Abbaye Saint-Hilaire, monument historique classé des XIIe et XIIIe siècles, premier bâtiment conventuel carme (XIIIe siècle) du Comtat Venaissin (1274-1791) - Ménerbes - Vaucluse - Chauffoir

 

 

  Abbaye Saint-Hilaire

  Le chauffoir

 

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Abbaye Saint-Hilaire, monument historique classé des XIIe et XIIIe siècles, premier bâtiment conventuel carme (XIIIe siècle) du Comtat Venaissin (1274-1791) - Ménerbes - Vaucluse - Plan du chauffoir

 

Comme son nom l'indique le chauffoir "calefactorium ou caledarium", était avec la cuisine et l'infirmerie de l'hôtellerie, la seule pièce où il était permis d'entretenir un feu que lorsque l'eau gelait dans les bénitiers de l'église.

 

Cette pièce traversante, d'allure rectangulaire, contiguë par son mur ouest à la salle capitulaire, possède sur sa travée, une voûte de type provençal (voûte brisée à quatre arcs).

 

Les deux fenêtres à traverse, dont une ouverte sur le cloître (infos), sont équipées de vitraux contemporains de verre clair.

 

Au Moyen Âge, pour des raisons de sécurité, le chauffoir et la cuisine étaient séparés du scriptorium afin de protéger les manuscrits d'un éventuel incendie.

 

Au cours des siècles, il fut dérogé à cette règle de sécurité, notamment par les Cisterciens, on parle alors de scriptorium-chauffoir. Ainsi en est-il à l'abbaye cistercienne voisine de Sénanque.

 

 

 

  

  Chauffoir ou scriptorium-chauffoir ?

 

La construction de Sénanque étant antérieure à Saint-Hilaire (fondée en 1148), il est possible que cette disposition constructive ait été retenue ici.

 

Cette hypothèse est confortée par l'absence de pièce dédiée comme "scriptorium", l'effectif réduit de la communauté et donc de copistes, le fait que les collections de livres étaient très restreintes (quelques dizaines), et le peu de place occupé par le matériel de copiste.

Abbaye Saint-Hilaire - Vaucluse - Copiste

Recopier des manuscrits apparaît, aujourd'hui encore, dans l'imagerie populaire, comme l'activité quotidienne des religieux. Et bien qu'ils ne se soient pas limités, tant s'en faut, à ce genre de travail, il faut reconnaître que celui-ci eut toujours une grande importance à leurs yeux, et que cette importance ne fit que croître, au point de devenir, peu à peu, le travail par excellence des religieux.

 

Il y a à cette prédilection plusieurs raisons. Pour Pierre le Vénérable, c'est la tâche la plus utile, parce qu'elle permet au solitaire "de cultiver les fruits de l'esprit et de cuire le pain céleste de l'âme". Pour d'autres, c'est une façon de combattre l'oisiveté, de vaincre facilement les vices de la chair, et d'assurer ainsi "le salut de l'âme" (saint Jérôme). Pour certains, le travail dans le scriptorium s'inscrit dans un programme d'ascèse.

 

De l'antiquité jusqu'au haut Moyen Âge, il n'y a que peu de détails sur l'espace même où l'on s'adonnait à l'écriture. Au début du XIIe siècle des textes mentionnent l'utilisation dans certaines abbayes cisterciennes le chauffoir et le chapitre étaient utilisés à cette fin.

 

La période de la plus grande production monastique d'ouvrages fut certainement les XIIe et XIIIe siècles. Par la suite trois facteurs importants ont eu un impact profond sur la nature des scriptoria monastiques: la production professionnelle de livres (1454 ou 1455 l'Allemand Johannes Gutenberg imprime la première Bible), la rapide croissance du commerce européen des livres et l'expansion des cellules individuelles.

presse xylographique de Gutenberg avec des caractères mobiles

Scriptorium: de l'adjectif latin "scriptorius", scriptorium (sing) scriptoria (plu), désigne ce qui est relatif à l'écriture, et formé sur la base de scriptor (de scribere: écrire). Utilisé au milieu du IXe siècle pour désigner le lieu ou la pièce où les frères préparaient les parchemins, écrivaient, copiaient, traduisaient, reliaient les manuscrits, de manière privée ou communautaire.

Abbaye Saint-Hilaire - Vaucluse - Lettrine enluminée

Le travail des copistes est des enlumineurs est supervisé par l'armarius, qui, selon le nombre de frères dans la communauté, peut également exercer la fonction de bibliothécaire.

 

Très vite la spécialisation apparaît: on distingue ceux qui préparent les parchemins (pergamentari), ceux qui y tracent les lignes au crayon, les "forbitores", ceux qui fourbissent les peaux, les écrivains proprement dits, les correcteurs, les enlumineurs, les relieurs.

 

Le rendement était de 3, 5, 6 folios par jour, de format in quarto (infos). Il fallait un an pour copier une bible. Un copiste reproduisait environ 40 ouvrages au cours de sa vie.

 

 

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Charles VII assis sous un dais, environné de personnages du XVe siècle, 

reçoit un livre des mains d'un frère carme.

 

 

 

  

  Les équipements du copiste

 

Outre une chaière à escripre et d'un scriptorium, qui est le meuble sur lequel le moine écrit (et non l'atelier de copie, comme c'est le cas dans les autres Ordres), le copiste dispose de pennae, plumes d'oie ou de cygne; de craie et de pierre ponce utilisée comme abrasif; de deux cornua ou cornettes, qui servent d'encrier pour les encres rouges et noires; d'un scalpel, pour tailler et couper les peaux; d'un rasoir pour en gratter les aspérités et découper les pages.

 

Il se doit également de disposer d'un poinçon pour pointer le parchemin avant de tracer les lignes; d'une alêne destinée à percer les trous dans les pages, avant de les réunir en volume à l'aide de petites lanières de cuir; d'un fil à plomb pour bien tracer les lignes verticales; d'une planchette pour pratiquer le polissage, le ponçage, et le réglage; de tablettes, enduites de cire, qui servent de pense-bêtes, et d'un stylet destiné à écrire sur la cire.

 

D'autres textes cartusiens du XIVe siècle parlent de "plumes de lotton à notter", de "lymettes à tailler plumes", de "compas de lotton", de pierre à délayer les couleurs, de fers à brunir, de gouges, de cuirs de Cordoue et de peaux teintes, de fermailles de cuivre, de clous de Rouen.

 

Le parchemin était fait de peaux d'animaux mort-nés, veaux, chevreaux ou agneaux, parfois de cerf ou de truie. Mais la préparation des peaux présentait de telles difficultés et exigeait de tels soins, qu'elle fut assez tôt confiée à des spécialistes, très souvent laïques.

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À l'origine l'encre était faite avec du suc de chou, de la couperose (c'est-à-dire du sulfate de cuivre), de la noix de galle, le tout cuit au feu avec de la gomme arabique, additionnée de bière ou de vin!

 

 

 

  

  Les écritures calligraphiées du Moyen Âge

 

Deux écritures calligraphiées vont marquer le Moyen Âge: l'écriture Caroline et l'écriture Gothique textura.

 

 

 

  

  L'écriture caroline

 

Du VIIIe au Xe siècle, les copistes utilisent l'écriture minuscule dite caroline, imposée par Charlemagne afin d'unifier son empire, puis l'écriture onciale. À partir du Xe siècle les copistes adoptent une calligraphie qui supprime les formes arrondies des lettres: la caroline donne ainsi naissance à la gothique primitive (XIe et milieu du XIIIe siècle):

Abbaye Saint-Hilaire - Vaucluse - Acte de juridiction gracieuse : rente sur un moulin Abbaye Saint-Hilaire - Vaucluse - Détail du texte de la rente sur un moulin

 

 

  

  L'écriture gothique textura

 

Puis entre le XIIe et le XVe siècle à la gothique textura et ses nombreuses variantes dont la gothique fracktur d'origine allemande. C'est cette dernière qui sera utilisée par Gutenberg pour l'impression de la Bible.

 

 ► En savoir plus sur Gutenberg - ici -

 

Abbaye Saint-Hilaire - Vaucluse - Détail d'une page de la bible de Gutenberg  

Toutes les écritures gothiques se caractérisent par la brisure du trait vertical en haut et en bas de la lettre. Ces écritures très régulières, privilégient l'équilibre et la composition visuelle de la page.

Abbaye Saint-Hilaire - Vaucluse - Lettrine enluminée

Les différentes écritures gothiques seront finalement remplacées par l'usage de la littera antiqua issue des recherches entreprises par les humanistes florentins à partir de la seconde moitié du XIVe siècle, abouties au début du XVe siècle, et visant à retrouver l'élégance et la clarté de la minuscule caroline. Elle a été utilisée d'abord pour copier les textes de l'Antiquité latine, puis son transfert du manuscrit à l'imprimé et du latin aux langues vernaculaires de l'Europe lui a assuré une hégémonie universelle jusqu'à nos jours.

Abbaye Saint-Hilaire - Vaucluse - Italie - 1467 : écriture littera antiqua  Abbaye Saint-Hilaire - Vaucluse - Italie - 1467 : détail écriture littera antiqua

Si écrire était le plus noble des travaux, que bien plus qu'un travail intellectuel, c'était un labeur ascétique qui serait récompensé au Ciel, et que chaque lettre tracée remettait un péché dans l'autre monde, il demeure que le travail des copistes était fastidieux comme l'attestent leurs plaintes:

 

"Faites attention à vos doigts. Ne les posez pas sur mon écriture! Vous ne savez pas ce qu'est écrire! C'est une corvée écrasante: elle vous courbe le dos, vous obscurcit les yeux, vous brise l'estomac et les côtes... Priez pour le pauvre Raoul..."

 

Pour ceux qui seraient intéressés par l’analyse des livres liturgiques, celle-ci exige au préalable d’acquérir quelques rudiments indispensables à la compréhension des chapitres ci-après.

 

 

 

  

  Le temps en liturgie

 

Des notions de base sur le temps liturgique sont indispensables pour comprendre l’organisation et l’usage des livres liturgiques, fondés sur la partition des propres et de l’ordinaire.

 

 

 

  

  Le temporal

 

Le temporal (ou propre du temps) constitue une partie du propre de l’office et de la messe. Il court sur la totalité de l’année, suivant le rythme hebdomadaire auquel se surimposent les temps liturgiques, qui dépendent, quant à eux, de deux axes principaux: Pâques et Noël.

 

 

 

  

  Le sanctorial

 

Le sanctoral (ou propre des saints) constitue une partie du propre de l’office et de la messe, à savoir celui de la plus grande partie des fêtes tombant à dates fixes.

 

 

 

  

  La liturgie

 

La liturgie votive se surimpose aux propres et au commun. Elle n’est pas déterminée par les impératifs du temps liturgique, du jour de la semaine et du calendrier des fêtes.

 

Il s’agit de se familiariser avec l’opposition entre ordinaire et propres, la répartition de ces propres entre temporal et sanctoral, eux-mêmes complétés par le commun des saints et la liturgie votive. Ces distinctions fondent les grandes divisions qu’on observe à la fois entre et dans les manuscrits de l’office et de la messe.

 

Un dossier pédagogique propose une initiation aux manuscrits liturgiques de rite romain au Moyen Âge. Sa mise en ligne est le fruit des ateliers qui ont accompagné les séances du cycle thématique de l’IRHT de l’année 2003-2004, dirigé par Oliver Legendre et Jean-Baptiste Lebigue.

 

 ► Cours d'Oliver Legendre et Jean-Baptiste Lebigue - ici -

Abbaye Saint-Hilaire - Vaucluse - Antiquarius

 

 

  

  Les livres du propre de l'office

 

  

  Antiphonaire

 

L’antiphonaire rassemble les antiennes, invitatoires et répons de l'office.

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  Bréviaire

 

Tout le propre, ce qui n’a été rendu possible que par une réduction drastique de la taille des pièces, qui affecte toutes les lectures, leçons de matines et capitules. C’est justement ce processus d’abréviation qui a donné son nom au bréviaire.

 

Un des buts du bréviaire consistait à déterminer les offices à célébrer en fonction des fêtes religieuses. Il se construisit progressivement au cours des siècles pour s'affirmer comme l'élément central de la tradition ecclésiastique. Le cardinal espagnol Quiñones fut chargé, en 1534, par le pape Clément VII, de le réformer.

 

Le succès de l'ouvrage publié en 1535 fut énorme. Dans ce nouveau bréviaire, l'année commençait par l'Annonciation et se terminait avec la Pentecôte, une chronologie plus uniforme apparaissait comme un élément essentiel pour la répartition des lectures évangéliques. L'introduction de la date permettait de quantifier davantage l'écoulement du temps.

 

Une seconde réforme du bréviaire fut l'œuvre du pape Pie V, en 1568, après le Concile de Trente. Le bréviaire ne peut être utilisé pour traduire une mesure du temps puisque le commencement de l'année, fixé au début de l'Avent est mobile.

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  Collectaire

 

Tout ou partie du propre sauf les lectures de matines, pour lequel on précisera la nature des pièces liturgiques présentes (collectes seules; capitules et collectes; capitules, antiennes des cantiques évangéliques et collectes, etc.).

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  Diurnal

 

S'il ne manque que le propre des matines, mais que celui des heures diurnes est complet.

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  Diurnal et rituel

 

Ce manuscrit contient à la fois un diurnal, c'est-à-dire la prière des offices de la journée, et un rituel: textes des rites du baptême, du mariage, des enterrements et différentes prières et bénédictions spécifiques.

 

 

 

  

  Homiliaire

 

Lectures de matines seules, les recueils de lectures patristiques sont appelés "homiliaire". Le principal modèle en a été l’homiliaire que Paul Diacre a élaboré à la fin du IXe siècle.

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  Hymnaire

 

Les hymnaires sont apparus dès le IXe siècle. En plus de leur originalité formelle, les hymnes constituent souvent une entité indépendante dans les manuscrits.

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  Lectionnaire de l’office

 

Lectures de matines seules, sous forme de péricopes organisées par propre.

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  Nocturnal

 

Tout le propre de l’office de matines.

 

 

 

  

  Passionnaire

 

La plus grande liberté a régné au Moyen Âge pour le choix et le nombre des lectures hagiographiques à matines des fêtes de saints. Les recueils liturgiques purement hagiographiques, nommés passionnaires en référence aux passions des martyrs, sont rares par rapport aux nombreuses collections de Vies de saints utilisées au chœur en ces occasions.

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  Psautier-antiphonaire, psautier-lectionnaire, etc.

 

La présence d'un psautier livre du propre de l'office sera signalée dans le titre donné aux manuscrits autres que les collectaires diurnaux et bréviaires.

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Mais rien n'interdisait de procéder aux assemblages les plus inattendus: psautier-lectionnaire, collectaire-évangéliaire, collectaire-hymnaire, etc.

 

 

 

  

  Le Psautier

 

L'usage du Psautier gallican, imposé dans la liturgie des Gaules depuis l'époque carolingienne, entraîne une organisation fériale du texte que la mise en page indique au moyen d'initiales ornées. Le psautier n'est pas utilisé lors des cérémonies liturgiques, son usage étant réservé à l'apprentissage de la lecture, de l'office canonial, des exercices d'exégèse biblique et de théologie.

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À voir, la base enluminures de la Bibliothèque Municipale de Lyon qui contient une remarquable collection de 12.000 images provenant de 457 de ses documents, manuscrits du Ve au XVIe siècle, incunables ou livres de la Renaissance.

 

 ► Accès à la base enluminures - ici -

 

 

Au IXe siècle, à Saint-Gall (Suisse), on compta jusqu'à 120 moines copistes ou peintres.

 

 

 

  

  La Bible

 

La Bible était, dans le monde médiéval, le livre familial par excellence. Reliée souvent avec un calendrier, un psautier et un catéchisme, elle constituait un livre de chevet dans lequel on inscrivait les événements notables de la vie: naissance des enfants, mort des parents, mariages ou souvenirs personnels.

 

Il n'est pas étonnant que, progressivement, les artistes se soient attachés à décorer ces ouvrages, à les orner d'enluminures et de reliures souvent très riches. Certains princes thésaurisèrent même les bibles blasonnées qui servirent, quelquefois, à couvrir des dettes ou des emprunts. C'est ainsi que la bibliothèque des ducs de Bourgogne contenait, à la mort de Philippe le Bon, vingt-trois exemplaires de la Bible!

 

 

 

  

  Bibliothèque virtuelle des manuscrits médiévaux (BVMM)

Bibliothèque virtuelle des manuscrits médiévaux (BVMM)

 

La Bibliothèque virtuelle des manuscrits médiévaux (BVMM), est élaborée par l’Institut de recherche et d’histoire des textes (IRHT-CNRS). Elle permet de consulter la reproduction d’une large sélection de manuscrits, du Moyen Âge jusqu’au début de la Renaissance, conservés dans des fonds patrimoniaux dispersés sur tout le territoire français, hormis ceux de la Bibliothèque nationale de France. Elle est enrichie par des apports extérieurs, comme les reproductions d’une centaine de manuscrits de la Staatsbibliothek de Berlin.

 

L’IRHT, avec le soutien du Ministère de la Culture (Service du Livre et de la Lecture) et du Ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche (Mission de l’information scientifique et technique et du réseau documentaire), effectue les campagnes photographiques. Le corpus est mis en ligne sur la BVMM, en accord avec les ministères concernés et les bibliothèques détentrices des fonds.

 

La BVMM fait également partie d’un bouquet de ressources produites par l’IRHT, en étant reliée à MEDIUM, la base de gestion des reproductions de manuscrits dont elle dépend, et à INITIALE, le catalogue IRHT de manuscrits enluminés.

 

Les recherches dans la BVMM se font uniquement à partir de la cote du manuscrit. D'autres possibilités de recherches sur les manuscrits et leurs reproductions sont offertes par la base MEDIUM ou par INITIALE.

 

Types de reproductions accessibles dans la BVMM:

 

  manuscrit ou incunable dans son intégralité en couleur (numérisation
     directe) ou en noir et blanc (numérisation des microfilms);

  éléments de décor des manuscrits et des incunables.

 

 ► Accès au site - ici -

 

 

 

Armoiries du Comtat Venaissin Coat of arms of the Carmelite order

 

 

Tourisme en Vaucluse Provence - ADDRT 84 Vaucluse en Provence - ADDRT 84