Abbaye Saint-Hilaire
La chapelle rupestre
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Introduction
Quand on va de Lacoste à Ménerbes par la route D 109, 3,5 km avant Ménerbes, un panneau des monuments historiques indique sur la droite Abbaye Saint-Hilaire. Un chemin empierré communal de 400 m mène à cet édifice religieux classé, appartenant à la famille Bride, qui en assure l’entretien depuis 1961.
Ce sont des ermites de l'Ordre du Carmel* qui édifièrent au XIIIe siècle ces bâtiments conventuels prolongés de belles terrasses, sur le flanc sud d’un petit vallon situé au pied du si pittoresque versant nord du Luberon. On est aussitôt conquis par les lieux, par l’un de ces cadres si particuliers où les religieux ont toujours aimé s’installer pour méditer et vénérer le Seigneur.
* Ordre religieux catholique contemplatif* fondé par des ermites sur le mont Carmel en Terre sainte à la fin du XIIe siècle, ermites qui quitteront leur ermitage de Haïfa au début du XIIIe siècle, pour se réfugier en Europe, où l'ordre érémitique se transformera en ordre monastique. Ses membres sont appelés carmes (pour les hommes) et carmélites (pour les femmes).
* Un ordre contemplatif est un ordre religieux régulier monastique catholique dont les clercs, moines et moniales ont prononcé des vœux religieux et fait un choix de vie. Généralement cloîtrés, ils respectent une règle monastique de vie commune principalement consacrée à la prière et au service de la religion.
Derrière l’église, en bordure du jardin, au pied d’une petite barre rocheuse, deux portes s’ouvrent sur deux salles taillées dans la molasse, l’une d’entre elles donne l’apparence d’une chapelle troglodytique.
Une question se pose alors: ne s’agissait-il pas d’une chapelle primitive qui a précédé la construction des ermites de l'Ordre du Carmel?
Sur la carte IGN 3142 OT Gordes (UTM 31), l’ensemble est marqué: Saint-Hilaire ancienne abbaye:
X : 680.670 - Y : 4854.890 - Z : 285
Le toponyme Saint-Hilaire
À l’époque où les canonisations étaient nombreuses, plusieurs saints pouvaient porter le même nom. On compte au moins sept Saint-Hilaire. Ici, l’invocation des ermites de l'Ordre du Carmel a-t-elle un rapport avec le saint évêque d’Arles (†449) ou avec saint Hilaire de Gaza (291-371) appelé aussi saint Hilarion, fondateur de la vie monastique en Palestine?
Cette dernière invocation serait plus en accord avec l’origine de l’ordre contemplatif fondé à Jérusalem.
Histoire
Les débuts
En l’absence de documents, d’une charte de fondation ou d’un cartulaire, on n’a pas d’indication exacte sur l’origine des ermites de l'Ordre du Carmel ou sur le donateur des biens fonciers le concernant.
Le site, avec sa source et sa petite falaise de molasse favorable aux abris-sous-roche réunit tous les éléments d’une occupation humaine ancienne. Son emplacement privilégié a-t-il attiré des ermites dès l’implantation du christianisme dans la région, cela est possible, mais nous ne pouvons l’affirmer.
L’occupation de Saint Hilaire devient plus évidente avec l’arrivée des ermites de l'Ordre du Carmel. Ces derniers commencèrent à quitter la Terre sainte pour l’Europe, en 1238.
Ils arrivèrent en 1244 aux Aygalades, près de Marseille, où semblent s’être installés les premiers ermites français et provençaux, comme nous l’avons vu dans le chapitre consacré à ce site. C’est peu après cette date et certainement avant 1254, décès du frère Bertrand, qu’il est raisonnable de situer leur arrivée à Saint-Hilaire.
Pourquoi ce lieu écarté pour ces religieux qui ne connaissaient pas la région?
Leur avait-on mentionné la présence précédente de quelques ermites dans le massif du Luberon?
Étaient-ils certains de trouver ici l’aide de quelque riche famille locale?
L’existence de grottes rappelant celles du mont Carmel les a-t-elle inspirés? Autant de questions sans réponses.
Il est évident qu’à leur arrivée tout restait à mettre en place, organiser et créer, tant sur le plan foncier que sur les conditions de vie et les rapports avec les autorités et la population locales. Avant que l’église et les bâtiments conventuels ne soient utilisables, il fallait avoir une structure d’accueil provisoire que nous verrons plus loin.
Histoire plus récente
La construction de l’ensemble architectural actuel aurait commencé dans la seconde moitié du XIIIe siècle. Les restaurations aidantes, il nous parvient presque intact après sept siècles d’existence, traversant des périodes parfois tumultueuses.
La beauté de cet ensemble architectural et les ressources nécessaires pour en financer la construction nous amènent à développer l’une des questions posées précédemment: au Moyen Âge, les Carmes faisaient partie des quatre ordres mendiants*.
* Quatre principaux ordres religieux mendiants au Moyen Âge:
•
Franciscains
(Ordre des frères mineurs, portent un habit
brun), fondés en
1209;
•
Carmes,
(Ordre du Carmel ou Carmes, portent un habit marron),
fondés
en 1206-1214;
•
Dominicains
(Ordre des prêcheurs, portent un habit blanc),
fondés en
1215;
•
Augustins
(Ermites de saint Augustin, portent un habit noir),
fondés en
1256.
Cela expliquerait sans doute que la plupart des Carmes d’Europe aient émigré vers les grandes villes à la fin du XIIIe siècle. Il y avait là plus de pauvres à secourir, mais aussi une espérance de dons plus abondants lors des quêtes.
Faut-il penser que les frères carmes de Saint Hilaire aient échappé à la règle et que les largesses et dons immobiliers de riches familles de Ménerbes ou Lacoste leur permettaient de ne faire que de la prédication?
Au XVe siècle, éclatèrent des conflits avec le clergé car ils ne payaient pas la dîme dont ils avaient été dispensés. Il faut dire que le concile de Trente (1545-1563), en imposant aux ordres leur autonomie financière les obligeait à avoir des biens collectifs.
D’après Vincent Jacob, archéologue, dès sa fondation, Saint-Hilaire était entouré d’un domaine foncier d’une quinzaine d’hectares qui augmenta par la suite. Il faut se souvenir que dès 1554, sous l’instigation de sainte Thérèse d’Avila, les Carmes déchaux établis en France en 1611, rétablissaient la règle de pauvreté.
L’installation de Vaudois (infos) dès 1399, les guerres de religions (1562-1599) qui virent l’occupation de Ménerbes par les Protestants (1573-1578) ne constitueront que des alertes pour les Carmes. Plus sérieux sera le conflit engendré par ses richesses, l’évêque de Cavaillon obtenant du pape l'usurpation du couvent en 1656, où les frères carmes se réinstalleront en 1660.
Mais, en 1778, en raison du trop faible nombre de frères, les biens du couvent sont réunis au prieuré d’Avignon. Sous la Révolution, en 1792, Saint Hilaire est vendu comme bien national à Dominique Amic, indienneur à d’Avignon. Les cisterciens de Sénanque en font l'acquisition en 1858 pour en faire une exploitation agricole monastique, qu’ils revendront en 1864 à des agriculteurs.
En 1961, M. et Mme René Bride rachètent une partie du bâtiment conventuel, avant que l’ensemble ne soit réuni en 1967 en une seule propriété. Ils entreprennent petit à petit la restauration qui va s’accélérer en 1975, avec la protection du bâtiment et des terrasses attenantes au titre des monuments historiques.
L’ensemble architectural actuel
L’arrivée sur le site réserve une belle vue sur l’ensemble architectural et sur ses façades ouest (fig. 1).
Fig. 1 : Vue générale de Saint-Hilaire, quand on arrive. On voit l'oculus de la nef.
En arrière, la partie qui correspond au chœur de l'église est surélevée.
Il comprend la chapelle et, les bâtiments conventuels. Derrière les bâtiments, un joli jardin clos est bordé du côté du vallon par un grand mur de soutènement (fig. 2).
Fig. 2 : Vue côté jardin, à partir de la porte qui s'ouvre dans le mur de clôture.
Le jardin fait déjà rêver !
Cet ensemble est actuellement étudié par M. Vincent Jacob, archéologue, aussi mon but n’est-il pas de reprendre son travail. Mais avant de passer à la partie troglodyte, il m’a paru nécessaire de lui consacrer quelques lignes.
Scellées dans le mur extérieur de l’église, de part et d’autre de la porte s’ouvrant de la deuxième travée de la nef sur la cour intérieure, deux pierres tombales surprennent par leur emplacement.
L’une est dédiée à Dame Béatrice épouse du seigneur Bermutdus, l’autre au frère Bertrand mort en 1254 (fig. 3).
Fig. 3 : La pierre tombale avec la date MCCLIIII (1254) n'est pas à sa vraie place au milieu des autres pierres du mur. C'est une pierre de réutilisation.
Cela a fait dire que la construction de l’église avait débuté à cette date
Mais, il est impensable de penser que ces pierres aient été scellées dans le mur de l’église du vivant des frères qui ont connu Bertrand, cela aurait été une profanation.
Selon Vincent Jacob, si la construction de l’église a commencé dans la seconde moitié de XIIIe siècle, elle fut rebâtie bien plus tard au XIVe siècle. Des pierres tombales du cimetière accolé à l’église furent alors réutilisées.
Dans ce cas précis, ces deux pierres concernent le fondateur du couvent et la principale bienfaitrice auxquels on a voulu rendre hommage de cette manière.
L’église est d’un plan simple: un narthex précède une nef rectangulaire où sont alignés les bancs des fidèles (fig. 4).
Fig. 4 : La nef, avec son ogive et les deux piliers qui la soutiennent.
Au fond, le narthex, plus récent.
Elle est partagée par un arc en ogive, supporté de part et d’autre par deux colonnes simples, de section rectangulaire. À la nef, succède le chœur fermé par un chevet plat à trois fenêtres gothiques, se dressant au-dessus d’une niche géminée (fig. 5).
Fig. 5 : Quand on entre dans la nef, on voit le chœur,
le chevet plat avec ses trois fenêtres et sa niche géminée.
Une marche marque la différence de niveau entre le chœur et la nef, qui sont séparés en hauteur par un second arc en ogive s’appuyant sur deux chapiteaux encastrés dans le mur (fig. 6).
Fig. 6 : Le chapiteau qui soutient l'ogive séparant la nef du chœur.
Le tout est d’une belle sobriété. Cette sobriété et cette simplicité qui seules correspondent à une sincère élévation de l’âme.
Sur le côté nord, deux chapelles s’ouvrent sur la nef. La première, la plus vaste, a été datée du XIVe siècle et sur son côté oriental, une peinture murale malheureusement bien dégradée a été attribuée à un peintre italien de la même époque (fig. 7).
Fig. 7 : Sainte Madeleine et ses longs cheveux.
Elle serait dédiée à saint Antoine d'Égypte, dont les reliques auraient été rapportées dans le Dauphiné en 1070 (infos), en raison de la présence du cochon des Antonins sculpté au centre de la croisée d'arceaux (fig. 8).
Fig. 8 : Dans la chapelle latérale, au plafond, la belle croisée d'arceaux
avec le cochon de Saint Antoine.
La seconde située plus près du chevet est du style roman pur avec sa voûte à arcs en plein cintre.
Elle fut considérée dans les premières études comme la chapelle primitive, Vincent Jacob la considère plutôt comme la sacristie. Cette dernière interprétation est beaucoup plus conforme à la disposition des lieux: s’ouvrant par une petite porte plein cintre, elle se trouve juste à côté du chœur, comme les sacristies des autres églises (fig. 9).
Fig. 9 : A gauche, l'entrée de la chapelle annexe, au centre, la porte donnant sur la sacristie.
Les bâtiments conventuels, jouxtant l’église, sont bâtis autour du cloître et de son préau d'allure trapézoïdale. Ils datent de la même période que l’église, bien que des travaux ou modifications aient pu être entrepris par la suite (fig. 10).
Fig. 10 : La belle cour intérieure du cloître, entre l'église (à gauche) et les bâtiments conventuels.
L’église primitive
Maintenant que nous avons vu l’église et les bâtiments conventuels des XIIe, XIIIe et XIVe siècle, nous pouvons examiner les cavités troglodytes dont le creusement et l’occupation les ont certainement précédés.
Chronologiquement, il aurait été plus logique de commencer par-là, mais j’ai préféré commencer par ce qui avait déjà été étudié.
Ces cavités creusées dans la molasse, se trouvent juste à l’extérieur du bâtiment conventuel, sous une petite barre rocheuse bordant et dominant le jardin (fig.11).
Fig.
11 : L'entrée de ce
qui devait
être l'église primitive,
au-dessus,
l'oculus, à
gauche l'entrée de la
sacristie.
La longue utilisation agricole qui a suivi leur abandon en tant qu’habitat ou lieu du culte, a effacé de nombreux témoins. De plus, le sol rocheux ne permet pas de fouilles.
Pourtant, deux de ces cavités ont certainement constitué l’église primitive. Faute d’éléments mobiliers, faute de style d’architecture auquel se raccrocher, il est impossible de les dater. Nous pouvons seulement faire des suppositions et rechercher une hypothèse logique de leur origine.
Comme il a été évoqué précédemment, le site même de Saint-Hilaire, avec sa petite falaise à l’abri du mistral, favorable aux abris-sous-roche et proche d’une source, était un endroit propice à l’habitation humaine, depuis la préhistoire. La légende veut que Saint Castor, évêque d’Apt se soit retiré dans une grotte près de Ménerbes où l’on retrouve la source San Castré.
D’après G. Semonsu, cette grotte se situerait sur les premières pentes du Luberon, cependant, nous n’avons retrouvé aucun des noms qu’il cite sur la carte IGN.
Mais, s’il ne semble pas que ce soit le site de Saint-Hilaire, cela n’exclut pas que ce dernier ait lui aussi attiré des ermites, dès les premiers siècles de l’établissement de la chrétienté en Provence. Faute d’écrits, faute de traces, il est impossible de préciser quand.
Les deux cavités qui s’ouvrent près du coin extérieur nord-est du chevet de l’église offrent le plus de détails architecturaux faisant penser à une chapelle et à son annexe (fig. 12).
Fig. 12 : Plan et élévations.
La plus grande des cavités, transformée à une époque en moulin à huile, n’a pas de trace d’autel. Mais, quand de l’intérieur on regarde la porte d’accès, on ne peut manquer de remarquer les dimensions de celle-ci, plus grandes que dans les cavités voisines. Au-dessus de la porte, une ouverture caractéristique laisse rentrer le jour.
C’est un oculus que l’on retrouve dans toutes les églises (fig. 13 et 14).
Fig. 13 : La forme et le profil caractéristiques de l'oculus, qui se rétrécit vers l'extérieur,
comme dans toutes les églises.
Parmi les sites souterrains, on trouve la même disposition à Notre-Dame des Anges à Mimet (B.d.Rh.). Il faut aussi remarquer les deux niches caractéristiques qui encadrent la porte d’entrée, destinées à la statue d’un saint ou autres objets de piété (fig. 14).
Pas de trace de bénitier qui, s’il a existé, aurait disparu avec une partie de l’encadrement de la porte (fig. 14). Si cette cavité avait été creusée dans un but d’habitation, il est certain qu’une fenêtre aurait été creusée près du sol et non aussi haut au-dessus de la porte.
Reste le plafond très particulier, échappant à la forme romane en plein cintre. Formé de deux pans qui se recoupent par un dièdre dans le sens de la longueur de la cavité, il fait penser au toit d’une tente (fig. 14 et 15).
Fig 14 : La porte d'entrée plus grande, l'oculus et les niches sont des caractéristiques d'église.
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Fig 15 : Le plafond à deux pans que l'on retrouve dans d'autres cavités troglodytes du Luberon.
Dans la chapelle Saint-Michel sous Terre, Le Cannet-des-Maures (Var), creusée au XIe siècle, on retrouve une voûte en plein cintre. Par contre, dans le Luberon, on retrouve ce plafond à deux pans dans d’autres sites troglodytes.
► Chapelle Saint-Michel sous Terre - ici -
C’est le cas du transept de l’église Saint-Elzéar à Cabrières-d’Aigues, alors que la nef s’apparente au style gothique. Mais Saint-Elzéar date du XIVe siècle et son creusement est beaucoup plus fini, beaucoup plus soigné.
► Eglise Saint-Elzéar - ici -
Ici, le côté frustre du creusement est peut-être dû à la mauvaise qualité de la molasse locale.
Mais il nous amène aussi à deux hypothèses. La première, serait que cette chapelle n’ait été que provisoire. En attendant que la construction de l’église soit commencée et terminée, il fallait une chapelle d’attente et on ne s’est pas attardé à fignoler son creusement.
La seconde, serait que la chapelle soit beaucoup plus ancienne, œuvre d’ermites dont nous n’avons aucune trace, elle serait bien antérieure au XIIIe siècle, sans plus de précision.
Vu le style de plafond, qui s’apparente à celui d’autres cavités du Luberon, donc à un style pratiqué par les populations locales et non par des nouveaux arrivants comme les ermites de l'Ordre du Carmel, je penche pour cette seconde hypothèse.
Une question a été posée concernant l’orientation nord-sud de cette chapelle. Comme dans d’autres chapelles troglodytiques, on s’est adapté à l’état des lieux. Ici, le creusement se faisant à partir d’un front de falaise est-ouest, on est parti en direction du nord.
L’église primitive de Saint-Victor à Marseille avait été bâtie dans le sens nord-sud, avant d’être réorientée vers l’est au XIIIe siècle.
La chapelle Saint-Michel sous terre, au bord de l’Argens (Var), qui s’est creusée en élargissant des cavités existantes est elle aussi de sens nord-sud, et il y a bien d’autres exemples.
La cavité jouxtant la chapelle et communiquant avec elle m’a fait penser à la sacristie, bien que sa jonction avec la chapelle se fasse du côté de l’entrée et non plus près du chœur.
Elle a eu une fonction agricole dont il est difficile de fixer la date et on retrouve deux silos à grain de 1,2 m de profondeur creusés dans son sol rocheux (fig. 16).
Fig. 16 : Citerne à grains creusée dans le sol rocheux de la sacristie.
Quant aux quatre autres cavités creusées dans la barre rocheuse, plus à l’est, elles n’ont pas les caractéristiques que nous venons d’évoquer (fig. 17).
Fig. 17 : Cavités qui ont dû servir d'habitation, avant d'être utilisées comme remises.
Elles servent actuellement de débarras. Peut-on penser qu’elles aient servi de logement aux carmes, en attendant la fin de la construction des bâtiments conventuels?
Les cavités à l’ouest de Saint-Hilaire
180 m avant d’arriver à Saint-Hilaire, sur la droite, s’ouvrent deux grottes qui ont été agrandies par creusement et dont la façade est murée. Il est difficile de pouvoir les dater et de déterminer leur origine. Cependant, leur mur en pierres sèches est certainement postérieur à la construction de Saint-Hilaire.
Plus près, 30 m avant la façade de l’église, s’ouvre sur la gauche, une autre cavité qui sert de garage. Elle ne présente aucune particularité et si cela a existé, ces particularités ont disparu (fig. 17 bis).
Fig. 17 bis : Cavités de la terrasse d'accueil.
Par contre, 10 m plus près de la façade, une petite cavité a été aménagée en toilettes pour les visiteurs du site. Mesurant 2,5 m sur 3 m, ses murs nord et ouest ont été creusés de six curieuses niches auxquelles il est difficile de donner une signification (fig. 18 et 19).
Fig. 18 : Plan et élévations.
Fig. 19 : Les niches qui caractérisent "l'oratoire" et la niche centrale qui devait abriter une statue.
Les trois niches inférieures ont été assimilées à des mangeoires, mais il semble difficile qu’un local aussi petit ait été aménagé en écurie ou en étable. A l’est de la porte d’entrée, une petite fenêtre avec arc d’ogive a été murée. (fig. 20).
Fig. 20 : La fenêtre murée avec arcs d'ogive.
Pour moi, cette cavité avait certainement une fonction cultuelle. On n’aurait pas creusé une fenêtre en arcs d’ogive et une niche haut placée face à la porte, pour un abri quelconque. Il est difficile de préciser quelle fut sa fonction réelle, mais, étant donné ses éléments propres à un culte, je l’ai appelée oratoire.
Paul Courbon
Juin 2009
► Les chroniques souterraines de Paul Courbon - ici -
Plan, coupes et perspectives
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Bibliographie
•
Guy Barruol, 1963, Provence
romane
II, 2e édition, le Zodiaque, La
Pierre Vire,
1981 p 415.
•
R. Bailly, 1985,
Répertoire des
prieurés, chapelles et abbayes du
département de
Vaucluse, Aubanel,
Avignon (1966), p. 126
•
André-Yves Dautier, 1999,
Trous de
mémoire, Alpes de Lumière-Parc
Naturel Régional du Luberon,
Forcalquier, p. 47.
Pour en savoir plus
Grottes et Rochers
Lieux de culte et de Sainteté dans le Midi
Éléments incontournables des paysages naturels visuels, la grotte et le rocher constituent des lieux de prédilection pour le culte et la sainteté dans l’histoire de toutes les Religions. Le rocher répond à une connotation d’appui, d'adossement qui sécurise ou permet de soutenir l’effort d’une élévation.
Ainsi, Dieu, dans les Psaumes, n’est-il pas appelé "le Rocher d’Israël"? Et le bâtisseur de L’Église ne porte-t-il pas le prénom suggestif de "Pierre".
À l’inverse, la grotte sécurise à son tour, mais en tant qu’abri, que refuge. Dans cette acception, elle peut correspondre à un symbole de maternité, à une intériorité qui protège et préserve tous les liens intimes qui lui sont confiés: elle ponctue toute la vie terrestre du Christ, de la crèche dans la grotte étable jusqu’au tombeau fermé par la pierre que l’on y avait roulée.
La grotte suggère toujours une descente, un mouvement vers l’intérieur, un endroit où faire le point.
C’est sans doute la raison pour laquelle elle attira de nombreux ermites, dont certains devinrent des Saints ou des Saintes célèbres, qui se mirent en retrait du monde afin de mieux prier et se recueillir.
La plus renommée de ces grottes, toujours propices à la prière, aux guérisons du corps et surtout de l’âme, est sans conteste la grotte de Lourdes, la grotte de Massabielle. Mais elles abondent également dans notre Midi.
Premières habitations des hommes, refuges contre les bêtes ou la persécution des autres humains, lieux intimes et confidentiels, les grottes, depuis la plus haute Antiquité, ont abrité des cultes, épargné à la sainteté la corruption des temps et du monde, servi souvent de berceau au monachisme et, fréquemment liées à l’eau, guéri bien des maux visibles de tous... ou de Dieu seul.
•
Fl. Bombanel
est assistante patrimoine au service Culture et Patrimoine
de la
CoVe
Pays d’art et d’histoire Ventoux - Comtat Venaissin.
• M. Dupuy est archéologue (CG Alpes de Haute-Provence).
• M. Fr. Grifeuille est conservateur en chef du patrimoine.
•
M. Cl. Léonelli
est historienne d’art, conservatrice des Antiquités et
Objets
d’art du
Vaucluse.
•
A. Mahue
est historien de formation (Université d’Aix-Marseille I) et
président
de l’association la Protection du Patrimoine en Vallée du
Rhône.
• P. Prouillac est architecte (PNR du Lubéron).
•
Cl. Reggio
est chargée de cours en histoire et anthropologie des religions
à
Aix-Marseille Université et d’histoire du christianisme à
l’Institut des
Sciences et théologie des Religions de
Marseille.
•
J. Roche
est archiviste
communal à la retraite, chevalier des Palmes
Académiques, Président de
la Société
d’Histoire et d’Archéologie de
Beaucaire, auteur de plusieurs ouvrages
sur l’histoire
de Beaucaire
Auteurs : collectif sous la coordination de Chantal de Saint Priest d'Urgel
Éditeur : L'Harmattan
Collection :
Date de parution : mars 2014
ISBN : 978-2-343-03133-0
Format : 13,4 x 21,4 cm, 117 pages, broché
Prix : 13,50 € (2014)