Librairie Fontaine Luberon
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Choix d'Alain Vauprès de FONTAINE Luberon
À marche forcée (The Long Walk)
Best-seller, vendu à 500.000 exemplaires, traduit en 30 langues et réédité quatre fois, les éditions Phébus, encouragées par Nicolas Bouvier (infos), le republie en français en 2007.
Présenté comme un "classique absolu de l'aventure vécue" par Nicolas Bouvier, qui n'aura pas eu le temps de l'accompagner jusqu'à son terme.
Dès sa parution en 1956, des critiques sont venues remettre en question l'authenticité du récit, criant au faux voire à l'imposture littéraire, et réalisateur Peter Weir, qui l'a adapté au cinéma, a modifié le titre en The Way Back à la place de The Long Walk (sorti le 26 janvier 2011 en France).
► Bande-annonce du film - ici -
Hiver 1941. Une petite troupe de bagnards s'évade du camp russe 333 situé tout près du Cercle polaire. Ils ne connaissent pas grand-chose à la géographie. Ils songent "simplement" à gagner à pied l'Inde anglaise : le soleil, pensent-ils, leur indiquera au moins la direction du Sud. Aucun d'eux n'est capable, sur les milliers de kilomètres qu'il leur faudra parcourir - ils y mettront deux ans -, de situer le désert de Gobi... que plusieurs réussiront pourtant à franchir sans provision d'eau.
L'innocence, parfois, est la meilleure alliée du courage...
Slavomir Rawicz est mort en avril 2004 dans le Derbyshire, sans avoir jamais accordé d’interview, ni réfuté les attaques de ses détracteurs. À marche forcée fut son seul livre (article du Gardian - ici -).
À marche forcée
Auteur : Slavomir Rawicz
Traducteur : Éric Chédaille
Éditeur : PHEBUS
Date de parution : janvier 2007
Code ISBN : 2-85940-830-4
Format : 14,5 cm x 21 cm, 299 pages, broché
Prix : 19.50 € (2007)
Principaux groupes de camps russes
Le parcours des fugitifs
Extrait
Pages 74 et 75
Ce doit être dans la dernière semaine de janvier 1941, alors que nous marchions depuis quarante jours, que le troisième blizzard, le plus violent, s'abattit sur nous et finit par enliser les camions. Le convoi avait couvert plus de douze cents kilomètres depuis Irkoutsk.
Nous avions traversé deux grands cours d'eau, d'abord le Vitim, puis, à peine quelques jours plus tôt, la puissante Lena, tous deux pris par les glaces et pareils à de larges routes parfaitement lisses serpentant à travers l'immensité de la Sibérie. Après cela, il semblait impensable que les camions interrompissent jamais leur lente progression vers le Nord.
Le visage cinglé par une neige sèche et dure, soldats et prisonniers travaillaient de concert à déblayer les congères. Arriva toutefois le moment où nos efforts furent inutiles. La longue file de véhicules et de piétons se ramassa sur elle-même et s'immobilisa sans ordre.
Tout au long du voyage, c'est par roulement qu'avait été assurée la tâche éprouvante d'ouvrir la marche. Quand la relève était décidée, le chauffeur du camion de tête se rangeait sur le côté avec les hommes enchaînés à sa suite et se laissait dépasser par les autres véhicules pour repartir en dernière position. La durée du service en tête de convoi était fonction de la route et du temps qu'il faisait.
Pour lors, nous suivions un axe important bordé de poteaux télégraphiques dont les fils pendaient sous le poids de la neige. Toutefois, l'avantage de circuler sur une route digne de ce nom était plus que contrebalancé par la situation de ladite route sur un plateau exposé aux intempéries.
Outre les difficultés liées aux amoncellements de neige, les chauffeurs devaient éprouver toutes les peines du monde à distinguer quoi que ce fût à travers l'épais brouillard de flocons tourbillonnants.
Mon groupe se trouvait alors en quatrième ou cinquième position dans la file, et ce fut là, presque à ma hauteur, qu'après être allés à l'avant prendre la mesure de la situation, le commandant et ses officiers se réunirent pour conférer. Je ne sais si pareille éventualité avait jamais été envisagée, mais toujours est-il qu'ils se montraient à l'évidence fort inquiets.
Ils discutèrent, tournant le dos au vent, durant quelques minutes, ensuite de quoi un radio grimpa à l'un des poteaux téléphoniques pour y raccorder un poste de campagne. Il redescendit faire son rapport. Les officiers hochèrent la tête avec raideur, puis se séparèrent pour remplir leurs fonctions respectives. Nous attendîmes tandis qu'un petit détachement de soldats partait sur la route en quête d'un lieu abrité.
Une demi-heure environ après l'arrêt, les chaînes furent décrochées des camions; on nous fit avancer pour battre la neige fraîche et y ouvrir une piste. Les camions progressaient lentement derrière nous. Après un kilomètre et demi d'efforts nous atteignîmes avec soulagement un havre constitué par un rideau d'arbres.
Nous parvînmes, non sans difficulté, à allumer des feux, plusieurs centaines, et à les entretenir toute la nuit afin de ne pas crever sur place. Nous avions le sentiment que cette tempête entendait nous effacer de la surface de la terre.
Certains prisonniers se frayaient obstinément un chemin pour s'approcher au plus près des flammes et, méprisant les mises en garde faites dès les premiers temps de notre marche, y présentaient leurs doigts engourdis pour ensuite hurler de douleur quand le sang se remettait à circuler.
Nous ne cessions de nous retourner à l'intérieur du cercle de chaleur car le blizzard nous glaçait le dos tandis que nous nous réchauffions les mains, le visage et la poitrine. On ne laissait personne dormir. Ceux qui commençaient à somnoler étaient brutalement secoués par leurs camarades : chacun savait que s'il s'endormait ce pouvait être pour toujours.
Commentaires
•
Le
livre de Slavomir Rawicz "A marche
forcée" m'a complètement
bouleversé. Même si le style n'est pas celui
d'un best-seller connu.
Lisez-le et il
vous transformera. Le courage,
la détermination, l'instinct de
survie, la grandeur d'âme sont, à mon
sens les grandes qualités de ce
livre
et de ses personnages. J'ai de la
peine à croire que ce récit ait
être
suspecté de mystification.
•
Ce
livre m'a aidé à grandir. C'est une
expérience qui subjugue que de le
lire.
•
Pourquoi le monde n'a-t-il pas pris au
sérieux Rawicz quand il a raconté
son "aventure"? Les goulags seraient
tombés plus tôt.
• J'ai lu ce livre et je sens qu'il va m'habiter pendant des années.
•
Merci, pour ce moment passé ensemble
dans cette expérience hors des
sentiers (si je peux me permettre).
Quelle expérience, quelle histoire,
quel esprit! Quel dépassement de
sa
personne!