncier et immobilier qu'ait connu la France, en valeur de capital, en importance sociale, psychologique et politique".

Assignat

 ► Les assignats - ici -

 

 ► Analyse juridique de la vente des biens nationaux (1789-1799) - ici -

 

 

Le 12 juillet 1789, vote de la constitution civile du clergé; création de 83 diocèses (un par départements), les évêques et les curés sont élus par les fidèles constitués en corps électoraux locaux.

 

Le décret sur l'abolition des vœux monastiques du 13 février 1790, supprime les deux tiers du clergé de cette époque, soit 100.000 membres considérés comme "non utiles" car n'étant pas rattachés à une paroisse (à cette date la France compte 26 millions d'habitants).

 

Le 18 août 1790, l'Assemblée constituante supprime les congrégations religieuses à vœux solennels.

 

Dans l’espoir de réconcilier la France, ou ce qu’il en reste, après la politique intransigeante de la Constitution civile du Clergé, la Convention nationale adopte le décret du 3 ventôse An III (21 février 1795), lequel rétablit la liberté des cultes et confirme la séparation définitive des Églises et de l’État.

 

La Convention Nationale, après avoir entendu le rapport de ses comités de salut public, de sûreté générale et de législation, réunis, décrète:

 

Art. Ier Conformément à l’article VII de la déclaration des droits de l’homme, et à l’art. CXXII de la constitution, l’exercice d’aucun culte ne peut être troublé.

 

II. La République n’en salarie aucun.

 

III. Elle ne fournit aucun local, ni pour l’exercice du culte, ni pour le logement des ministres.

 

IV. Les cérémonies de tout culte sont interdites hors de l’enceinte choisie pour leur exercice.

 

V. La loi ne reconnaît aucun ministre de culte: nul ne peut paraître en public avec les habits, ornements ou costumes affectés à des cérémonies religieuses.

 

VI. Tout rassemblement de citoyens pour l’exercice d’un culte quelconque, est soumis à la surveillance des autorités constituées. Cette surveillance se renferme dans des mesures de police et de sûreté publique.

 

VII. Aucun signe particulier à un culte ne peut être placé dans un lieu public, ni extérieurement, de quelque manière que ce soit. Aucune inscription ne peut désigner le lieu qui lui est affecté. Aucune proclamation ni convocation publique ne peuvent être faites pour y inviter les citoyens.

 

VIII. Les communes ou sections de commune, en nom collectif, ne pourront acquérir ni louer de local pour l’exercice des cultes.

 

IX. Il ne peut être formé aucune dotation perpétuelle ou viagère, ni établi aucune taxe pour en acquitter les dépenses.

 

X. Quiconque troublerait par violence les cérémonies d’un culte quelconque, ou en outragerait les objets, sera puni suivant la loi du 22 juillet 1791 sur la police correctionnelle.

 

XI. Il n’est point dérogé à la loi du 2 des sansculottides, deuxième année, sur les pensions ecclésiastiques, et les dispositions en seront exécutées suivant leur forme et teneur.

 

XII. Tout décret dont les dispositions seraient contraires à la présente loi, est rapporté ; et tout arrêté opposé à la présente loi, pris par les représentants du peuple dans les départements, est annulé.

 

La paix religieuse aura lieu sous le Consulat à la suite de la signature avec le Saint-Siège du Concordat du 15 juillet 1801. Si celui sera conservé en partie sous la Restauration, la religion catholique redevient tout de même celle de la France.

 

C’est ainsi que le divorce, adopté le 20 septembre 1792.

 

 

Il y aura pourtant durant ce siècle trois Prieurs généraux français dont le dernier est Frère André Audras qui assurera la fonction en 1780 et 1788.

 

Il faudra attendre 1840 pour que les Carmes déchaux se rétablissent en France, et 1989 pour les Grands Carmes.

 

 

 

  

  Ordres de Notre-Dame de Mont-Carmel

  & Saint Lazare de Jérusalem

Règlement des Ordres de Notre-Dame de Mont-Carmel & Saint Lazare de Jérusalem, 15 juin 1757

 

 ► BnF: Règlement du 15 juin 1757 - ici -

 

En 1792, la Révolution française confisque les biens français de l'ordre de Saint Lazare et supprime l'ordre de Notre-Dame de Mont-Carmel, qui, dans les faits, ne sera supprimé qu'à la Révolution de juillet 1830.

 

Aujourd'hui, l'ordre de Saint Lazare est constitué en France sous forme d'association régie par la loi du 1er juillet 1901, portant le nom d' "Association Française de l'Ordre Militaire et Hospitalier de Saint-Lazare de Jérusalem".

 

 

 

  

  Les Carmes au XIXe siècle

 

Ce siècle se caractérise par le choc de la modernité. La sécularisation avance, la société occidentale entre dans la modernité. Les découvertes scientifiques et la philosophie évacuent Dieu du monde et de la pensée. Tandis que les protestants essaient de concilier ce monde nouveau avec le christianisme, les catholiques se replient sur le passé.

 

Le divorce, adopté le 20 septembre 1792 sera aboli suite à la loi Bonald du 8 mai 1816. Il faudra attendre la loi Naquet du 27 juillet 1884 pour réintroduire en France la possibilité de divorcer.

 

Après la mort de Louis XVIII (1824), l’avènement de son frère Charles X, lequel est beaucoup plus réactionnaire, légiférera en matière pénale pour consacrer à nouveau le blasphème ou encore le sacrilège.

 

 

La renaissance en France est difficile, l'ordre des Carmes déchaux est refondé au Broussey près de Bordeaux par le père Carme déchaux espagnol Dominique de Saint Joseph en 1840; il assumera la charge de Supérieur Général de l’ordre, à Rome, de 1865 à 1870.

 

Loi du 9 décembre 1905

Mission Carmel 1786 Drawn by José Cardero French Explorer Jean-Francois de la Perouse.

Being Received at Mission Carmel in 1786.

 

The first foreign visitors to mission San Carlos Borroméo del río Carmelo (1793), members of a French scientific expedition, arrived in September, 1786 where they were welcomed by Fr. Fermin Lasuén. The neophytes from the mission were lined up to greet the visitors (and given an extra ration of food that day). 3080 Rio Rd, Carmel-By-The-Sea, CA 93923, États-Unis

 

 

 

  

  Carmélites et Carmes à Haïfa

 

  

  La Basilique Stella Maris

  Carmes déchaux - O.C.D.

 

Après la reconstruction du couvent sur le mont Carmel (1767 à 1774) par le Carme déchaux Jean-Baptiste de Saint Alexis (Bertoldo Antonio Gioberti), l'église et le monastère furent dynamités en 1821 par 'Abdu'Illah Pascha et reconstruit de 1827 à 1836 grâce à des dons et des aumônes recueillis dans toute l'Europe, par le Carme déchaux Jean-Baptiste du Très-Saint-Sacrement (Charles Casini).

Voûte de la Basilique Stella Maris

Le complexe actuel, construit à environ 4 km du site qui est le berceau de l'ordre de la Bienheureuse Vierge Marie du Mont Carmel: Wadi Siach est communément appelé Stella Maris, d'après le nom du phare voisin construit en 1867.

 

 ► Stella Maris sur Flickr - ici -

 

 

 

  

  Le monastère Notre-Dame du mont Carmel

  Carmélites

 

Ce monastère a été fondé grâce aux sœurs Marie et Berthe de Causans, carmélites d'Avignon (sœur Marie du Sacré-Cœur et sœur Marie de Jésus-Hostie), après s'être portées volontaires en 1873 pour fonder une nouvelle maison en Terre sainte alors sous autorité ottomane.

 

Après avoir reçu de leur ordre, du Saint-Siège et du patriarcat latin de Jérusalem l'autorisation de s'y installer en 1880, la première pierre sera posée en 1888... Après quatre années de travaux, les fondatrices prennent possession de leur monastère le 1er janvier 1892, avec Mère Marie du Sacré-Cœur comme prieure.

   

 

 

  

  Les Carmes au XXe siècle

 

Ce siècle se caractérise par le temps de l'œcuménisme. Le recul manque aux historiens pour faire le tri des événements, des idées et des tendances profondes qui ont marqué l’histoire du christianisme de ce dernier siècle. Mais on peut d’ores et déjà parier qu’ils retiendront l’avènement de l’œcuménisme comme un phénomène majeur, même si ce mouvement n’a pas encore donné tous ses fruits.

 

Une fois la Monarchie rejetée et la IIIe République stabilisée, un vent de laïcisation soufflera sur la France sous l’impulsion de la franc-maçonnerie.

 

La loi du 9 décembre 1905 sépare à nouveau, près de 110 ans après la Convention thermidorienne, les Églises et l’État ce qui n’empêche nullement ce dernier, malgré les dispositions pourtant claires de son article 2, de pouvoir financer certains monuments cultuels assimilés par la jurisprudence administrative, en raison d’un intérêt local, à des monuments culturels.

 

Loi du 9 décembre 1905

Pour agrandir le document, cliquez- ici -

 

 

Depuis la réforme du XVIe siècle la tradition du Carmel comporte quatre branches distinctes:

 

   Grands Carmes (ou mitigés) et Carmélites chaussés qui suivent la règle
     adoucie par les papes Innocent IV, Eugène IV et Pie II;

 

   Carmes et Carmélites déchaux (ou de la stricte observance) qui suivent
     la réforme introduite en 1562.

 

 

 

  

  Le nouveau monastère Notre-Dame du mont Carmel (Haïfa)

 

Le site occupé en 1892 s'étant avéré insalubre, un nouveau bâtiment sera construit en 1936 sur les hauteurs de la ville. Aujourd'hui, la communauté compte une vingtaine de sœurs de nationalités différentes et des quatre continents.

 

Les Carmelites de Terre Sainte

 

 ► Site Internet des Carmélites de Terre sainte - ici -

 

 ► Site du monastère Notre-Dame du Mont-Carmel - ici -

 

Monastère Notre-Dame du Mont Carmel - Cloître  

 

Monastère Notre-Dame du Mont Carmel - Cloître

Photos offertes par les sœurs du monastère Notre-Dame du mont Carmel.

 

Le monastère Notre-Dame du Mont Carmel est situé dans le quartier French Carmel - adresse:

Carmelite Sisters

Rehov Tchernikovski, 2

P.O.B. 9090

31090 Haïfa - Israël

 

 

 

  

  Pluralité des Ordres

 

Au cours du Moyen Âge, parmi les nombreux groupes suscités par l'idéal de la pauvreté évangélique, seuls furent reconnus quelques "ordres mendiants", que le concile de Lyon (1274) limita à quatre (Carmes, Franciscains, Dominicains et Augustins).

 

Leur développement posa pendant longtemps le problème des rapports entre séculiers (prêtres dépendant de l'évêque d'un diocèse) et réguliers (religieux soumis à la seule juridiction de leurs supérieurs propres).

 

La nouvelle création marquante fut, au XVIe siècle, celle de la Compagnie de Jésus, véritable milice du pape au service de la Réforme catholique et des missions.

 

Le XIXe siècle, enfin, apporta une floraison d'ordres, d'instituts et de congrégations, pour hommes et pour femmes, ayant principalement pour vocation l'action caritative, l'enseignement ou l'apostolat missionnaire.

 

  

  Principaux Ordres et Instituts religieux

  (représentés suivant l'ordre de préséance canonique)

 

  

  I. Ordres monastiques

 

1.   •   Chanoines réguliers

      •   Chanoines réguliers de Saint Augustin

      •   Prémontrés  

2.   •   Moines

      •   Bénédictins confédérés (primatie et 14 congrégations)

      •   Bénédictins olivétains

      •   Cisterciens non réformés

      •   Cisterciens réformés, ou trappistes

      •   Chartreux

 

 

 

  

  II. Ordres mendiants

 

   Dominicains, ou frères prêcheurs

   Ordre franciscain
     a) frères mineurs
     b) frères mineurs conventuels 
     c) frères mineurs capucins 
     d) tiers ordre régulier

   Augustins
     a) ermites de Saint Augustin 
     b) récollets de Saint Augustin

   Carmes
     a) de l'ancienne observance 
     b) déchaussés

   Servites de Marie

   Frères hospitaliers de Saint Jean de Dieu

 

 

 

  

  III. Clercs réguliers

 

   Clercs réguliers de Saint Paul (barnabites)

   Compagnie de Jésus (jésuites)

   Clercs réguliers pour les malades (camilliens)

   Clercs réguliers des écoles pies

 

 

 

  

  IV. Congrégations religieuses cléricales

 

   Congrégation de la Passion de Jésus (passionistes)

   Rédemptoristes

   Société de Marie (maristes)

   Prêtres du Saint-Esprit (spiritains)

   Compagnie de Marie (montfortains)

   Oblats de Marie-Immaculée

   Clercs de saint Viateur

   Société de Marie (marianistes)

   Augustins de L'Assomption (assomptionnistes)

   Prêtres du Saint-Sacrement

   Missionnaires du Cœur-Immaculé de Marie (clarétins)

   Société de Don Bosco (salésiens)

   Missionnaires du Sacré-Cœur (Issoudun)

   Oblats de Saint François de Sales

   Prêtres du Sacré-Cœur (Saint-Quentin)

   Missionnaires du Sacré-Cœur de Jésus (comboniens)

   Congrégation missionnaire de Scheut

   Société du Verbe-Divin

   Société du Divin-Sauveur

   Institut missionnaire de Turin

   Missionnaires de la Sainte-Famille

   Missions étrangères de Mariannhill

   Société de Saint Paul

 

 

 

  

  V. Sociétés cléricales de vie commune

  Sans vœux publics

 

   Oratoriens d'Italie

   Oratoriens de France

   Lazaristes (prêtres de la Mission)

   Sulpiciens

   Missions étrangères de Paris

   Société de l'Apostolat catholique

   Congrégation de Jésus-et-Marie (eudistes)

   Société des missionnaires de Notre-Dame d'Afrique (pères blancs)

   Société des Missions africaines (Lyon)

   Missions étrangères de Mill Hill

 

 

 

  

  V. Sociétés cléricales de vie commune

 

   Frères des Écoles chrétiennes

   Christian Brothers

   Frères de l'Instruction chrétienne de Ploërmel

   Petits Frères de Marie (maristes)

   Frères du Sacré-Cœur

   Frères de l'Instruction chrétienne de Saint Gabriel

 

 

 

  

  Les ordres et congrégations présents en Provence

  avant la Révolution

 

  

  Ordres masculins

 

   Les Grands Augustins (1323-1789) - règle de saint Augustin

   Les Augustins réformés - 1585 (XVIIe-XVIIIe siècle)
     règle de saint Augustin

   Les Capucins (XVIe-XVIIIe siècle)
     règle de saint François

   Les Carmes déchaussés (XVIIe-XVIIIe siècle)
     règle de saint Albert de 1209

   Les Chartreux (XIIe siècle)
     règle mixte: saint Benoît et saint Augustin + usages de Guigues

   Les Frères Mineurs ou Franciscains (XVIIe-XVIIe siècle)
     règle de saint François

   Les Doctrinaires (XVIIe-XVIIIe siècle)

   Les Dominicains - 1215 (XIIIe-XVIIIe siècle)
     règle de saint Basile

   Les Feuillants "Cisterciens" (XIIIe-XVIIIe siècle)

   Les Grands Carmes (XVIIIe siècle)
     règle de saint Albert (1209)

   Les Jésuites (XVIe-XVIIIe siècle)
     livre des Exercices spirituels d'Ignace de Loyola

   Les Minimes (XVIe-XVIIIe siècle)
     règle de saint François

   Les Observantins (XVIe-XVIIIe siècle)
     règle de saint François

   Les Oratoriens (XVIe-XVIIIe siècle)
     règle de saint Augustin

   Frères des Sacrés-Cœurs de Picpus (fin XVIIIe siècle)
     règle de saint François

   Les Prêtres du Saint-Sacrement dits Saint-Hommebon (XVIIIe siècle)

   Les Récollets d'Aix (XVIe-XVIIIe siècle)
     règle de saint François

   Les Servites (XVIe-XVIIIe siècle)
     règle de saint Augustin

   Les Trinitaires réformés (XIIIe-XVIIIe siècle)

 

 

 

  

  Ordres féminins

 

   Les Augustines de Sainte Paule (1267-1523)
     règle de saint Augustin

   Les Augustines hospitalières (années 1770-1783)
     règle de saint Augustin

   Les Béguines de Roubaud (1280-1414)
     règle de saint Augustin

   Les Bénédictines de la Celle (1745-1786)
     règle de saint Benoît

   Les Bernardines (1612-1789)
     règle de saint Benoît

   Les Capucines (1620-1782)
     règle de saint François

   Les Carmélites (1562-1790)
     règle de saint Albert (1209)

   Les Clarisses (1255-1789)
     règle de saint François

   Les Dominicaines (XVIIe-XVIIIe siècle)
     règle de saint Augustin

   Les Lyonnaises ou sœurs de Sainte-Élisabeth (1653-1790)

   Les Présentines (1636-1789)

   Les Récollettes (1639-XVIIIe siècle)
     règle de saint François

   Les Sœurs de Notre-Dame de la Miséricorde (XVIIe-XVIIIe siècle)

   Les Sœurs du Refuge (XVIIe-XVIIIe siècle)

   Les Sœurs du Saint-Sacrement (1694-1788)

   Les Ursulines (1600-1792)
     règle de saint Augustin

   Les Visitandines ( ? -1792)
     règle de saint Augustin

 

 

"Marie, Fleur du Carmel" CD de musique de liturgie carmélitaine.

Chœur des Moniales de Pécs - Hongrie.

Cet album (JADE) a reçu en novembre 2012 le Prix Musique Spirituelle La Procure / Pèlerin.

 

 

 

  

  Chant choral

 

  

  Anonyme (XIIIe siècle ?)

  Flos Carmeli

 

The Flos Carmeli is a Marian Catholic hymn and prayer. Flos carmeli literally means "Flower of Carmel". In the Carmelite Rite this hymn was the sequence for the Feast of St. Simon Stock, and, since 1663, for the Feast of Our Lady of Mt Carmel. It is said to have been written by St. Simon Stock himself (c1165 - 1265). The prayer is taken from the first two stanzas of the hymn.

 

Flos Carmeli, vitis florigera, splendor caeli, virgo puerpera singularis.

Mater mitis sed viri nescia Carmelitis esto propitia stella maris.

Radix Iesse germinans flosculum nos ad esse tecum in saeculum patiaris.

Inter spinas quae crescis lilium serva puras mentes fragilium tutelaris.

Armatura fortis pugnantium furunt bella tende praesidium scapularis.

Per incerta prudens consilium per adversa iuge solatium largiaris.

Mater dulcis Carmeli domina, plebem tuam reple laetitia qua bearis.

Paradisi clavis et ianua, fac nos duci quo, Mater, gloria coronaris. Amen. (Alleluia.)

 

 

 

 

 

  

  Bartolino da Padova O.Carm (1365-1405)

  Imperiale sedendo fra più stelle - Madrigal

 

Bartolino da Padova (also "Magister Frater Bartolinus de Padua") (fl. ca. 1365 – ca. 1405) was an Italian composer of the late 14th century. He is a representative of the stylistic period known as the Trecento, sometimes known as the "Italian ars nova", the transitional period between medieval and Renaissance music in Italy (infos).

 

 

 

 

 

  

  Mateo Flecha "El Viejo" O.Carm (1481-1553)

  Texte de Pétrarque - Madrigal

 

Mateo Flecha ou Mateu Fletxa (Prades, 1481-1553) est un compositeur du Royaume d'Aragon surtout connu pour ses ensaladas. Il est parfois connu comme "El Viejo" (l'aîné) pour le distinguer de son neveu, Mateo Flecha "El Joven" (le jeune), également compositeur de madrigaux (infos).

 

Madrigal con texto de Petrarca de Mateo Flecha el joven Si breve e`l tempo, interpretan Grupo Vocal director Daniel Gonzalez.

 

 ► ArKivMusic - ici -

 

 

 

 

 

  

  Manuel Cardoso O. Carm (1566-1650)

  Lamentations for Maundy Thursday: Feria Quinta in Coena Domini

 

Manuel Cardoso was a Portuguese composer and organist. With Duarte Lobo and John IV of Portugal, he represented the "golden age" of Portuguese polyphony.

 

Cardoso is not known to be related to an older contemporary composer of the same name; the precentor Manuel Cardoso, who published a book of Latin passions in Leiria in 1575 (infos).

 

 ► Presto Classical - ici -

 

 

 

 

 

  

  Georg Friedrich Haendel (1685-1759)

  Deuxième Vêpres de la fête de Notre-Dame du Mont Carmel (1707)

   

Le 1er janvier 1707, le chroniqueur romain Francesco Valesio notait dans ses registres: "Il est arrivé ici à Rome un Allemand, excellent claveciniste et compositeur. Aujourd’hui, il a démontré ses talents en jouant de l’orgue dans l’église de Saint-Jean de Latran et en provoquant l’admiration universelle".

 

Aussitôt adopté par la haute société romaine, Haendel se vit proposer par l’un de ses protecteurs, le cardinal Carlo Colonna, de composer une musique de cérémonie pour la fête de Notre-Dame du mont Carmel qui était célébrée avec faste chaque 16 juillet dans l’église santa Maria di Monte santo.

 

Malheureusement, ni la partition originale ni même aucun document relatif à la contribution de Haendel à cette fête ne furent conservés. Une reconstitution de Vêpres romaines des carmélites fut proposée en 1987 par le musicologue anglais Graham Dixon et le chef d’orchestre Andrew Parrott.

 

Les termes de cette reconstitution furent rapportés dans un article de Graham Dixon paru dans la revue anglaise Early Music en février 1987. Elle comprend des œuvres religieuses latines composées avec certitude durant la "période italienne", comme le Nisi Dominus (achevé le 1er juillet 1707) et le Laudate pueri (daté du 8 juillet).

 

Cependant, il n’est point sûr que la contribution de Haendel se limitait à un seul office complet. En effet, une messe et deux offices des vêpres étaient célébrés durant la fête de Notre-Dame du mont Carmel. De plus, on sait qu’il était habituel, à Rome, de faire appel au concours de différents compositeurs pour les grandes solennités.

 

Cela dit, le style concertant italien trouve, grâce à Haendel, un de ses traitements les plus admirables dans ces pièces latines que l’on pense destinées aux carmélites. Il est manifeste dans le brillant Saeviat tellus (motet dont le matériau est en partie emprunté à une aria de Keiser), où un dialogue virtuose s’établit entre la soprano et les hautbois solos.

 

Dans le plus intime Salve Regina, la soprano entre en conversation avec deux violons et une partie d’orgue obligé: ce type de solo confié à un instrument du continuo sera abondamment employé par Haendel dans ses concertos ultérieurs.

Denis Morrier

 

 

 

 

 

  

  Pour en savoir plus

 

  

  Centre d'Études d'Histoire de la Spiritualité (CEHS)

 

La finalité du CEHS, est de promouvoir l'étude de l'histoire, de la spiritualité et de la mystique chrétiennes, avec un intérêt particulier porté à la tradition française de l'ordre des Frères de la Bienheureuse Vierge Marie du Mont Carmel (Grands Carmes). Il assure la publication des résultats de ses recherches.

 

Collection Grands Carmes dirigée par le Recteur Yves Durand (Sorbonne [Paris IV] et Codirecteur du CEHS) et le Frère Romero de L. Gouvêa, O. Carm. (Directeur du CEHS).

 

 

 

  

  Élie Prophète de Feu

 

Les croyants d'hier et d'aujourd'hui peuvent apprendre beaucoup du prophète du Carmel. Choisi par Dieu pour être son émissaire, Élie proclama la souveraineté du Dieu d'Israël en s'opposant à l'idolâtrie et à l'injustice du roi Achab et des prophètes de Baal. Il est vénéré par les chrétiens, les juifs et les musulmans.

 

Si Élie a marqué l'histoire du Salut, il a aussi laissé son empreinte dans l'ordre du Carmel. Depuis leur origine sur le mont Carmel, à l'aube du XIIIe siècle, les Carmes le vénèrent comme leur chef et leur modèle. Il fait partie intégrante de la spiritualité du Carmel qui ne peut se concevoir sans elle. Ce faisant, Élie, Prophète de Feu sert d'introduction au charisme carmélitain.

 

Le père Kilian, carme, a été élu prieur général de l'ordre en 1959. À ce titre, il a participé au Concile Vatican II. Auteur de plusieurs livres, il a prêché de nombreuses retraites, insistant sur l'essentiel de l'héritage carmélitain: la prière habituelle, la nécessité de vivre en frères, le charisme fondamental de l'ordre qui est d'être des "prophètes de feu" invitant chacun à mettre Dieu au centre de sa vie.

Elie Prohète de feu - Editions Parole et Silence

 

Auteur : père Kilian

Éditeur : Éditions Parole et Silence

Collection : Collection Grands Carmes

Date de parution : 13 janvier 2006

ISBN : 2-84573-358-5

Format : 14 x 21 cm, 219 pages, broché

Prix : 18 € (2012)

 

 

 

  

  Marie la Mère du Seigneur dans le Nouveau Testament

 

Au cœur du Nouveau Testament résonne la Bonne Nouvelle:

 

Jésus de Nazareth est le Christ et le Fils de Dieu (Mc 1,1 ; Jn 20,31; Rm 1,9 ; Ga 1,16 ; etc.). Tout le reste découle de cette réalité fondamentale, ou est orienté vers elle.

 

Le Nouveau Testament, faisant référence à Jésus, parle aussi de sa mère, Marie. Il constitue d'ailleurs la plus ancienne source qui nous permette de connaître la mère du Seigneur.

 

Le présent ouvrage propose d'examiner tous les textes qui parlent d'elle. En apportant sa longue expérience de spécialiste du Nouveau Testament, le père Klemens Stock nous partage très simplement sa profonde érudition.

 

Né en Allemagne en 1934, le père Klemens Stock est membre de l'ordre des Jésuites. Ordonné prêtre en 1964, il est, depuis 2002, secrétaire de la commission biblique pontificale. Il a publié de nombreux livres qui sont traduits en plusieurs langues.

Marie la Mère du Seigneur - Editions Parole et Silence

 

Auteur : père Klemens Stock

Éditeur : Éditions Parole et Silence

Collection : Collection Grands Carmes

Date de parution : 2 avril 2012

ISBN : 978-2-88918-059-2

Format : 14 x 21 cm, 143 pages, broché

Prix : 15 € (2012)

 

 

 

  

  Marie et le Carmel - Une présence amoureuse

 

L'importance de Marie dans la spiritualité carmélitaine tout au long de l'histoire de l'ordre est remarquable.

 

Ce livre invite le lecteur à mieux connaître la mariologie de l'ordre des Frères de la Bienheureuse Vierge Marie du Mont Carmel.

 

En présentant d'abord les origines et l'histoire du charisme marial carmélitain, il permet ensuite une réflexion sur Marie telle qu'elle apparaît dans les documents de l'ordre depuis Vatican II pour s'achever sur quelques-unes des perspectives mariales contemporaines dans lesquelles s'exprime le charisme carmélitain.

 

Sur un plan personnel, chacun pourra ainsi mieux connaître Marie en tant que personne, apprécier sa présence dans nos vies et reconnaître sa sollicitude pour nous.

 

Christopher O'Donnell, carme de la Province irlandaise, est né en 1936, et a fait sa profession religieuse en 1955. Professeur émérite en théologie systématique à l'Institut pontifical de Dublin et membre de l'Institut carmélitain à Rome, il est théologien de l'ordre des Carmes.

Marie et le Carmel - Editions Parole et Silence

 

Auteur : carme Christopher O'Donnell

Éditeur : Éditions Parole et Silence

Collection : Collection Grands Carmes

Date de parution : mars 2011

ISBN : 978-2-84573-937-6

Format : 14 x 21 cm, 185 pages, broché

Prix : 16 € (2012)

 

 

 

  

  Prier au Carmel à l'exemple de Marie

 

Dans sa lettre à la famille carmélitaine pour marquer l'année mariale, le pape Jean-Paul II a présenté deux aspects essentiels de la spiritualité mariale carmélitaine: "Pour les membres de la famille carmélitaine, Marie, la Vierge Mère de Dieu et des hommes, n'est pas seulement un modèle à imiter, mais une douce présence de Mère et de Sœur à laquelle se confier."

 

Si différents soient-ils de la Sainte Vierge qui est totalement préservée du péché et qui jouit d'une relation exceptionnelle avec Dieu, les Carmes, malgré tout, voient en elle l'expression la plus parfaite de ce à quoi ils aspirent pour eux-mêmes.

 

Les Carmes actuels sont les héritiers d'une longue tradition concernant Marie. Elle est la parfaite disciple du Seigneur, et elle est notre Sœur; c'est pourquoi elle nous accompagne dans le voyage de la foi et elle nous conduit à la rencontre avec Dieu qui nous transforme.

 

Dans le contexte moderne qui est le nôtre, Marie nous enseigne comment écouter la Parole de Dieu dans les Écritures et dans la vie, comment être ouverts à Dieu; nous sommes en route: Marie, notre Patronne, notre Mère et notre Sœur, nous accompagne tout au long de ce voyage qui atteindra sa destination dans l'éternité.

 

Joseph Chalmers est prieur général de l'ordre du Carmel.

Prier au Carmel - Editions Parole et Silence

 

Auteur : prieur général Joseph Chalmers

Éditeur : Éditions Parole et Silence

Collection : Collection Grands Carmes

Date de parution : 17 septembre 2007

ISBN : 978-2-84573-584-2

Format : 14 x 21 cm, 135 pages, broché

Prix : 15 € (2012)

 

 

 

  

  La Règle du Carmel

 

Quatrième de couverture: En nous servant d'une icône biblique (Gn 26,17-33), nous pouvons dire que nous, les carmes et les membres de la Famille du Carmel, nous devons apprendre à être héritiers de l'art de creuser des puits, en l'exerçant avec constance, en nous déplaçant toujours plus vers la frontière, là peut-être où personne ne croit pouvoir trouver ni eau ni vie.

 

Dans la Règle du Carmel, nous nous trouvons en présence d'une christologie qui nous fait devenir disciples, mais qui est aussi vie dans le Christ, écoute attentive et priante de la Parole et célébration du Mystère du salut, lecture dans la foi des méditations comme traces du Christ et attente du retour du Seigneur.

 

C'est la Parole de Dieu qui justifie la solitude et la valorise. La Parole n'est pas une des nombreuses manières d'occuper l'esprit et le temps dans la solitude; la Parole ne supporte pas d'être un objet parmi tant d'autres.

 

L'oraison à laquelle le carme doit se consacrer est décrite dans la Règle comme un "veiller dans la prière", comme une réponse existentielle à la Parole méditée et assimilée. Prier, c'est alors passer dans le secret du cœur de Dieu que la Parole révèle et communique; c'est s'avancer vers Quelqu'un qui habite la Parole, qui est la Parole vivante.

 

Le résultat authentique, toujours selon la Règle, c'est une existence dans laquelle la Parole brille comme en transparence, une existence transfigurée par la Parole. Alors sera vraiment réalisé ce que la Règle donne comme idéal.

Bruno Secondin

 

Frère Bruno Secondin, carme italien, est professeur ordinaire de Théologie Spirituelle à l'université Pontificale Grégorienne à Rome.

 

Il est l'auteur d'une vingtaine d'ouvrages sur la spiritualité, la vie religieuse et les nouvelles expériences ecclésiales, dont les principaux: Segni di profezia nella Chiesa: communità, gruppi, movimenti, Corso di Spiritualità (en collaboration); Le parfum de Béthanie - l'exhortation postsynodale sur la vie religieuse; La lettura orante della Parola di Dio; Come pioggia di primavera (Lectio divina).

 

Frère Bruno est aussi membre du conseil d'orientation des recherches du CEHS des Grands Carmes à Nantes.

La Règle du Carmel - Un projet spirituel pour aujourd'hui - Editions Parole et Silence

 

Auteur : frère Bruno Secondin, O. Carm

Édition française et notes : frère Romera de Lima Gouvêa

Traduction française :

-  Frère Gianfranco Tuveri, O. Carm

-  Madame Janny le Deuf

-  les sœurs du Carmel de Saint Joseph

   (71118 - Saint Martin-Belle-Roche)

Éditeur : Éditions Parole et Silence

Collection : Collection Grands Carmes

Format : 14 x 21 cm, 229 pages, broché

Date de parution : 05 février 2004

Code ISBN : 2-84573-180-9

Prix : 18 € (2012)

 

 

 

  

  La Prière au Carmel

 

Veiller en priant avec le Christ est l'apostolat primordial des Carmes. Toutefois, peu d'entre eux ont éprouvé le besoin de partager avec d'autres, par écrit, leur théologie de la prière, ou leur expérience personnelle avec Dieu.

 

Ces œuvres, à l'exception de celles des maîtres spirituels, sont demeurées enfermées et souvent cachées sur les rayonnages des bibliothèques. Fort heureusement, un jour, quelqu'un est passé par là et a ouvert ces trésors que dévoile pour nous l'auteur de ce livre.

 

On pourrait s'interroger sur l'intérêt de cet ouvrage. Mais le doute est vite dissipé si nous nous arrêtons quelques instants pour réaliser que l'ordre aujourd'hui, tout comme l'Église, traverse une crise de la prière.

 

Il nous faut mesurer la place qu'elle occupe dans la vie chrétienne. La prière au Carmel fera connaître le but essentiel de notre riche tradition, servira au lecteur de guide pour une étude plus approfondie, et l'encouragera à maintenir le charisme de prière que nous avons reçu du Seigneur.

 

Le Père carme Redemptus Maria Valabek (1934-2003), originaire du Connecticut, a été ordonné prêtre le 25 Juillet 1960. Après une brève période passée dans la paroisse Saint-Joseph de Troy, à New York, toute sa vie se déroule à Rome, dans le Centre International Saint-Albert.

 

Professeur de théologie, examinateur du clergé romain et collaborateur pour les services en langue anglaise à Radio Vatican, il est l'auteur de livres et d'articles de spiritualité, et déploya également une vaste activité journalistique comme directeur de la revue Carmel in the World, à partir de 1971.

La Prière au Carmel - Editions Parole et Silence

 

Auteur : père carme Redemptus Maria Valabek

Éditeur : Éditions Parole et Silence

Collection : Collection Grands Carmes

Date de parution : 26 août 2009

ISBN : 978-2-84573-805-8

Format : 14 x 21 cm, 229 pages, broché

Prix : 20 € (2012)

 

 

 

  

  Introduction au Château Intérieur de sainte Thérèse d'Avila

 

Parmi tous les écrits de sainte Thérèse d'Avila, Le Livre des Demeures est l'œuvre la plus équilibrée pour coordonner la vie ascétique et la vie mystique. Chronologiquement le dernier, il manifeste la maturité spirituelle de la sainte.

 

Elle y reprend le riche trésor des expériences relatées dans Le Livre de la Vie, le Chemin de la Perfection et dans Les Relations (ou Les Faveurs de Dieu), pour le présenter sous une forme moins personnelle et moins descriptive. C'est en suivant ses conseils que le frère Otger Steggink nous ouvre les voies de la contemplation à l'école carmélitaine.

 

Frère Otger Steggink est né aux Pays-Bas en 1925. Après son entrée dans l'ordre du Carmel, il passa un doctorat en histoire de l'Église à l'université grégorienne de Rome, sur "la réforme du Carmel espagnol", en 1962. En 1964, il obtint un second doctorat, en spiritualité, sur "enracinement et innovation chez sainte Thérèse".

 

Il sera ensuite professeur de spiritualité. à Rome, à Salamanque, à Nimègue et à Louvain, puis directeur de l'Institut Titus Brandsma de spiritualité (associé à l'université catholique de Nimègue) entre 1966 et 1993.

 

Il participera ensuite à la refondation de l'ordre du Carmel (Grands Carmes) en France, ou il sera le fondateur et le premier directeur du Centre d'Études d'Histoire de la Spiritualité de Nantes (1993-1997).

 

Il a publié plusieurs livres en espagnol sur Thérèse d'Avila et il a participé à l'édition critique de ses œuvres.

Introduction au Château Intérieur de Sainte Thérèze d'Avila - Editions Parole et Silence

 

Auteur : frère Otger Steggink

Éditeur : Éditions Parole et Silence

Collection : Collection Grands Carmes

Date de parution : 3 juillet 2006

ISBN : 2-84573-522-7

Format : 14 x 21 cm, 101 pages, broché

Prix : 13 € (2012)

 

 

 

  

  Autres textes

 

  

  Baptiste Mantuanus, Carme (1447-1516), poète et humaniste

 

Theologi - Baptiste Spagnoli, Carme (1447-1516), poète et humaniste

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Baptista Mantuanus, dit en français le Mantouan ou Baptiste de Mantoue (né Battista Spagnoli dit aussi Battista Spagnoli il Mantovano ou Battista Mantovano), né le 17 avril 1447 à Mantoue, dans le marquisat de Mantoue, dans l'actuelle région Lombardie, au nord de l'Italie et mort le 20 mars 1516 à 68 ans, est un religieux catholique italien de l'Ordre des Carmes.

 

Poète célèbre et auteur de plus de 50.000 lignes de poésie latine, il est considéré comme un des principaux représentants italiens de l'humanisme chrétien.

 

Theologi - Baptiste Spagnoli, Carme (1447-1516), poète et humaniste

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  La Flèche de Feu (texte écrit en 1270 ou 1271)

 

La nouvelle collection de l'Abbaye de Bellefontaine, dirigée par les Carmes de l'Institut Titus Brandsma (Nimègue, Pays-Bas), porte le nom de la "Flèche de Feu", ouvrage écrit entre 1270 et 1271 par le Prieur général de l'ordre du Mont Carmel, Nicolas le Français.

 

Cet écrit polémique intervient à une époque où les Carmes, à l'origine ermites au Mont Carmel, sont implantés dans les villes où leur idéal primitif de solitude et de contemplation doit être interprété; l'opuscule Ignea Sagitta se veut "une flèche de feu pour la sincérité et la clarté de la vérité".

 

L'édition du texte latin avec traduction française est précédée d'une longue et intéressante introduction historique.

La Flèche de feu - Nicolas le Français, prieur général de l'Ordre des Carmes - 1270 ou 1271

 

Auteur : Nicolas le Français, prieur général de l'ordre des Carmes en 1266

Sous la direction :

des frères Carmes de l'Institut Titus Brabsma Nimègue - Pays-Bas

Éditeur : Abbaye de Bellefontaine

Collection : Flèche de feu

Date de parution : décembre 2000

ISBN : 2-85589-803-X

Format : 148 x 210 mm, 171 pages, broché

Prix : 14.90 € (2012) 

 

 

 

  

  Saint Jean de la Croix, Thérèse d'Avila - Œuvres

 

Ce volume contient: Thérèse d'Avila: Livre de la vie - Livre des fondations - Le Château intérieur ou Les Demeures de l'âme. Jean de la Croix: Cantique spirituel - L'Explication des chansons - Nuit obscure - Flamme d'amour vive - [Autres poèmes] - [Poèmes attribués].

 

Présentation: ces deux maîtres spirituels, Thérèse (1515-1582) et Jean (1542-1591), sont aussi deux écrivains de premier plan. Ils furent deux individus engagés dans leur siècle, liés dans la contemplation comme dans l'action, et résolus, pour réformer le Carmel, à affronter le monde auquel ils appartenaient.

 

C'est Thérèse qui initie la Réforme. Elle rédige le Livre de la vie pour y exposer son existence, ses péchés, pour y consigner aussi les "faveurs" que le Seigneur lui a accordées, autrement dit ses expériences mystiques, dont la célèbre "Transverbération": il importe de démontrer aux adversaires de la Réforme et aux tribunaux de l'Inquisition qu'il ne s'agit là ni des simulations d'une illuminée ni de manifestations du démon. Son Livre des fondations décrit non sans humour les difficultés qui émaillent l'installation des couvents de carmélites déchaussées, tandis que Le Château intérieur expose dans une prose empreinte de poésie sa conception du cheminement de l'âme jusqu'à l'union avec Dieu.

 

Quant à Jean de la Croix, dont Thérèse perçut très vite le rayonnement spirituel et dont elle fit son confesseur, c'est pendant son incarcération dans un cachot, alors qu'il est soumis à la solitude la plus absolue et à un traitement inhumain par les opposants à la réforme du Carmel, qu'il compose l'essentiel du Cantique spirituel.

 

Splendide poème du désir et de l'extase, dans lequel expérience poétique et expérience mystique ne sauraient être dissociées, c'est, comme Nuit obscure et Flamme d'amour vive, l'un des textes les plus intenses de la poésie universelle.

Saint Jean de la Croix, Thérèse d'Avila - Œuvres - NRF

 

Auteurs : Saint Jean de la Croix, Thérèse d'Avila

Sous la direction de : Jean Canavaggio

Avec la collaboration de : Claude Allaigre, Jacques Ancet et Joseph Pérez

Éditeur : Gallimard

Photo de la couverture : Statue en marbre de la Transverbération de sainte Thérèse par Gian Lorenzo Bernini - Eglise Santa Maria Della Vittoria de Rome, Rome - ici -

Collection : Bibliothèque de la Pléiade, n° 583

Date de parution : 11 octobre 2012

ISBN : 9782070122943

Format : 105 x 170 mm, 1184 pages

Prix : 45.00 € jusqu'au 28 02 2013

 

 

 

  

  BnF - Architecture monastique

Architecture monastique - Albert Lenoir

 

Vers le règne de Constantin, lorsque les croyances païennes disparaissent devant la morale du Christ, quelques hommes, guidés par une piété ardente, quittèrent le siècle en fuyant dans les solitudes les plus profondes, pour s'y livrer librement à la vie religieuse; l'austérité de leurs mœurs, les privations rigoureuses qu'ils s'imposaient, l'oubli de tous les biens de ce monde, attirèrent sur eux le respect des populations.

 

Ils choisirent d'abord les déserts de Syrie, de l'Égypte, puis les rives de la mer Morte et du Jourdain. Ces exemples peuplèrent bientôt de solitaires la Thébaïde et l'Asie; l'Europe, non moins agitée que l'Orient, les vit paraître avec le même intérêt; ils s'y multiplièrent sans retard.

 

Les ascètes ou ermites vivaient complètement seuls, dans des grottes ou dans de misérables cabanes qu'ils construisaient avec des branches ou des pierres.

 

D'autres, cédant aux instincts de la sociabilité humaine, rapprochèrent leurs cellules les unes des autres pour se prêter de mutuels secours et se réunir dans la pratique des exercices religieux: à ceux-ci on donna le nom de moines; Ils pensèrent bientôt à vivre dans une habitation commune, et ce fut l'origine du coenobium.

 

 ► Bnf - Accès au texte - ici -

 

 

 

  

  Bibliographie

 

   Acta capitulorum generalium Ordinis fratrum B. V. de Monte Carmelo, ed.
     G. Wessels, 2 v. (Rome 1914-34).

   Albert’s Way: The First North American Congress on the Carmelite Rule,
     ed. M. Mulhall.

   Brandsma (T.)
     Carmelite Mysticism, Historical Sketches, (Chicago, 1936).

   Bullarium Carmelitanun, éd. E Monsignano J.A. Ximenez, Rome,
     1715-1768, 4 vol.

   Burchard of M. Sion
     A description of the Holy land. Palestine Pilgrim's Text Society, 1896.

   Carmelus: Commentarii ab Instituto Carmelitano editi (Rome 1954).

   Carroll (E.)
     The Marian Theology of Arnold Bostius, Carmelus (1962 197-326).

   Cathaneis (J.-B.)
     Speculum Ordinis fratrum Carmelitarum (Venice 1507).

   Cicconettii (C.)
     La Regola del Carmelo: origine, natura, significato, (Roma, 1973).

   Crisaogono de Jesus Sacramento, La escuela carmelitana (Avila 1923).

   Daniel a Virgine Maria Speculum carmelitanum (Antwerp 1680).

   Edwards (B.), Clarck (H.)
     The Rule of St. Albert (Aylesford, Kent) 1973.

   Ephemerides carmeliticae (Florence 1947).

   Eremitismo (L') in Occidente nei secoli XI e XII; Atti dei seconda
     settimana internazionale di studio, Mendola 30 Augusto –6 Settembre
     1962, (Milano, 1965).

   Friedman (E.)
     The Latin Hermits of Mt. Carmel; A Study in Carmelite Origins, (Roma,
     1979).

   Healy (K.)
     Methods of Prayer in the Directory of the Carmelite Reform of Touraine,
     (Rome 1956).

   Hoppenbrouwers (V.)
     Devotio mariana in Ordine fratrum B. V. M. de Monte Carmelo a medio
     saeculi XVI usque ad finem saeculi XIX.

   Janssen (C.)
     Les Origines de la réforme des Carmes en France au XVIIe siècle (La Haye
     1963 - ici -).

   Kallenberg (P.)
     Fontes liturgiae carmelitanae, (Rome, 1962).

   Louis de Sainte Thérèse (père)
     Annales des Carmes déchaussés. éd. Charles Angot, Paris, 1665.
     Gallica.bnf - texte intégral - ici -

   Martini (C.)
     Der deutsche Karmel, Bamberg, 1922-1926, 2 vol.

   McGreal (W.)
     At the Fountain of Elijah: The Carmelite Tradition, (1999).

  Melchior de Sainte-Marie (père)
     Carmel, dans Dictionnaire d'histoire et de géographie ecclésiastiques,
     tome XI, Paris, 1949, col. 1070-1103.

   Nicholas of France (1266-1271),
     Ignea Sagitta - texte intégral - ici -

   Ribot (P.)
     De institutione et peculiaribus gestis Carmelitarum, in Speculum, 1507.

   Saggi (L.)
     La congregazione mantovana dei Carmelitani sino alla morte del B.
     Battista Spagnoli, (Rome 1954)

   Sainte-Marie (père de)
     L'ordre de Notre-Dame du Mont-Carmel. Étude historique, Bruges, 1910.

   Silverio de Santa Teresa
     Historia del Carmen Descalzo, 15 v. (Burgos 1935-52).

   Smet (J.)
     The Carmelites: A History of the Brothers of Our Lady of Mt. Carmel, 4.
     vol. (Darien IL, 1975).

   Smet (J.)
     Cloistered Carmel

   Staring (A.)
     Medieval Carmelite Heritage: Early Reflections on the Nature of the
     Order, (Rome: 1989).

   Steinmann (A. E.)
     Carmel vivant (Paris 1963).

   Vitry (Jacques de)
     History of Jerusalem. Palestine Pilgrim's Text Society, 1896, p. 33.

   Wessels (G.)
     Acta capitulorum generalium ordinis Beate Virginis Mariae de Monte
     Carmelo, Rome, 2 vol., 1912.

   Zimmermann (B.)
     Monumenta historiae Carmelitanae, Rome, 1907.

 

 

 

  

  L'association MONASTIC

Association MONASTIC

 

L'association MONASTIC rassemble plus de 200 communautés monastiques de tradition chrétienne, qui sont implantées en France principalement, mais aussi en Allemagne, en Belgique, en Suisse, au Luxembourg, en Italie et au Portugal.

 

Régie par la loi du 1er juillet 1901, elle a été créée le 22 juillet 1989 (parution au Journal Officiel du 16 août 1989) dans le but de faire face à la situation de concurrence déloyale provenant d'un usage abusif de terminologie ou de publicité d'apparence monastique. Une marque collective, avec son logo, a été déposée à l'INPI le 5 octobre 1989.

 

 ► Site de l'association MONASTIC - ici -

 

 ► Les 51 carmels membres de MONASTIC - ici -

 

 

Armoiries du Comtat Venaissin Coat of arms of the Carmelite order

 

 

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