Dans la Drôme,
l'abbaye Notre-Dame d'Aiguebelle
Montjoyer - 26230 -
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Monographie
L'abbaye Notre-Dame d'Aiguebelle (infos), est située dans le département de la Drôme, sur le territoire des communes de Montjoyer (26203) et de Réauville (26261).
Historique
Ce monastère fut fondé le VI des calendes de juillet 1137 (26 juin), grâce au don que fit Gontard Loup, seigneur de Rochefort-en-Valdaine, à l'abbé de Morimond, en Champagne, d'un vallon désertique qu'arrosaient cependant trois torrents aux eaux abondantes, et situé en pays tricastin.
Appelé le Derzas ou pays des broussailles, il fut occupé en 1137 par douze moines venus de Morimond.
Ces moines trouvèrent, lors de leur arrivée, les constructions suffisamment élevées pour leur permettre de se mettre immédiatement au travail et bientôt les ronces firent place à un véritable jardin.
Alors qu'elle venait à peine d'être terminée, la nouvelle abbaye de Notre-Dame d'Aiguebelle reçut, en 1147, la visite de saint Bernard de Clairvaux, ce qui attira aussitôt les vocations et les dons, au point qu'elle put essaimer dans le département du Cantal, en élevant l'abbaye de Féniers, appelée aussi Val-Honnête (infos), sur la commune de Condat-en-Feniers (15190).
Cette fondation créa à son tour l'abbaye de Vauluisant (infos), dans le département de l'Yonne, sur le territoire de la commune de Courgenay (89190), qui en raison de son importance fut choisie par les Dauphins d'Auvergne comme nécropole.
Malgré le pillage de la région auquel se livra, vers 1202, le comte de Toulouse, la prospérité d'Aiguebelle continua et son abbé pouvait bientôt porter les titres de seigneur de Saint-Jean du Derzas et de coseigneur d'Espeluche.
Mais au cours des siècles, la règle se relâche et malgré les efforts des papes et des Papes et des Conciles pour la maintenir, l'abbaye voit son recrutement se tarir. Ajoutons à cette cause morale les ravages des guerres, des Grandes Compagnies et des troupes de Raymond de Turenne.
À ces maux s'ajouta l'habitude que prit le roi de donner ces bénéfices ecclésiastiques en commende.
Enfin, en 1562, l'abbaye fut saccagée par les protestants et il fallut attendre 1934 pour que le cloître reprît son aspect primitif.
Le plus célèbre abbé de cette période décadente fut Guillaume, cardinal d'Estaing, qui devin Camerlingue de la Sainte Église en 1452.
Au moment de la Révolution, il ne restait que trois religieux à Aiguebelle. Dom Alphonse Dumont accepta la pension du Gouvernement et se retira chez lui. Dom Guérain hésita quelque temps, puis suivi son exemple. Seul, Dom Séguin, fidèle au poste de procureur, resta jusqu'à ce que la municipalité de Réauville l'eût mis en demeure de vider les lieux.
On procéda à l'inventaire des meubles et immeubles; après quoi, les pillards vidèrent la maison, emportant jusqu'aux portes et aux fenêtres.
L'abbaye ne fut vendue qu'en 1810 à J.-J. Petit, propriétaire à Allan, pour la somme de 22 900 frs. Il revendit de nombreuses parcelles de terre à divers acquéreurs.
Vingt-cinq ans après la tourmente, le monastère était racheté et la restauration commençait.
En effet, en 1790, sentant venir l'orage, Dom Augustin de Lestrange, maître des novices à la Trappe, au diocèse de Seez, avait obtenu de l'abbé de Clairvaux l'autorisation d'aller s'établir en Suisse, à la Val-Sainte avec vingt-quatre religieux.
Il écrivit une nouvelle règle plus proche des statuts primitifs de Cîteaux et les vocations affluèrent rapidement, au point qu'il dut créer en Belgique, Notre-Dame du Sacré-Cœur, à Westmalle, où entra également un prêtre français du diocèse de Reims, l'abbé Étienne Malmy.
Cette nouvelle communauté dut fuir devant les armées de Dumouriez, parcourut la Bavière, l'Autriche, la Pologne et parvint jusqu'en Russie. Enfin elle put regagner son couvent le 15 juin 1795.
Mais en 1811, les religieux de la Val-Sainte furent chassés par Napoléon. Le père Etienne Malmy y demeura seul, en déposant l'habit religieux, tandis que Dom Augustin de Lestrange, dont la tête avait été mise à prix, fuyait en Amérique. Il n'en revint qu'après les Cent-Jours.
À son retour, Dom Etienne devenu procureur lui fit part de son projet de racheter Aiguebelle. Il reçut son approbation. Les fonds furent fournis par le Comte de Broutet, d'Avignon, l'acte signé le 1er novembre 1815 et un mois plus tard les moines rentraient à Aiguebelle.
Tout était à refaire. On se mit aussitôt à l'œuvre et un an après, les toits étaient réparés, la voûte de l'église restaurée, les murs blanchis et l'on n'attendait plus que le pavé du sanctuaire pour placer l'autel majeur.
Peu à peu, les ateliers s'organisèrent: une laiterie, une forge, puis un moulin. La culture des terres offrait des récoltes magnifiques. Aussi le domaine s'agrandit rapidement et l'on put acheter des fermes.
À la mort de Dom Augustin de Lestranges, survenue en 1827, on comptait quatre-vingt-quatre religieux à Aiguebelle.
Malgré son vif désir de ne pas lui succéder, Dom Etienne Malmy dut accepter la crosse abbatiale. Il avait quatre-vingt-dix ans lorsqu'il fut béni par Mgr de Mazenod, le 13 novembre 1834. Il démissionna trois ans plus tard et Dom Orsise lui succéda le 31 octobre 1837.
Le nouvel abbé s'attacha à la réforme de la règle, tout en agrandissant le domaine. Dix ans plus tard, 200 religieux occupaient la maison. C'est à cette époque que fut fondée Staouëli en Algérie, cependant qu'en France, on créait Notre-Dame des Neiges qui reçu l'ermite du Sahara, le Père de Foucauld.
Mais la restauration de l'abbaye d'Aiguebelle est due surtout au Père Gabriel Monbet, ancien prieur de Notre-Dame des Neiges élu abbé le 22 août 1854, alors qu'il n'avait que trente et un ans.
Selon le plan conçu par son prédécesseur, le nouvel abbé entreprit de rendre aux réguliers leur aspect primitif. Il commença par l'église. Le mur de façade reprit son ancienne place et, de ce fait, le vaisseau retrouva toute sa longueur. A son extrémité occidentale, l'abbé fit édifier une vaste tribune donnant sur les trois nefs. Enfin, un jubé que soutenaient quatre colonnes toscanes sépara le chœur des moines de celui des convers.
En 1864, Dom Gabriel mettait la dernière main à l'édifice en construisant un clocher monumental, tout en pierres, de trente-cinq mètres de haut, dans lequel prirent place deux cloches fondues vingt ans auparavant.
Le chapitre des frères fut ensuite restauré, la grande salle qu'on avait aménagée en chauffoir devint une salle de lecture et le toit du cloître remplacé par une terrasse. On abattit une voûte édifiée en 1820 qui coupait dans sa hauteur le réfectoire; un beffroi se substitua à l'ancien portail, cependant que sur le plateau au nord-ouest, s'élevait en 1868, une hostellerie.
Des ponts furent lancés, la forêt rachetée. Là ne s'arrêtait pas l'activité des moines. Notre-Dame des Dombes au diocèse de Bellay était fondée et Notre-Dame d'Acey, en Franche-Comté, relevée de ses ruines.
Et pour finir cet aperçu d'une activité remarquable, citons encore la restauration de l'antique abbaye de Bonnecombe au diocèse de Rodez.
Dom Gabriel mourut le 16 juin 1882, le 8 août Dom Marie Abric lui succéda. Ce fut sous son gouvernement que le R.P. Chautard fonda la célèbre chocolaterie d'Aiguebelle.
Quelques années plus tard, le pape Léon XIII (1810 † 1903), convoquait un chapitre général qui uniformisait les différentes règles d'observance. Aiguebelle s'y soumit.
Les événements du début du XXe siècle n'eurent aucune répercussion et les moines purent rester dans leur monastère. L'œuvre entreprise s'achevait. Il appartenait à Dom Bernard Delauze, élu le 2 octobre 1923 de rendre à la vénérable abbaye le cachet d'austérité voulu par saint Bernard de Clairvaux. Cette restitution fut poussée très loin. En effet, bâtis en moellons de pierre fort belle, tous les lieux réguliers étaient recouverts d'enduits, plâtres, peintures et enlaidis par des dispositifs sans élégance et sans goût.
Dom Bernard fit dégager les pierres antiques de leur mortier et aujourd'hui l'édifice primitif offre une œuvre restituée de façon parfaite dans l'austère simplicité voulue par l'auteur de la charte de la Charité.
► 24h avec les moines d’Aiguebelle (diaporama du Pèlerin) - ici -
Description
Gratifié par un motu proprio du 24 mai 1937, du titre et de la dignité de basilique mineure, le sanctuaire possède une nef à trois travées carrées séparées par des arcs doubleaux légèrement cintrés et couvertes de voûtes d'ogives. De robustes piliers rectangulaires accostés de deux larges pilastres les supportent. Elles communiquent avec les bas-côtés par deux arcades en plein cintre.
Les nefs latérales d'inégales largeurs, voûtées également d'ogives ont leur mur percé de six baies en plein cintre éclairant abondamment le vaisseau qui, d'autre part, reçoit la lumière de six oculi à double voussure.
À la croisée du transept, la retombée des arcs se fait sur deux colonnes engagées.
Le chœur, à l'origine terminé par un chevet plat, a été doté au XIIIe siècle d'une élégante abside pentagonale et est éclairé par trois fenêtres en plein cintre. Une voûte en cul-de-four à cinq pans la couvre.
Deux chapelles sont aménagées dans chacun des croisillons, couverts de voûtes d'ogives au midi, et de berceaux légèrement brisés au nord.
L'escalier conduisant au dortoir se trouve dans le fond du croisillon méridional.
Le jubé, édifié au XIXe siècle, qui ferme le chœur, est constitué par une balustrade supportée de chaque côté de la porte par une arcature en plein cintre.
Le cloître se compose de quatre galeries voûtées, dont le berceau repose sur des colonnettes accouplées, surmontées de chapiteaux tous différents et d'une grande variété de feuillages et de crochets. De robustes piliers s'élèvent aux angles où une croisée d'ogives surmonte l'intersection des galeries. Seule la galerie nord remonte au XIIe siècle.
La salle capitulaire est couverte d'une lourde voûte d'arêtes portée par deux courts piliers aux chapiteaux très simples, cette salle prend jour sur la galerie orientale par deux baies géminées soutenues par deux colonnettes accouplées. Une grande arcade cintrée en constitue l'entrée. Des bancs en pierre la ceinturent. Elle prend jour, en outre, sur le jardin par trois petites baies cintrées.
Le scriptorium est une vaste salle, de vingt et un mètres de long, partagée en deux nefs par une rangée de quatre colonnes; couverte de voûtes d'arêtes, elle est éclairée par de grandes fenêtres géminées sous un arc en plein cintre, ouvertes sous l'abbatiat de Dom Bernard.
Le réfectoire est un vaisseau de vingt-cinq mètres de long, voûté en berceau légèrement brisé, soutenu par trois arcs doubleaux reposant sur des culots. Deux arcades en plein cintre soutenues par des colonnettes accouplées laissent libre l'emplacement de la chaire du lecteur.
On notera que la salle des convers est la réplique exacte du scriptorium, et que le cellier a perdu sa voûte. Mais, au-dessus de celui-ci, il existe le dortoir des convers, très belle salle voûtée en berceau, transformée maintenant, moitié en bibliothèque, moitié en locaux réservés au noviciat.
► Site Internet de l'abbaye Notre-Dame d'Aiguebelle - ici -
Propositions de lectures
• Les moines bâtisseurs - Anselme Dimier - Fayard.
• Atlas cistercien - Frédéric Van der Meer - Séquoia.
• La collection Zodiaque, en particulier, l'Art cistercien, l'Esprit de Cîteaux, Saint Bernard, l'Art cistercien - Georges Duby - A.M.G.
• Le temps des cathédrales - Georges Duby - Gallimard.
• La plus grande aventure du monde - François Cali - Arthaud.
• L'abécédaire des cisterciens - Flammarion.
• Formes et forces, l'art et l'âme - René Huyghe - Flammarion.
• La poétique de l'espace - Gaston Bachelard - Quadrige P.U.F.
• Apprendre à voir l'architecture - Bruno Zevi - Les éditions de minuit.
• Eupalinos ou l'architecte - Paul Valéry - N.R.F.
• La dimension cachée - Edward T. Hall - Le Point ( Seuil).
• Les bâtisseurs de cathédrales - Jean Gimpel - Le temps qui court (Seuil).
• Techniques de l'architecture ancienne - YM. Froidevaux - Pierre Mardaga éditeur.
• Études d'esthétique médiévale - Edgard de Bruyne - Albin Michel.
• Analyse théologique de la Règle de saint Benoît - M. D. Philippe O.P. - La Colombe.
• Le Moyen Âge roman - Henri Focillon - Le livre de poche.
• Les Pères de l'Église - Patrick Chauvet - Mame.
Valorisation du patrimoine
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Pierre Sèche en Vaucluse, association créée en 1983 autour de l'intérêt pour ces témoins d'économies agricoles et pastorales anciennes, dont la disparition progressive, due à l'abandon de ces territoires, s'est accélérée ces dernières décennies par des déprédations de toutes sortes.
Elle réalise ses projets en articulant le travail de connaissance sur le terrain et dans l'histoire, menés au long de l'année avec ses adhérents, et le travail de restauration, effectué principalement l'été, par des chantiers de jeunes bénévoles.
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