Abbaye Saint-Hilaire
L'organisation du temps
Médaille-almanach de 1778
Rejoignez l'Association des Amis de Saint-Hilaire ! - infos -
Afficher la page plein écran - infos - Le raccourci CTRL et F - infos -
Un calendrier du XVIIIe siècle dans son porte-monnaie
Les dimensions de cette médaille en cuivre, où le calendrier de l'an 1778 est réduit à sa plus simple expression, n'excèdent pas celles des anciens écus de six livres (39 mm); il est probable qu'on la portait sur soi dans une bourse.
On y voit, au côté principal (face ou avers), une table simplement intitulée: Dimanches de l'année.
Chaque colonne de cette table contient les dates qui correspondent aux dimanches des différents mois dont les noms, plus ou moins abrégés, sont inscrits dans les en-têtes, au-dessous du titre principal.
En ce cadre si restreint, la médaille tient beaucoup plus qu'elle ne semble promettre. Les 31 nombres qui garnissent ces cases, disposées par rangées de sept, donnent non seulement les dates des cinquante-deux dimanches, mais encore toutes les dates des trois cent soixante-cinq jours de l'année.
En effet, si la colonne 1 désigne les dimanches d'un mois quelconque, ou plusieurs, il est évident que, grâce à l'ingénieuse disposition que nous venons de signaler, la colonne 2 désignera les lundis de ce même mois, la colonne 3 désignera les mardis; la colonne 4, les mercredis; etc.
Chaque colonne représente donc un jour de la semaine; seulement, ce jour doit varier suivant la position du dimanche, c'est-à-dire suivant le mois que l'on a en vue.
Prenons le mois de janvier pour exemple. La table consultée, nous apprend tout d'abord que les dimanches de ce mois sont renfermés dans sa quatrième colonne.
Ceci établi, assignons mentalement à chaque colonne l'emploi d'un jour de la semaine, en adoptant pour point de départ la colonne 4 des dimanches. La colonne 5 sera dès lors celle des lundis, la colonne 6, celle des mardis, la colonne 7, celle des mercredis; puis, revenant à gauche, nous compléterons la semaine en distribuant les jeudis, les vendredis et les samedis aux colonnes 1, 2 et 3, encore inoccupées.
Voici quel sera le résultat :
Sans rien changer aux chiffres de la table, nous aurons ainsi la date de chacun des jours du mois de janvier.
On procédera de même à l'égard des mois suivants. Février, ayant ses dimanches à la colonne 1, aura ses lundis à la colonne 2, ses mardis à la colonne 3, etc.; mars, de même; avril, étant sur la colonne 5, aura ses lundis à la colonne 6, ses mardis à la colonne 7, ses mercredis à la colonne 1, etc., etc.
La table contient nécessairement 31 dates, puisqu'il y a des mois de 31 jours; mais il est bien entendu qu'on doit s'arrêter au 28 pour février, et au 30 avril, juin, septembre et novembre.
Des deux côtés et au-dessus de la table, on a indiqué les principales fêtes mobiles avec leurs dates; dans l'intérieur, au bas, on a profité de l'espace resté libre pour y inscrire l'épacte, si utile aux computistes pour la fixation du jour de Pâques.
Au second côté (ou revers) de la médaille, une autre table porte les noms des douze mois et le nombre de jours dont ils se composent, puis les dates des pleines lunes et des nouvelles lunes.
Au-dessus de cette seconde table, sont les noms des souverains régnants, Louis XVI et Marie-Antoinette d'Autriche (MA An d'Autr.), et la date de leur naissance. Au-dessous, l'époque des commencements des quatre saisons.
Enfin, sur les côtés, sont indiqués quatre des articles élémentaires du calendrier : le cycle solaire, le nombre d'or, la lettre dominicale et l'indiction romaine; le cinquième est l'épacte, que nous savons être casé au bas de la table des dimanches.
Il est à peine besoin de dire que cette forme de calendrier peut s'appliquer à toutes les années aussi bien qu'à l'année 1778.
Voici, par exemple, comment on aurait composé, dans un cadre semblable, le calendrier pour l'année 1858 :
Ou pour 2010 :
Le Magasin Pittoresque
Tome XXVI – Janvier 1858
Écu de 6 livres
Revers d'un écu Convention de six livres de 1793, portant les indications suivantes : REGNE DE LA LOI. Le Génie de la France gravant le mot CONSTITUTION (en deux lignes) sur une table de la Loi reposant sur un autel, accosté d'un faisceau à gauche et d'un coq à droite. Signature Dupré sur la base de l'autel et à l'exergue (date). Argent. 28,98 g. 39,0 mm.
À l'avers : REPUBLIQUE FRANCOISE// (différent). L'AN II. (différent). Couronne de chêne, au centre : SIX/ LIVRES./ (atelier : A pour Paris (BB pour Strasbourg).
De la liturgie à l'almanach
Dérivé du mot arabe al manâkh, qui signifie compter et que l'on trouve à partir du XIIIe siècle - probablement pour la première fois chez le mathématicien et astrologue marocain Ibn el Bannâ, de Marrakech, avec la signification de tableau composé d'éphémérides du soleil et de la lune, le genre de l'almanach se trouva étroitement lié à la naissance et à l'évolution de l'imprimé en Occident dès le XVe siècle.
Le tout premier calendrier (ou almanach) imprimé, portant le titre Eine Mahnung der Christenheit wider die Türken (Une admonition de la chrétienté contre les Turcs) et se terminant par la phrase "Eyn gut selig nuwe Jar" ("Une bonne et bénie nouvelle année"), conservé à la Bibliothèque de Munich, date en effet de 1455 et fut très probablement imprimé dans les ateliers de Johannes Gutenberg à Mayence.
C'était un imprimé de propagande incitant l'Empereur et les États de l'Empire germanique à la croisade contre les Turcs, et utilisant à cette fin la forme de calendrier divisé en douze mois.
 |
 |
 |
 |
