Librairie Fontaine Luberon
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Librairie FONTAINE Luberon
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Choix d'Alain Vauprès de FONTAINE Luberon
Les déferlantes
"La Hague... Ici on dit que le vent est parfois tellement fort qu'il arrache les ailes des papillons".
Une intrigue qui commence là où se termine la terre, du côté d'Omonville-la-Petite et de chez Jacques Prévert. Des personnages écorchés vifs, une nature omniprésente et hostile. Claudie Gallay confirme son talent avec ce nouveau roman.
À la pointe du Cotentin, ça souffle fort, là-bas. Le vent tourne vite, les vagues se creusent et le ciel devient noir en quelques minutes. Revoici les tempêtes d'équinoxe et il ne fait pas bon rester dehors. Claudie Gallay a choisi la Hague, "un endroit comme au bout du monde", battu par les flots, pour situer son nouveau roman, Les déferlantes.
Une fiction où la nature et les hommes se confondent, s'opposent et se cherchent sans fin. On arrive par les terres sur ce territoire minuscule, à deux pas de Cherbourg et, brutalement, la mer apparaît: "Elle vous barre la route, on ne va plus nulle part, comme sur une île", explique la romancière en dessinant une carte imaginaire sur la table en bois.
La première idée romanesque lui est venue d'un poème de Prévert, une histoire de gardien de phare qui aimait tellement les oiseaux qu'il était prêt à éteindre le fanal, certaines nuits, pour qu'ils ne s'écrasent plus contre sa lumière aveuglante. Elle avait choisi le lieu, le cœur d'une intrigue, il lui manquait la voix. C'est celle d'une femme, fumeuse et rauque, tenancière de bistrot, qui allait lui offrir la bonne musique. Deux ou trois maisons, un café, un phare et l'Atlantique, voici pour le décor.
Sa narratrice est là-bas depuis six mois lorsque commence le récit. Elle est arrivée à l'automne avec les oies sauvages, travaille pour le centre ornithologique de Caen, vient observer les oiseaux, les compter, étudier les cormorans et les migrateurs, surveiller les œufs, les nids dans les falaises. Parfois, elle s'assied en haut d'un grand rocher et dessine un oiseau sentinelle, une aigrette ou un pluvier pour un album qu'elle ne finira sans doute jamais.
Elle a laissé en ville un amour perdu, a trouvé à la Hague le gîte, le couvert et les silences nécessaires pour continuer son deuil. Cette femme d'une quarantaine d'années n'a pas de prénom, les habitants l'appellent la Griffue comme la maison qu'elle partage avec Morgane et Raphaël, frère et sœur, absents eux aussi du monde des vivants.
La mer qui emporte les hommes et les bateaux
Dès les premières pages, la première tempête, tous les protagonistes sont aux aguets, comme dans un minuscule théâtre: Lambert, l'homme qui revient chez lui après des années d'absence, la vieille Nan qui perd la tête, les habitués du bistrot de Lili, son père Théo et, surtout, la mer qui prend les bateaux et leur équipage, ne les rend pas toujours, empêche les familles d'enterrer leurs morts et les oblige à espérer un miracle, un retour impossible.
Claudie Gallay née en 1961 est une fille du Sud, installée depuis longtemps dans le Vaucluse après une enfance dans le Dauphiné. Elle connaît les sols bien secs, le soleil au zénith mais, pour la seconde fois, elle situe son histoire dans une région où les pas laissent des empreintes dans le sol, où il faut lutter physiquement contre une nature qui ne se donne pas d'emblée. "Sous la violence, les vagues noires s'emmêlaient comme des corps. C'étaient des murs d'eau qui étaient charriés, poussés en avant, je les voyais arriver, la peur au ventre, des murs qui s'écrasaient contre les rochers et venaient s'effondrer sous mes fenêtres. Ces vagues, les déferlantes. Je les ai aimées. Elles m'ont fait peur."
Dans l'or du temps, elle évoquait déjà cette région, mais la Normandie qu'elle décrivait était au sud de Dieppe, plus loin des falaises et de la rigueur. Un homme marié, père de deux fillettes, s'ennuyait un peu dans sa vie en ligne droite. Sa rencontre avec une vieille dame indigne allait changer la monotonie de son existence en curiosité insatiable. Dans ce roman superbe, Claudie Gallay citait André Breton et son journal de voyage en Arizona à la rencontre des Indiens Hopis.
Elle ouvrait des portes sur des secrets, cherchait, comme Breton, l'or du temps. Pour Les déferlantes, la romancière s'est rendue sur place à toutes les vacances scolaires, installée dans une chambre avec vue sur le phare. "J'écrivais au rythme des marées", précise-t-elle. Et c'est Jacques Prévert qui devient cette fois son ombre tutélaire, lui qui aimait ce coin sauvage pour y rêver.
Sortie du rang des "taiseux"
Sûr que la narratrice des Déferlantes ressemble à la romancière, avec son côté écorchée vive, observatrice sans fin d'un paysage rugueux, patiente et bouillonnante à la fois dans ses désirs contraires. Claudie Gallay se cabre un peu lorsqu'elle doit parler de certains héros comme Théo, un père qui ne regarde sa fille que lorsqu'elle lui tourne le dos. "Mon travail se bâtit sur les silences du passé", dit-elle. Il faut donc revenir vers son enfance en Dauphiné, un monde étroit où les livres ressemblent à des dangers.
Son père ne lit pas ses romans, sa mère ne lui en parle jamais, il n'y a pas de bibliothèque à la maison. Une famille de "taiseux", admet-elle avec réticence. Elle a quitté cette gangue, est devenue enseignante mais travaille à mi-temps dans une école communale où l'on sait à peine qu'elle est romancière.
L'essentiel est ailleurs, dans une maison du côté de Cluny au milieu des bois, près d'une mare où les biches viennent boire.
Elle se lève tôt, écrit et réécrit sans rien montrer à personne. "Parfois, j'arrive à ces beaux moments où je sens qu'il n'y a rien à retoucher, où il n'y a pas de décalage entre ce que je pense et ce que j'écris. C'est un peu comme faire le jardin, réussir la taille d'un arbre." Sylvie Gracia, son éditrice aux éditions du Rouergue, souligne: "Son premier livre, L'office des vivants, est arrivé par la Poste." C'était il y a dix ans, au moment de la naissance de la collection, La Brune. Cinq livres plus tard, la méthode n'a pas changé. "Nous nous voyons peu, elle envoie un manuscrit lorsqu'elle pense avoir terminé. Je ne lis jamais rien en cours. Elle reste seule avec son écriture qui s'est densifiée au fil des livres."
La petite maison de Claudie Gallay s'appelle la Thébaïde, elle n'y accueille pas grand monde et ferme le portail à clé dès qu'elle arrive. Pourtant, quelque chose a changé depuis dix ans. Comme le début d'un apaisement qui n'est pas lié directement au succès grandissant de ses livres mais aux rencontres de lecteurs qu'elle ose maintenant affronter et aux artistes, comme Charles Juliet, qui l'ont encouragée. Elle dit: "Écrire, c'est creuser au même endroit" et si ses livres ont un air de famille, ils prennent une nouvelle ampleur, à l'image des vagues sur cet océan qu'elle met en scène comme une tragédie humaine.
Les déferlantes est son cinquième roman publié dans la collection La brune, après l'excellent accueil de ses deux derniers, Seule Venise et Dans l'or du temps.
Les déferlantes
Auteur : Claudie Gallay
Éditeur : Editions du Rouergue
Date de parution : mars 2008
Code ISBN 13 : 2841569349
Format : 14 cm x 21 cm, 530 pages, broché
Prix : 21.50 € (2013)
Éditeur : J'ai Lu
Date de parution : 12 octobre 2011
ISBN : 2290028126
Prix : 9.50 € (2013)
Distinctions :
• Prix des lecteurs de la ville de Brive-la-Gaillarde 2008;
• Prix Culture et Bibliothèques Pour Tous (CBPT) 2009;
• Grand prix des lectrices de Elle 2009;
• Prix Livre & Mer Henri-Queffélec 2009;
• Prix des Lecteurs du Télégramme 2009;
• Prix Jean-Pierre Coudurier 2009;
• Prix Littéraire de la Ville de Caen 2009.
Extrait
Pages 251 à 256.
C'est pour ça qu'on est partis aux falaises. On a laissé la voiture sur le parking d'Écalgrain et on a continué à pied. On avait décidé d'aller manger à la Bruyère après.
Lambert marchait à bonne allure, le pied bien à plat. En habitué.
Arrivés à la grande falaise, on a quitté le sentier et on a pris entre les fougères, des passages étroits bordés de ronces. Des buissons raz sur quelques et les ronces ont laissé place à une petite herbe brûlée par les vents. Un à-pic vertigineux. La mer était tout en bas.
J'étais souvent venue là, pour oublier.
On s'est arrêtés tout en haut de la falaise, presque au bord, deux solitudes face à la mer, revenus aux origines du monde. La mer reculait, elle revenait, des arbres poussaient et les enfants naissaient et ils mouraient.
D'autres enfants les remplaçaient.
Et la mer, toujours.
Un mouvement qui se passait de mots. Qui s'imposait.
Depuis des mois, je me fondais dans ce paysage avec la lenteur d'une bête qui hiberne. Je dormais. Je mangeais. Je marchais. Je pleurais. C'était peut-être pour ça que ma présence ici était possible. Qu'elle était acceptable. À cause de mon silence.
- C'est ça, la falaise des cormorans, j'ai dit.
Il s'est avancé.
Je l'ai laissé. Il fallait être seul, la première fois, pour voir cela.
Il est resté debout, les bras le long du corps, il prenait le vent de face. Sans bouger. À quoi pensait-il? Quels comptes venait-il réclamer?
Je me suis assise sur un rocher, un peu en retrait. J'aurais voulu avoir cette photo de l'enfant dans la cour pour la lui montrer. Lui demander s'il le reconnaissait. Mais Lili avait enlevé la "photo.
Lambert s'est retourné. Il m'a regardée. J'ai effleuré de ma main le muret de pierres, les feuilles des fougères dont les Spors granuleux ont crissé sous mes ongles. On trouvait ici, le long de ces murs, une étrange petite plante rase qu'on appelle la mal-herbe. La légende veut que celui qui marche sur la mal-herbe s'égare dans la lande, il erre le restant de sa vie, incapable de retrouver son chemin.
Tu as été ma mal-herbe.
- Les nids de cormorans sont contre la falaise, j'ai dit en lui montrant l'endroit.
Je lui ai passé les jumelles.
Les nids étaient posés sur les rochers. En suspens. Confondues dans les ronces, des chèvres sauvages broutaient, le ventre dans les fougères.
Il y avait beaucoup de couples de cormorans. J'en avais compté une dizaine sur cette falaise et deux autres dans les rochers un peu plus loin. Quarante-deux en tout avec ceux que j'avais trouvés à l'anse des Moulinets. Quarante-deux, c'était beaucoup mais il y en avait plus avant.
Cette falaise était un site de ponte important. Les pêcheurs venaient là, avec leurs barques, ils posaient des filets, les oiseaux se prenaient dedans. On retrouvait les corps qui flottaient.
- Le silence ne vous gêne pas?
Il a demandé ça sans se retourner. Parce que je ne disais rien depuis un moment, et que, sans doute, il m'avait à nouveau parlé.
J'ai fait non avec la tête.
Je me suis souvenue de lui, cette première fois où je l'avais vu. Il venait d'arriver. Des gens sont passés ici, certains auraient aimé rester mais la Hague les a vomis. D'autres, la Hague les a pris. Des années après ils sont toujours là, sans qu'ils puissent expliquer pourquoi.
Le silence fait partie de la lande.
Je faisais partie d'elle. Elle m'avait pansée.
Soignée de toi.
Combien de fois j'étais venue hurler ici, sur ce bord de falaise? Qu'est-ce que Lambert avait compris de mon silence? Son regard m'a scrutée, il s'est imposé, avec force. Un contact brutal. Je n'ai pas bougé.
Ça cognait dessous. C'était la mer qui remontait. Ses coups faisaient vibrer l'intérieur de la falaise. Étrange palpitation.
- Si vous vous plaquez le ventre contre la terre, vous sentirez battre la mer.
- Vous voulez que je me couche là?
- Je ne veux rien.
Il a souri.
Il s'est étendu.
- Je n'entends pas.
- C'est organique, vous devriez entendre. Il est resté sans rien dire.
Je me suis levée. Je suis allée au bord de la falaise. La mer recouvrait les rochers. Elle soulevait les algues. Allais-je pouvoir rester encore longtemps ici? Morgane voulait partir.
Sur l'un des rochers, deux cormorans battaient des ailes au soleil. Leur plumage était d'un vert huileux, presque noir. Ces deux oiseaux vivaient en couple depuis quelques semaines. Ils n'avaient pas encore d'œufs à surveiller, ils pêchaient ensemble.
Je me suis retournée. Lambert était toujours étendu.
Vous êtes contracté ... Les contractions, ça fait écran. - Je ne suis pas contracté...
Il s'est redressé. Un perce-oreille s'était accroché au col de son blouson.
- Il paraît que les mâles cormorans aiment leur femelle pour la vie, j'ai dit.
Il a enlevé la terre qui s'était collée à ses genoux.
- Ils vivent moins longtemps que les hommes, c'est plus facile pour eux. Vous passez votre temps ici?
- Ici et un peu plus loin.
- Et on vous paye pour ça?
Ça m'a fait rire.
- On me paye et on me loge.
Il a hoché la tête. Le perce-oreille était toujours sur son col.
Des bergers étaient devenus fous à cause de ça, un perce-oreille entré dans leur crâne alors qu'ils dormaient à l'ombre d'un arbre.
- Une fois qu'ils sont à l'intérieur, ils grignotent la cervelle et ils ressortent de l'autre côté...
De quoi vous parlez?
Je lui ai montré le perce-oreille.
- Il y a un hôpital à Cherbourg qui s'occupe très bien d'eux... Qu'est-ce que vous avez pensé, ce jour-là, quand vous avez revu Théo dans la cour?
- J'ai pensé le frapper. Et puis j'ai pensé à ma mère ... Je me suis dit qu'elle serait triste si je faisais ça, et après, je me suis souvenu que ma mère était morte.
Une ombre noire a plongé à quelques mètres de nous, elle a filé sous la surface de l'eau, rapide, précise. C'était un cormoran. Le corps noir confondu dans les reflets gris des vagues, les milliards de petites lumières incandescentes. En général, ils restaient une minute sous l'eau. Le plus dur, c'était de les repérer quand ils remontaient.
- Vous ne m'écoutez pas...
- Je vous écoute... Vous avez pensé à votre mère et vous vous êtes souvenu que votre mère était morte.
Je l'ai regardé. Ses yeux gris étaient devenus plus sombres. Il avait mal.
J'avais mal aussi.
- On prend tous des camions dans la gueule ... j'ai dit. J'en ai pris, vous en avez pris. On en prend tous. Les cormorans aussi, ils en prennent ...
- Il y a des camions plus gros que les autres.
Je l'ai regardé. Ce front bombé, presque têtu.
Un camion c'est un camion, j'ai dit.
J'ai happé l'air. Les chiens suent avec la langue. Et les chats, Comment ils font les chats?
Je lui ai demandé, Vous savez comme ça sue, un chat?
Il ne savait pas. Moi non plus. Un jour, j'ai compté plus de trois cents plongées de suite pour le même oiseau. Une plongée longue d'une minute trente.
Je lui ai dit ça. J'étais fatiguée.
Ça devenait tendu entre nous. Trop compliqué. Il regardait du côté du phare.
- Rien n'a changé, les maisons sont les mêmes, la lande...
Les fils ressemblent aux pères, tout est pareil et pourtant...
Théo, je voudrais le haïr, je n'y arrive plus.
C'est ça qui vous fait si mal?
Ne plus souffrir de cette manière intolérable. Cette injustice de vivre quand les autres sont morts, et de survivre justement.
Survivre encore. Envers et contre tout.
Envers et contre la mort.
Et se surprendre, un jour, à rire.
Une mouette est passée et l'ombre de l'oiseau a glissé sur son visage.
- Avant, je gueulais...
J'ai baissé les yeux.
J'avais gueulé aussi.
Je me suis détournée de lui. Au jeu des petits chevaux, si tu fais six, tu rejoues, si le dé tombe par terre, on dit qu'il se casse et il faut relancer. J'ai pensé à ça. Et si le dé tombe sur la tranche, on dit qu'il est cassé et pour ça aussi il faut rejouer.
Dans la vie, on ne rejoue pas.
Avant, c'étaient des poèmes que je me récitais. Aragon, je connais par cœur, des pages entières de Rilke.
Cette nuit-là, il a éteint le phare. C'est le pourquoi qui me manque.
Il est revenu là-dessus. Comme pris dans son tunnel. Il butait. Je me suis souvenue de cette pipistrelle qui était venue se jeter contre les murs sans que je comprenne pourquoi. Prise dans quelle tourmente? Cette jument devenue folle et qui butait elle aussi.
Je butais comme elle. J'avais peur d'aimer. Ta mort m'avait laissé ça.
- Il n'y a pas toujours de pourquoi... j'ai dit.
- Et les pourquoi sont parfois décevants, je sais, on me l'a dit, mille fois...
Commentaires
•
Ce sont les lecteurs qui ont fait le succès de ces
"Déferlantes", dont
les
ventes
ont dépassé les 200.000 exemplaires, et ce sont les
lectrices de
Elle qui lui offrent un prix. Le prix du meilleur
roman,
mais aussi celui de
l'obstination! Avant de publier son premier livre
aux éditions du
Rouergue, en 2000, Claudie Gallay avait
essuyé pas mal
de refus.
Qu'importe. La journée, elle enseignait, le
soir, elle
écrivait. Quatre titres
ont
précédé "Les
Déferlantes", tous bien
accueillis par la critique et le
public, sans plus. "j'ai
continué à
creuser dans le même sillon du non-dit,
du
silence. Mais il est
vrai
que, cette fois, je me suis sentie
particulièrement à l'aise
dans cette
histoire."
"Les
Déferlantes" paraissent en
février 2008, sans qu'aucun miracle ne
se produise. Mars, avril, mai,
rien à signaler. Fin juin, un frémissement se
fait sentir, se poursuit
pendant l'été. Et en septembre, alors que le livre
aurait dû être
englouti par la rentrée littéraire, il commence à squatter
la tête des meilleures ventes. Dès les premières
pages
de cette intrigue
pleine de
charme et qui n'a pourtant rien de charmant, sous ce climat
qui ne
donne qu'une envie, rester sous sa couette, et avec des
personnages aussi bavards que des carpes, la magie de
l'écriture
nous
embarque dans cette tempête de sentiments qui bat à
l'unisson avec
celle
qui dévaste
la région.
• Ne passez surtout pas à côté de ce livre!
•
Au
début de ce roman, j'étais dans l'incapacité de lire plus de trente
pages
consécutives sans avoir l'impression d'être happée dans les
profondeurs des déferlantes. Le roman a eu sur moi
un effet de miroir
bouleversant. Pourtant j'ai continué ma lecture, à
l'instar des
personnages en
quête de La révélation.
•
De la
grande littérature. De celle qui donne envie de lire encore. Un
roman
âpre, violent et puissant qui vous percute, vous bouscule, vous
cogne, vous fait chanceler, et finit par vous
laisser groggy mais empli
d'une force incroyable. Si la vie est une
tempête, il y a
toujours un jour,
quelque part,
un coin de repos pour toute âme blessée. Chacun finit par
le trouver avec
le temps...
•
C'est
une histoire qui nous absorbe et nous recrache, quelque 500 pages
plus
loin... Même pas mal, par contre j'ai été profondément sonnée. Je
suis tout émue et fébrile après un tel roman, c'est
vous dire son
enchantement.
•
Et
puis il y a des personnages aussi lumineux qu'ils sont douloureux: la
Petite, Michel, ou même Morgane. Avec un style unique, fait
tout à la
fois de brutalité et de simplicité, Claudie
Gallay
dépeint de manière
impressionniste cette pointe de nulle part, avec ses
oiseaux qui
viennent
se
fracasser sur les vitres du phare comme les déferlantes au
moment
des grandes marées. Au milieu de tout cela,
il y a la
narratrice, grande
brûlée de la
vie, qui est venue la fuir, qui est
venue s'éteindre, et qui, à
la
lumière des
autres, va voir se ranimer les braises intérieures qu'elle
croyait éteintes.
•
Claudie
Gallay, elle, dans un paysage traversé par le fantôme de Prévert,
sculpte le manque avec des mots âpres et denses, sculpte
l'espace des
phrases. Une remontée vers la lumière, non pas fulgurante,
mais pas à
pas, où les personnages marchent tous vers
leur destin,
s'extraient ou
non
de la gangue de pierre qui les emprisonne, apprennent
ou non à
marcher à deux. "Les Indiens Hopi disent
qu'il suffit de
toucher une
pierre
dans le cours
d'une rivière pour que toute la vie de la rivière
en
soit
changée. Il suffit
d'une rencontre." Un livre qui peut changer
le
cours
de notre vie? En
tout cas un livre précieux et nécessaire.
•
Passionnément,
à la folie. Un sentiment de douceur et de pureté dans
cet océan
de
dureté. Une délectation pure de lecture. À découvrir, à lire
et à
relire. Cet écrivain est fantastique. Ce livre est tout
simplement
magnifique.
•
Une
histoire qui ne peut que toucher le lecteur. Un style qui sort des
sentiers battus. Une intrigue très bien menée, ça ressemble à
du
Simenon des grands jours, avec en plus la
touche féminine de
Claudie
Gallay. Les personnages sont très typés et
remarquablement dépeints:
un
bon scénario pour Claude Chabrol... Cinq cents pages
qui
passent
comme
une lettre à la poste... C'est tellement beau sur la
fin, que
l'on
voudrait que ça continue.
Jacques Prévert
Le gardien du phare aime trop les oiseaux (J. Prévert)
Des oiseaux par milliers
volent vers les feux
par milliers ils tombent
par milliers ils se cognent
par milliers aveuglés
par milliers assommés
par milliers
ils meurent
Le gardien ne peut supporter
des choses pareilles
les oiseaux
il les aime trop
alors il dit
Tant pis je m'en fou!
Et il éteint tout
au loin
un cargo fait naufrage
un cargo
venant des îles
un cargo
chargé d'oiseaux
des milliers d'oiseaux des îles
des milliers
d'oiseaux noyés.
Bibliographie
L'office des vivants
Quatrième de couverture: Dans la maison des Cimes, le carnet des enfants nés est caché derrière les draps. Après le nom du Père et celui de la Mère, il y a les noms de Marc et de Simone. Pour Manue, beauté tombée du ciel un matin, il n’y a rien d’écrit… Le premier roman de l’auteur des Déferlantes.
Dans un hameau de montagne, une famille vit dans l’isolement et le dénuement. Il y a le Père, silencieux, brutal. La Mère, qui se remet difficilement de ses dernières couches et de son troisième enfant, mort à la naissance. Marc, le fils aîné, qui parle aux loups et aux arbres. Simone, l’enfant à l’œil crevé, qui grandit dans l’indifférence de tous.
Un jour, un bébé est trouvé devant la porte: Manue, abandonnée par sa mère, une jeune femme du village d’en bas que le Père a engrossée. Marc devient son protecteur, dans une relation frère/sœur frôlant l’interdit. Tout au long des saisons, dans une sorte de descente aux enfers, la famille va peu à peu se détruire, membre après membre. Seule Manue, dans sa beauté et sa force de vivre, traverse le roman comme une lumière.
L’Office des vivants décrit avec la force des mots simples et âpres une famille de la campagne, abandonnée de tous et de tout, dans une époque contemporaine indéfinie. La beauté de la nature environnante tranche avec la folie des hommes – ce père et cette mère qui ne savent rien transmettre à leurs enfants. Dès ce premier roman, l’auteur des Déferlantes met en scène une humanité souffrante et crée un univers très personnel, sombre mais traversé par la recherche de l’espoir, du salut, de la beauté.
L'office des vivants
Auteur : Claudie Gallay
Éditeur : Éditions du Rouergue
Date de parution : 2001
Éditeur : Actes Sud
Date de parution : mars 2009
Collection : Babel, numéro 944
ISBN : 2742782125
EAN : 978-2742782123
Format : 11 cm x 18 cm
Prix : 7.13 € (2013)
Mon amour, ma vie
Quatrième de couverture: Dan est le dernier rejeton des Pazzati, une vieille famille du cirque échouée sur un terrain vague en bordure du périphérique. La bâche du chapiteau est trouée, il y a longtemps qu’on ne donne plus de spectacles. Le soir, autour du feu de camp, on se rappelle le temps de la splendeur en mangeant des sardines à l’huile ou des saucisses grillées.
Dan voudrait qu’on l’aime, surtout sa mère qui est si belle. Seul entre cinq adultes, tourmenté par les incertitudes d’un âge qui le bannit peu à peu de l’enfance, il se réfugie auprès de sa guenon avec laquelle il partage tout: les caresses, l’odeur, les maladies et l’espoir de voir un jour la mer.
De cette famille en perdition, réfugiée en marge d’un monde urbain auquel elle n’appartient pas, Claudie Gallay voudrait sauver le fils. Apre et lucide pour dire la violence des destins perdus, son écriture célèbre avec une grâce dépouillée la beauté pure des rêves.
Mon amour, ma vie
Auteur : Claudie Gallay
Éditeur : Éditions du Rouergue
Date de parution : 2002
Date de réédition : Editions leméac en 2008
Éditeur : Actes Sud
Date de parution : 05 janvier 2010
Collection : Babel, numéro 991
ISBN : 2742788344
EAN : 978-2742788347
Format : 11 cm x 18 cm
Prix : 8.08 € (2013)
Seule Venise
Quatrième de couverture: À quarante ans, quittée par son compagnon, elle vide son compte en banque et part à Venise, pour ne pas sombrer. C’est l’hiver, les touristes ont déserté la ville et seuls les locataires de la pension où elle loge l’arrachent à sa solitude. Il y a là un aristocrate russe en fauteuil roulant, une jeune danseuse et son amant.
Il y a aussi, dans la ville, un libraire amoureux des mots et de sa cité qui, peu à peu, fera renaître en elle l’attente du désir et de l’autre. Dans une langue ajustée aux émotions et à la détresse de son personnage, Claudie Gallay dépeint la transformation intérieure d’une femme à la recherche d’un nouveau souffle de vie. Et médite, dans le décor d’une Venise troublante et révélatrice, sur l’enjeu de la création et sur la force du sentiment amoureux.
Seule Venise
Auteur : Claudie Gallay
Éditeur : Éditions du Rouergue
Date de parution : 2004
Éditeur : Actes Sud
Date de parution : décembre 2005
Collection : Babel, numéro 725
ISBN : 274275573X
EAN : 978-2742755738
Format : 11 cm x 18 cm
Prix : 8 € (2013)
Distinction : Prix
d'Ambronay 2004
Prix
du livre
CE 38 - 2004
Dans l'Or du Temps
Quatrième de couverture: Ce roman d’une transmission raconte une très belle rencontre entre une vieille dame et un jeune homme en quête de sens; c’est aussi une plongée dans la culture sacrée des Indiens Hopi et un hommage littéraire à la figure d’André Breton.
Le narrateur passe ses deux mois de vacances d’été en famille, avec sa femme et leurs jumelles de sept ans, dans leur maison normande. Les journées sont calmes et tranquilles: plage et balades dans les environs, jeux et siestes. Cet homme, que l’on devine "inoccupé", fait la rencontre d’une vieille dame singulière, Alice, qui vit dans le village avec sa sœur Clémence.
Rapidement, le narrateur s’échappe du cocon familial pour lui rendre des visites de plus en plus fréquentes. La vieille dame lui confie, lors de conversations déroutantes qu’elle semble maîtriser parfaitement, des pans de son histoire. Le père d’Alice, photographe proche d’André Breton, avait suivi avec sa famille l’écrivain dans son exil new-yorkais, en 1941. Alice, alors âgée de dix-sept ans, avait elle-même voyagé en Arizona avec son père et l’écrivain, à la découverte d’une tribu d’Indiens, les Hopi.
Fascinés par leurs poupées sacrées, les kachinas, Breton et Berthier avaient passé l’été 1945 à tenter de déchiffrer leurs croyances secrètes et à acheter leurs objets sacrés. La maison d’Alice regorge ainsi de livres, photographies, kachinas et masques liés à cette histoire et qu’elle va faire découvrir, comme dans un jeu de pistes, au narrateur.
Mais, de visite en visite, alors que l’homme semble pris au piège de cette rencontre, Alice révèle progressivement l’envers des choses, le secret tragique de sa vie.
Avec un sens aigu du romanesque, Claudie Gallay nous entraîne dans un voyage initiatique, à la recherche de la "vraie vie". Roman d’une transmission, Dans l’or du temps est d’abord le récit d’une très belle rencontre entre une vieille dame et un homme jeune. C’est aussi une plongée dans la culture sacrée des Indiens Hopi et un hommage littéraire à la figure d’André Breton.
Dans l'Or du Temps
Auteur : Claudie Gallay
Éditeur : Éditions du Rouergue
Date de parution : 2006
Editeur : J'ai Lu
Date de parution : 24 août 2011
Collection : J'ai Lu
ISBN : 2290036692
EAN : 978-2290036693
Prix : 6.56 € (2013)
L'amour est une île
Quatrième de couverture: Alors que le Festival d'Avignon 2003 s'enlise dans la grève des intermittents, une actrice célèbre retrouve sa ville natale, après dix ans d'absence. Elle y a vécu un amour passionnel avec le directeur d'un théâtre du festival off, qu'elle a quitté pour faire carrière. Ce dernier met en scène une pièce d'un auteur inconnu, sorte de poète maudit décédé dans des circonstances obscures...
Après "Les Déferlantes", qui lui a amené la consécration (Prix des lectrices de Elle 2009), Claudie Gallay explore avec toujours autant de singularité les mystères enfouis au creux de chaque vie.
L'amour est une île
Auteur : Claudie Gallay
Éditeur : Actes Sud
Date de parution : 15 août 2010
ISBN : 2742792856
EAN : 978-2742792856
Prix : 20.71 € (2013)
Les années cerises
Quatrième de couverture: Au village, on l'appelle l'Anéanti, parce que sa maison va bientôt disparaître avec la falaise qui s'effrite. Quand il en a marre des zéros à l'école et des claques de sa mère, il va retrouver Paulo et sa grande sœur, qui le fait rêver à l'amour. Un roman tendre et douloureux, par l'auteur des "Déferlantes" (Grand prix des lectrices de Elle 2009).
Les années cerises
Auteur : Claudie Gallay
Éditeur : Actes Sud
Collection : Babel, numéro 1053
Date de parution : avril 2011
ISBN : 2742796770
EAN : 978-2742796779
Format : 11 cm x 18 cm
Prix : 6.18 € (2013)